Editorial Principal

L’action vivifiante de l’Esprit

L’action vivifiante de l’Esprit 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Aujourd’hui nous fêtons la descente de l’Esprit Saint sur les apôtres, mais plus largement sur l’Eglise tout entière. Cela veux dire que c’est tout le peuple de Dieu qui reçoit ce don pour qu’Il nous donne un accès au Père, dans le Christ !
Si Jésus peut affirmer sans crainte : « tout est accompli » (Jean 19,30), c’est parce qu’en remettant l’Esprit, Il sait que même si la sanctification du monde n’est pas encore achevée, elle le sera infailliblement grâce à l’action de l’Esprit Saint ! Par cette remise du Saint Esprit, l’Eglise n’est plus une institution humaine, fragile et changeante, mais une création divine indestructible contre laquelle « les puissances du mal ne peuvent rien (Matthieu 16,18)» !
« L’Esprit habite dans l’Église et dans les cœurs des fidèles comme dans un temple, c’est en eux qu’il prie et qu’il rend témoignage à leur adoption de fils de Dieu. Cette Église, qu’il guide vers la vérité tout entière, qu’il unifie par la communion et le ministère, l’Esprit lui fournit ses moyens d’action et la dirige par la diversité de ses dons hiérarchiques et charismatiques, il l’embellit par ses fruits. Par la vigueur de l’Évangile, il assure sa jeunesse, il la renouvelle sans cesse, il la conduit jusqu’à l’union parfaite avec son Époux. Car l’Esprit et l’Épouse disent au Seigneur Jésus : Viens ! L’Église apparaît ainsi comme « le peuple unifié qui participe de l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint ». (Concile Vatican II – Constitution Lumen Gentium)
Grace à sa présence, chaque fidèle reçoit une force particulière qui le rend capable et disponible pour assumer des entreprises et des fonctions diverses, avantageuses pour renouveler et développer l’Église, selon cette parole : Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous. Ces charismes, les uns plus éclatants, les autres plus simples et plus communément répandus, doivent être reçus avec action de grâce et réconfort, du fait qu’ils sont principalement adaptés et utiles aux besoins de l’Église. (Constitution Lumen Gentium)
Saint Cyrille de Jérusalem dans ses catéchèses reprend l’épisode de Jésus et de la Samaritaine pour parler de cet action vivifiante de l’Esprit Saint dans l’Eglise. Cette eau que Jésus veut donner à cette femme, qui étanche la soif et qui jaillit en ceux qui la reçoivent pour la vie éternelle n’est autre que l’Esprit Saint (Jean 4,14). Voici ce qu’il en dit : Parce que l’eau est à la base de tout  ; parce que l’eau produit la végétation et la vie ; parce que l’eau descend du ciel sous forme de pluie ; parce qu’en tombant sous une seule forme, elle opère de façon multiforme. ~ Elle est différente dans le palmier, différente dans la vigne, elle se fait toute à tous. Elle n’a qu’une seule manière d’être et elle n’est pas différente d’elle-même. La pluie ne se transforme pas quand elle descend ici ou là, mais en s’adaptant à la constitution des êtres qui la reçoivent, elle produit en chacun ce qui lui convient.
L’Esprit Saint agit ainsi. Il a beau être un, simple et indivisible, il distribue ses dons à chacun, selon sa volonté. De même que le bois sec, associé à l’eau, produit des bourgeons, de même l’âme qui vivait dans le péché, mais que la pénitence rend capable de recevoir le Saint-Esprit, apporte des fruits de justice.
Pour que l’Eglise grandisse, puissions-nous, en recevant ce même Esprit,
le laisser porter en nous le fruit particulier que nul autre que nous ne peut porter !
D. Louis-Marie DUPORT

Dans l’attente de l’Esprit-Saint

Dans l’attente de l’Esprit-Saint 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Ce 7ème dimanche de Pâques, « coincé » entre l’Ascension et Pentecôte, ressemble un peu au Samedi Saint : les onze apôtres sont dans l’attente. La fébrilité et la peur régnaient au lendemain de la mort du Christ et ce, malgré la triple annonce de la Résurrection faite par Jésus. Là, le contexte est différent : après la Résurrection, ils sont « en grande joie  » (Luc 24,51). Suivant l’ordre explicite de Jésus (Actes 1,4), ils doivent rester à Jérusalem pour y attendre l’Esprit promis à plusieurs reprises. Que font-ils alors ? Ils prient assidûment et choisissent un successeur à Judas (Actes 1, 14.26). La crainte demeurait peut-être encore mais elle ne dominait plus leur cœur.
Depuis le début du confinement, nous faisons aussi l’expérience d’une peur collective et individuelle, la peur d’un virus contagieux, donc la peur de la mort. Ces dix semaines sans pouvoir participer au culte public nous a permis aussi de comprendre davantage la nécessité d’une prière qui soit personnelle et aussi communautaire. Le désir de participer de manière nécessaire à une liturgie paroissiale a été creusé par nos églises aux portes closes.
Dans le Nouveau Testament, la prière solitaire de Jésus est mentionnée à diverses reprises, mais ce n’est pas le cas pour les Apôtres : les auteurs sacrés insistent sur la prière commune de ceux qui suivent le Christ, que ce soit au Cénacle (où l’Esprit Saint leur sera donné) ou au Temple. C’est un enseignement fort pour les baptisés : la vie chrétienne a besoin de cette dimension communautaire de la prière. Prier seul ne suffit pas ! Même les chartreux, champions du silence et de la solitude, sortent sept fois par jour de leur cellule, pour prier ensemble à l’église conventuelle.
La prière commune nous désapproprie quant à la forme et au fond de notre relation à Dieu : nous y prions suivant des règles et avec des mots que nous n’avons pas choisis mais que nous recevons de Dieu, au travers de l’Eglise, avec des racines qui remontent jusqu’à la liturgie juive. Elle nécessite de prendre du temps, tout le temps nécessaire : à quoi bon vivre une messe dominicale en 35 minutes comme cela me fut réclamé un jour ? Elle constitue fréquemment la réponse de Dieu à nos attentes individuelles, à nos soucis du moment : qui n’a jamais trouvé dans la Parole de Dieu proclamée liturgiquement ou dans son commentaire, la lumière recherchée ? Il nous faut prendre les moyens de recevoir ce que Dieu veut nous dire.
Il en va de notre quête spirituelle comme du déploiement de la foi à travers les dogmes depuis la fin de la Révélation, à la mort du dernier apôtre. Cela concerne l’Eglise et au-delà même tous nos frères : « l’Esprit, qui repose sur l’Eglise depuis les origines, lui fait prononcer au moment opportun les paroles dont le monde a besoin… C’est pourquoi les richesses divines qu’elle possède depuis toujours, elle les prononce lentement, avec des mots humains » (P. Louis LOCHET).
Profitons donc de ces derniers jours du Temps Pascal, avant la Pentecôte, pour redonner un sens et une saveur à notre prière commune, en sachant que Marie y est présente comme elle l’était au milieu des apôtres qui attendaient de recevoir l’Esprit.
D. Stéphane PELISSIER

La Trinité, un Esprit de famille !

La Trinité, un Esprit de famille ! 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

L’évangile que nous écoutons ce dimanche me fait penser à un fiancé qui parle de sa famille à sa fiancée. Il lui décrit l’attachement qu’il a avec les membres de sa famille, de l’amour très fort qu’ils partagent, du respect et de la grande délicatesse dont tous font preuve. Il souligne avec émerveillement la connivence qui s’est établie entre eux tous, de telle sorte qu’ils peuvent parler les uns pour les autres sans craindre de se trahir ou de se desservir. Au contraire, ils sont certains d’agir ou de parler exactement comme l’autre l’aurait fait ou souhaiterait qu’il le fasse. Ce fiancé se réjouit infiniment d’introduire bientôt son épouse dans cette communion familiale. Il est heureux pour elle car elle va s’établir et grandir dans cet amour où elle sera bientôt accueillie. Et même, elle y est très attendue ! La façon dont il lui parle témoigne de la joie profonde partagée par tous dans cette perspective.
C’est, en d’autres termes, ce que nous dit Jésus dans l’évangile. Il nous parle de son Père et de la communion d’amour qu’ils partagent au point qu’ils semblent parfois se confondre. Tout ce qui concerne le Père concerne le Fils et tout ce qui concerne le Fils concerne le Père de la même manière. Nous avons par exemple cette affirmation étonnante dans la bouche de Jésus : « Je ne vous laisserai pas orphelins ». Jésus n’est pas notre Père et ne le sera pas. Cela appartiendrait normalement au Père de le dire ! Mais Jésus fait tellement sienne la volonté de son Père qu’il peut parler en son nom en disant « je  ». Et cette communion n’est pas refermée sur elle-même. En effet, après que le Père a donné son Fils aux hommes et que celui-ci s’est offert librement, ils donnent ensemble la troisième personne de leur communion : l’Esprit-Saint. Cet autre Défenseur qui sera toujours avec nous et qui fait de nous des fils et filles de Dieu pour toujours. Non, Jésus ne nous laisse pas orphelin, il est venu et a donné sa vie pour nous introduire et nous unir dans sa famille divine. Cette intention est le fruit du débordement d’amour qui unit le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Epouser ou être accueilli comme fils adoptif, voilà deux images qui expriment l’une et l’autre cette invitation à la communion. Dans les deux cas, il convient de faire sienne la culture de la famille qui devient la nôtre. Cette culture nous est transmise par l’évangile grâce auquel nous sommes progressivement préparés à cette communion éternelle. « Celui qui reçoit mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père  ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui ». Seigneur, donne-nous ton Esprit-Saint pour nous unir à toi !

D. Martin PANHARD

Le discours de Jésus après la Cène

Le discours de Jésus après la Cène 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

L’Eglise nous donne comme nourriture biblique dominicale, le début des « discours après la Cène » dans l’Evangile de Saint Jean. Jésus vient annoncer à la fois la trahison de Judas et le reniement de Pierre. L’Iscariote vient de sortir. Ambiance… Jésus veut d’abord les rassurer, les apaiser, pour que les onze puissent l’écouter vraiment. Au terme de ce qui est un « repas d’adieu », le Christ laisse parler son cœur en des paroles « testamentaires ». C’est à la fois naturel et aussi une manière que l’on retrouve abondamment dans la littérature biblique. (Saint Paul fera ainsi dans la moitié de la 2ème lettre à Timothée). Ce texte est fréquemment choisi pour la célébration des funérailles, les raisons en sont diverses. Il contient des vérités essentielles : croire en Dieu revient à croire nécessairement au Christ, signe à la fois que Jésus a parfaitement conscience d’être homme et Dieu et qu’à cet instant, les apôtres peuvent recevoir une telle affirmation. Comment se dire chrétien, apôtre de Jésus, sans croire qu’Il est le Fils de Dieu  ? Jésus leur et nous donne le but ultime, entrer dans la maison du Père. La maison de Dieu ne sera plus le Temple, évoqué encore par Jésus, à Marie et Joseph qui le cherchaient, mais l’intimité de Dieu, le «  chez-soi du Verbe » avec le Père et l’Esprit : cette « maison de famille trinitaire » sera ouverte à tous ceux qui seront devenus, par grâce, « enfants de Dieu  » (relire pour cela le Prologue de Jean). Nul besoin désormais d’un médiateur (Moïse, le grand-prêtre), ni même d’une demeure (le Temple). La fin ultime de l’homme est d’être accueilli dans l’éternité du Père, uni au Fils, dans l’Esprit. Combien y seront admis ? Peu importe. Le terme grec « polloï », traduit par «  beaucoup  », a un sens illimité de multitude. La béatitude n’est pas un concours avec numerus clausus, elle est la fin ultime (plus que la destinée forcément un peu aveugle), elle est la vocation de tout homme.
Non seulement, il y a de la place mais il y a une place pour chacun ; il s’agit de votre place, personnelle, unique !
Comme le Seigneur a marché devant les Hébreux (Exode ; Deutéronome 1. 29-33), le Christ précède tout homme dans la Résurrection et dans l’Eternité du Père. Le Verbe s’est fait chair pour entrainer tout homme créé et racheté par Lui, à travers la Croix et l’Ascension, auprès du Père.
C’est le premier réconfort que nous procure la foi (verset 1). Arraché au regard des hommes, le Christ ressuscité dans sa chair « peut sauver définitivement ceux qui par Lui s’avancent vers Dieu, puisqu’il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur  » (Hébreux 7, 25).
Le Christ n’est pas seul dans cette intercession, les saints y participent puisqu’ils «  vous reçoivent dans les demeures éternelles » (Luc 16. 9)
Non seulement, le Christ nous fait entrer dans SA VIE, SA LUMIèRE et SA JOIE, mais il nous associe activement à la communion des saints.
Rien n’empêche de prendre le « Je Suis » en son sens divin exprimé plus tôt auprès des pharisiens : « Avant qu’Abraham fût, Je Suis » (Jean 8. 58)
Sous l’image exprimée par plusieurs mots (demeure, place, maison, ciel) la réalité dont il nous parle est une « participation à la Nature divine » (2ème lettre de Pierre 1.4) qui nous rend capable de vivre l’intensité d’existence et cet Être éternel qu’est Dieu. Le même Saint Jean ne dira rien d’autre dans sa première
lettre (3. 2) : « Nous serons semblables à Lui parce que nous le verrons tel qu’Il est ». Les questions respectives de Thomas et de Philippe ne laisseront pas Jésus insensible, par leur caractère improbable voire déficient…
Le chemin, nous le cherchons… C’est le Christ ! Dieu, nous le cherchons… C’est le Christ !
Philippe se voit reprocher son manque de foi et d’intelligence des choses divines, malgré sa proximité quotidienne avec le Christ, depuis près de 3 ans. La patience du Christ à son égard n’est pas une menace pour nous, elle est une garantie de la patience du Père à l’égard du prodigue comme une récompense offerte à la proximité loyale de l’ainé (Luc 15. 11-31)
Comme je le dis souvent aux mourants au chevet desquels je suis appelé : « Dieu vous espère, Dieu vous attend, car il vous aime ».
D. Stéphane Pélissier

Un dimanche pour les vocations

Un dimanche pour les vocations 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Dimanche 3 Mai est le dimanche du Bon Pasteur. Toute l’église va prier avec ferveur le « Maître de la moisson » d’envoyer des serviteurs de votre joie dans ce monde en manque d’espérance. La prière pour les vocations est un signe réel de notre foi dans les paroles du Christ. En effet, Jésus ne demande explicitement de prier que trois fois dans tout l’évangile, dont une pour les vocations. C’est dire combien cette intention est importante !
Alors, offrons un peu de notre chapelet, de notre souffrance liée au manque des sacrements, ou de notre oraison à cette intention. Mais cette prière mérite, il me semble, d’être accompagnée de notre témoignage (notamment aux plus jeunes générations). Sans nous mettre en avant à la manière des pharisiens, nous sommes tout de même appelés à témoigner et à prier peut-être davantage en commun pour cette intention. Le Seigneur ne nous dit pas « Prie dans le secret » mais « Priez »! Enfin, il serait bon en tant que parent de cultiver dans nos familles une disponibilité à la volonté du Seigneur. Cela demande certainement un important acte de foi, mais le Seigneur sait mieux que nous ce qui est bon pour ceux que nous aimons. Laissons cette disponibilité du cœur des jeunes ne pas être polluée par une vision trop mondaine du futur.
L’évangile de ce jour est une parabole riche de sens pour contempler le seul et unique bon Pasteur que les prêtres rendent présent dans les sacrements et dans l’offrande parfois joyeuse, parfois douloureuse, de leur vie. Ils ne remplacent pas un absent, ils rendent présent le Christ. Ce mystère est si grand ! Le confinement a été peut-être pour nous une prise de conscience que chaque chrétien peut vivre sa foi uniquement par sa fréquentation de la Parole de Dieu et de sa participation à l’Eucharistie.
Écouter la voix du Pasteur et se nourrir de la chair offerte du Berger divin qui se fait Agneau. Et le prêtre, chers paroissiens, est le premier croyant de la paroisse. Le premier, non pas comme le plus méritant (avec l’homélie de D. Louis-Marie dimanche dernier nous avons compris que la logique de Dieu n’est pas la nôtre, son amour pour nous est toujours offert et jamais reçu comme un dû ; le prêtre est le premier à nourrir sa foi aux mêmes sacrements pour qu’elle soit toujours renouvelée et vivante.
Nous rendons grâce avec vous pour cette paroisse qui a été longtemps pourvue de nombreux prêtres à votre service, et nous allons prier ensemble pour que jamais notre cœur ne s’habitue à cette grande grâce. Chers paroissiens, j’ose le dire au nom de mes frères prêtres, nous avons hâte de vous voir en chair et en os ! A très bientôt !
D. Christophe GRANVILLE

Covid : châtiment divin ?

Covid : châtiment divin ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael
           « Ne fallait-il pas que le Messie souffre tout cela pour entrer dans sa gloire »

Voici ce que Jésus réplique dans l’Evangile de ce dimanche aux disciples d’Emmaüs qui s’en vont tout tristes : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Quelle audace de la part de Jésus ! La croix peut-elle être un motif de fierté ? Comment Jésus peut-il prétendre tirer une gloire quelconque d’une mort aussi honteuse ?
Celui qui se prétendait Dieu, Celui qui se faisait roi et qui enseignait dans les synagogues, avec un certain succès d’ailleurs, le voilà mort pendu à un gibet ! Nu ! Exposé aux moqueries !
Pour entrer dans la lumière de cet Evangile, je crois qu’il nous faut commencer par marcher sur le chemin d’Emmaüs, tout tristes et désespérés avec les disciples. Il nous faut, « pour entrer dans cette gloire » dont parle Jésus, expérimenter comme l’ont fait les disciples d’Emmaüs, le mystère de cet échec, de cette souffrance qu’est la croix !
« Ne fallait-il pas que le Messie souffre tout cela pour entrer dans sa gloire »
Cet effort, consistant à ne pas nous détourner de la souffrance du Juste, nous permettra certainement d’aborder plus serainement le mal qui nous touche plus particulièrement aujourd’hui…
Récemment, j’ai eu une discussion avec un homme qui considérait cette pandémie comme une juste punition divine. Selon lui, nous n’avions que ce que nous méritions et le coronavirus serait, si ce n’est un châtiment de Dieu, tout du moins la conséquence irréversible de notre comportement !
Or, je crois que l’Evangile de ce dimanche peut nous aider à regarder le mystère de l’existence du mal dans le monde, sans pour autant faire de Dieu, un maître d’école prêt à punir à coup de pandémies et de guerres, tout élève récalcitrant !
Le Professeur Lejeune disait : « Dieu pardonne toujours, l’homme parfois, la nature jamais ! »
Le péché, c’est à dire le mal choisi et voulu, engendre toujours un désordre dans la nature. Ce désordre provoque inévitablement une souffrance. Mais le mystère de la croix vient nous rappeler que la souffrance endurée par une personne, n’est pas forcément liée à son péché personnel !
Le méchant peut ne jamais avoir à porter les conséquences de ses actes (tout du moins sur cette terre), et au contraire le juste peut avoir à souffrir des désordres dont il n’est pas l’auteur !
Si la nature ne pardonne jamais, c’est qu’il existe une sorte d’arithmétique, un enchainement irrémédiable entre les causes et leurs effets. Cette arithmétique provoque en nous une certaine vision de la justice : œil pour œil, dent pour dent. Il n’y a pas de pardon dans le régime du pur calcul. Le pardon est toujours une victoire sur cette justice mécanicienne puisqu’il est gratuit, puisqu’il est une remise de dette.
Or, le pardon est co-naturel à l’Amour, il est œuvre de Dieu ! Dieu pardonne toujours. Loin du maitre d’école qui punirait selon la maxime « œil pour œil, dent pour dent », il ne peut vouloir que le bien de l’homme et ne cherche qu’à lui remettre sa dette ! Et c’est pour cela qu’aucune autre manifestation que la croix ne peut nous dire plus concrètement l’Être même de Dieu !
« Ne fallait-il pas que le Messie souffre tout cela pour entrer dans sa gloire »
Le Juste par excellence prend sur lui la souffrance la plus absolue ! Pas de pire injustice que la croix ! Mais au cœur même de cette injustice, l’ordre est rétabli ! Le Juste acceptant cette croix avec amour désarme la nécessité de la nature ! Il l’a surpasse ! Et ainsi, Il sauve ce qui était perdu… La croix rétablit l’homme ! Elle le fait comme naître à nouveau ! Elle lui rend la vie !
Entrons ensemble dans cette gloire que nous propose le Ressuscité ! Gloire qui jaillit de la croix, sans en cacher la souffrance !
D. Louis-Marie DUPORT

Hommes de peu de joie ?

Hommes de peu de joie ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Lequel d’entre nous ne s’est-il pas décrit un jour comme saint Thomas ? « Ah moi, je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois ! ». Saint Thomas serait ainsi l’archétype de celui dont la foi est fragile ou qui reste dur à convaincre. Archétype de celui à qui il faut une preuve tangible pour adhérer. En effet, le Seigneur Jésus lui-même manifeste qu’il attend désormais de l’apôtre Thomas davantage de souplesse et de confiance. Il le lui fait comprendre bien nettement : « Cesse d’être incrédule, sois croyant ! ». Ainsi Thomas est-il un peu le bouc émissaire de cette histoire. S’il manque de foi, c’est sa faute. Je veux bien que ce soit en effet le cas puisque, encore une fois, c’est Jésus qui fait remarquer que sa foi aurait pu se passer de preuve : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Mais remarquons que les dix autres apôtres s’en sortent bien, eux qui ont également cru parce qu’ils ont vu ! Qu’importe, Thomas reste malgré lui le maillon faible dans le groupe des apôtres.
Mais doit-on imputer le manque de foi de Thomas simplement à son tempérament un peu rigide et pragmatique ? N’y aurait-il pas une raison à chercher aussi du côté de ceux qui étaient chargés de partager leur foi ? Comment les dix autres apôtres ensemble n’ont-ils pas réussi à convaincre Thomas de leur rencontre avec Jésus ressuscité ? Ils ont eu une semaine entière pour le faire et une semaine en confinement en plus !
L’évangéliste saint Jean précise que lors de la première apparition de Jésus dans le cénacle fermé à clé, « les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur » et Jésus leur dit : « La paix soit avec vous ». On peut se demander comment il se fait qu’une telle effusion de paix et de joie n’ait pas suffi à Thomas qui était absent pour se convaincre qu’il s’était effectivement passé quelque chose  ? Peut-être que cette joie dont ils furent remplis et cette paix furent trop éphémères. Peut-être que, très vite après l’apparition de Jésus, les apôtres retrouvèrent leur mélancolie et leur inquiétude ? Auquel cas on a beau jeu de critiquer le manque de foi de Thomas ! Ne pourrait-on pas un peu pointer du doigt le manque de joie de ses frères? La joie et la paix reçues et conservées par les apôtres auraient dû servir de meilleure preuve tangible dans leur témoignage vis-à-vis de Thomas !
Il en va de même pour nous. Si nous ne vivons pas de la paix et de la joie immédiatement offertes par le Christ ressuscité, pourquoi s’étonner du manque de foi environnant ? Confinement ou pas, ne boudons pas notre joie ! Offrons-nous et offrons autour de nous ce témoignage de la paix et de la joie dans le Seigneur vivant !

D. Martin PANHARD

Il est ressuscité !

Il est ressuscité ! 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Comment ne pas penser à vous, chers frères et sœurs, lorsque nous fêtons le Christ Ressuscité ? Nous sommes tous renfermés chez nous, tels les disciples enfermés dans leur Cénacle. Jésus est venu à eux, il vient à nous. Dans notre chez nous. Prenons alors quelques instants pour méditer cet évangile de Pâques, et recevons les grâces réservées pour nous dans cette Parole de Dieu qui est aussi Vivante que le Christ Ressuscité !
En effet les récits de la Résurrection que nous entendrons tout au long de cette semaine d’octave pascale nous montrent des rencontres personnelles et uniques avec le Christ Ressuscité. Nous pouvons facilement nous identifier dans le zèle de saint Jean qui court plus vite que saint Pierre, dans les pleurs de Marie Madeleine désespérée de ne plus pourvoir servir le Christ ou dans l’incompréhension des apôtres d’Emmaüs le soir de la Résurrection. Ce confinement nous bouscule tous. Et le Christ nous rejoint là où nous en sommes, fatigués, lassés mais aussi peut être confiants ou heureux. Il est là, Vivant. Mais plus comme avant.
C’est là, peut être, l’erreur de Marie Madeleine. Elle veut retenir Jesus, qui lui répond : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore remonté vers mon Père ». Noli me tangere. Comment comprendre cela alors que Jésus va demander, une semaine plus tard, à l’apôtre Thomas : « Avance ta main, et mets là dans mon côté ». Nous comprenons donc qu’il ne s’agit pas seulement d’un toucher physique dont Jésus met en garde Marie Madeleine, mais d’une tentation à un retour comme avant. « Rabouni, on oublie la Croix, comme si elle était un mauvais souvenir, et on revient aux belles heures de ta vie publique ». Non, Jésus ne nous demande pas cela. Il veut nous conduire au Père, à notre propre résurrection, à une vie éternelle. Dans les plaies de Jésus ressuscité, la Croix devient inoubliable. De cette épreuve nous pouvons en sortir grandis dans notre foi en Jésus Ressuscité, dans notre charité fraternelle et familiale et dans notre espérance.
Il y a beaucoup de souffrance dans ce confinement et cette pandémie. La joie de Pâques ne nous demande pas de l’oublier. Au contraire, le Christ nous invite à ne pas avoir peur de la souffrance. Comment cela ? En faisant triompher la Victoire de l’Amour sur la mort. En ayant une confiance résolument vissée sur le cœur de Jésus et dans sa Miséricorde. Ne cédons pas à la peur, le Christ est là dans la barque avec nous. Quelles étaient fortes les paroles du Pape François commentant l’évangile de la tempête apaisée. Les flots de la mer en furie peuvent se déchaîner, le Christ est là.
Le premier cadeau que Jésus va offrir à ses disciples renfermés chez eux est la paix. La paix est un signe de la présence de l’Esprit Saint dans nos cœurs. Jésus nous fait ce don. Mais en échange il nous demande l’hospitalité. Veillons à ne pas l’oublier dans ce temps pascal qui commence ! Les efforts de Carême nous ont peut être tenus dans une régularité de prière, le Christ Jésus nous invite à l’accueillir encore plus, par une adoration de toute notre vie. Que chaque moment soit une louange « Mon Seigneur et mon Dieu » remplie de foi. Nous nous portons tous dans la prière ! Belles fêtes de Pâques !
D. Christophe GRANVILLE

Quelle confession pour Pâques ?

Quelle confession pour Pâques ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

La semaine dernière, nous méditions sur la nécessité d’une communion spirituelle pour les dimanches à venir… A l’entrée de la Semaine Sainte, beaucoup se posent la question : pourra-t-on se confesser sacramentellement pour Pâques ?
La réponse est négative. Le 1er avril, un certain nombre de paroissiens ont reçu et relayé une fausse information  : on peut se confesser en ligne, par internet ! On arrive sur la première page ; présentation parfaite… mais après avoir cliqué, apparaît la mention « poisson d’avril ». Quelques-uns ont été mortifiés de s’être laissé prendre, partagés entre le réel désir de vivre la démarche pour Pâques et le secret soulagement de se voir faciliter un acte souvent coûteux… On ne pourra pas non plus se confesser par téléphone. Le respect des consignes de l’Etat fait qu’il n’y aura pas de journée de confessions le Mardi-Saint.
Le Pape vient de rappeler que la confession individuelle et intégrale suivie de l’absolution demeure le seul mode ordinaire par lequel les fidèles se réconcilient avec Dieu et l’Eglise, « sauf si une impossibilité physique ou morale dispense d’une telle confession » (Catéchisme n° 1484). C’est notre cas à tous, d’une manière bien imprévue.
A Carême inattendu, confession renouvelée ! Il nous faut vivre une « confession spirituelle », ce que le Pape François appelle « la confession de désir »,
à l’instar de notre communion spirituelle. « Il faut que tu t’adresses directement à Dieu », a expliqué le pontife précisant la nécessité d’aller tout de même se confesser plus tard.
Alors que faire ? Préparer une vraie confession de Pâques ! Sortir de la routine religieuse en réchauffant la confession de l’année dernière. En finir avec les banalités et les aveux passe-partout. Eviter aussi l’imprécision psycho-affective de certains aveux « j’ai manqué d’amour ». Aller au-delà de la confession de péchés jugés « comme tout le monde » où le pénitent s’accorde à lui-même une étrange mansuétude. Une vraie confession (au sens du temps de l’aveu des fautes), cela se prépare ! Cela ne dure ni 30 secondes, ni 15 minutes… Prenons le temps de regarder notre vie à la lumière de la Miséricorde du Père ! Il s’agit de « vertèbrer » notre aveu. Aidons-nous sans être ridicules, de la liste des péchés capitaux, des commandements de Dieu et de l’Eglise. Nous pouvons aussi nous aider « d’examens de conscience » même imparfaits (voir sur le site paroissial).
Et si nous écrivions notre confession ? Certains pourront juger infantilisante une telle invitation. Rien n’est moins sûr. Pour la plupart d’entre nous, nous en avons bien le temps, cette fois-ci ! « On se convertit en écrivant  » répétait souvent saint Ignace de Loyola, fondateur des jésuites et grand amoureux des âmes ; ce conseil est d’ailleurs un des fils rouges de ses célèbres « Exercices spirituels ». Ecrire avec la règle des 4 C : une véritable confession, elle est concrète, concise, complète et claire. Ecrire, c’est exprimer, verbaliser la réalité de notre misère, c’est aussi la rendre objective !
Allons plus loin : et si nous préparions une confession générale ? Sans céder à une quelconque panique de circonstance, serions-nous prêts à préparer une confession générale, forcément écrite, de toute notre vie ? Relire toute sa vie, avec précision, sans amertume mais en vérité, pour y lire à la fois, l’ampleur de notre misère et l’infinie Miséricorde de Dieu à notre égard. Ce n’est pas réservé aux prêtres et aux religieuses. Nous n’y avons jamais pensé, nous n’avons jamais osé  ? C’est peut-être la grâce de ce Carême si particulier, de ce temps qui n’est pas normal… Ayons au moins le courage de nous poser la question !
Une journée non-stop de confessions aura lieu
à la Basilique dès la fin du confinement.
D. Stéphane PéLISSIER

Nous croyons ! …

Nous croyons ! … 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Chers amis,
Si vous regardez le plan du Catéchisme de l’Eglise catholique, vous verrez que pour dire ce en quoi nous croyons, il y a deux parties :
• « Je crois » : c’est la dimension personnelle de la foi
• « Nous croyons » : c’est la dimension communautaire
L’un ne va pas sans l’autre… et les deux se complètent !
Or dans les circonstances particulières que nous traversons, notre foi se trouve fragilisée dans l’une de ses dimensions constitutives. A cause du confinement, nous ne pouvons plus vivre normalement ce  « Nous croyons  »  !
L’interdiction de nous rassembler pour prier est une épreuve. C’est plutôt bon signe d’en ressentir le poids !
Pourtant, j’aimerais que nous puissions tirer parti de ce confinement, en le regardant aussi comme une chance ! Ces mesures gouvernementales peuvent nous permettre de redécouvrir deux richesses que nous offre l’Eglise. La communion entre nous demeure malgré le confinement grâce à la communion de désir et à la communion des saints !
• La communion spirituelle
Elle nous permet de vivre de l’Eucharistie même lorsque nous ne pouvons pas communier sacramentellement. Elle nous unit à Jésus par un désir du cœur.
Saint Thomas d’Aquin définit la communion spirituelle comme « un ardent désir de recevoir Jésus, dans un sentiment affectueux comme si on l’avait reçu ».
« Dans cette communion de désir, vous pourrez découvrir que Jésus y œuvre puissamment à votre égard parce que vous êtes humble et vrai dans votre relation avec Lui » (Père Gérard Berliet)
• La communion des Saints
Même si nous sommes isolés, nous ne sommes jamais seuls ! Il suffit au chrétien de pénétrer son cœur pour y trouver la présence d’une multitude de frères et sœurs qui intercèdent pour lui. Et cette interaction est efficace  !
Comme le disait Léon Bloy : « Il y a une loi d’équilibre divin, appelée la communion des Saints, en vertu de laquelle le mérite ou le démérite d’une âme, d’une seule âme est réversible sur le monde entier. » Chacun d’entre nous portons dans le creux de nos mains des millions de cœurs. Un homme qui prie fait un bien inexprimable en toute langue humaine ou angélique !
« Il y a des personnes qui laissent derrière elles comme un surplus d’amour, de souffrance supportée, de pureté et de vérité, qui se déverse sur les autres et les soutient ».
Soyons de ceux là, prenons notre place dans ce monastère invisible. Dans le secret de nos chambres, soutenons nous par la prière ! Entrons ensemble dans cette communion et soyons sur que rien, excepté le péché, ne peut nous en faire sortir ! Pas même le Covid 19 !
 D. Louis-Marie DUPORT

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