Editorial Principal

La Croix Glorieuse

La Croix Glorieuse 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Le péché d’origine avait rompu notre lien avec le Dieu Créateur, nous avons été réconciliés avec le Père, avec nos frères et en nous-mêmes par l’œuvre du Salut du Verbe fait chair en Jésus ; nous sommes sauvés par sa Passion et par sa Résurrection glorieuse au matin de Pâques. Nous célébrons la Croix du Christ, une Croix Glorieuse.
Cette réalité, ce mystère nous dépasse et nous dépendons de lui. Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix (Edith Stein) au sujet de « la nuit obscure de l’Homme Dieu à Gethsémani » écrit : «  Il n’est pas donné à l’esprit des hommes de pouvoir sonder le mystère du divin abandon de l’Homme – Dieu sur la Croix ».
Dans l’antiquité chrétienne, Saint Léon le Grand avait dit « Devant la Passion, les pierres, c’est-à-dire les cœurs des incroyants se fendent » et, au Moyen Age, Saint Bonaventure disait : « La mort de Jésus fait se briser les pierres les plus dures ».
Nous dépendons radicalement de l’œuvre salvatrice de Jésus, la source et la cause de nos conversions successives sont là !
Cette fête est si importante dans les célébrations du Seigneur que, lorsque le 14 septembre tombe un dimanche, c’est la Croix Glorieuse qui prime, qui est célébrée : Honneur et Gloire à notre Sauveur !
Souvenons-nous enfin que le supplice de la croix était une infamie. C’est ce que veut dire Saint Paul quand il parle de « folie » pour « les païens ». Maître Varaut (+ 2005), juriste chrétien écrivait « qu’un crucifié puisse être le juge du monde à venir, c’est folie pour un païen cultivé ». Dans les premiers temps, Jésus est plutôt représenté en « maître enseignant  ». Ce n’est qu’à partir de la suppression de ce supplice par Constantin (suppression qu’il décréta par respect pour le Christ) que l’on voit des représentations de Jésus crucifié, comme au Vème siècle sur le portail de la basilique Sainte Sabine sur l’Aventin à Rome.
Ne sommes-nous pas un peu « habitués » aux croix de nos maisons, de notre prière quotidienne ? Repensons à ce passage de l’Ecriture : « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé. »
Don Jean Marcel VEAU

Voir l’invisible

Voir l’invisible 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre, et nous trouvons avec effort ce qui est à notre portée ; ce qui est dans les cieux, qui donc l’a découvert ? » Sg 9, 13-18.
Avec la rentrée des classes nous pourrions penser qu’il est fini le temps des doux rêveurs, que les choses sérieuses ont commencé et qu’il ne s’agit plus pour nos bambins de battre la campagne en regardant par la fenêtre. Pour les adultes aussi il ne s’agit plus de rêver ! Un regard sur les grands titres de la presse ou les notifications de nos téléphones suffit à interdire au regard et au cœur de se porter plus loin. Certes, à force de rêver, le risque est d’oublier la réalité de ce que nous vivons, cette réalité à travers laquelle Dieu nous parle. Le rêve est sans doute lié à l’endormissement et, s’il a des vertus pour le psychisme, sa mécanique semble être plutôt passive. Il est pourtant une vertu apparemment voisine à l’attitude du rêveur qui est à cultiver. Celle qui nous permet de nous représenter mentalement ce à quoi nous pensons, ce que nous cherchons, ce que nous aimons. Cette vertu est celle de l’imagination. L’imagination ne nous coupe pas du réel, elle part du réel. Loin de toute léthargie, l’imagination demande notre implication entière, et nous invite à voir à travers le réel. L’imagination nous fait nous promener au bout de la jetée comme à la proue d’un bateau ; elle permet à un bout de bois trouvé dans la cour du Patronage de devenir la véritable épée Excalibur et fait de l’enfant qui l’a trouvée le nouveau chevalier de la table ronde, à moins que l’épée ne soit celle d’un mousquetaire ou d’un templier  ; elle permet au parent de trouver le bon trajet d’avion qui permettra d’ouvrir la bouche de l’enfant qu’il nourrit, ou de trouver les mots qui l’accompagneront dans le sommeil réparateur qui déjà semble vaincre les paupières ; … L’imagination devient alors un formidable secours pour notre vie de foi. Nous croyons fermement que là où nous sommes, réunis en son Nom, Jésus est au milieu de nous, nous croyons fermement que cette hostie consacrée que nous contemplons dans l’adoration est réellement le corps et le sang du Christ, nous croyons fermement qu’à la messe nous ne sommes pas seuls, mais que la multitude des anges et des saints est présente. Nous y croyons, mais nous avons souvent du mal à laisser ces mystères transformer durablement notre vie. Un petit travail d’imagination vient donner chair et corps à ces mystères, elle nous aide, guidé par la foi, à nous accoutumer à la réalité invisible. Face à la Parole de Dieu, Saint Ignace de Loyola invitait à la composition des lieux : un travail de l’imagination pour se représenter la scène évangélique (la nativité par exemple), et nous mettre tour à tour dans la peau d’un berger, d’un ange, de La Vierge Marie, de l’âne ou du bœuf, pour garder peut-être plus profondément l’évangile dans le cœur !
La première lecture de ce dimanche nous invite à un émerveillement plein de révérence devant la grandeur des vues et des volontés de Dieu. Cultivons donc cette vertu d’imagination, guidée par la foi et l’évangile pour chercher et saisir quelque chose de la volonté de Dieu pour notre semaine, ou notre année. les chemins qui s’ouvriront alors risquent de nous étonner !
Don Guillaume PLANTY

La rentrée, un temps pour (ré)apprendre la gratuité !

La rentrée, un temps pour (ré)apprendre la gratuité ! 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ». Le sens de l’amitié du Seigneur est pour le moins surprenant : qu’y a-t-il de mal à prendre du temps avec les personnes que nous affectionnons particulièrement et avec qui nous voulons approfondir les relations  ? Il ne faudrait pas se tromper : le Seigneur ne remet pas en question nos amitiés, nos liens qui sont bons et que nous sommes invités à développer s’ils nous font grandir dans l’amour, Lui-même a eu de nombreux amis et aimait se reposer dans quelques foyers amis. Mais le Seigneur nous appelle à quelque chose de plus grand  : la gratuité. « Quand tu donnes une réception, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles  ; heureux seras-tu, parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour  : cela te sera rendu à la résurrection des justes. » Il nous invite à nous donner gratuitement, sans rien attendre en retour. Dans une société profondément marquée par la consommation, où tout s’achète et se vend, cela est très difficile. Pourtant nous passerons à côté de l’Évangile si nous n’expérimentons pas dans nos vies la gratuité. Dans le fond, nous en sommes tous convaincus : donner sans rien attendre en retour paradoxalement comble nos cœurs. C’est la logique de Dieu  ; Il nous invite à nous donner gratuitement mais Lui nous donne beaucoup plus que nous n’aurions imaginé. Quelle tristesse de ne pas pouvoir vivre le don : c’est pourtant malheureusement le cas de tant de personnes qui vivent dans la seule optique de gagner de l’argent, de le dépenser et de recommencer. En ce début d’année, prenons le temps d’y réfléchir  : comment puis-je, dans cette nouvelle année 2025-2026, vivre la gratuité évangélique. Comment puis-je donner : de l’argent parfois, du temps, de l’énergie ? Pour cela, nous avons chacun à prendre le temps de la réflexion pour nous dire : quel engagement vais-je prendre ? Vais-je servir dans la paroisse, dans une association, servir le bien commun en m’engageant dans la vie publique ? Quel temps gratuit vais-je donner à Dieu : une heure d’adoration que je m’engage à vivre chaque semaine en m’inscrivant au groupe des adorateurs, un temps de fraternité mensuelle en participant à un PGM, du temps de prière personnelle  ? La rentrée est un temps de renouvellement personnel, familial et paroissial. Puissions-nous tous avoir le désir de grandir dans la gratuité pendant cette année et de prendre des engagements concrets qui la font grandir. Alors vraiment nous apprendrons à aimer comme nous l’enseigne sainte Thérèse de Lisieux : « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même ».

Don Raphaël SIMONNEAUX

Entrez par la porte étroite

Entrez par la porte étroite 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Dans l’Évangile de ce Dimanche, Jésus nous adresse une parole abrupte et austère : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ». Spontanément, nous pourrions entendre dans cette expression une menace ou une exclusion. Pourtant, si l’on écoute attentivement, Jésus ne ferme pas une porte, il nous en indique une : elle est étroite, mais elle est ouverte. Toute la question pour nous est de comprendre l’exigence derrière cet appel de Jésus à entrer dans le Royaume par la porte étroite…
Nous imaginons parfois que Dieu rend volontairement l’accès difficile. Or, la porte est étroite non pas pour nous décourager, mais pour nous ‘simplifier’  : elle n’est pas une barrière mais un passage. Elle nous oblige à laisser tomber ce qui est superflu, comme un voyageur qui ne peut pas franchir un passage encombré avec des bagages trop lourds. Sainte Élisabeth de la Trinité écrivait : « Il faut que tout s’écoule, que tout disparaisse, afin que Dieu soit tout en moi ». La porte resserrée n’est rien d’autre que le chemin de ce dépouillement joyeux.
La deuxième lecture, tirée de la lettre aux Hébreux, nous le rappelle :
«  Le Seigneur corrige celui qu’il aime ». Dieu n’est pas un maître sévère qui punit, mais un Père qui éduque. L’épreuve n’est pas une humiliation, mais une école qui nous affine pour la sainteté. La porte étroite, c’est ce réalisme de la vie chrétienne : l’amour véritable passe toujours par une purification.
Jésus nous avertit : certains diront avoir mangé et bu en sa présence, mais sans entrer vraiment. Le plus grand danger qui nous menace est de fréquenter Jésus sans le choisir. De profiter de sa présence sans se donner à Lui. Il nous invite à nous engager résolument dans son amour : à aimer de tout cœur Celui qui pour notre amour s’est donné tout entier. Passer la porte étroite, c’est poser un acte de décision, un « oui » qui engage toute notre vie, et non pas seulement une sympathie superficielle pour l’Évangile.
Cette largesse divine s’étend aussi d’une manière spirituelle à l’âme chrétienne. Plus l’âme s’abandonne à Dieu, plus son cœur devient vaste, capable d’aimer tous les hommes. Sainte Claire d’Assise écrivait à Agnès de Prague : « L’âme d’un croyant, qui est la plus digne de toutes les créatures, est rendue par la grâce de Dieu plus grande que le ciel : ce Créateur, que les cieux immenses et toutes les autres créatures ne peuvent contenir, l’âme du fidèle à elle seule devient son séjour et sa demeure ; il suffit pour cela de posséder la charité ». La porte étroite débouche sur la véritable liberté de l’amour, nous faisant entrer dans l’espace immense de l’amour de Dieu.
Chers amis, loin d’être une menace, la « porte étroite » est une promesse. Elle est l’appel à vivre une foi purifiée, une charité décidée, une espérance large comme le cœur de Dieu. Oui, il faut un combat spirituel pour franchir ce seuil ; mais c’est le combat même de l’amour qui allège, qui simplifie, qui libère. Sainte Teresa de Calcutta le rappelait : « La sainteté n’est pas le luxe de quelques-uns, elle est le simple devoir de chacun ».
Alors, en ce Dimanche, osons demander au Seigneur la grâce de ce dépouillement qui nous rend légers pour passer sa porte. Déposons tout souci du monde au pied de sa Croix et redisons-lui dans la prière : «  Seigneur, prends ce qui m’encombre, et fais-moi entrer dans la joie de ta maison. »

Abbé Thomas Duchesne

Je suis venu jeter un feu sur la terre

Je suis venu jeter un feu sur la terre 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Que voudrais-je si ce n’est qu’il ait déjà pris ? Je dois être plongé dans une immersion, un baptême, un plongeon dans la passion, la souffrance, le tombeau, et c’est une véritable agonie en mon cœur : Père, c’est pour cela que je suis venu (cf Jn 12,27) : pour jeter un feu sur la terre, pour mourir en croix dans une ardeur d’amour extrême pour les hommes, mais qui va bouter le feu au monde.”
Pour Jésus, le mot « baptême » désigne sa mort ; il met en parallèle : « être baptisé du baptême dont il sera baptisé » et « boire à la coupe à laquelle il doit boire », expression qu’il réemploiera pour parler de sa passion au moment même de son agonie : « Père si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite » (Lc 22,42).
Lorsque Jésus dit : « Je suis venu jeter un feu sur la terre », il se réfère principalement à sa Mort sur la croix, preuve suprême d’amour extrême. Il s’est lui-même consumé totalement (c’est ce que veut dire holo-causte) pour que le feu prenne ; il compte sur ses disciples, le “petit troupeau” de ses disciples, pour que le feu continue de prendre. Faire partie du petit troupeau à qui le Royaume appartient est le sort le plus merveilleux et l’honneur le plus grand qui puisse être donné aux hommes sur cette terre (et au Ciel : contemplons encore Marie en son Assomption…), mais ce n’est pas pour se “laisser vivre”. L’amour du Christ nous met la pression
(2 Co 5,14), nous angoisse, à la pensée que, si un seul est mort pour nous, alors nous devons essayer de correspondre à son amour et donner notre vie pour lui, Jésus, et pour nos frères à cause de Jésus. Quitte à entrer en conflit familial.
Le Fils de Dieu m’a aimé et s’est livré pour moi (Ga 2,20), et ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi en ce Jésus mon Amour, je veux à mon tour la consumer pour que le petit troupeau mette le feu à la terre.
1Jn 4,9.10.14.16 : « Nous avons reconnu l’amour de Dieu pour nous, nous y avons cru, et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du Monde ». “Bien-aimés, si le Fils de Dieu nous a ainsi aimés, s’il s’est ainsi donné en victime de propitiation pour nos péchés, nous devons nous aussi donner notre vie pour nos frères” (1Jn 3,16).
Or, nous sommes faits pour cela : l’homme est une créature qui ne trouve la pleine réalisation d’elle-même que dans le don de soi par amour
(« … l’homme, seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même, ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même » Vatican II (1965) Gaudium et Spes 24). Pour nous donner de vivre au niveau de cette très haute et sublime vocation qui est aussi le secret du bonheur, le Christ nous a mis la pression : « l’amour du Christ me presse, quand je pense à l’amour inconditionnel que Jésus m’a manifesté ». St Jean de la Croix nous invite à nous laisser consumer par cette « vive flamme d’amour  » pour devenir le plus possible pur amour nous aussi et réaliser le sens profond de notre vie.
Pour cet absolu, il n’y a pas de recettes ni de situations meilleures que d’autres ; il n’y a pas de situations familiales ni d’échelles de valeurs qui entravent ; il n’y a pas à faire de grandes choses, mais à les faire avec un grand amour, là, maintenant, tout simplement, par et pour Celui qui nous a aimés le premier.

Don Laurent LARROQUE

Garder la tenue de service

Garder la tenue de service 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Ce dimanche, nous poursuivons la lecture continue de l’évangile selon Saint Luc. Jésus est en route avec ses disciples vers Jérusalem, cette ultime montée vers sa Passion. Dans ces chapitres 11 à 13, c’est la Parole de Jésus qui est au premier plan et non plus ses miracles, ses faits de puissance. Au gré de ces enseignements pour ce « petit troupeau  » qui le suit, il y a des rencontres ou des questions qui ponctuent son discours. La semaine dernière : cet homme qui demande à Jésus d’être juge contre son frère pour partager l’héritage. Aujourd’hui : la question de Pierre « Seigneur est-ce pour nous ou pour tout le monde ? »
De quoi est-il question ? Du Royaume, du paradis, de la Vie éternelle «  Votre père a trouvé bon de vous donner le Royaume » dit Jésus et « c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra  ».
La question mérite d’être posée. Tout comme un peu plus loin en traversant un village quelqu’un lui demande « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » (Lc 13.23). Nous sommes dans une époque de présomption où l’on pense qu’on ira tous au paradis, ou que nous méritons une meilleure place que les autres. Jésus répond sans détour : « efforcez-vous d’entrer… beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas… il y aura des pleurs et des grincements de dents ». Pourtant, « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1Tm 2.4). Nous sommes devant ce paradoxe de la volonté de Dieu toute puissante et de l’obstacle que nous pouvons y faire par notre liberté.
Nous pouvons user de cette liberté pour faire la volonté de Dieu, comme l’intendant fidèle qui connaît la volonté de son maitre et s’empresse de l’accomplir généreusement, ou comme le serviteur mauvais qui ne veut que jouir de l’existence, donner libre cours à ses vices, profiter de la situation pour son propre intérêt et retarde ainsi l’œuvre que Dieu lui a confiée. Quelle grandeur ! Le Seigneur nous aime et nous fait confiance en nous choisissant comme intendant pour travailler à son œuvre, jusqu’au jour où nous devrons rendre les comptes de notre gestion. Dieu suscite toujours des collaborateurs à son œuvre dans le monde.
Le Seigneur nous invite ce dimanche à « garder la tenue de service », à maintenir cette attitude d’engagement pour l’édification du Royaume. « Mon Père est toujours à l’œuvre dit le Seigneur et, moi aussi je suis à l’œuvre ». « La ceinture autour des reins » comme à la sortie d’Egypte pour être toujours prêts à marcher dans les pas du Seigneur, gardant « nos lampes allumées » par la foi et les bonnes œuvres. Ainsi « en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père du Ciel ». Alors, quand le Seigneur viendra, « le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas », il nous invitera à sa table et « c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. »

Don Marc-Antoine CROIZE-POURCELET

A Dieu !

A Dieu ! 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Chers amis, à l’heure du départ, le Seigneur ne pouvait pas me faire un plus beau cadeau que de mettre sur nos lèvres le psaume 89 ! Ce chant d’amour nous rappelle tout simplement la nécessité de savoir quitter ! Il résume l’état d’esprit qui doit être le nôtre lorsque nous sommes appelés à partir…
Le psalmiste y fait cette prière : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse ! »
Voilà un beau challenge et une grâce à demander pour toute notre vie. Seul le sage sait mesurer la valeur de chaque instant qui nous est donnée ici-bas. Néanmoins, je crois que cette grâce (lorsqu’elle nous est donnée) n’est pas facile à accepter. En effet, apprendre la valeur du temps ne peut se faire sans en accepter le terme. Ici-bas, toute bonne chose a une fin.
C’est d’ailleurs cette fin qui rend chaque seconde infiniment précieuse. Chaque instant est unique parce qu’il ne reviendra pas. Ainsi, donner à chaque instant sa véritable dimension ne peut se faire sans méditer sur la mort. Apprendre la vraie mesure de nos jours, c’est apprendre à mourir. Or, il y a toujours une petite mort à nous-mêmes lorsque nous devons nous «  arracher ». Cet apprentissage se joue ainsi dans chacun de nos départs. La maturité humaine se mesure en partie dans la capacité que nous avons à partir, ou à laisser partir.
Peut-être trouvez-vous cela glauque ou déprimant mais je crois que c’est tout le contraire ! Apprendre à quitter ce qui ne peut que vieillir, c’est apprendre à vivre pleinement. S’attacher à ce qui demeure a pour conséquence d’accepter de se détacher du reste.
La vie est une extase, c’est-à-dire qu’elle ne se donne qu’à celui qui accepte de se tenir en dehors de lui-même, de sortir pour aller vers l’Autre et vers les autres. Et c’est lorsque nous nous immergeons en Celui qui nous aime infiniment, que nous sommes « rassasiés et que nous passons nos jours dans la joie et les chants ». En acceptant de ne dépendre plus que de Lui, nous trouvons le chemin, la vérité, la Vie. « Solo Dios Basta ».
Le psalmiste qui veut apprendre la vraie mesure de ses jours, demande le don de la sagesse : « que mon cœur pénètre la sagesse… »
Or lorsque nous sommes catholiques, pénétrer la Sagesse signifie s’immerger dans le Verbe incarné… Cela veut dire être avec Jésus, la Sagesse personnifiée du Père !
En suivant Jésus, en étant son disciple, nous apprenons à être ce qu’Il est, à vivre comme Il a vécu. Or l’être tout entier du Verbe est une extase… Il « s’arrache » à sa condition divine, pour venir dans sa créature. La vie du Christ elle-même est tendue vers son heure, c’est-à-dire vers sa mort et sa résurrection. Jésus en nous sauvant est venu pour une chose : nous réapprendre à aimer, c’est-à-dire à nous quitter nous-mêmes. Aussi est-Il venu nous apprendre à mourir pour que nous puissions ressusciter en Lui.
Au seuil de ces 7 années de ministère auprès de vous durant lesquelles j’ai reçu tant de grâces, je bénis et loue l’Eternel pour tant de sollicitude à mon égard. Quelle immense confiance Il m’a fait en vous confiant à « l’avorton que je suis ». Une seule prière reste sur mes lèvres, celle qui conclut le psaume : « Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains. »
Oui, Seigneur… bénis abondamment don Guillaume pour qu’avec l’aide de toute la paroisse, il puisse allumer partout à Saint Raphaël le feu de l’amour divin et que tous « recherchent les réalités d’en haut » !
Don Louis Marie DUPORT

Intercéder pour Babylone

Intercéder pour Babylone 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Abraham se tenait devant le Seigneur : « Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le coupable ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les faire périr ? Ne pardonneras-tu pas à toute la ville à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ? »
Si ! Le Seigneur fera miséricorde à toute la ville, s’il se trouve encore 50 justes au milieu d’une génération impie et corrompue. Il irait même jusqu’à 45… 40… 30… 20… « Peut-être s’en trouvera-t-il seulement dix ? » Et le Seigneur déclara : « Pour dix, je ne détruirai pas. »
« Demandez, et vous recevrez », dit le Seigneur dans l’Evangile. Et il insiste pour que nous insistions dans nos demandes. C’est ce que fait Abraham. Il ose insister dans son intercession pour la ville coupable qui méritait sa destruction.
Nous aussi, osons insister devant le Seigneur, car si sa justice est incorruptible, sa miséricorde est grande. Jésus, qui est la Révélation de Dieu, nous invite à une prière de demande qui peut aller jusqu’à un certain « sans-gêne » devant Dieu, «  car éternelle est sa miséricorde ».
« Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et vive. »
(cf Ez 18,32) Dieu ne veut pas la destruction de Babylone, « la grande Cité, Sodome ou Egypte comme on l’appelle spirituellement, là où aussi leur Seigneur fut crucifié  » (Ap 11,8) (il y aura bientôt 2000 ans, en 2033). Dieu veut la conversion vers Lui de l’ensemble de notre civilisation.
Essayons d’avoir l’esprit d’Abraham, intercédant pour le salut de l’ensemble de cette civilisation devant le Seigneur. Il y a beaucoup de monastères répandus dans le monde où les priants intercèdent jour et nuit devant le Seigneur : “détruirais-tu ce monde alors qu’il y reste encore sans doute quelques justes ?”
« Recherchez la paix pour la ville où je vous ai déportés ; priez le Seigneur en sa faveur, car de sa paix dépend la vôtre. » (Jr 29,7).
Il ne faut pas prier pour la destruction de Babylone, mais pour sa conversion. Devant la profonde perversion de notre monde, rempli d’absinthe amère
(cf Ap 8,11), on serait tenté de prier ainsi : « Seigneur fait descendre le feu du ciel sur Babylone la grande ! » Ce fut la prière de Jacques et Jean en Lc 9,54. Jésus, en réponse, les réprimanda : « vous ne savez pas de quel esprit vous êtes ! Car le Fils de l’homme n’est pas venu perdre les âmes, mais les sauver ! » (Lc 9,55, texte présent dans des manuscrits malheureusement pas pris en compte aujourd’hui). Nous ne voulons pas que le monde s’écroule sous ses propres destructions, entraînant l’ensemble de la terre dans le malheur et la masse des hommes dans le désespoir.
Si un feu doit descendre du ciel, que ce soit le feu de l’Esprit-Saint, les torrents de la miséricorde.
Oui, on peut réclamer justice, avoir faim et soif de justice, vouloir être rassasiés non plus d’absinthe oppressante et infernale, mais de justice et de vérité, de droiture et de pureté. Mais selon l’esprit d’Abraham et non selon l’esprit de vengeance.
Oui, Dieu fera justice pour tirer de l’enfer terrestre ceux qui n’en veulent pas
(cf Ez 9,4) et condamner les fauteurs de scandale (Mt 13,41-42). Mais les “justes” dans les monastères visibles ou “invisibles” (tous les priants dans le secret de leur chambre, cf Mt 6,6) ne doivent pas appartenir à l’esprit de vengeance. Ils doivent continuer de prier avec insistance, et “patienter, jusqu’à ce que le nombre des justes soit au complet” (Ap 6,11). « Alors seulement arrivera la fin » (Mt 24,14) de Babylone la dévastatrice (Ps 136/137,6), « en une heure » (Ap 18,19).
« Si je t’oublie, Jérusalem… », dit ce même Ps : que cela n’arrive jamais ! Je suis fait pour le Ciel, je suis citoyen du Ciel (Eph 2,19 ; Ph 3,20), je n’ai pas sur terre ma demeure permanente (Hé 13,14) et je ne veux pas devenir corrompu avec les corrompus. « Donne, Seigneur, donne le salut éternel ! » (cf Ps 118/119,25).

Don Laurent LARROQUE

La vraie nature du service

La vraie nature du service 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Marthe était occupée au service de la table afin que Jésus et ses apôtres puissent se restaurer, eux qui étaient sans cesse par monts et par vaux. Elle accomplissait une tâche importante de soutien, une tâche qui est souvent ingrate mais toujours nécessaire. C’était également sa manière de montrer à Jésus son attachement. Sa sœur, quant à elle, préférait écouter Jésus, entendre directement la parole de Dieu. Cette inaction de Marie déplut fortement à Marthe qui ne comprenait pas que l’on puisse montrer son attachement autrement que par le service.
Ce passage de l’évangile est important pour nous et en particulier pour toutes les personnes qui rendent service bénévolement. En effet dans le service il y a deux parties importantes : la première étant l’efficacité, celle pour laquelle nous pouvons être sollicités, la seconde est l’évolution du bien commun par notre action. C’est pourquoi lorsque nous rendons service, il est nécessaire de mesurer l’action que nous accomplissons. Sommes-nous efficaces ? Et, notre action est-elle bonne pour le bien commun ? Rendre service doit être quelque chose de réfléchi. Autrement il peut arriver que dans notre bénévolat nous n’agissions pas dans le bon sens.
Dans la foi catholique on appelle cela la charité envahissante. Il peut arriver que des personnes armées de très bonnes intentions, puissent accomplir un service dont la finalité n’est pas souhaitable. On pourrait appeler cela autrement  : un zèle mal placé.
En réalité cette charité envahissante ou ce zèle mal placé, et je le dis par expérience, est souvent une manière pour le serviteur de se mettre en avant afin de recevoir une approbation de l’autorité. Nous recherchons tous l’œil approbateur, nous avons tous besoin de reconnaissance, et cette reconnaissance, nous pouvons parfois la rechercher excessivement, dans toute les actions que nous accomplissons, et même dans les services que nous rendons. Aussi, si je me sens concerné, le but n’est pas d’abandonner mon service mais de le transformer afin que mon action ne serve pas mon intérêt mais le bien commun.
Cela doit toujours être le but dans le service : le Bien Commun. Agir ainsi transforme véritablement toute mon action et m’oriente de manière radicale vers le ciel et vers la recherche de Dieu. Le service devient alors charité au sens premier du terme. C’est Jésus lui-même qui l’a dit : « Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur  ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mt 20 26-28).

Don Bruno de LISLE

Heureux celui qui n’a pas perdu l’espoir

Heureux celui qui n’a pas perdu l’espoir 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Chers frères et sœurs,
le Jubilé que nous vivons nous aide à découvrir que l’espérance est toujours source de joie, à tout âge. Et quand l’espérance est aguerrie par le feu d’une longue existence, elle devient source de béatitude parfaite.
Dans la Bible, Dieu montre à plusieurs reprises sa providence en s’adressant à des personnes âgées. C’est le cas non seulement d’Abraham, de Sara, de Zacharie et d’Élisabeth, mais aussi de Moïse, appelé à libérer son peuple alors qu’il avait quatre-vingts ans (cf. Ex 7, 7). Par ces choix, il nous enseigne que, à ses yeux, la vieillesse est un temps de bénédiction et de grâce et que les personnes âgées sont pour lui les premiers témoins de l’espérance.
La vie de l’Église et du monde ne s’appréhende en effet que dans la succession des générations et embrasser une personne âgée nous aide à comprendre que l’histoire ne s’épuise pas dans le présent, ni ne se consume dans des rencontres fugaces et des relations fragmentaires, mais qu’elle se déroule vers l’avenir. Dans le livre de la Genèse, nous trouvons l’épisode émouvant de la bénédiction donnée par Jacob, désormais âgé, à ses petits-enfants, les fils de Joseph : ses paroles les encouragent à regarder l’avenir avec espérance, comme au temps des promesses de Dieu (cf. Gn 48, 8-20). S’il est vrai que la fragilité des personnes âgées a besoin de la vigueur des jeunes, il est tout aussi vrai que l’inexpérience des jeunes a besoin du témoignage des personnes âgées pour projeter l’avenir avec sagesse. Combien de fois nos grands-parents ont-ils été pour nous un exemple de foi et de dévotion, de vertus civiques et d’engagement social, de mémoire et de persévérance dans les épreuves ! Ce bel héritage, qu’ils nous ont remis avec espérance et amour, ne serait jamais assez, pour nous, motif de gratitude et de cohérence.
En regardant les personnes âgées dans cette perspective jubilaire, nous sommes, nous aussi, appelés à vivre avec elles une libération, surtout de la solitude et de l’abandon. Cette année est le moment propice pour y parvenir : la fidélité de Dieu à ses promesses nous enseigne qu’il y a une béatitude dans la vieillesse, une joie authentiquement évangélique, qui nous demande d’abattre les murs de l’indifférence dans lesquels les personnes âgées sont souvent enfermées.
Chaque paroisse, chaque association, chaque groupe ecclésial est appelé à devenir protagoniste d’une “révolution” de la gratitude et de l’attention en rendant fréquemment visite aux personnes âgées, en créant pour elles et avec elles des réseaux de soutien et de prière, en tissant des relations qui puissent donner espoir et dignité à ceux qui se sentent oubliés. L’espérance chrétienne nous pousse toujours à oser davantage, à voir grand, à ne pas nous contenter du statu quo. Dans le cas présent, à œuvrer pour un changement qui redonne aux personnes âgées estime et affection.
C’est pourquoi le Pape François a souhaité que la Journée Mondiale des Grands-Parents et des Personnes Agées soit célébrée avant tout en rencontrant ceux qui sont seuls. Et pour la même raison, il a été décidé que les personnes qui ne pourront pas venir en pèlerinage à Rome cette année pourront « bénéficier de l’Indulgence jubilaire en visitant durant un temps suffisant […] les vieillards isolés accomplissant ainsi un pèlerinage auprès du Christ présent en eux (cf. Mt 25, 34-36) »
Le livre du Siracide affirme que la béatitude appartient à ceux qui n’ont pas perdu l’espérance (cf. 14, 2), laissant entendre que dans notre vie – surtout si elle est longue  – il peut y avoir de nombreuses raisons de regarder en arrière plutôt que vers l’avenir. Pourtant, comme l’a écrit le Pape François lors de sa dernière hospitalisation, « nos corps sont faibles, mais rien ne nous empêche d’aimer, de prier, de donner de nous-mêmes, d’être les uns pour les autres, dans la foi, des signes lumineux d’espérance  » (Angélus, 16 mars 2025). Nous avons une liberté qu’aucune difficulté ne peut nous enlever : celle d’aimer et de prier. Tous, toujours, nous pouvons aimer et prier.
Ces signes de vitalité de l’amour qui ont leur racine en Dieu lui-même, nous donnent du courage et nous rappellent que « même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour » (2 Co 4, 16). C’est pourquoi, surtout en tant que personnes âgées, persévérons avec confiance dans le Seigneur. Laissons-nous renouveler chaque jour par la rencontre avec Lui, dans la prière et dans la sainte messe. Transmettons avec amour la foi que nous avons vécue pendant tant d’années, dans notre famille et dans nos rencontres quotidiennes : louons toujours Dieu pour sa bienveillance, cultivons l’unité avec nos proches, ouvrons notre cœur à ceux qui sont plus éloignés et, en particulier, à ceux qui sont dans le besoin. Nous serons des signes d’espérance, à tout âge.
Pape Léon XIV

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