Editorial Principal

Sainte année 2022

Sainte année 2022 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

C’est dès le lendemain de Noël, cette année, que la liturgie du dimanche nous fait contempler la Sainte Famille, avec un petit Jésus “déjà” devenu grand : il est retrouvé au Temple, après trois jours de recherches angoissées, alors qu’il est âgé de 12 ans.
Mais la Liturgie va nous faire revenir à la Crèche, nous n’allons pas quitter si vite ce lieu que nous avons représenté dans nos maisons, et – mention spéciale pour ce bel événement du 18 décembre – sur le parvis de notre Basilique, avec un beau concours de volontaires, de spectateurs et l’efficace collaboration des services techniques de la municipalité.
Ne sommes-nous pas 2022 ans (environ) après le premier Noël ? L’histoire publique peut-elle l’oublier ? Oui, revenons encore à la crèche, pour passer l’an nouveau avec Jésus, pas seulement dans le bruit mais aussi dans la prière, et même la supplication, afin que 2022 garde du sens, le sens de l’histoire, jusqu’au retour de Jésus, « le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs » (Ap 17,14).
Puis nous aurons le premier de l’an, qui est une solennité intitulée « Sainte Marie Mère de Dieu » : nous contemplons à nouveau Noël, du point de vue de la maternité de Marie. De plus, cette année, le premier samedi du mois est aussi le premier jour de l’année. La Vierge Marie, depuis l’antiquité chrétienne, est particulièrement vénérée le samedi, car le Samedi Saint est le jour où Marie est restée sans son Fils, mis au tombeau, tout en gardant la foi et l’espérance en sa Résurrection. Et Elle n’a pas été déçue car Jésus est ressuscité, comme il l’avait dit, sicut dixit. Dieu est fidèle en ses promesses. Or la Vierge Marie a demandé à Fatima (en 1917) que le 1er samedi du mois soit particulièrement consacré à la dévotion à son Cœur immaculé. Le fait que cette année, le premier samedi du mois soit aussi le premier jour de l’année est une manière de mettre toute cette année 2022 sous le signe de la dévotion au Cœur immaculé de Marie, sous le signe de Marie (cf Ap 12,1).
Puis, cette année, les Rois Mages sont pressés d’arriver à Bethléem, car le dimanche 2 janvier sera déjà celui de l’Epiphanie : l’étoile du Messie promis est appelée à briller sur toutes les nations du monde.
Et notez qu’à la Basilique, nous devrons quand même démonter bien vite la crèche, car les travaux vont commencer, de sorte que nous allons être un peu bousculés pour les célébrations, pendant 6 mois. Nous irons à la salle don Bosco et à la salle Félix Martin.
« Angoissés » avec Marie et Joseph à la recherche du Christ, “bousculés”, sans doute, pour différentes raisons, bouleversés même, peut-être, pour de graves raisons… mais notre espoir est surnaturel : comme Marie, croyant en la Parole de Jésus au-delà de l’évidence des faits, nous croyons en la Parole de Jésus, le Fils de Dieu, à qui tout pouvoir a été donné au Ciel et sur la terre (Mt 28,18 ; 1Co 15,25), au-delà des victoires concédées à l’Adversaire. La croix fait toujours partie du plan de Dieu, à qui rien n’échappe. La fin des 100 ans concédés à l’Adversaire, selon le songe du Pape Léon XIII (1884), doit être proche. « A la fin, annonce Marie à Fatima, mon Cœur Immaculé triomphera ». Et Jésus a dit  : « les portes de l’Enfer ne prévaudront pas » (Mt 16,18). Il faut s’attacher à cette Parole, car il arrivera comme Il a dit, sicut dixit, et non selon la logique de l’évidence des faits.
De même que Marie, le Samedi Saint, est restée dans la Foi et l’Espérance, et n’a pas été déçue, de même ceux qui restent fidèlement avec Elle seront porteurs de foi et d’espérance jusqu’à la fin de ce grand Samedi Saint mondial actuel. Ils ne seront ni déçus ni décevants, car Dieu est fidèle à sa Parole.
Sainte année 2022 !
Don Laurent LARROQUE

Toi, Bethléem Ephrata…

Toi, Bethléem Ephrata… 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Nous sommes à quelques jours de Noël, les préparatifs vont bon train, nous nous activons pour dénicher la perle qui fera plaisir à ceux que nous aimons… tout cela est important. Mais n’oublions pas de préparer nos cœurs. Cette semaine, quand allons-nous veiller, prendre du temps pour attendre dans le silence celui qui doit venir ? Nous avons un rendez-vous plus important que tous les autres. Est-ce que nous préparons ce rendez-vous avec autant de soin que les préparatifs extérieurs. Que faisons-nous pour faire scintiller nos cœurs au moins autant que nos maisons  ? La qualité de la rencontre dépendra de notre attente, de notre désir…
Pour nous préparer à cette rencontre, les lectures de ce dimanche nous instruisent, elles commencent par cette prophétie de Michée  : « Toi, Bethléem Ephrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël.  » (Mi 5,1). C’est bien celui-là, annoncé depuis des siècles, qui vient dans la fragilité d’un nourrisson, dans la vulnérabilité d’un enfant, lui qui doit gouverner tous les peuples. Saint Paul, dans la droite lignée du prophète Michée nous redit « Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi » 1 Co 1,27. Si le Dieu trois fois Saint et Tout Puissant accepte de revêtir notre pauvreté, n’ayons pas peur de nous voir sous notre vrai jour, avec toutes nos misères, nos inconsistances que nous maquillons si souvent. Voilà ce que Dieu veut rejoindre, notre humanité blessée, nos vies cabossées. Quelquefois nous redoutons d’avoir à descendre dans les vicissitudes de notre histoire, de nos blessures. Mais c’est précisément cette faiblesse, ces profondeurs que le Seigneur est venu toucher en se faisant l’un de nous. Voilà ce que Dieu choisit, voilà la crèche inconfortable qu’il vient rejoindre, qu’il vient toucher pour y faire toutes choses nouvelles.
Si nous acceptons de l’y inviter, il y aura une vraie place dans nos cœurs, dans nos âmes… « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » Mc 2,17. Ce dimanche, il y a quelque chose à redécouvrir du plan de Dieu sur nous : ces pauvretés, nos petitesses ne sont pas un obstacle mais un creuset pour l’accueillir ; bref, elles sont pour Lui, d’ailleurs nul autre que Lui ne pourra les transformer en source de lumière, en puits de grâce.
La joie de Noël ne dépendra pas que des cadeaux attentionnés que nous nous ferons, elle sera proportionnée à la crèche que nous ferons pour Lui dans nos cœurs !
Don Marc-Antoine CROIZE POURCELET

Gaudete

Gaudete 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Gaudete » (prononciation : gaoudété), réjouissez-vous ! C’est le nom que nous donnons à ce dimanche, le IIIème de l’Avent, en raison de la pièce qui était traditionnellement chantée en introduction à la messe :
Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je vous le redis : réjouissez-vous ! Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes.
Cette invitation est extraite de la lettre de Saint Paul aux Philippiens, ses disciples préférés, qu’il veut mener vers la perfection de la vie chrétienne. En nous proposant ce texte, la liturgie nous demande donc d’être dans la joie. Mais celle-ci n’est pas une chose qui se commande ! On ne peut pas entrer dans la joie en le décidant ex abrupto, parce que celle-ci est le fruit de la possession d’un bien : la joie dépend donc non de notre volonté mais de ce qu’on possède ou non le bien. Untel est dans une situation professionnelle ou familiale douloureuse, et, n’ayant pas ce qu’il désire, rencontrera des difficultés à entrer dans la joie. Tel autre semble avoir été favorisé par le destin récemment et est déjà spontanément content de lui-même. Par ailleurs, telle personne a un naturel heureux qui lui permet de reconnaître facilement la chance qu’elle a, tandis que telle autre, pessimiste, redoute la fin de son bonheur aussitôt qu’elle commence à l’entrevoir. Etre ou non dans la joie semble donc conjoncturel et psychologique.
Cependant, la Parole de Dieu ne parle pas ici du plaisir qui naît de la jouissance de réalités créées, soumis au hasard et conditionné par la psychologie, mais d’une félicité plus profonde, causée par l’union à Dieu, la charité. Cette joie-là est un des principaux « symptômes » qui permettent de reconnaître le chrétien. Si « un saint triste est un triste saint », à l’inverse, un chrétien joyeux est un chrétien véritable. La joie qui permet de reconnaître le disciple de Jésus-Christ n’est pas une excitation exubérante, mais elle est paisible et profonde. La gaieté produite par les biens créés est souvent plus visible que la joie théologale, divine, parce qu’elle impacte l’âme plus en surface, tandis que le bonheur d’être en Dieu jaillit du cœur de l’âme, du lieu où la Trinité réside, loin des bruits extérieurs. Les adolescents dans leur quête de bonheur parlent parfois de « s’éclater » : le terme est juste parce que la recherche des sensations fortes fait vivre à la surface de soi et coupe l’homme de son intériorité, qui a soif de plus. Par opposition, « l’amour de Dieu qui a été répandu en nos cœurs par le don du Saint-Esprit » (Rm 5,5) est une force unitive, qui connecte au Créateur, aux autres, et à soi-même : il harmonise l’âme.
A l’approche de Noël, recherchons donc cette joie-là, qui surpasse toutes les autres, en demandant à Dieu dans la prière qu’Il nous rapproche de Lui. Le Seigneur est proche : quand nous refêterons son avènement, Il nous fera la grâce de renaître en notre âme, d’intensifier sa présence en nous. Collaborons à ce mouvement qui ne dépend pas de nous dans sa cause en cherchant à chasser au loin ce qui n’est pas compatible avec Dieu : les mauvaises habitudes, les petites compromissions avec l’injustice, les fermetures de cœur, etc. S’il ne dépend pas de nous d’allumer le feu de la charité, il est bien de notre ressort (avec la grâce de Dieu) de chercher à éliminer ce qui lui fait obstacle et en bloque le développement. Ainsi, nous pourrons œuvrer à notre plus grande joie.
Don Axel de PERTHUIS

Le précurseur

Le précurseur 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Nous avançons vers Noël. Les premières paroles de Saint Luc dans cet Évangile précisent combien la venue de Jésus est une entrée dans l’histoire. Le Logos, le Verbe, le Fils consubstantiel au Père est personnellement présent dans l’homme Jésus. Dieu ne tombe pas du Ciel, il nous rejoint dans une histoire, frayant ainsi un chemin pour aller le rejoindre. Dans les derniers instants avant la venue de Jésus apparaît la figure de Jean Baptiste. Le dernier prophète. Il est le précurseur. Il incarne ce mouvement spirituel de l’époque qui cherchait à réveiller les gens à la venue imminente du Sauveur. Il prêche la pénitence, la purification et le rassemblement pour la venue de Dieu. Il synthétise ainsi tous les dires des prophètes au moment où l’histoire du monde va accueillir l’événement le plus grand : Dieu se faisant homme.
Cette prédication de Jean Baptiste se résume en un mot : conversion  ! Elle est essentielle pour rester Chrétien, car demeure en nous une vive et naturelle inclination à vouloir nous affirmer, à nous comparer ou à désirer être au centre. La conversion c’est faire chemin inverse à ce mouvement naturel. C’est d’abord rentrer en soi même comme le Fils Prodigue et se dire j’irai vers mon Père. C’est dans notre vie intérieure, dans ce monde invisible (aux yeux du monde, mais pas de Dieu) que tout commence. Ce qui ne se voit pas à plus d’importance que ce qui se voit. L’invisible est plus important que ce qui fait du bruit, surtout médiatiquement. Mais combien de résistances en nous s’opposent à cela. Dans le calme, reprenons conscience que, au moment où nous lisons ces mots, c’est Dieu qui nous maintient dans l’être. Dios Basta ! Disait Thérèse d’Avila !
Par ailleurs, cette conversion n’est pas que pour nous même. En se rendant présent dans notre existence, le Seigneur permet ainsi d’être présent au monde par nous même. La conversion est missionnaire : Tout être vivant verra le Salut de Dieu.
Mais le combat est rude. Le monde et nos âmes sont blessés par le mal. Très profondément. Pour sortir de ce mal, il ne faut pas seulement la bonté de Dieu mais une réponse de notre côté à cet amour incroyable de Dieu. Jésus sera le parfait serviteur, il continuera d’obéir dans les pires douleurs et de prier pour nous. Son offrande d’amour a été telle qu’elle a terrassé à jamais le mal qui tenait l’humanité captive. Il reste donc maintenant que chacune de nos vies soit branchée sur ce cœur de Jésus, blessé d’amour, qui nous communique sa miséricorde et sa vie.

Don Christophe GRANVILLE

Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche

Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Une année liturgique de plus vient de s’écouler, une autre commence ce dimanche. Un cycle s’achève, un autre reprend aussitôt. Devant l’agitation de nos vies trépidantes, le temps s’écoule parfois bien vite et sans que nous y prenions garde, nous pouvons facilement passer à côté de l’essentiel de notre vie : Dieu. Aujourd’hui, l’Evangile nous donne trois recommandations pour nous aider à nous recentrer sur ce qui doit être le cœur de notre vie et entrer pleinement dans le temps de l’Avent. Laissons-nous saisir par l’actualité et la force des paroles du Christ.
Relevez la tête car votre Rédemption est proche. Les derniers événements qui ont frappé notre pays et nos préoccupations quotidiennes peuvent peu à peu nous éloigner de notre but en ce début d’année liturgique : disposer notre âme à recevoir le Sauveur. L’Evangile nous invite à nous arrêter un moment, à prendre peut-être une matinée, une journée, un week-end selon nos disponibilités, pour relever la tête et nous aider à prendre conscience de la fragilité de notre vie et du besoin impérieux d’un sauveur. Nous ne sommes pas des sprinters, mais des coureurs de fond. Pour tenir dans le temps, il nous est parfois nécessaire de souffler un moment pour nous remettre dans le bon axe et prendre les bons moyens de poursuivre notre course.
Tenez-vous sur vos gardes. Non seulement le Christ nous recommande de ne pas perdre de vue notre but, mais en plus il nous invite à une certaine prudence. La vie chrétienne est en effet semée d’embûches de tout ordre  : découragement, présomption, activisme… Comme un veilleur sur les remparts de la ville qui guette avec attention les attaques de l’ennemi, il nous faut être vigilants dans les lieux de notre vie où nous nous savons plus fragiles. La prudence s’appuie sur une conception humble de nous-mêmes. Elle évite la précipitation et la témérité qui assèchent progressivement notre relation avec Dieu. Se tenir sur ses gardes ne signifie pas rester sur nos propres sécurités, mais penser et agir en présence de Dieu en comptant sur sa grâce quotidienne.
Priez en tout temps. Nous le savons, prière et vie chrétienne sont inséparables. Si vraiment, nous sommes conscients de notre besoin de salut et animés du désir de préparer notre âme à la venue du Messie, nous ne pouvons pas faire fi de ce cœur à cœur régulier avec Dieu. La prière peut prendre diverses formes : prière vocale, médiation, oraison… Toutes ces prières ont en commun le recueillement du cœur. La prière est la meilleure arme pour se tenir sur ses gardes et ne pas retomber dans l’esclavage du péché. Elle creuse petit à petit notre désir de Dieu et accroît notre espérance.
L’évangile d’aujourd’hui nous fait entrer de plain-pied dans ce temps d’attente joyeuse qui caractérise l’Avent. Il ne nous ment pas sur l’exigence de la vie chrétienne, mais nous donne aussi des moyens d’avancer dans la paix et de préparer la venue du Messie : relever la tête, être vigilant, prier. Il nous apprend ainsi à dépouiller notre crèche intérieure de ses vieillissements et à approfondir notre désir pour laisser une grande et belle place à l’enfant Jésus, le Verbe fait chair.

Mon royaume n’est pas de ce monde

Mon royaume n’est pas de ce monde 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Donc tu es Roi ? » demande Pilate, et Jésus ne le nie pas. Il ne l’affirme pas non plus d’emblée pour ne pas provoquer une mauvaise interprétation de sa royauté : il n’est concurrent ni de César, ni d’Hérode.
« Oui, je suis Roi, mais mon royaume n’est pas de ce monde. »
Jésus est roi, oui, mais pas au sens politique. Il est Roi, oui, mais comme « Roi de rois et Seigneur des seigneurs » (Ap 17,14). Il doit établir un royaume sans limite dans l’espace, donc universel, et sans limite dans le temps, donc éternel. Nous entendons les merveilleuses caractéristiques du Royaume de Jésus dans la Préface de la Messe du Christ-Roi : « Royaume sans limite et sans fin, Royaume de vie et de vérité, Royaume de grâce et de sainteté, Royaume d’amour, de justice et de paix. »
Qui ne voudrait pas d’un tel royaume ? Qui ne voudrait pas d’un tel “programme politique” ?
Ce royaume est déjà çà et là dans ce monde, mais il n’est pas de ce monde. Jésus s’enfuit devant ceux qui veulent le faire roi (Jn 6,15), parce qu’il n’est pas venu pour « rétablir la royauté en Israël » (Ac 1,6). Il est venu fonder un Royaume sur terre, mais qui ne s’établit pas par la force humaine, “sinon, dit-il à Pilate, j’aurai eu des moyens humains, des gens pour me défendre humainement” (Jn 19,36).
Il est venu « établir ce royaume avec Puissance » (Mc 1,9) mais cette puissance est sa mise en Croix. Quel paradoxe ! Il est venu établir ce royaume avec gloire, mais cette « glorification » est l’élévation en Croix (Jn 12,32). Il doit « recevoir une investiture royale » (Lc 19,12), mais ce sera le roi couronné d’épines sur la Croix, couvert de la pourpre de son propre sang.
« Ô cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24,25-26) Le roi dont vous rêvez, le voici, l’avènement du Royaume de Dieu qu’Il a proclamé, le voici : un roi couronné d’épines ! Mais qui meurt comme Dieu seul peut le faire : par amour. C’est la paradoxale puissance et gloire de la Croix. Le triomphe de l’Amour de Dieu car Jésus, Dieu fait homme, est resté Amour au milieu des plus terribles offenses.
« Le triomphe de Jésus, c’est de ne pas pécher à son tour malgré toutes les violences du mal qui s’accumulent sur Lui. Alors que tous l’offensent, Lui refuse d’offenser : il accueille les crachats des soldats, le reniement de ses frères ; il appelle Juda “mon ami” (Mt 26,50) et accepte son baiser de trahison. Il est abandonné par tous les siens mais il refuse d’offenser à son tour. A l’effort extrême du mal pour Le briser et Le faire plier devant la loi humaine universelle de la haine, Il répond par la loi divine toute puissante de la miséricorde et de l’offrande [à son Père]. Il se laisse clouer, librement et par amour : “ma vie, nul ne la prend mais c’est Moi qui la donne” (Jn 10,15-18). L’amour rend l’homme libre tandis que la haine l’aliène. Le Christ rompt ainsi le cercle vicieux de la haine et la fatalité de la violence. Devant l’échec humain de la Croix, Il oppose le triomphe divin de l’amour offert : Il nous pardonne, à nous qui le blessons. “Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font.”» (Bernard Dubois et Fernand Sanchez, Feu et Lumière 167 (1998), p.58).
Devant l’échec humain de la Croix, il oppose le triomphe de l’amour. C’est la haine qui est un échec. Devant l’échec de la Croix, il oppose le triomphe de la vérité. C’est le mensonge qui est un échec. Devant l’échec de la Croix, il oppose le triomphe de la grâce et de la sainteté. C’est le péché qui est un échec. Devant l’échec de la croix, il oppose le royaume de la justice, de l’amour et de la paix. C’est la corruption, la haine et la violence de ce monde qui sont des échecs. Satan, le Prince de ce monde, peut bien chanter mais il chante faux car il sait mieux que nous que toute sa réussite éphémère n’est qu’un échec éternel.
« L’amour de la vérité » (2Th 2,10) sera la force invincible et éternelle de ceux qui écoutent la voix de Jésus, le Messie d’Israël et Roi du monde entier, qui règne par la Foi, par son Eglise, par les sacrements, pour tous les royaumes terrestres et pour tout le cours de l’histoire terrestre, jusqu’au retour de Jésus « avec grande puissance et grande gloire ».

. Don Laurent LARROQUE

Confiance en la Providence

Confiance en la Providence 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Deux petites pièces. Les plus numismates parmi nous reconnaîtront que l’offrande de la veuve de l’évangile n’a quasiment aucune valeur monétaire. Et pourtant, nous en parlons encore. Les actes de charité, comme ceux de saint Martin par exemple, transcendent l’histoire, ils se chargent d’un poids d’éternité.
Regardons ce tableau de l’évangile qui met en miroir deux sortes de personnes ou plutôt deux attitudes.
D’un côté, nous avons ceux que l’on remarque et de l’autre les invisibles. En effet, les scribes contrastent fortement par leur soif de reconnaissance. Ils se rendent remarquables par leur apparat, leur savoir ou encore par la quantité de leur offrande qui fait du bruit en tombant dans le tronc du Temple. La veuve, que seul Jésus a remarquée, donne peu mais donne bien. Jésus explique : « elle a mis plus que tous les autres (!). Car tous ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »
Mais attention à ne pas réduire cet évangile à une fable de la Fontaine. Ce n’est pas une simple et belle histoire qui nous ferait la morale. Ce passage de l’évangile nous dit d’abord quelque chose de Dieu lui même. Car Jésus lui même va s’offrir tout entier, « corps et âme », pour nous sauver. Et en cela, le Père du Ciel s’associe au don de Jésus en offrant celui qu’il a de plus cher à son cœur : son Fils unique (Jn 3, 16). C’est ainsi que Dieu nous aime : en se donnant lui même.
Si nous en sommes pour la plupart convaincus, il est cependant difficile de vivre et aimer ainsi. Il y a des résistances en nous. Elles prennent la forme de soucis ou de peur de manquer. La veuve de la première lecture en fait l’expérience. Elle n’a plus de quoi manger si ce n’est de quoi faire un dernier repas pour elle et son fils. Le prophète Elie lui demande son obéissance et sa confiance : « apporte moi un morceau de pain. » (celui qui devait les nourrir ce soir là). Cette obéissance met en jeu la survie de cette femme mais débouche sur une promesse qui garantit la vie : « Et la jarre de farine ne s’épuisa pas et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie. ».
Le manque de paix dans nos cœurs ne vient-il pas de ces manques de confiance dans la providence divine ? ( et au fond, dans la bienveillance de Notre Père céleste ?). Au contraire, ces deux femmes de l’écriture nous apprennent à ne pas calculer et à ne pas tomber dans les préoccupations mortifères. Nous n’avons qu’une seule solution : nous appuyer sur Dieu seul, avec une confiance totale en lui. Jésus ne veut pas nous empêcher de pourvoir à nos besoins mais il veut nous délivrer du souci qui nous ronge et nous fait perdre la paix. C’est une grâce que nous pouvons demander en ce dimanche : croire davantage en la providence et ne pas avoir peur d’en souffrir. Et cultivons cette confiance peut être déjà dans les relations entre nous, en nous accueillant les uns les autres avec bienveillance. Amen !
Don Christophe GRANVILLE

Tous appelés à la Sainteté

Tous appelés à la Sainteté 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Qui fêtons-nous exactement à la Toussaint ? Les saints du Ciel qui voient la face de Dieu et s’en réjouissent ensemble pour l’éternité. Il ne s’agit pas seulement de fêter les saints canonisés, que nous célébrons déjà à d’autres moments de l’année, mais de fêter la foule immense des anonymes de la sainteté. Si l’Eglise ne fêtait que la Vierge Marie, saint François, mère Teresa et saint Jean-Marie Vianney, cela pourrait être décourageant, car nous voyons bien que nous sommes loin de leur héroïcité. La majorité d’entre nous ne sera probablement pas canonisée et toutefois tous nous devons espérer fermement que nous irons bien au Ciel ! La sainteté canonisable est exceptionnelle, mais nous osons espérer que la sainteté « tout court » ne l’est pas.
Il faut donc expliquer ce qu’est la sainteté. A proprement parler, ce mot ne convient qu’à Dieu, lui qui est le seul être parfait et absolument bon. Quand le jeune homme riche va trouver Jésus et l’appelle « bon maître », celui-ci le reprend : « Dieu seul est bon » (Lc 18,18-19). Même Jésus, le Verbe de Dieu fait chair, Dieu par nature, semble vouloir réserver la Bonté à sa nature divine ! Il y a quelque chose de provocateur dans cette remarque de Jésus, car Lui sait bien qu’Il est le Saint par excellence.
En effet, même pour le Christ dans son humanité, la sainteté est une participation à celle de Dieu. Cette participation se fait de plein droit pour Jésus, Dieu et homme, et pour les autres elle se fait par une association au Christ, par une greffe mystique, pour reprendre les images de Jésus :
Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. (Jn 15,5)
Tous ceux donc qui croient au Christ, qui ont été associés à sa Passion et à sa Résurrection par le baptême, sont comme greffés à Lui et reçoivent par Lui un influx de vie surnaturelle qu’on appelle la grâce. C’est cela qui fait la sainteté et non quelque effort de notre part.
Il faut donc admettre que cela concerne tous les chrétiens, à moins d’avoir tué la vie de la grâce par un péché mortel, et pour peu qu’ils vivent de la charité, amour de Dieu par-dessus tout et du prochain comme soi-même. Tous les chrétiens en état de grâce sont donc saints. Cette affirmation correspond bien à la pensée de saint Paul, qui dans ses épîtres s’adresse aux chrétiens des différentes communautés en les appelant les « saints », ou « saints en Jésus-Christ » (Cf. Ep 1, Ph 1, Col 1, etc.).
Cependant, cette affirmation a besoin d’être nuancée. A la Toussaint, nous ne fêtons pas les saints qui sont encore en chemin sur terre, ni ceux qui sont en état de purification au Purgatoire, pour qui nous prions le lendemain, le 2 novembre. Sur terre la sainteté est un germe, à la fois bien réel et bien petit en comparaison de ce à quoi nous sommes appelés. C’est pour cela que dans d’autres lettres, saint Paul fait une adresse plus précise : il écrit « aux saints par vocation » (Cf. Rm 1 et 1Co 1). Pour entrer au Paradis, il nous faudra être purifiés de tout péché, car rien d’impur ne peut subsister devant Dieu. Ceux qu’il faut, à proprement parler, appeler saints sont les personnes qui sont entrées dans la lumière de Dieu, après que tous leurs péchés aient été brûlés par l’action transformante du Saint-Esprit.
Demandons donc aux innombrables saints du Ciel, les grands comme les petits, de prier pour nous, pour que nous sachions nous aussi et, dès ici-bas, coopérer à l’action transformante de Dieu, pour que nos actes soient au service de l’amour de Dieu et du prochain, pour que nous ne nous découragions jamais à cause de nos chutes répétées et que nous vivions d’un authentique désir de conversion, en gardant les yeux fixés sur le but : la gloire du Ciel.

Don Axel de Perthuis

Rester mendiant

Rester mendiant 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Si, dans l’Evangile de ce dimanche, Saint Marc se donne la peine de préciser le nom de l’aveugle, c’est probablement parce que Bartimé était connu à Jéricho ! Cette précision était pour les chrétiens une manière d’authentifier ce miracle notoire. Pour nous aujourd’hui, c’est l’occasion de nous rappeler qu’avant de nous être donné comme une parole agissante et vivifiante pour notre vie, l’évangile est un évènement historique : ce miracle de Jésus a réellement eu lieu !
Ceci étant dit, nous pouvons aussi aborder le personnage de Bartimé comme une figure symbolique, comme un modèle pour notre vie spirituelle. C’est sous cet angle que j’aimerais que nous méditions sur ce miracle.
Le lieu dans lequel se déroule l’action a aussi son importance. Jésus est en train de sortir de Jéricho et Bartimé se trouve probablement devant les murs de la ville. Ce détail géographique est aussi porteur de sens car Jéricho est une ville rebelle. Le livre de Josué, au chapitre 6, la présente comme un lieu de perdition et de péché. Ce n’est qu’à la fin d’un long siège et, grâce à une intervention divine pour faire tomber ses remparts, que les fils d’Israël s’en emparent et la vouent à l’anathème!
Bartimé est de Jéricho et sa cécité en est un signe. Le péché rend l’homme aveugle en le coupant de la lumière. En cela Bartimé représente chacun d’entre nous. Comme lui, nous sommes de pauvres pécheurs !
L’évangile nous le présente comme un modèle car, même s’il vit dans la ville du péché et, tout aveugle qu’il soit, il ne se résigne pas à cette vie sans but. Il lui reste assez de force vitale pour pouvoir mendier son salut. Bartimé est suffisamment lucide pour comprendre qu’il ne peut pas se guérir seul. Le péché est une addiction qui entrave notre liberté au point de la détruire. Aussi Bartimé sait qu’il doit s’en remettre à un pouvoir plus grand. La solution pour sortir du péché, c’est de mendier.
Fils de David, Jésus, prends pitié de moi !
Attitude fondamentale que nous reprenons au début de chaque Messe. C’est à ces mots que Jésus s’arrête et appelle Bartimé. D’où l’importance de faire nôtre cet appel persévérant de l’aveugle !
Une chose est intéressante : la foule fait obstacle à la rencontre. Elle demande à Bartimé de se taire. N’est-ce pas le cas, pour nous aussi, lorsque nous voulons dénoncer un mal ? Il ne faut pas nous en étonner. Le prince de ce monde cherche jalousement à nous garder esclaves. Il fera tout pour éviter que nous rencontrions Jésus et la foule est bien souvent son meilleur allié. Comme il est dur de trouver la force d’aller à contre courant lorsque le mal est ouvertement admis !
Enfin grâce à son humilité et à sa persévérance, Bartimé reçoit le salut. Nous pouvons demander au Seigneur la grâce de savoir l’imiter. Comme lui, sachons mendier notre délivrance au Christ sauveur ! A son image, écoutons le Christ nous appeler, nous convoquer (c’est le sens du mot Eglise) ! Levons-nous en laissant derrière nous, notre vieux manteau (symbole de notre vie ancienne). Enfin, ouvrons-nous à la lumière de la foi qui, en pénétrant dans notre âme, guérit toute cécité !

Don Louis-Marie DUPORT

Jésus nous forme patiemment

Jésus nous forme patiemment 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Jésus a formé ses apôtres pendant trois ans. Il leur a enseigné patiemment l’évangile.
Mais ils ne semblent pas avoir entendu. Alors que Jésus leur a annoncé plusieurs fois sa mort et sa résurrection, les voici qui réclament les premiers “fauteuils” dans un royaume de ce monde. Et cela provoque une dispute entre eux.
Cela fait trois ans que Jésus les forme, et Il pourrait en avoir un petit peu assez de se répéter. Assez de la lourdeur de l’humaine nature qui ne se met pas à la suite de Jésus pour les motifs de Jésus mais pour une recherche d’intérêts personnels. Assez de ces disputes entre apôtres. Tout de même ! Depuis le temps qu’Il est venu leur rappeler l’essentiel de la Loi, et l’essentiel du Royaume, le plus grand commandement et celui qui lui est semblable : “tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même, c’est là que tout se tient”… (Mt 22,40) Et voilà les apôtres encore en train de se disputer pour des motifs de gloire humaine.
Jésus ne s’est pas découragé ni énervé. Il reprend calmement, il explique doucement, il répète patiemment, il ramène la paix entre les disciples en leur rappelant la révolution évangélique : que celui qui a des appétits de grandeur les dirige vers la toute-petitesse. Qu’il ait faim de l’honneur de Dieu au point de mépriser l’honneur des hommes, qu’il ait faim de vie intérieure comme il avait faim de vie glorieuse et extérieure, qu’il ait faim d’être le serviteur de tous comme il avait faim de dominer. Qu’il quitte la Babylone de la gloriole et se dirige vers la Jérusalem du service et du don de soi par amour.
Cet Evangile nous apprend que Jésus ne s’est pas entouré de saints déjà tout faits. Il s’est entouré d’hommes comme nous. Ils n’étaient pas parfaits, et ne le sont pas devenus en un jour. Ni même en trois ans, malgré leur grande proximité avec Jésus. Ainsi, quand nous venons à Jésus reconnaître que nous nous sommes encore laissés enivrer par le souci de la gloire des hommes, ou que nous avons rougi de Lui et de son Evangile devant les hommes, n’ayons pas peur. Il ne va pas nous condamner, mais nous répéter l’Evangile, et nous rappeler qu’il est l’exemple à suivre. Et ainsi de toutes nos incapacités à devenir vraiment évangéliques.
C’est une exhortation aussi. Car si les apôtres, au départ, ont été pris au point de lourdeur humaine où nous en sommes encore plus ou moins, ils sont quand même devenus des saints. Dans le feu de l’Esprit-Saint, ils ont bu à la Coupe des souffrances de Jésus, ils ont été plongés dans son Baptême de sang. Nous avons reçu le Baptême de Jésus, nous avons été confirmés dans le feu de l’Esprit-Saint, et nous participons à l’Eucharistie, le Banquet de la Jérusalem Céleste, qui est communion à ce Sang versé, pour que nous sachions “résister jusqu’au sang” (Hé 12,4), c’est-à-dire jusqu’aux plus grands combats spirituels, dans notre lutte contre le péché, pour devenir comme eux, des saints.
« Deux amours ont fait deux cités, proclame Saint Augustin : l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, ou l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu. » La première cité est la nouvelle Jérusalem céleste, dont nous sommes devenus concitoyens
(Ep 2,19  ; Ap 21,2) ; pour y aller et y demeurer, il faut suivre Jésus, et quitter l’autre cité, Babylone, la vieille cité de l’égoïsme (cf Ap 18,4.24). « Il faut du discernement  » (Ap 13,18), beaucoup de discernement, pour “quitter Babylone” aujourd’hui, « de peur que, solidaires de ses fautes, vous n’ayez à pâtir de ses plaies. » (Ap 18,5). Il faut un sincère amour de la vérité (2Th 2,10), sans se contenter du “courant médiatique principal” qui lave (ou salit) le cerveau en permanence.
Les apôtres ont suivi Jésus. Ils ont été ce que nous sommes, des pécheurs en phase de conversion à la suite de Jésus. Nous pouvons devenir ce qu’ils sont devenus : des saints. Nous possédons l’Esprit-Saint ; nous possédons la Parole de Jésus, son Evangile. Ne disons pas que pour les apôtres, c’était normal de devenir saints, et pas pour nous. Ils ont été ce que nous sommes et sont pourtant devenus nouveaux dans le Christ. Pour nous aussi, c’est normal de devenir saints. Laissons-nous transformer par Jésus, non pas en un jour, mais en comptant toujours sur la patience de Jésus qui saura nous reprendre comme il faut, jamais pour condamner, mais toujours pour faire grandir, jusqu’à la possession du Royaume céleste de Vie et de Vérité.
Don Laurent LARROQUE

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