Editorial Principal

Une rentrée vécue dans la foi !

Une rentrée vécue dans la foi ! 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Dimanche dernier nous méditions la profession de Foi de saint Pierre. Elle est comme un sommet dans l’évangile de saint Matthieu. Et cette semaine nous avons l’autre versant qui suit directement cette scène édifiante : l’annonce de la Passion et de la Résurrection. Jésus prépare le cœur de ses disciples à ces évènements décisifs dans l’histoire de l’humanité. Mais la réponse de saint Pierre est immédiate : « Dieu t’en garde Seigneur! Cela ne t’arrivera pas! ». Saint Augustin que nous avons fêté il y a quelques jours compare saint Pierre à un malade qui conseille son médecin ! Il veut préserver son Seigneur de cette tragique Passion dont Jésus a donné les détails. Il est facile de se reconnaître en saint Pierre. Il est facile de retrouver les mêmes lenteurs d’esprit et de cœur et de comprendre les choses comme Dieu les voit. Comme nos cœurs sont lents à croire !

La foi du chef des apôtres et cet évangile résonnent en nous comme un appel. Nous sommes appelés à réveiller en nous un regard de foi. Cela veut dire accueillir la manière de voir de Dieu et la faire notre. Et cette période de rentrée scolaire est parfaite pour nous exercer à cela. Malgré les divers changements, gardons notre cœur fixé sur Jésus et regardons avec foi son Église. Notre manière de rendre grâce pour les partants et d’accueillir les nouveaux sont une incarnation de ce regard de foi. Aidons nous les uns les autres à cultiver ce regard qui élève tant les choses!

Il y a sur le porche de la Grande-Chartreuse les armes de l’ordre : une boule surmontée d’une croix ainsi que l’inscription : Stat crux dum volvitur orbis (Tandis que le monde tourne, la Croix est toujours debout). La sagesse de ces priants nous révèle que la Croix est dressée sur le monde, comme un signe de victoire. Victoire de l’amour sur la mort. Victoire de la Vie de Dieu dans nos humanités blessées. Mais c’est aussi le symbole de la souffrance qui pèse de tout son poids sur l’humanité. Le regard de foi n’est pas l’esquive de la réalité. La souffrance est souvent présente dans nos vies. Nous vivons à l’ombre de la Croix.

Si nous lisons souvent des réflexions sur la souffrance, l’évangile, de son côté, ne fait pas de théorie. Jésus nous invite à participer à sa Passion pour gagner la seule vie qui vaille celle du Ciel et celle de nos âmes.

Jésus ne reste pas insensible devant les âmes éprouvées. Alors que nous pouvons parfois faire l’expérience de la solitude et de l’abandon, le Christ se fait proche de nous et intensifie son action en nous. Par notre union à Lui, nous avons le courage de ne pas sombrer, de maintenir notre regard de foi. Nous complétons ce « qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ  » (Col 1,24). A travers nos croix plus ou moins douloureuses, soyons sûrs que nous servons à quelque chose. Demandons au Seigneur pour chacun des paroissiens, en cette nouvelle année scolaire qui commence, assez d’amour pour porter nos croix et celles des autres ! Et réveillons en nous un regard de foi plein d’espérance sur ceux qui nous entourent ! Bonne rentrée !
D. Christophe GRANVILLE

Mériter confiance !

Mériter confiance ! 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Pour mieux comprendre la première lecture de ce dimanche, il est nécessaire de la replacer au sein du Livre d’Isaie. Elyaquim est appelé à remplacer Shebna qui fut gouverneur du palais de Jérusalem au cours du règne d’Ezéchias (716 – 687). Le poste de gouverneur du palais était certainement important puisqu’il y avait un véritable rituel d’intronisation au moment de la nomination : on en devine des bribes à travers le texte d’aujourd’hui. En particulier, le gouverneur recevait une tunique et une écharpe qui étaient les insignes de sa fonction. Concrètement, parmi les attributions du gouverneur de Jérusalem, figurait le « pouvoir des clés ». Au moment de la remise solennelle des clés du palais royal, il recevait pleins pouvoirs sur les entrées au palais (et donc sur la possibilité d’être mis en présence du roi) et l’on disait sur lui la formule rituelle : « Je mets sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera, s’il ferme, personne n’ouvrira. » (Isaïe 22, 22).  C’était donc un symbole d’autorité sur le royaume et la marque d’une très grande confiance de la
part du roi.

Or, on comprend clairement en lisant Isaïe que Shebna n’était pas digne de cette confiance et qu’il utilisait son pouvoir à des fins personnelles. Il s’était enrichi injustement. Plus soucieux de ses affaires et de son avenir que de celles du Royaume et de ses administrés.

On pourrait se poser la question de l’intérêt pour nous de méditer sur cet événement, vieux de plusieurs siècles. Si l’Eglise prend le temps de nous faire revenir sur ce morceau d’histoire du peuple élu, c’est précisément parce que malheureusement, cette situation d’abus nous concerne encore aujourd’hui !

Le risque est grand pour nous de ressembler à Shebna… Certes, nous ne portons pas seuls la responsabilité d’ouvrir ou de fermer l’accès au royaume, mais nous en sommes en partie responsables depuis notre baptême ! Le Christ, en nous appelant, nous a intégrés à l’Eglise, et nous a donné de partager la mission de saint Pierre : « Je mets sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera, s’il ferme, personne n’ouvrira. »

Quelle que soit notre situation personnelle, nous exerçons toujours en tant que baptisés, si minime soit-elle une autorité, voire un pouvoir. Nous sommes tous, à notre mesure, intendants du royaume ! Par notre attitude, nos paroles ou notre exemple, nous pouvons ouvrir ou fermer les portes du royaume de Dieu à nos contemporains qui ne connaissent pas le Christ. « Reconnais, ô chrétien, ta dignité… Souviens toi de quelle tête et de quel corps tu es membre » (Saint Léon le Grand, + en 604) Chrétien, rappelle toi… comme à Shebna, Dieu t’a confié les clés du royaume…

Alors, chers amis, supplions le Christ qui est le seul intendant parfaitement fidèle, de nous rendre dignes de notre mission de baptisés. Désormais, c’est en Lui, par Lui et avec Lui que les membres de l’Église, et au premier chef, le pape, les évêques et les prêtres participent à cette gestion des
mystères du salut. « Il faut donc que l’on nous regarde seulement comme les serviteurs du Christ et les intendants des mystères de Dieu. Et ce que l’on demande aux intendants, c’est en somme de mériter confiance » (Saint Paul, Première lettre aux Corinthiens 4,1-2).

Que ta volonté soit faite ?

Que ta volonté soit faite ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

L’épisode raconté dans l’évangile de ce dimanche a de quoi étonner pour de multiples raisons ! En particulier, je trouve très surprenante cette conclusion de Jésus qui permet à la mère d’obtenir la guérison de sa fille : « que tout se passe pour toi comme tu le veux ». Voilà qui semblerait donner raison au proverbe : ce que femme veut, Dieu le veut… C’est tout de même énorme que Dieu propose à quelqu’un que tout se passe comme il veut, alors que ce même Jésus nous enseigne à prier en disant : « Père, … que ta volonté soit faite ». Si tout le monde peut décider de tout…
En fait, une telle libéralité envers cette femme qui souffre de la maladie de sa fille et qui demande sa guérison n’est possible que parce que « grande est sa foi ». Nous comprenons ainsi que la foi ne consiste pas simplement à croire en Dieu, d’admettre son existence et qu’il puisse avoir une petite influence sur ce qui nous arrive. Avoir une foi grande consiste en fait à unir sa volonté à la volonté de Dieu ; à désirer et à aimer ce que Dieu veut. Avoir la foi est moins de l’ordre de la croyance extérieure que du côté d’une relation intérieure de communion. De telle manière que lorsque Jésus lit le profond désir dans le cœur de cette cananéenne, il y reconnait ce que Dieu veut déjà. Alors, bien sûr, tout peut se faire, et même doit se faire, comme elle veut. Nous avons là une belle illustration de ce que nous entendons de Jésus dans l’évangile de Jean : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père et, tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. (Jean 14, 12-14) » Demander au nom de Jésus, c’est vouloir et demander ce que Dieu veut. C’est faire sienne la volonté de Dieu. Au point que se confondent, s’unissent et se répondent les « que ta volonté soit faite ».
Puisque nous venons de fêter l’Assomption de la Vierge-Marie, nous pouvons penser aussi aux noces de Cana où la Vierge-Marie expose une demande à Jésus : « Ils n’ont plus de vin » et en même temps donne ce conseil aux serviteurs : « faites tout ce qu’il vous dira » (Cf. Jean 2, 1-11). La Vierge-Marie a une volonté parfaitement accordée à la volonté de Dieu. Qu’elle nous aide à dire aussi avec joie : « Que tout se fasse pour moi selon ta parole  » !
 D. Martin PANHARD

Suivre Jésus sur les eaux

Suivre Jésus sur les eaux 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Là où est le Christ, les tempêtes s’apaisent. C’est une des significations de cet évangile qui nous fait découvrir que la Foi, avant d’être une adhésion à un Credo, est la découverte d’une présence dans notre vie, celle du Fils de Dieu. Mais cette rencontre n’est jamais une improvisation ou le fait du hasard comme peut nous le faire comprendre ce récit. Jésus oblige ses disciples à monter dans la barque, il les envoie au-devant, c’est une des rares fois où l’on voit s’exercer, par le Christ, une contrainte sur des personnes humaines. Mais c’est l’image même de la vie humaine qui, lorsqu’elle n’est pas vécue comme un engagement, est subie comme une contrainte. Rejoindre d’autres rivages en affrontant les vagues de l’existence est le lot de tout homme. La contrainte du Christ est un rappel au réalisme de la vie. Nous pouvons penser que le Christ nous abandonne, mais il nous porte dans et par sa prière et lorsque les vents sont contraires, il vient à notre rencontre et cette rencontre est une mise à l’épreuve de notre foi.
Mais il est un autre aspect que cet évangile souligne. C’est l’attitude de Pierre. Sa foi n’est pas assez forte alors il veut mettre à l’épreuve le Christ en voulant faire et être comme lui. Mais le disciple ne peut être le singe savant du Messie qui reproduit les faits et gestes de son maître. Le croire et le vouloir c’est être petit de Foi. Le disciple est celui qui suit le Messie en allant vers lui comme son Sauveur.
« Nous ne sommes pas capables d’« imiter » Jésus ou, du moins, nous ne pouvons jamais avoir cette prétention. C’est vrai que Jésus consent à la demande de Pierre, en lui disant : « Viens ! » Viens à moi ! Mais aller ainsi à Jésus est une suivance et non une imitation. La différence entre les deux paroles est inscrite dans le présent récit. Tant que Pierre présume qu’il peut marcher sur les eaux comme Jésus et qu’il est donc capable de l’« imiter », de pouvoir être ou faire comme lui, il va au-devant d’un échec. En revanche, quand commence-t-il à suivre Jésus ? Quand il lui crie : « Seigneur, sauve-moi ! ».
Autrement dit, la différence entre imitation et suivance ne consiste pas tant dans le genre de « prestation » que dans son esprit. Ou bien nous acceptons de nous mettre humblement à la suite de Jésus ( et dans ce cas nous pouvons même faire des oeuvres plus grandes que les siennes, comme nous l’apprend Jean 14, 12 : ce n’est pas une question de mesure exacte ), ou bien nous avons la prétention d’être ou de faire comme lui et, dans ce cas, nous démontrons que nous n’avons pas besoin de son aide, de son modèle pour guide, de son secours et nous ne pouvons qu’aller au-devant du naufrage de toutes nos fausses certitudes. » ( Alberto Mello )

Cinq pains et deux poissons

Cinq pains et deux poissons 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Le miracle de la multiplication des cinq pains et des deux poisson montre l’amour miséricordieux de Dieu pour les hommes, particulièrement pour ceux qui l’aiment et veulent le rencontrer. L’Évangile nous expose l’importance de la rencontre avec Dieu pour se nourrir de Sa Parole, exprimée dans Son Évangile.
Puis, nous voyons Sa miséricorde lorsqu’Il guérit le malade qui lui est amené. Enfin, l’Évangile montre que le Christ, notre Seigneur, ne sépare pas les soins pour l’âme de ceux pour le corps. Toutefois Il donne priorité à l’âme sur le corps.
La multiplication des cinq pains et des deux poissons a inspiré les oeuvres de charité de l’Église. L’Évangile est une source de lumière pour chaque Chrétien et pour l’Église entière aussi, parce qu’il a inspiré les oeuvres de charité de l’Église, les cantines pour les pauvres, l’aide à ceux qui ont faim, aux malades et aux personnes vulnérables.
Les pains et les poissons ont été multipliés tandis qu’ils ont été distribués  : La multiplication des cinq pains et deux poissons a été précédée non seulement par la guérison du malade, mais aussi par l’enseignement de l’Évangile du Royaume de Dieu. Autrement dit, le Christ, notre Seigneur, nourrit d’abord les âmes des hommes avec Sa présence miséricordieuse, affectueuse et avec la lumière de sa Parole, l’Évangile du Royaume des cieux ou de la vie éternelle.
Les cinq pains et les deux poissons étaient peu de nourriture en comparaison avec à la foule affamée qui n’avait rien mangé de tout le jour, mais ils sont multipliés par la bénédiction. Ce fait montre le pouvoir de la miséricorde du Seigneur parce qu’Il ne fait pas de miracles pour impressionner, intimider ou se valoriser, mais par amour miséricordieux pour les hommes et les femmes qui ont patiemment écouté l’Évangile et ont assisté à la guérison de beaucoup de malades et de gens souffrants.
En raison de leur écoute dévouée et patiente, le Christ, notre Seigneur, leur a préparé un dîner afin qu’ils ne dépensent pas d’argent et n’aient pas à errer, fatigués, dans les villages avoisinants, pour acheter de la nourriture.
Le fait que ce soit lors de leur distribution aux gens, que les pains et les poissons ont été multipliés, est très important. Ils ont été multipliés parce qu’ils ont été bénis et parce qu’ils sont distribués. Personne n’a vu de piles de pains ou de poissons, mais ils ont été multipliés au moment même où ils étaient distribués.
Ainsi, le Christ nous enseigne que nous ne devons pas amasser de grandes provisions de choses matérielles, périssables, ce qui donne uniquement une fausse sécurité et un bonheur illusoire. Le soin de Dieu et l’amour pour les humains sont plus grands que n’importe quelle thésaurisation de choses matérielles, périssables.
Le Christ, notre Seigneur, nous appelle aussi à avoir une attitude de confiance en l’amour miséricordieux de Dieu et ne pas être avide, faire des réserves, ou amasser beaucoup de richesses matérielles, en pensant que ceci peut nous assurer la sécurité dans la vie.
Le Christ, notre Seigneur, veut que les dons qu’Il a bénis soient reçus en bon ordre, en les attendant dans la paix et le calme. Il a béni la nourriture, rompu le pain et l’a donné à Ses disciples qui l’ont distribué. Ici nous voyons le rôle du sacerdoce. Le Christ donne à l’Église par les mains de Ses Apôtres et fidèles qui sont les serviteurs du saint autel. Ceux dont le rôle est de distribuer les dons reçus de Dieu, doivent donc montrer à un grand nombre de personnes l’amour de Dieu et être des témoins de l’amour de Dieu pour les humains.
Une fois que la foule a été rassasiée, les miettes ont été ramassées dans 12 paniers. Ils symbolisent le fait que Dieu donne la nourriture au peuple choisi d’Israël, les 12 nations, si ces gens obéissent à la parole de Dieu. Mais ces 12 paniers montrent aussi que le Christ, notre Seigneur, nourrit Son Église par les 12 Apôtres, tant en ce qui concerne les dons spirituels que les soins charitables à ceux qui ont faim, qui sont pauvres et qui sont vulnérables.

Ce trésor est la Parole

Ce trésor est la Parole 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Avec ce dimanche, se termine l’enseignement de Jésus en sept paraboles, sur le Règne de Dieu.
Ce Règne a à voir avec la vie concrète des hommes comme en témoigne la volonté délibérée de Jésus d’en faire la catéchèse par des paraboles qui rejoignent l’expérience professionnelle et domestique de son auditoire. Ce n’est donc pas du « prêt-à-porter » ou un « prêt-à-penser », mais du « sur-mesure », à la mesure des oreilles du cœur.
Où et comment arrive ce Règne ? Par l’accueil dans sa vie de la Parole de Dieu (le semeur). Ce règne, le mal ne pourra en empêcher l’avènement (la parabole de l’ivraie) tant est grande la force et la vitalité de la Parole (le grain de sènevé, le levain et la farine). Mais le blé n’est semé et ne pousse que pour être moissonné et la moisson est faite pour donner le froment qui deviendra le pain quotidien. Le Règne s’accomplira définitivement dans un ultime acte de jugement discriminatoire sur le discernement de sa valeur et sa richesse (le trésor et la perle) et entre les bons et les mauvais ( le filet ). « Ne vous faites pas de trésors sur la terre, là où les mites et la rouille les dévorent, où les voleurs percent les murs pour voler. Mais faites-vous des trésors dans le ciel, là où les mites et la rouille ne dévorent pas, où les voleurs ne percent pas les murs pour voler. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Matthieu 6,19-21).
Les paraboles de cette semaine nous posent une triple interrogation : l’Eglise est-elle notre trésor ? Sommes-nous prêts à tout vendre pour suivre le Christ ? Sommes-nous prêts à être jugés par Dieu ? Nous savons bien que nous ne pouvons répondre par l’affirmative sans présomption orgueilleuse. Que comprendre alors ?
Si nous pouvons lire ces paraboles du Royaume comme une exhortation à une authentique vie chrétienne faite d’accueil et d’écoute fructueuse de la Parole malgré les attaques du mal, et comme un appel à cultiver notre jardin à l’instar de Candide en attendant le jour de la moisson, elles nous révèlent aussi le mystère même de Dieu.
Ce maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien et à qui doit s’apparenter le disciple, peut évoquer le Père qui, dans sa volonté de sauver la création originelle issue de sa Parole, envoie son Fils unique mourir et ressusciter afin de rassembler ses enfants dispersés, leur donner l’Esprit de vie et renouveler la face de la terre. Sous cet éclairage, les images utilisées dans ces paraboles (le grain de blé, le moissonneur, le champ, le filet, le trésor…) prennent alors une coloration particulière. Si donc les paraboles du Royaume évoquent le processus de notre croissance spirituelle, elles mettent surtout en relief que l’essentiel, à savoir la vitalité mise en œuvre et le devenir spirituel, échappe à notre maîtrise car c’est œuvre de Dieu et non des hommes. Il nous faut donc pour être disciple du royaume commencer par être scribe, c’est à dire familier et professionnel (celui qui professe) de la Parole de Dieu laquelle n’est pas d’abord un texte ou une voix mais une personne, celle du Christ.

Il y a le bon et le mauvais semeur

Il y a le bon et le mauvais semeur 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Dimanche dernier, Jésus se présentait comme le bon semeur. Le semeur de la parole qui fructifie lorsqu’elle est reçue dans un cœur et une intelligence bien disposés. Qu’elle soit bien reçue ou non, cette parole de Dieu est toujours bonne et ne peut produire que de bons fruits. Mais voilà que dans le champ où est semée la parole intervient sournoisement aussi un autre semeur : le semeur de la zizanie, appelée aussi ivraie. Jésus le désigne explicitement comme un ennemi ! « C’est un ennemi qui a fait cela ». Aussi étonnant que cela puisse paraitre, Dieu a donc un ennemi. Il s’agit en effet du diable. Cet ennemi de Dieu ne s’attaque pas pour autant à Dieu directement. Il sait bien qu’il ne pourra pas l’atteindre. En revanche, il s’attaque à ce que Dieu fait. S’il ne peut toucher Dieu, il peut néanmoins intervenir et abimer son œuvre. Ce que Dieu fait de bon par sa parole, le diable sait le fragiliser, le gêner, l’envahir même.
Nous savons donc quoi répondre nous aussi, lorsque nous voyons le champ de Dieu si mal correspondre au bien que nous attendons et espérons de lui. Lorsque nous voulons poser à Dieu la question un brin accusatrice : « Pourquoi y a-t-il tant de mal dans ce monde ? Pourquoi tant de souffrance et d’injustice ? » Nous savons répondre aussi «  c’est un ennemi qui a fait cela ». Cet ennemi est aussi le nôtre et la bataille contre lui nous concerne. Nous devons y prendre part de deux manières. D’une part en acceptant le conseil de Jésus qui est plutôt un ordre et qui est de ne pas prétendre rétablir la justice nous-même. « Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : enlevez d’abord l’ivraie… ». Il faut attendre le temps de la moisson et ce délai ne nous appartient pas. En revanche, il nous appartient de faire partie des serviteurs du champ du Seigneur. Il ne s’agit pas de déserter ce champ où ont été mêlés le bon grain et l’ivraie. Et c’est la deuxième manière de combattre cet ennemi, en étant serviteur du Seigneur, soucieux de la croissance du bon grain et de sa moisson. En chérissant cette place de serviteurs, non seulement nous ne risquons pas de devenir nous-mêmes ennemis du Seigneur, mais encore nous en deviendrons véritablement amis : «  Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaitre » (Jean 15,15).

D. Martin PANHARD

Celui qui a des oreilles qu’il entende

Celui qui a des oreilles qu’il entende 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Jésus nous donne aujourd’hui cette parabole du semeur qui va être l’occasion pour nous de renouveler notre manière d’être à l’écoute du Seigneur. Nous entendons souvent des personnes dire : « Dieu je ne l’ai jamais ni vu, ni entendu  » Au contraire, nous le savons, à chaque Messe nous avons la grâce de pouvoir voir Dieu et l’entendre. Mais malheureusement bien souvent nous avons des oreilles et nous n’entendons pas, des yeux et nous ne voyons pas !
Ce récit, nous le connaissons bien parce que nous l’avons souvent entendu. Cet Évangile nous parle d’abord de Dieu et de nous. Il s’agit d’un Dieu qui « sort » parce qu’il a choisi d’ensemencer la terre. Cette semence c’est la Parole de Dieu. Elle nous dit tout l’amour de Dieu pour le monde. Dieu la répand avec une générosité extraordinaire. Il cherche à rejoindre tous les hommes sur tous les terrains, y compris ceux qui se trouvent dans les situations les plus désespérées. Son message de salut doit être proclamé dans le monde entier. Nous n’oublions pas que les paroles de Jésus sont celles de la Vie éternelle.
L’évangile nous parle de quatre terrains différents, le bord du chemin, le sol pierreux, le sol envahi par les mauvaises herbes et enfin la bonne terre. Ces terrains bons ou mauvais, c’est chacun de nous. D’un côté, nous avons l’homme au cœur dur : il refuse la Parole de Dieu car elle ne l’intéresse pas. Le deuxième terrain, c’est celui qui manque de profondeur  : il a accueilli la Parole avec joie, mais un jour, tout s’arrête. Le troisième terrain c’est celui qui est envahi par les mauvaises herbes : c’est lorsque nous nous laissons envahir par les soucis de la vie et la séduction des richesses. Nous avons là des pièges qui nous détournent de Dieu.
Puis nous avons la bonne terre. Le grain peut y prendre racine et se développer. Cette terre c’est l’homme qui reste ouvert à la Parole de Dieu. Il s’en nourrit chaque jour et il la met en pratique dans toute sa vie. Sur un terrain favorable, elle ne peut que produire du fruit. Ces fruits, c’est la conversion, c’est la transformation de toute une vie. Ils sont nombreux ceux et celles qui peuvent dire : « Il a changé ma vie ». Quand l’Esprit Saint est là, le résultat est extraordinaire.
A la suite du Christ, nous sommes envoyés pour être des semeurs de la bonne nouvelle et pour proposer l’Évangile aux hommes qui nous entourent. Nous avons tendance à nous lamenter sur les églises vides alors que les supermarchés sont pleins. Être missionnaire c’est avant tout commencer par écouter la parole que le Seigneur m’adresse chaque jour. Nous pourrions profiter de ce temps d’été, de vacances pour beaucoup, pour prendre le temps chaque jour d’écouter cette parole que Dieu m’adresse.
Mais cette parole ne peut être entendue et gardée pour nous seuls. Après avoir écouté, entendu le Seigneur, il nous faut pouvoir le transmettre aux hommes. Le Christ veut les sauver tous.
Aidez-nous Seigneur à être ces vrais missionnaires. Tout d’abord en nous approchant de votre parole, en l’écoutant, en entendant votre message. Permettez que nous soyons transformés et qu’à notre tour, nous puissions transmettre le message de la Bonne Nouvelle du Salut à tous ceux que nous rencontrerons.

Louer, respecter et servir Dieu

Louer, respecter et servir Dieu 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Ce dimanche est une invitation à la Louange ! Du prophète Zacharie en passant pas le psalmiste ou encore Jésus qui proclame la louange du Père, toutes les lectures nous y conduisent ! Et nous connaissons tous cette phrase de saint Ignace de Loyola : « l’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur ». La louange y tient la première place ! Mais comment cela se traduit dans nos vies ? Comment concrètement nous louons le Seigneur et lui rendons notre adoration ? La suite du texte tiré de « principe et fondement des Exercices spirituels » peut nous y aider : « L’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur et par là sauver son âme, et les autres choses sur la face de la terre sont créées pour l’homme et pour l’aider dans la poursuite de la fin pour laquelle il est créé. »
Le moins qu’on puisse dire est que ce texte met de l’ordre dans notre vie ! En effet, en répondant à notre vocation première : louer, respecter et servir Dieu c’est notre âme que nous sauvons. C’est dire combien la louange est nécessaire  ! Et Dieu nous confie toute chose sur la terre pour nous aider à mieux le louer, le respecter et le servir.
Dans la louange de Dieu, nous reconnaissons que tout ce que nous pouvons considérer autour de nous, mais aussi en nous et en Dieu, est bien et bon ! La prière de louange n’est pas l’affaire d’un petit groupe. En effet, entre la prière monacale de l’office divin qui sent l’encens et les veillées de louange à Paray-le-Monial, les sensibilités sont étonnantes dans l’Eglise ! C’est chacun d’entre nous qui est appelé à louer Dieu, et pas tous de la même manière puisque Dieu nous a tous créés différents ! Mais c’est aussi toute l’Eglise, à laquelle notre Baptême nous a intégré, qui est appelée à faire monter auprès de Dieu une prière de Louange par la célébration de la liturgie.
Mais prenons nous vraiment le temps de Louer le Seigneur ? Souvent ce n’est pas le temps qui nous manque, mais l’intérêt. Au fond une question demeure  : Est-ce que Dieu a besoin de nos prières ? La 4ème préface du Temps Ordinaire nous le rappelle : « Tu n’as pas besoin de notre louange et pourtant c’est toi qui nous inspires de te rendre grâce : nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous rapprochent de toi, par le Christ, notre Seigneur.  » La prière de louange nous rapproche de Dieu ! Nous pourrions presque dire que ce qui intéresse Dieu c’est celui qui loue, plus que la louange. Nous sommes appelés à nous offrir en sacrifice de louange, la vraie louange à un prix. La vraie louange nous fait sortir de nous et nous conduit au service comme le disait saint Ignace. C’est en sortant de soi, en veillant aux autres qui louent à côté de nous, en veillant à l’unité, que notre louange deviendra un témoignage auprès du monde.
Alors profitons de ce temps de vacances pour donner au Seigneur la louange qui lui revient ! Afin d’élargir notre prière nous pouvons louer sans utiliser les mots habituels : louange, rendre grâce, merci ou amen. Remplaçons les par des expressions nouvelles : je t’admire Seigneur, je t’honore, je te respecte… et soyons précis ! Un beau compliment procure toujours plus de joie que plusieurs généralités hasardeuses. Mais surtout demandons l’assistance de l’Esprit Saint (dans toutes les langues s’il le faut) car nous devons le reconnaître, nous ne savons pas prier comme il faut.
C’est par Lui que notre humilité nous mènera à la Louange.
D. Christophe GRANVILLE

Perdre sa vie… Sérieusement ?

Perdre sa vie… Sérieusement ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

L’évangile de ce dimanche est assez difficile à écouter tant le Christ se montre exigent  : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi  ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. »
Pourquoi faudrait-il préférer l’amour de Dieu à tout autre affection ? Faut il vraiment perdre sa vie pour la trouver ?
Ces invitations du Christ à ne rien lui préférer et à lui abandonner jusqu’à notre propre vie sont d’autant plus difficiles à accepter à notre époque où la science nous promet l’avènement d’une ère nouvelle dans laquelle la souffrance et la mort seraient bientôt éradiquées.
Cet homme nouveau, forgé du dehors par la science, n’est-t-il pas préférable à cet homme nouveau (au sens de transformé intérieurement par la grâce) que nous annonce saint Paul dans la deuxième lecture ?
Gustave Thibon s’est posé cette question dans le dernier chapitre de l’ignorance étoilée et voici un extrait de sa réponse :

« Supposons un parfait aménagement de la nature et de la société et la mort vaincue. Peut-on rêver, au niveau du profane et du temporel, une situation plus positive ? Y verrez-vous alors le point d’insertion privilégié du surnaturel ? Et rendrez-vous sans restriction, grâce à Dieu, d’avoir permis ce progrès qui nous condamnerait à ne jamais le rejoindre, à ne jamais connaître l’heure nuptiale où, le voile des apparences se déchirant, la foi se dissout dans l’évidence? Ou bien préférerez-vous la croix au paradis artificiel et la mort en Dieu à l’immortalité sans Dieu? La survie du christianisme dépend de notre choix dans cette alternative. Question limite, je le répète, et qui ne sera sans doute jamais posée en termes aussi tranchants, mais qui éclaire d’en haut l’ensemble de nos réactions devant les prodigieuses mutations du monde moderne. Suivant qu’on y répond dans un sens ou dans l’autre, on met son espérance suprême dans l’éternité ou dans l’avenir, on opte pour le Dieu qui s’est fait homme ou pour l’homme qui s’est fait Dieu. »

Or le Christ dans l’Evangile d’aujourd’hui, est clair ! Il nous invite à perdre notre vie (c’est à dire à accueillir la mort), pour pouvoir la garder (c’est à dire recevoir une vie nouvelle)… Il nous invite pour reprendre les mots de Thibon, à préférer « la réalité invisible d’une éternité sans avenir » au « mirage éclatant d’un avenir sans éternité. »
La prière de Saint François d’Assise se termine ainsi : « O Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, (…) Car (…) c’est en s’oubliant qu’on se retrouve, c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »
Puisque seule la résurrection nous plonge dans cette vie nouvelle que le temps ne peut nous donner, il s’agit pour nous de rejeter une immortalité qui nous priverait de l’éternité !
Puissions nous dire « oui » à cette parole de Dieu : Oui, Seigneur, je veux bien aller jusqu’à perdre ma vie pour qu’elle soit totalement revivifier en Toi !
Comme le dit le Credo : J’attends la résurrection de la chair et la vie éternelle !
D. Louis-Marie DUPORT

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