Nous terminons la série de cinq dimanches (sauf l’Assomption) où l’Evangile a été tiré de Jn 6, le chapitre du “discours sur le Pain de Vie”, que Jésus prononça dans la synagogue de Capharnaüm pour exposer à ses auditeurs le “grand mystère de la foi”: Jésus est à reconnaître comme l’Envoyé du Père (mystère de l’Incarnation : le “Verbe fait chair”), qui donne le “Signe” de Lui-même sous forme de Pain multiplié à l’infini, et ce Pain, c’est sa Chair, livrée sur la Croix (mystère de la Rédemption, du rachat du péché). Oui, “il est grand, le Mystère de la Foi”, le Mystère de l’Eucharistie qui contient Jésus lui-même dans tout son Être et sa mission, Mystère où le Ciel touche la terre et transcende l’espace, Mystère où “nous proclamons ta mort passée, où nous célébrons ta Résurrection présente et où nous attendons ta venue future dans la gloire”, Mystère qui rassemble donc passé, présent, futur et transcende le temps.
« L’Eucharistie est un “avant-goût de l’éternité dans le temps” ; elle est présence divine et communion à cette présence. » (Ecclesia in Europa § 75).
« Et c’est pour nous un devoir très doux d’honorer et d’adorer dans la sainte hostie, que nos yeux voient, le Verbe incarné qu’ils ne peuvent pas voir et qui, sans quitter le ciel, s’est rendu présent devant nous. » (Paul VI, Credo, 30 juin 1968).
Sans quitter le Ciel, il nous rend participants du Ciel. Dans la Communion, et dans l’Adoration.
Le discours de Jésus, cependant, nous le voyons cette semaine, se termine mal. Les auditeurs de Jésus, dont beaucoup de ses disciples, malheureusement, cessent de reconnaître que cette parole est celle de “Dieu fait homme” et devrait donc être accueillie dans la Foi. « Cela vous scandalise ? », demande Jésus. “Mais comment avez-vous cru en Moi, jusqu’à présent ? Est-ce seulement avec ce qui est humain, pour comprendre le Christ seulement à la manière humaine et dans les étroites limites de l’humanité ?” « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. » C’est avec l’esprit de Foi qu’il faut les écouter et les comprendre pour avoir la Vie. « Mais il en est parmi vous qui ne croient pas. » « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Jésus ne retient personne ; ce n’est pas lui qui doit se convertir, c’est l’homme.
« L’Eucharistie est un don trop grand pour pouvoir supporter des ambiguïtés et des réductions. » (Jean-Paul II, Ecclesia de Eucaristia, § 10). Même au nom de l’œcuménisme (union de tous ceux qui portent le nom de chrétiens, c’est-à-dire qui croient en la divinité de Jésus) on ne peut accepter « des ambiguïtés et des réductions » de la foi en Jésus-Eucharistie. Ce serait un faux œcuménisme. On ne pas peut pas vouloir se réunir au Nom de Jésus avec le projet ambigu de mettre Jésus-Eucharistie de côté… Que des frères séparés le fassent à partir de leur point de vue, c’est compréhensible. Mais si c’est en tant que catholiques que nous voudrions rassembler les chrétiens sans Jésus-Eucharistie, et mettre, en quelque sorte, le Tabernacle “dehors” comme un gêneur, c’est l’“abomination”, et nos frères séparés eux-mêmes pourraient nous le reprocher ! Nous aurions un faux Jésus. C’est le Mystère de l’Antéchrist.
Notons que Jésus en ce passage de l’Evangile, fait allusion à l’Ascension, pour confirmer la vérité de l’Eucharistie : « quand vous verrez le Fils de l’Homme retourner au Ciel… » : “alors vous verrez bien que mes paroles étaient du Verbe de Dieu qui vient du Ciel…” Car Jésus, par son Ascension, a manifesté sa gloire divine, au point que la “nuée”, c’est-à-dire la Théophanie, a rendu sa présence invisible à nos yeux limités. Car Dieu est présent partout, et Il se rend présent dans l’Eucharistie, selon sa Parole.
Or, à l’Ascension, les Anges dirent aux Apôtres : « Jésus reviendra comme il s’en est allé au Ciel. » C’est dire aussi que lorsqu’Il reviendra, ce sera de nouveau par une Théophanie, avec cette nuée céleste. Alors il glorifiera aussi sa Présence Réelle dans l’Hostie consacrée. Ainsi il confirmera la foi eucharistique de ceux qui l’attendront encore.
Pour l’heure, c’est Lui, Jésus, qui attend des adorateurs de sa Présence eucharistique. Il faut en sentir l’urgence pour notre temps (voir “adoration perpétuelle à Saint-Raphaël” p. suivante).
Don Laurent Larroque