Editorial Principal

De la guérison au salut

De la guérison au salut 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Nous connaissons bien cet épisode de l’Evangile de Saint Luc. Jésus traverse la Samarie et la Galilée. Dix lépreux s’approchent et crient « Jésus, prends pitié de nous ! »
D’abord remarquons bien que ce passage se situe dans une partie très précise du récit de Luc. Après la « Venue du Sauveur  » que l’on appelle aussi les Evangiles de l’enfance, après « La vie publique du Maitre en Galilée » c’est-à-dire « l’appel des disciples par Jésus, les premiers actes et les premières paroles du Maître  », vient une autre partie qu’on appelle « La montée à Jérusalem » qui correspond à peu près aux chapitres 10 à 19 de cet Evangile de Saint Luc.
Dans cette partie tous les faits et les paroles de Jésus ont un lien avec la Passion qui se profile à l’horizon. Ainsi il y a une parole contre les pharisiens (chap 11) une parole au sujet de Jérusalem (chap 13) la parabole des invités qui se défilent (chap 14) la parabole du fils prodigue et le fils ainé incommode (chap14). Il y a une troisième annonce de la Passion (chap 18). Ce sont quelques exemples marquants.
Et au milieu de cela, les lépreux. Comme le disait le Père Lagrange, dominicain qui a consacré toute sa vie aux Ecritures : « Dans les Evangiles, les faits sont groupés pour qu’on en tire une conclusion  ».
Quelles conclusions ? D’abord cette guérison ne nous présente pas Jésus comme un « guérisseur » seulement, mais cette guérison est liée à la Passion ; du haut de la Croix, Jésus ne guérit pas seulement, Il sauve. Bien sûr, tous les lépreux ont reconnu en Jésus ce qu’on appelle un thaumaturge… mais un seul «  glorifie Dieu à pleine voix ». On peut dire qu’un seul est passé de la guérison au Salut. Il a reçu et accueilli pleinement le don divin de la Foi. Jésus lui déclare : « Relève-toi, ta foi t’a sauvé ».
Autre conclusion et elle est fondamentale, il est clair qu’en mentionnant que cet homme est « un samaritain », saint Luc montre que le Salut est offert à tous.
Voici quelques « clefs » pour mieux approfondir ce passage que nous connaissons très bien… mais qui doit questionner notre vie.
Demandons au Seigneur, demandons à l’Esprit Saint de nous éclairer au fond de nos cœurs, ainsi l’Ecriture Sainte deviendra pour nous Parole de Dieu.

Don Jean-Marcel VEAU

Grâce à Dieu

Grâce à Dieu 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Jésus explique à ses disciples dans cette parabole, dite des “serviteurs inutiles”, que le fait de servir Dieu ne rend pas Dieu obligé de nous servir en retour. Je n’ai pas à faire valoir l’accomplissement de mon devoir devant Dieu comme autant de mérites qui le rendraient obligé devant moi.
Il ne faut pas comprendre en cela qu’il n’y a pas à espérer que Dieu nous récompense : si bien sûr, cela fait partie de la nature des choses, que servir Dieu soit récompensé : “Dieu, qui voit dans le secret (que tu pries, que tu fais des efforts vers le bien, que tu fais du bien autour de toi), te le rendra”, assure Jésus (Mt 6,1-6.16-18). Et il rassure aussi Pierre : « voici que nous avons tout quitté pour te suivre. Quelle sera donc notre part ? » Et Jésus répond : “vous qui m’avez suivi, vous siégerez sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël ! » Nous ne sommes pas des anges, et notre désintéressement, ou pureté d’intention, ne doit pas être pureté angélique, mais humaine. Qui fait l’ange, à nier sa soif naturelle de reconnaissance, se retrouve un jour à faire la bête.
Mais à l’inverse, il ne faut pas non plus croire pour autant que Dieu deviendrait notre obligé.
On peut relier trois paraboles entre elles, pour approfondir cela. La présente, celle du « fils aîné » dans la parabole du « fils prodigue », et celle du pharisien et du publicain. Dans cette dernière, que nous écouterons bientôt (26 oct), le pharisien plastronne devant Dieu en le remerciant pour tout le bien que lui, le pharisien, a fait : il met son « je » à la première place, en estimant que c’est lui qui a fait tout ce bien. Or non. Il faut se rendre compte que le bien que nous faisons, c’est Dieu seul qui le fait en nous. C’est ainsi que Jésus dit : «  sans moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,5). Et il me semble que la bonne traduction de notre Evangile aujourd’hui serait : « nous sommes des serviteurs bons à rien  », carrément ! La Vierge Marie, Elle, quand elle remercie Dieu, ce n’est pas en disant « parce que moi, je… » mais « parce que Toi, Tu… as fait en moi de grandes choses. » C’est son Magnificat. Elle ne prétend pas avoir fait de grandes choses Elle. Elle reste dans l’action de grâces. Car Dieu seul est le Bon (Mc 10,18), et tout bien vient de lui seul : nous, rien ! Il me semble que c’est à cette prise de conscience décapante que nous invitent ces trois paraboles ensemble.
En effet, que se passe-t-il chez le “fils aîné” : il arrive devant Dieu non pas en action de grâces, mais en colère, comme un “insolent” (1ère lecture), car il s’estime traité injustement : “voilà tant d’années que je te sers sans jamais avoir transgressé un seul de tes ordres, et c’est ainsi que tu me traites ? Je refuse d’entrer dans le Royaume de Dieu dans ces conditions !” (cf Lc 15,28-29) Affreux sort que les pharisiens et les scribes se construisent eux-mêmes ! (cf Mt 5,20) Où était donc le problème ? Dans ce que Jésus essaye de nous dire encore aujourd’hui : devant Dieu, ne te situe pas sur le terrain d’une soi-disant justice, que tu crois telle à force d’avoir servi “impeccablement” (vraiment ?) le Seigneur, car tout le bien que tu as fait, c’est Dieu seul qui l’a fait en toi ; à Lui seul le mérite, finalement ! Situe-toi sur le terrain de la miséricorde et de l’action de grâces, car si tu as eu la force et le mérite de servir le Seigneur toute ta vie (ou en tout cas depuis ta conversion), c’était pure grâce en fait ! Comme on dit dans une prière du soir, pour célébrer les martyrs : « Seigneur, nous te rendons grâces, car c’est toi qui nous as donné de rester dans la Foi en Toi jusqu’à ce jour ! » “Seigneur Jésus, augmente ma foi en Toi !” C’est pure grâce. Restons dans l’action de grâces.
Une mesure tassée, secouée, débordante, sera versée à celui qui aura servi Dieu avec amour. (Lc 6,38).
Don Laurent LARROQUE

La crosse de l’évêque

La crosse de l’évêque 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

La crosse de l’évêque – le pasteur par excellence de l’Eglise – est une sorte de bâton de berger. Elle est composée de deux parties : la volute qui est la partie recourbée et ornée en haut, et la pointe en bas. Traditionnellement la volute sert à retenir ou rattraper ceux qui s’égarent, à les attirer avec douceur. La pointe au contraire sert à frapper les loups qui menacent le troupeau ou bousculer les récalcitrants pour les faire avancer !
Ces deux chapitres 15 et 16 de Saint Luc – alors que Jésus marche vers son mystère pascal – me font penser à ces deux aspects de la crosse. Dans le chapitre 15, Jésus nous offre trois splendides paraboles de la Miséricorde invitant les pécheurs à la confiance. Dieu est comme ce berger qui part à la recherche de sa brebis perdue ou comme ce père qui attend patiemment le retour de son Fils prodigue. Il y a de la joie dans le ciel pour un seul qui se convertit plus que pour 99 qui n’ont pas besoin de conversion. Il invite positivement à la conversion et au changement de vie.
Au contraire le chapitre 16, avec ces deux paraboles qui nous interrogent sur le rapport à l’argent, sonne plutôt comme un avertissement pour nous inviter à briser cette idole. Il semble qu’il n’y a pas de 3ème voie : le Royaume de Dieu ou l’argent. « Nul serviteur ne peut servir deux maîtres  : ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent » dit Jésus Luc 16,13.
Jésus nous invitait la semaine dernière à nous faire des amis avec l’argent malhonnête afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. Alors, au soir de notre vie, quand nous ne pourrons rien emporter de ce monde ils plaideront pour nous. La parabole du riche et du pauvre Lazare est le contre-exemple type de cela. Elle nous pousse à réfléchir sérieusement sur ce renversement des sorts. L’enjeu est l’éternité.
Quand Jésus raconte cette parabole il parle aux pharisiens qui aimaient l’argent et donc tournaient Jésus en dérision. Leur amour de l’argent était un obstacle à l’écoute de la loi et des prophètes, un obstacle à l’écoute de la Parole de Dieu jusqu’à la haine de la foi. Si nous choisissons de servir l’argent plutôt que Dieu cela conduit à la surdité spirituelle si bien qu’aucun signe ne sera convaincant, « même si un mort ressuscitait ils ne seraient pas convaincus ». Peu après ce discours, Jésus resuscitera son ami Lazare et lui-même ressuscitera d’entre les morts. Ils n’ont pas été convaincus. L’amour de l’argent étouffe la foi.
Cet avertissement s’adresse aussi à nous. Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. Si nous ne brisons pas cette idolâtrie, ce germe d’égoïsme, Dieu aura beau nous envoyer des signes toujours plus convaincants, nous ne serons pas convaincus. Laissons-nous bousculer par ces paraboles un peu piquantes pour ne pas risquer de passer l’éternité loin du festin des noces de l’agneau !

Don Marc-Antoine CROIZE-POURCELET

« Sache que l’argent est corrupteur « 

« Sache que l’argent est corrupteur «  150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Dans le Loir et Cher se trouve un établissement scolaire qui accueille près de mille élèves chaque année : le lycée Catholique de Pontlevoy. Avant d’être un établissement scolaire, c’était une abbaye qui a été transformée en école militaire pour les cavaliers. On trouve un vestige de cette période précisément, lorsque l’on passe dans l’ancien cloître : sur un des murs on peut encore lire le code d’honneur des cavaliers, un code magnifique qui pousse les soldats à développer en eux l’excellence en toute chose :
« Au service de la France, uni à ton équipier, loyal à tes chefs, tenace au travail, prête la main à tous, sois gai, sobre, propre, parle franc, tiens parole, écoute, cherche à comprendre, respectueux envers la famille, sache que l’argent est corrupteur, entraine chaque jour ton corps, approfondis ta foi, éclaire ta conviction, entreprends hardiment, achève ta tâche commune, sans pitié pour la mollesse et la lâcheté, combats pour être un homme ».
Ce qui est remarquable dans ce code, et en lien avec l’évangile du jour, c’est la mention sur l’argent : il est corrupteur. L’argent que nous utilisons tous et derrière lequel notre société court sans arrêt dans le but de créer un monde idéal, est vital, mais également mortel, cela dépend de notre manière de l’utiliser. L’argent n’est qu’un moyen et non une fin. S’il est une fin, nous cherchons à en avoir le plus possible et cette recherche incessante nous entraîne à tout sacrifier pour en avoir toujours plus, on sacrifie sa famille, ses amis et même son âme. Cela peut paraître évident, mais ce qui est vicieux, c’est que l’argent change notre cœur avec le temps. Le roman  »Le Hobbit » et  »Le Seigneur des anneaux » de J. R. R. Tolkien décrit parfaitement ce mécanisme : les nains creusent la montagne pour en extraire l’or. Mais plus ils obtiennent des richesses, moins ils sont satisfaits de ce qu’ils possèdent. Il leur en faut toujours davantage. Aussi creusent-ils toujours plus profondément dans la roche, libérant ainsi un grand mal, un démon qui était présent dans la montagne et qui les anéantit tous.
Notre jeunesse ne comprend pas cela, car il faut de la maturité pour saisir le danger de ce qui peut pourtant nous donner du confort. Je suis marqué lorsque l’on aborde le sujet de l’argent avec les jeunes, de voir leurs yeux s’ouvrir comme lorsque l’on découvre un trésor. Il est plus que nécessaire de traiter l’argent comme il se doit : un simple moyen. A sa place, toute sa place et rien que sa place. C’est à nous les adultes de montrer l’exemple aux plus fragiles pour qu’ils n’aient pas à en souffrir plus tard.

Don Bruno de LISLE

La Croix Glorieuse

La Croix Glorieuse 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Le péché d’origine avait rompu notre lien avec le Dieu Créateur, nous avons été réconciliés avec le Père, avec nos frères et en nous-mêmes par l’œuvre du Salut du Verbe fait chair en Jésus ; nous sommes sauvés par sa Passion et par sa Résurrection glorieuse au matin de Pâques. Nous célébrons la Croix du Christ, une Croix Glorieuse.
Cette réalité, ce mystère nous dépasse et nous dépendons de lui. Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix (Edith Stein) au sujet de « la nuit obscure de l’Homme Dieu à Gethsémani » écrit : «  Il n’est pas donné à l’esprit des hommes de pouvoir sonder le mystère du divin abandon de l’Homme – Dieu sur la Croix ».
Dans l’antiquité chrétienne, Saint Léon le Grand avait dit « Devant la Passion, les pierres, c’est-à-dire les cœurs des incroyants se fendent » et, au Moyen Age, Saint Bonaventure disait : « La mort de Jésus fait se briser les pierres les plus dures ».
Nous dépendons radicalement de l’œuvre salvatrice de Jésus, la source et la cause de nos conversions successives sont là !
Cette fête est si importante dans les célébrations du Seigneur que, lorsque le 14 septembre tombe un dimanche, c’est la Croix Glorieuse qui prime, qui est célébrée : Honneur et Gloire à notre Sauveur !
Souvenons-nous enfin que le supplice de la croix était une infamie. C’est ce que veut dire Saint Paul quand il parle de « folie » pour « les païens ». Maître Varaut (+ 2005), juriste chrétien écrivait « qu’un crucifié puisse être le juge du monde à venir, c’est folie pour un païen cultivé ». Dans les premiers temps, Jésus est plutôt représenté en « maître enseignant  ». Ce n’est qu’à partir de la suppression de ce supplice par Constantin (suppression qu’il décréta par respect pour le Christ) que l’on voit des représentations de Jésus crucifié, comme au Vème siècle sur le portail de la basilique Sainte Sabine sur l’Aventin à Rome.
Ne sommes-nous pas un peu « habitués » aux croix de nos maisons, de notre prière quotidienne ? Repensons à ce passage de l’Ecriture : « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé. »
Don Jean Marcel VEAU

Voir l’invisible

Voir l’invisible 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre, et nous trouvons avec effort ce qui est à notre portée ; ce qui est dans les cieux, qui donc l’a découvert ? » Sg 9, 13-18.
Avec la rentrée des classes nous pourrions penser qu’il est fini le temps des doux rêveurs, que les choses sérieuses ont commencé et qu’il ne s’agit plus pour nos bambins de battre la campagne en regardant par la fenêtre. Pour les adultes aussi il ne s’agit plus de rêver ! Un regard sur les grands titres de la presse ou les notifications de nos téléphones suffit à interdire au regard et au cœur de se porter plus loin. Certes, à force de rêver, le risque est d’oublier la réalité de ce que nous vivons, cette réalité à travers laquelle Dieu nous parle. Le rêve est sans doute lié à l’endormissement et, s’il a des vertus pour le psychisme, sa mécanique semble être plutôt passive. Il est pourtant une vertu apparemment voisine à l’attitude du rêveur qui est à cultiver. Celle qui nous permet de nous représenter mentalement ce à quoi nous pensons, ce que nous cherchons, ce que nous aimons. Cette vertu est celle de l’imagination. L’imagination ne nous coupe pas du réel, elle part du réel. Loin de toute léthargie, l’imagination demande notre implication entière, et nous invite à voir à travers le réel. L’imagination nous fait nous promener au bout de la jetée comme à la proue d’un bateau ; elle permet à un bout de bois trouvé dans la cour du Patronage de devenir la véritable épée Excalibur et fait de l’enfant qui l’a trouvée le nouveau chevalier de la table ronde, à moins que l’épée ne soit celle d’un mousquetaire ou d’un templier  ; elle permet au parent de trouver le bon trajet d’avion qui permettra d’ouvrir la bouche de l’enfant qu’il nourrit, ou de trouver les mots qui l’accompagneront dans le sommeil réparateur qui déjà semble vaincre les paupières ; … L’imagination devient alors un formidable secours pour notre vie de foi. Nous croyons fermement que là où nous sommes, réunis en son Nom, Jésus est au milieu de nous, nous croyons fermement que cette hostie consacrée que nous contemplons dans l’adoration est réellement le corps et le sang du Christ, nous croyons fermement qu’à la messe nous ne sommes pas seuls, mais que la multitude des anges et des saints est présente. Nous y croyons, mais nous avons souvent du mal à laisser ces mystères transformer durablement notre vie. Un petit travail d’imagination vient donner chair et corps à ces mystères, elle nous aide, guidé par la foi, à nous accoutumer à la réalité invisible. Face à la Parole de Dieu, Saint Ignace de Loyola invitait à la composition des lieux : un travail de l’imagination pour se représenter la scène évangélique (la nativité par exemple), et nous mettre tour à tour dans la peau d’un berger, d’un ange, de La Vierge Marie, de l’âne ou du bœuf, pour garder peut-être plus profondément l’évangile dans le cœur !
La première lecture de ce dimanche nous invite à un émerveillement plein de révérence devant la grandeur des vues et des volontés de Dieu. Cultivons donc cette vertu d’imagination, guidée par la foi et l’évangile pour chercher et saisir quelque chose de la volonté de Dieu pour notre semaine, ou notre année. les chemins qui s’ouvriront alors risquent de nous étonner !
Don Guillaume PLANTY

La rentrée, un temps pour (ré)apprendre la gratuité !

La rentrée, un temps pour (ré)apprendre la gratuité ! 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ». Le sens de l’amitié du Seigneur est pour le moins surprenant : qu’y a-t-il de mal à prendre du temps avec les personnes que nous affectionnons particulièrement et avec qui nous voulons approfondir les relations  ? Il ne faudrait pas se tromper : le Seigneur ne remet pas en question nos amitiés, nos liens qui sont bons et que nous sommes invités à développer s’ils nous font grandir dans l’amour, Lui-même a eu de nombreux amis et aimait se reposer dans quelques foyers amis. Mais le Seigneur nous appelle à quelque chose de plus grand  : la gratuité. « Quand tu donnes une réception, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles  ; heureux seras-tu, parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour  : cela te sera rendu à la résurrection des justes. » Il nous invite à nous donner gratuitement, sans rien attendre en retour. Dans une société profondément marquée par la consommation, où tout s’achète et se vend, cela est très difficile. Pourtant nous passerons à côté de l’Évangile si nous n’expérimentons pas dans nos vies la gratuité. Dans le fond, nous en sommes tous convaincus : donner sans rien attendre en retour paradoxalement comble nos cœurs. C’est la logique de Dieu  ; Il nous invite à nous donner gratuitement mais Lui nous donne beaucoup plus que nous n’aurions imaginé. Quelle tristesse de ne pas pouvoir vivre le don : c’est pourtant malheureusement le cas de tant de personnes qui vivent dans la seule optique de gagner de l’argent, de le dépenser et de recommencer. En ce début d’année, prenons le temps d’y réfléchir  : comment puis-je, dans cette nouvelle année 2025-2026, vivre la gratuité évangélique. Comment puis-je donner : de l’argent parfois, du temps, de l’énergie ? Pour cela, nous avons chacun à prendre le temps de la réflexion pour nous dire : quel engagement vais-je prendre ? Vais-je servir dans la paroisse, dans une association, servir le bien commun en m’engageant dans la vie publique ? Quel temps gratuit vais-je donner à Dieu : une heure d’adoration que je m’engage à vivre chaque semaine en m’inscrivant au groupe des adorateurs, un temps de fraternité mensuelle en participant à un PGM, du temps de prière personnelle  ? La rentrée est un temps de renouvellement personnel, familial et paroissial. Puissions-nous tous avoir le désir de grandir dans la gratuité pendant cette année et de prendre des engagements concrets qui la font grandir. Alors vraiment nous apprendrons à aimer comme nous l’enseigne sainte Thérèse de Lisieux : « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même ».

Don Raphaël SIMONNEAUX

Entrez par la porte étroite

Entrez par la porte étroite 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Dans l’Évangile de ce Dimanche, Jésus nous adresse une parole abrupte et austère : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ». Spontanément, nous pourrions entendre dans cette expression une menace ou une exclusion. Pourtant, si l’on écoute attentivement, Jésus ne ferme pas une porte, il nous en indique une : elle est étroite, mais elle est ouverte. Toute la question pour nous est de comprendre l’exigence derrière cet appel de Jésus à entrer dans le Royaume par la porte étroite…
Nous imaginons parfois que Dieu rend volontairement l’accès difficile. Or, la porte est étroite non pas pour nous décourager, mais pour nous ‘simplifier’  : elle n’est pas une barrière mais un passage. Elle nous oblige à laisser tomber ce qui est superflu, comme un voyageur qui ne peut pas franchir un passage encombré avec des bagages trop lourds. Sainte Élisabeth de la Trinité écrivait : « Il faut que tout s’écoule, que tout disparaisse, afin que Dieu soit tout en moi ». La porte resserrée n’est rien d’autre que le chemin de ce dépouillement joyeux.
La deuxième lecture, tirée de la lettre aux Hébreux, nous le rappelle :
«  Le Seigneur corrige celui qu’il aime ». Dieu n’est pas un maître sévère qui punit, mais un Père qui éduque. L’épreuve n’est pas une humiliation, mais une école qui nous affine pour la sainteté. La porte étroite, c’est ce réalisme de la vie chrétienne : l’amour véritable passe toujours par une purification.
Jésus nous avertit : certains diront avoir mangé et bu en sa présence, mais sans entrer vraiment. Le plus grand danger qui nous menace est de fréquenter Jésus sans le choisir. De profiter de sa présence sans se donner à Lui. Il nous invite à nous engager résolument dans son amour : à aimer de tout cœur Celui qui pour notre amour s’est donné tout entier. Passer la porte étroite, c’est poser un acte de décision, un « oui » qui engage toute notre vie, et non pas seulement une sympathie superficielle pour l’Évangile.
Cette largesse divine s’étend aussi d’une manière spirituelle à l’âme chrétienne. Plus l’âme s’abandonne à Dieu, plus son cœur devient vaste, capable d’aimer tous les hommes. Sainte Claire d’Assise écrivait à Agnès de Prague : « L’âme d’un croyant, qui est la plus digne de toutes les créatures, est rendue par la grâce de Dieu plus grande que le ciel : ce Créateur, que les cieux immenses et toutes les autres créatures ne peuvent contenir, l’âme du fidèle à elle seule devient son séjour et sa demeure ; il suffit pour cela de posséder la charité ». La porte étroite débouche sur la véritable liberté de l’amour, nous faisant entrer dans l’espace immense de l’amour de Dieu.
Chers amis, loin d’être une menace, la « porte étroite » est une promesse. Elle est l’appel à vivre une foi purifiée, une charité décidée, une espérance large comme le cœur de Dieu. Oui, il faut un combat spirituel pour franchir ce seuil ; mais c’est le combat même de l’amour qui allège, qui simplifie, qui libère. Sainte Teresa de Calcutta le rappelait : « La sainteté n’est pas le luxe de quelques-uns, elle est le simple devoir de chacun ».
Alors, en ce Dimanche, osons demander au Seigneur la grâce de ce dépouillement qui nous rend légers pour passer sa porte. Déposons tout souci du monde au pied de sa Croix et redisons-lui dans la prière : «  Seigneur, prends ce qui m’encombre, et fais-moi entrer dans la joie de ta maison. »

Abbé Thomas Duchesne

Je suis venu jeter un feu sur la terre

Je suis venu jeter un feu sur la terre 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Que voudrais-je si ce n’est qu’il ait déjà pris ? Je dois être plongé dans une immersion, un baptême, un plongeon dans la passion, la souffrance, le tombeau, et c’est une véritable agonie en mon cœur : Père, c’est pour cela que je suis venu (cf Jn 12,27) : pour jeter un feu sur la terre, pour mourir en croix dans une ardeur d’amour extrême pour les hommes, mais qui va bouter le feu au monde.”
Pour Jésus, le mot « baptême » désigne sa mort ; il met en parallèle : « être baptisé du baptême dont il sera baptisé » et « boire à la coupe à laquelle il doit boire », expression qu’il réemploiera pour parler de sa passion au moment même de son agonie : « Père si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite » (Lc 22,42).
Lorsque Jésus dit : « Je suis venu jeter un feu sur la terre », il se réfère principalement à sa Mort sur la croix, preuve suprême d’amour extrême. Il s’est lui-même consumé totalement (c’est ce que veut dire holo-causte) pour que le feu prenne ; il compte sur ses disciples, le “petit troupeau” de ses disciples, pour que le feu continue de prendre. Faire partie du petit troupeau à qui le Royaume appartient est le sort le plus merveilleux et l’honneur le plus grand qui puisse être donné aux hommes sur cette terre (et au Ciel : contemplons encore Marie en son Assomption…), mais ce n’est pas pour se “laisser vivre”. L’amour du Christ nous met la pression
(2 Co 5,14), nous angoisse, à la pensée que, si un seul est mort pour nous, alors nous devons essayer de correspondre à son amour et donner notre vie pour lui, Jésus, et pour nos frères à cause de Jésus. Quitte à entrer en conflit familial.
Le Fils de Dieu m’a aimé et s’est livré pour moi (Ga 2,20), et ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi en ce Jésus mon Amour, je veux à mon tour la consumer pour que le petit troupeau mette le feu à la terre.
1Jn 4,9.10.14.16 : « Nous avons reconnu l’amour de Dieu pour nous, nous y avons cru, et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du Monde ». “Bien-aimés, si le Fils de Dieu nous a ainsi aimés, s’il s’est ainsi donné en victime de propitiation pour nos péchés, nous devons nous aussi donner notre vie pour nos frères” (1Jn 3,16).
Or, nous sommes faits pour cela : l’homme est une créature qui ne trouve la pleine réalisation d’elle-même que dans le don de soi par amour
(« … l’homme, seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même, ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même » Vatican II (1965) Gaudium et Spes 24). Pour nous donner de vivre au niveau de cette très haute et sublime vocation qui est aussi le secret du bonheur, le Christ nous a mis la pression : « l’amour du Christ me presse, quand je pense à l’amour inconditionnel que Jésus m’a manifesté ». St Jean de la Croix nous invite à nous laisser consumer par cette « vive flamme d’amour  » pour devenir le plus possible pur amour nous aussi et réaliser le sens profond de notre vie.
Pour cet absolu, il n’y a pas de recettes ni de situations meilleures que d’autres ; il n’y a pas de situations familiales ni d’échelles de valeurs qui entravent ; il n’y a pas à faire de grandes choses, mais à les faire avec un grand amour, là, maintenant, tout simplement, par et pour Celui qui nous a aimés le premier.

Don Laurent LARROQUE

Garder la tenue de service

Garder la tenue de service 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Ce dimanche, nous poursuivons la lecture continue de l’évangile selon Saint Luc. Jésus est en route avec ses disciples vers Jérusalem, cette ultime montée vers sa Passion. Dans ces chapitres 11 à 13, c’est la Parole de Jésus qui est au premier plan et non plus ses miracles, ses faits de puissance. Au gré de ces enseignements pour ce « petit troupeau  » qui le suit, il y a des rencontres ou des questions qui ponctuent son discours. La semaine dernière : cet homme qui demande à Jésus d’être juge contre son frère pour partager l’héritage. Aujourd’hui : la question de Pierre « Seigneur est-ce pour nous ou pour tout le monde ? »
De quoi est-il question ? Du Royaume, du paradis, de la Vie éternelle «  Votre père a trouvé bon de vous donner le Royaume » dit Jésus et « c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra  ».
La question mérite d’être posée. Tout comme un peu plus loin en traversant un village quelqu’un lui demande « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » (Lc 13.23). Nous sommes dans une époque de présomption où l’on pense qu’on ira tous au paradis, ou que nous méritons une meilleure place que les autres. Jésus répond sans détour : « efforcez-vous d’entrer… beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas… il y aura des pleurs et des grincements de dents ». Pourtant, « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1Tm 2.4). Nous sommes devant ce paradoxe de la volonté de Dieu toute puissante et de l’obstacle que nous pouvons y faire par notre liberté.
Nous pouvons user de cette liberté pour faire la volonté de Dieu, comme l’intendant fidèle qui connaît la volonté de son maitre et s’empresse de l’accomplir généreusement, ou comme le serviteur mauvais qui ne veut que jouir de l’existence, donner libre cours à ses vices, profiter de la situation pour son propre intérêt et retarde ainsi l’œuvre que Dieu lui a confiée. Quelle grandeur ! Le Seigneur nous aime et nous fait confiance en nous choisissant comme intendant pour travailler à son œuvre, jusqu’au jour où nous devrons rendre les comptes de notre gestion. Dieu suscite toujours des collaborateurs à son œuvre dans le monde.
Le Seigneur nous invite ce dimanche à « garder la tenue de service », à maintenir cette attitude d’engagement pour l’édification du Royaume. « Mon Père est toujours à l’œuvre dit le Seigneur et, moi aussi je suis à l’œuvre ». « La ceinture autour des reins » comme à la sortie d’Egypte pour être toujours prêts à marcher dans les pas du Seigneur, gardant « nos lampes allumées » par la foi et les bonnes œuvres. Ainsi « en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père du Ciel ». Alors, quand le Seigneur viendra, « le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas », il nous invitera à sa table et « c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. »

Don Marc-Antoine CROIZE-POURCELET

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