Editorial Principal

Travaux 2

Travaux 2 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Il y a déjà plusieurs années, Don Martin Panhard avait lancé une souscription importante pour la rénovation de la toiture de Notre-Dame de la Paix. Vous aviez répondu généreusement. Je suis toujours impressionné par l’effort financier des paroissiens pour soutenir les moyens de mission des paroisses. Les péripéties ont été nombreuses depuis cette quête mais ça y est, les travaux commencent enfin ! Ce lundi 4 avril les échafaudages arrivent et les ouvriers vont s’y atteler pendant quelques mois. Je dois bien sûr vous recommander de ne pas tenter de monter sur les échafaudages, ni surtout vos enfants qui y verront sans doute des agrès de compétition  ! Je compte sur vous.
Les travaux, ce sont aussi ceux de la Basilique Notre-Dame de la Victoire qui ont commencé le 24 janvier dernier, nous privant momentanément de notre joyau raphaëlois ! Pour rappel ce sont des travaux qui ont été demandés à la fois par la mairie pour la sécurité (électricité et incendie) et par le diocèse pour la beauté de la Basilique. Chacun fait sa part : la mairie a financé la partie remise en conformité, la paroisse les travaux de rénovation et les aménagements liturgiques. Je peux témoigner qu’il y a une vraie implication de tous les acteurs depuis le début des travaux pour ce chantier. Je suis sûr aussi que Saint Joseph fait sa part, je lui ai confié tout cela. Nous avons hâte de vous montrer le résultat !
Pour la Semaine Sainte, cœur de l’année liturgique, la Basilique sera réouverte même si nous n’aurons pas tout le confort. Vous aurez donc un aperçu avant la fin des travaux. Nous aurons accès à la Basilique du 8 au 18 avril. Les travaux reprendront dès le
19 avril pour se terminer… j’espère avant l’été !
Dès le vendredi 8 avril à 14h00 toutes les bonnes volontés qui le peuvent sont les bienvenues pour réaménager la Basillique en vue des messes des Rameaux. N’hésitez pas à venir avec quelques chiffons pour la poussière et une tenue appropriée ! Nous aurons sans doute besoin de prolonger les préparatifs la journée du samedi. L’objectif est de la rendre bien belle, pour tous ceux que nous accueillerons dans cette sainte semaine, et de vivre un bon moment fraternel de service. J’ai hâte que résonne de nouveau sous les voutes de la Basilique, la Parole de Dieu et les chants célestes en vue d’accueillir le Seigneur lui-même !
Dans tous les cas, réservez bien les trois jours saints pour ne rien manquer et vivre ces heures, bien unis à Jésus dans sa Passion et sa Résurrection. Enfin, merci aux bénévoles qui nous épaulent avec compétence et patience dans tous ces chantiers. Bon carême !

Don Marc-Antoine CROIZE-POURCELET

La dignité des fils

La dignité des fils 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Bien souvent nous voulons nous en sortir par nos propres forces : “laisse, je gère.” Nous voulons réussir chacun par soi-même pour prouver, à soi et aux autres, que nous en avons la capacité : ainsi le fils de la parabole qui veut réussir sa vie loin du père. Il est l’image de l’humanité, qui a voulu vivre en autonomie, sans Dieu, depuis le péché de nos premiers parents. Ce désir d’indépendance est une façon d’affirmer sa dignité et, pourtant, c’est justement par cet acte d’affirmation de soi que la dignité est perdue. Pour avoir voulu s’affirmer comme sujet libre, le fils devient gardien de porcs, moins bien nourri qu’un esclave. Dans nos péchés d’orgueil, c’est justement quand nous voulons nous élever que nous nous abaissons. La liberté absolue est un leurre : celui qui ne veut pas servir Dieu devient esclave du diable, mauvais maître qui nous méprise d’autant plus que nous lui avons obéi.
Si la dignité de l’homme ne réside pas dans l’indépendance, elle ne réside pas non plus dans la puissance, la capacité à suivre ses désirs, à faire ce que l’on veut. Parce qu’il ne sait pas mettre un frein à ses appétits, le fils prodigue est mené à la ruine, au point de ne plus pouvoir satisfaire ses besoins les plus basiques. Cette tendance à perdre la liberté en voulant l’affirmer est caractéristique de l’époque de la “jouissance sans entraves” : les limites sont justement ce qui permet de ne pas devenir l’esclave d’un appétit toujours plus puissant à force de ne pas être contenu. Mais, en réalité, cette tendance est celle de toutes les époques, depuis qu’Adam et Eve n’ont pas voulu résister à l’attrait du fruit défendu.
La dignité ne réside pas non plus dans le fait d’obéir à la loi de Dieu. Jésus pour sa parabole a volontairement choisi deux fils pour nous montrer deux écueils symétriques. L’aîné par son obéissance extérieure aux règles de la bienséance espère une récompense. Cela lui pèse d’être un bon fils et il préférerait pouvoir faire la fête avec ses amis sans sa famille. Il est “soumis”, au mauvais sens du terme. Ce n’est pas cette relation, ultimement intéressée, que Dieu veut entre nous et Lui, mais celle de l’amour filial. Celui qui est enfant de Dieu fait le bien parce que celui-ci jaillit de son cœur rendu bon par l’Esprit-Saint qui nous a été donné, et non en se forçant pour essayer par là de mériter un amour qui, de toute façon, ne peut être que gratuit.
En réalité, la dignité de l’homme ne dépend pas de ce qu’il fait mais lui est donnée gratuitement par Dieu, indépendamment de tout mérite préalable. Dieu n’a pas peur de nous aimer alors que nous sommes pécheurs, que nous nous sommes volontairement coupés de Lui, parce qu’Il sait que son amour transforme et rend bon ce qui ne l’était pas au préalable. La miséricorde n’est pas une faiblesse de papa-gâteau, parce qu’elle change celui qui la reçoit pour le rendre digne de ce don. Notre dignité, c’est l’adoption filiale qui fait de nous des enfants de Dieu par les mérites de Jésus-Christ. C’est la seule chose qui a vraiment de la valeur, et elle ne s’achète pas. Demandons donc à Dieu de comprendre que ce ne sont ni la liberté individualiste, ni la capacité de faire ce que l’on veut, ni l’obéissance extérieure à des règles qui fondent notre dignité, mais le don de la grâce qui nous rend amis de Dieu.
Don Axel de PERTHUIS

Sauvé par le gong

Sauvé par le gong 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Dans la nuée de la Transfiguration, dimanche dernier, le Père nous demandait expressément « Celui-ci est mon Fils, écoutez-le ! ». Alors tendons l’oreille (du cœur) à cette parabole du figuier stérile que Jésus donne en réponse à ses interlocuteurs. En effet ces derniers posent à Jésus une question morale précise en relatant une affaire scandaleuse qui a défrayé la chronique : Pilate a fait exécuter des galiléens venus à Jérusalem en pèlerinage. Le problème est le suivant : en quoi ces malheureux ont-ils mérité leur sort ? Et s’ils ne l’ont pas mérité, comment expliquer cette sévérité qui s’est abattue injustement sur eux ? Cela fait également écho aux paroles des disciples sur l’aveugle-né, « Seigneur est-ce lui ou ses parents qui ont péché ? ». En prenant un autre fait divers, Jésus écarte l’idée qu’ils étaient plus grands pêcheurs pour mériter un tel sort.
Mais Jésus va plus loin et renchérit : « si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. Jésus nous invite à nous libérer du regard que l’on porte sur les autres et leurs péchés. Ce qui aveugle précisément notre propre cœur. Nous l’entendions il y’a quelques dimanches : « qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? ». La discussion nous conduit à revenir à notre propre vie, à notre figuier qui ne porte pas de fruit de conversion. La conversion est une action. Le pire serait de ne rien faire.
Dans le mouvement de la conversion il y a d’abord un rejet, une aversion du mal. Puis une attraction à Dieu. Comment répondons-nous à cet appel à la conversion ? Jésus disait à un moine bénédictin irlandais : « avec l’appel, je donne toujours la grâce de répondre à mon appel. »
Pour illustrer cela, la parabole du figuier stérile nous secoue mais nous console également. Elle nous bouscule, car le propriétaire de l’arbre semble avoir eu du fruit de son arbre dans le passé, mais cela fait trois ans qu’il ne trouve plus rien. Il a montré une certaine patience ! Mais malgré cela, un jardinier trouve encore la bonté de lui proposer des soins particuliers (inutiles ?). On y retrouve dans la générosité et le labeur de ce sauveur les mêmes traits que le père de la parabole du fils prodigue. Sa miséricorde semble ne pas avoir de limite. Cela heurtera le fils aîné, ce qui est humainement compréhensible. Pourtant ne nous trompons pas, le jardinier lui-même dira : « laisse-le encore cette année (…) sinon tu le couperas. » La volonté du jardinier et du propriétaire coïncident. Tout arbre qui ne porte pas de fruits sera jeté dehors. Nous trouvons dans ces deux personnages, comme une image de Jésus et de Saint Jean-Baptiste qui nous annoncent la colère qui vient. Mais Jésus est là pour proclamer : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. » Luc 4, 19.
Alors… merci Seigneur de ta patience. Merci de nous libérer de nos esclavages ! Que nous portions un fruit qui te plaise, un fruit en abondance !
Don Christophe GRANVILLE

La Gloire et la Croix

La Gloire et la Croix 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Le temps du Carême n’en est encore qu’à son début et, pourtant, l’Église veut déjà nous redonner du courage, en nous donnant à voir l’objectif de ce temps de prière, de pénitence et de partage  : la glorification de Dieu et notre propre glorification avec Lui. Dans notre itinéraire de Carême, après avoir suivi Jésus au désert pour triompher avec lui des tentations de Satan, nous sommes maintenant appelés à gravir avec Lui la montagne, pour découvrir sur son visage humain la splendeur de sa divinité. Dans cet épisode, la lumière et la voix attestent la divinité de Jésus : par la lumière, quelque chose de la gloire divine de Jésus nous est donné pour nous rendre capable de confesser qu’Il est vrai Dieu et vrai homme ; par sa voix, le Père accrédite une nouvelle fois son Fils unique auprès des hommes, en nous appelant à écouter sa voix.
Comme Pierre, Jacques et Jean, nous recevons de l’épisode de la Transfiguration une force dans le grand chemin de Croix que constitue le Carême, à la suite de Jésus. La Croix et la Gloire sont indissociables : de même que, dans la Gloire du Ciel, Jésus conservera les marques de ses souffrances, de même, déjà, dans la Passion et la Croix, transparaît sa gloire, c’est-à-dire le resplendissement de son amour : la Croix est une exaltation, une élévation du Fils par le Père. Dans toutes les épreuves de notre vie, cette lumière nous est nécessaire. « Ce qu’est ce soleil pour les yeux de la chair, Jésus l’est pour les yeux du cœur », écrit saint Augustin. La lumière pour surmonter les épreuves de notre vie ne peut venir que de cette Croix glorieuse de Jésus, qui retourne un instrument de souffrance en instrument d’amour et de salut.
Comme Pierre, Jacques et Jean, nous voudrions rester avec Jésus seul sur le Thabor, dans une union intime d’amour que la prière vient permettre en nous mais, pourtant, il nous faut, tant que nous demeurons sur terre, redescendre de la montagne pour œuvrer ensemble à la charité qui transforme, peu à peu, mystérieusement le monde. Comme le dit saint Vincent de Paul, « on ne quitte pas Dieu pour aller à Dieu », on ne quitte pas Jésus lorsqu’on le retrouve dans le visage de nos frères et sœurs, en particulier les plus fragiles. Tel est le sens de l’unité profonde entre les trois piliers du Carême : la pénitence qui purifie notre âme et notre corps, la prière qui nous unit à Dieu et le partage qui nous tourne vers les autres, dans un chemin commun de sanctification.

Actualité des 3 tentations

Actualité des 3 tentations 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Si tu es le Fils de Dieu, dis à cette pierre qu’elle devienne du pain ! »
Selon le Tentateur, le Fils de Dieu doit donc pouvoir résoudre le problème de la faim matérielle, pour lui et pour la terre entière. C’est la tentation du matérialisme  : le sauveur du monde n’est-il pas celui qui doit fournir du pain et du bien-être à tout le monde ? « On peut tout-à-fait comprendre que le marxisme ait précisément fait de cet idéal le cœur de sa promesse de salut : il aurait fait en sorte que toute faim cesse et que “le désert devienne du pain”.  » (J. Ratzinger – Benoît XVI, Jésus de Nazareth, I, p.51). Mais l’issue négative du marxisme montre que « là où Dieu est considéré comme une grandeur secondaire que l’on peut écarter temporairement ou complètement, au nom de choses plus importantes, alors ces choses supposées plus importantes échouent aussi. » (p. 53). C’était un leurre du Tentateur. Dieu considéré comme moins urgent, moins important, moins nécessaire, que les choses matérielles ; Dieu secondaire, superflu, voire ennuyeux.
« Voir dans le christianisme une recette conduisant au progrès et reconnaître le bien-être commun comme la véritable finalité de toute religion, et donc aussi de la religion chrétienne est la nouvelle forme de cette tentation. » (p. 62).
« Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas », fais quelque chose de sensationnel qui montrera clairement à tes contemporains que Dieu est venu parmi les hommes. Beaucoup disent en effet à Jésus : « si tu veux que nous croyions en toi et que nous organisions notre vie en fonction de la Révélation biblique, manifeste-toi de façon plus claire. » (p. 241) “Sinon, on se contentera d’un salut par naturo-thérapies New-Age et philosophies bouddhistes.”« La pensée contemporaine tend à dire que chacun doit vivre sa religion ou peut-être même l’athéisme qui est le sien et que, de cette manière, il trouvera le salut. » (p. 113) “Chacun sa vérité, car la Révélation n’a pas été assez claire.”
« Le Tentateur n’a pas la grossièreté de nous inciter directement à adorer le diable. Il nous incite seulement à choisir ce qui est rationnel, à donner la priorité à un monde planifié et organisé, où Dieu en tant que question privée peut avoir une place, sans avoir pourtant le droit de se mêler de nos affaires essentielles. Soloviev [dans un écrit de 1900 intitulé “Cour récit sur l’Antéchrist”] attribue un livre à l’Antéchrist : “Le Chemin public vers la paix et le bien-être du monde”, livre (…) dont le contenu véritable est l’adoration du bien-être et de la planification raisonnable. » (p. 61, cf. p. 55).
La question que pose ces tentations « est de savoir ce que doit faire un sauveur du monde. » (p. 61) « Que nous a apporté Jésus s’il n’a pas fait advenir un monde meilleur ? » (p. 62) « Nous continuons de penser que si Jésus voulait être le Messie, il aurait dû nous apporter l’âge d’or. » (p. 63). Nous continuons de penser qu’il devrait se manifester plus clairement. C’est encore un leurre.
Tout messianisme qui prétend apporter tout bien être « reste un royaume humain, et celui qui affirme qu’il peut ériger un monde sauvé approuve l’imposture de Satan et fait tomber le monde entre ses mains. » (Ibid.)
« Seule la dureté de notre cœur nous fait considérer que c’est peu de chose » d’être sauvé par un Dieu comme Jésus. « Encore et toujours, la cause de Dieu semble continuellement comme “à l’agonie”. » (p. 64) Mais c’est seulement ce Dieu là qui sauve vraiment.
« A la divinisation fallacieuse du pouvoir et du bien-être, à la promesse fallacieuse d’un avenir garantissant tout à tous, en vertu du pouvoir et de l’économie, il a opposé la nature divine de Dieu… », le seul Dieu adorable et durable, le seul glorieux dans son humilité et son Amour, jusqu’au don sacrificiel de soi, seule source de Vie. O Crux Ave, Spes unica. “Salut, ô Croix, notre unique Espérance.”
Don Laurent LARROQUE

Jeûnons et prions pour la paix

Jeûnons et prions pour la paix 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« J’ai une grande douleur dans le cœur face à la dégradation de la situation en Ukraine. Malgré les efforts diplomatiques de ces dernières semaines, des scénarios de plus en plus alarmants s’ouvrent. Comme moi, de nombreuses personnes dans le monde ressentent de l’angoisse et de l’inquiétude. Une fois de plus, la paix de tous est menacée par des intérêts partisans. Je voudrais lancer un appel à ceux qui ont des responsabilités politiques pour qu’ils fassent un sérieux examen de conscience devant Dieu, qui est le Dieu de la paix et non de la guerre, le Père de tous et non de quelques-uns, qui veut que nous soyons frères et non ennemis. Je prie toutes les parties concernées de s’abstenir de toute action qui causerait encore plus de souffrances à la population, déstabiliserait la coexistence entre les nations et discréditerait le droit international. Et maintenant, je voudrais lancer un appel à tous, croyants et non-croyants. Jésus nous a appris qu’à l’insistance diabolique, à l’absurdité diabolique de la violence, on répond avec les armes de Dieu : par la prière et le jeûne. J’invite tout le monde à faire du 2 mars prochain, mercredi des Cendres, un jour de jeûne pour la paix. J’encourage tout particulièrement les croyants à se consacrer intensément à la prière et au jeûne ce jour-là. Que la Reine de la Paix préserve le monde de la folie de la guerre. » Message de Sa Sainteté le Pape François du mercredi 23 février.

Par ce message, le pape nous invite à ouvrir le Carême par une journée de jeûne et de prière pour la paix. Nous devons demander cette paix non seulement à l’étranger en Ukraine, mais aussi dans notre propre pays et dans notre propre vie. Cela commence par la reconnaissance que le mal habite aussi dans notre cœur, alors que nous sommes tentés de ne le voir que chez l’autre et de faire de celui-ci le responsable de tous nos malheurs. Par l’humble reconnaissance de notre propre péché, nous faisons la vérité sur nous-mêmes, nous devenons plus doux et patients vis-à-vis d’autrui et plus pondérés dans nos jugements. Au contraire, l’orgueil de l’esprit nous entraîne à la dureté et aux jugements hâtifs et déséquilibrés.

Puisse le Carême qui commence être l’occasion de faire la vérité sur nous, de gagner en intériorité et en componction. C’est à cette condition seulement que nous pourrons porter du fruit, car « Dieu résiste aux orgueilleux, mais aux humbles il accorde sa grâce. » (Jc 4,6) L’humilité est donc la première des vertus à demander et à exercer pour recevoir la grâce de Dieu et progresser. C’est ainsi que nous deviendrons les artisans de paix que le Seigneur attend pour ce monde. Paradoxalement, c’est en cherchant à s’amender avant de vouloir changer autrui que l’impact est le plus grand sur les autres, comme nous le montrent les innombrables exemples des saints. Ils ont transformé le monde autour d’eux par attraction et non par la violence, elle qui est incapable de changer les cœurs.
Don Axel de PERTHUIS

La méthode de Jésus

La méthode de Jésus 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

En attendant le Carême qui approche, nous continuons ce temps ordinaire qui suit le temps de Noël. Nous avons la chance de suivre Jésus, dans l’évangile, dans des passages si savoureux. Jésus après être monté sur la Montagne, y avoir prié toute la nuit en vue de choisir les douze apôtres, redescend dans la plaine pour un long discours adressé tour à tour : aux apôtres, aux disciples et aux foules. Ce long discours de Jésus, nous en lisions une partie la semaine dernière avec notamment les Béatitudes chez Saint Luc. Cette semaine et la semaine prochaine, Jésus continue son discours composé de conseils et de réflexions dont le fil conducteur semble être la miséricorde : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Luc 6, 36).
Quoi de plus humain ? Mais aussi quoi de plus difficile ? Pour les petites offenses nous pardonnons volontiers, mais certaines deviennent difficiles à avaler à force de répétition… d’autres semblent tout simplement impardonnables. De tout temps, le pardon a été la plus belle signature du chrétien car il n’y a rien de plus difficile et rien qui nous fasse autant ressembler au Christ sur la croix qui prie pour ses bourreaux et intercède pour eux : « Père pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Jésus nous propose ici une méthode en vue d’aimer comme il aime, c’est-à-dire pardonner à ceux qui l’ont offensé. Luc 6,27-28 : « Mais je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. » J’y vois une progression. Si aujourd’hui je suis incapable d’aimer mon frère qui m’a blessé, sans doute je peux au moins lui faire du bien… Si je suis pour l’instant incapable de lui faire du bien parce que mon cœur saigne encore, je peux demander la grâce de lui vouloir du bien, de lui souhaiter du bien… Si je ne suis même pas capable de lui souhaiter du bien parce que l’offense est trop proche, je dois prier pour lui. Cette étape est le minimum auquel Jésus nous invite. Pourtant même ceci est difficile. Si nous sommes aujourd’hui dans cette difficulté, nous pouvons demander dans la prière la grâce de la conversion pour notre adversaire : qu’il réalise le mal qu’il nous a fait. Par la prière pour nos ennemis, le Seigneur change notre cœur  : nous pourrions un jour être surpris -à force de prier pour lui -de lui vouloir du bien… à force de lui en vouloir, de lui en faire… à force de lui en faire, de l’aimer ? et à force de l’aimer peut-être se laissera-t-il toucher par cette charité et nous fera le bien que nous attendions depuis si longtemps !
Seigneur, aide moi à prier pour ceux qui m’ont blessé, aide-moi à m’accorder avec eux tant que nous sommes en chemin. Permets que je garde l’espérance de pardonner un jour complétement en vue de recevoir ta miséricorde pour entrer dans ta maison.
Don Marc-Antoine CROIPOURCELET

Un texte prophétique

Un texte prophétique 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Je pense, non, je suis sûr, que le futur de l’Église viendra de personnes profondément ancrées dans la foi, qui en vivent pleinement et purement. Il ne viendra pas de ceux qui s’accommodent sans réfléchir du temps qui passe, ou de ceux qui ne font que critiquer en partant du principe qu’eux-mêmes sont des jalons infaillibles. Il ne viendra pas non plus de ceux qui empruntent la voie de la facilité, qui cherchent à échapper à la passion de la foi, considérant comme faux ou obsolète, tyrannique ou légaliste, tout ce qui est un peu exigeant, qui blesse, ou qui demande des sacrifices. Formulons cela de manière plus positive : le futur de l’Église, encore une fois, sera comme toujours remodelé par des saints, c’est-à-dire par des hommes dont les esprits cherchent à aller au-delà des simples slogans à la mode, qui ont une vision plus large que les autres, du fait de leur vie qui englobe une réalité plus large. Il n’y a qu’une seule manière d’atteindre le véritable altruisme, celui qui rend l’homme libre : par la patience acquise en faisant tous les jours des petits gestes désintéressés. Par cette attitude quotidienne d’abnégation, qui suffit à révéler à un homme à quel point il est esclave de son égo, par cette attitude uniquement, les yeux de l’homme peuvent s’ouvrir lentement. L’homme voit uniquement dans la mesure où il a vécu et souffert. Si de nos jours nous sommes à peine encore capables de prendre conscience de la présence de Dieu, c’est parce qu’il nous est tellement plus facile de nous évader de nous-mêmes, d’échapper à la profondeur de notre être par le biais des narcotiques, du plaisir etc. Ainsi, nos propres profondeurs intérieures nous restent fermées. S’il est vrai qu’un homme ne voit bien qu’avec le cœur, alors à quel point sommes-nous aveugles ?
Allons encore un peu plus loin. De la crise actuelle émergera l’Église de demain – une Église qui aura beaucoup perdu. Elle sera de taille réduite et devra quasiment repartir de zéro. Elle ne sera plus à même de remplir tous les édifices construits pendant sa période prospère. Le nombre de fidèles se réduisant, elle perdra nombre de ses privilèges. Contrairement à une période antérieure, l’Église sera véritablement perçue comme une société de personnes volontaires, que l’on intègre librement et par choix. En tant que petite société, elle sera amenée à faire beaucoup plus souvent appel à l’initiative de ses membres.
L’Église sera une Église plus spirituelle, ne gageant pas sur des mandats politiques, ne courtisant ni la droite ni la gauche. Cela sera difficile pour elle, car cette période d’ajustement et de clarification va lui coûter beaucoup d’énergie. Cela va la rendre pauvre et fera d’elle l’Église des doux. Le processus sera d’autant plus ardu qu’il faudra se débarrasser d’une étroitesse d’esprit sectaire et d’une affirmation de soi trop pompeuse. On peut raisonnablement penser que tout cela va prendre du temps. Le processus va être long et fastidieux, comme l’a été la voie menant du faux progressisme à l’aube de la Révolution française – quand un évêque pouvait être bien vu quand il se moquait des dogmes et même quand il insinuait que l’existence de Dieu n’était absolument pas certaine – au renouveau du XIXe siècle. Mais quand les épreuves de cette période d’assainissement auront été surmontées, cette Église simplifiée et plus riche spirituellement en ressortira grandie et affermie. Les hommes, évoluant dans un monde complètement planifié, vont se retrouver extrêmement seuls. S’ils perdent totalement de vue Dieu, ils vont réellement ressentir l’horreur de leur pauvreté. Alors, ils verront le petit troupeau des croyants avec un regard nouveau. Ils le verront comme un espoir de quelque chose qui leur est aussi destiné, une réponse qu’ils avaient toujours secrètement cherchée.
Pour moi, il est certain que l’Église va devoir affronter des périodes très difficiles. La véritable crise vient à peine de commencer. Il faudra s’attendre à de grands bouleversements. Mais je suis tout aussi certain de ce qu’il va rester à la fin : une Église, non du culte politique car celle-ci est déjà morte, mais une Église de la foi. Il est fort possible qu’elle n’ait plus le pouvoir dominant qu’elle avait jusqu’à maintenant, mais elle va vivre un renouveau et redevenir la maison des hommes, où ils trouveront la vie et l’espoir en la vie éternelle. »
Joseph Ratzinger, 1969

Saint, saint, saint… et pourtant si proche !

Saint, saint, saint… et pourtant si proche ! 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

C’est de la vision qu’a eue Isaïe (Cf la première lecture de ce dimanche), que le chant du « Sanctus » est tiré. L’Eglise le met sur nos lèvres avant la consécration eucharistique. Chaque fois que nous le chantons, nous sommes comme « aspirés  » au Ciel. Nous nous unissons à la liturgie céleste, celle que tiennent les séraphins devant la face du Seigneur : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur Dieu de l’univers ! Le ciel et la terre sont remplis de sa gloire ! »
Toutefois, la sainteté a dans la bible un sens tout particulier. « Dire que Dieu est saint, c’est dire qu’il est Tout Autre que l’homme. Dieu n’est pas à l’image de l’homme, bien au contraire, la Bible affirme l’inverse : c’est l’homme qui est « à l’image de Dieu » ; ce n’est pas la même chose ! Toute la terre est remplie de sa gloire : cela veut dire que nous devrions rester très modestes et très prudents chaque fois que nous parlons de Dieu. Parce que Dieu est le Tout Autre, il nous est radicalement, irrémédiablement impossible de l’imaginer tel qu’il est, nos mots humains ne peuvent jamais rendre compte de lui »
« Si Dieu n’est pas une idole à notre image, il faut qu’il soit tellement élevé au-dessus de toute créature que toutes les idées empruntées au monde de notre expérience demeurent toujours à l’infini de son être », nous dit Zundel.
Ce constat de la transcendance de Dieu que nous sommes appelés à faire avec les Séraphins pourrait avoir quelque chose de désespérant. Un Dieu si grand, qui pourrait l’atteindre ? Comme le dit Isaie, Je dis alors : « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! »
Est-il possible ou souhaitable que je cherche à m’approcher de ce Dieu devant qui nul ne peut se tenir sans mourir ?
Heureusement, le chant du Sanctus ne s’arrête pas au cri des Séraphins, il continue  : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, Hosanna au plus haut des cieux ! »
Or cette exclamation n’est plus celle des anges de la vision d’Isaie. Elle se trouve dans un tout autre passage de la bible. C’est ainsi que les habitants de Jérusalem accueillent Jésus qui entre dans la ville sainte monté sur le petit d’une anesse. L’Evangile nous raconte : « Ils disposèrent sur l’anon leurs manteaux et Jésus s’assit dessus. Alors les gens, en très nombreuse foule, étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient le chemin. Les foules qui marchaient devant lui et celles qui suivaient, criaient : Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » Mt 21, 6-9.
Dans son génie, la liturgie juxtapose ces deux acclamations :
D’un coté, l’acclamation des anges qui s’inclinent devant le « trois fois saint » que nul ne peut nommer et de l’autre le Verbe divin qui s’offre à nous dans la fragilité de son humanité, entrant à Jérusalem, monté sur un ânon !
Les deux conceptions que l’on peut avoir de Dieu se retrouvent unies dans un même chant ! « Dieu si grand, Jésus si petit » disait le Cardinal Berulle.
« Le christianisme, tel qu’il est en son essence et tel qu’il vit dans la liturgie, a su concilier ces deux aspects du divin : l’être et l’amour et unir dans sa piété le sens de la transcendance ineffable de Dieu avec le sens de la plus tendre dilection.(…) Dieu reste l’océan infini de l’être. Mais il est tout autant l’océan infini de l’amour  » disait Zundel
Même si Dieu est le « tout autre », Il s’est fait « l’Emmanuel » c’est-à-dire : le Dieu avec nous, le Dieu tout proche de nous ! C’est Lui qui dans son immense bonté, s’est abaissé pour que nous ne soyons jamais effrayés par la splendeur de Sa Gloire.
Sachons à chaque eucharistie, lorsque nous chantons le Sanctus, nous laisser saisir par ce mystère. Il s’agit bien de la même personne divine : simultanément, adorée par les anges et toutes les puissances célestes et venant à nous, cachée sous l’apparence du pain.
Don Louis Marie DUPORT

Conversion et foi

Conversion et foi 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

La prédication de Jésus à Nazareth, que nous suivons sur deux dimanches, constitue un véritable programme dans l’évangile selon saint Luc. Nous l’avons lu dimanche dernier, Jésus se présente comme le Messie promis, car en disant : « le Seigneur m’a marqué par l’onction », il se dit oint, ce qui se dit messie en hébreu, ou christ, en grec. Le Seigneur m’a consacré par l’onction, c’est-à-dire « m’a oint », c’est-à-dire m’a fait messie ou christ. Jésus signale à ses auditeurs que la promesse du messie qui devait venir, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit, en sa personne. Autrement dit : “je suis le Messie, je suis le Christ attendu”.
Et ce n’est pas cette affirmation qui a particulièrement choqué ses auditeurs, qui connaissaient bien Jésus, concitoyen de Nazareth, et qui sont même dans l’admiration devant celui qui leur semble bien parti pour devenir un grand homme. Toute municipalité est fière de savoir qu’un grand homme est issu de ses entrailles.
Et sans doute que déjà, certains y voient leur intérêt, et disent : “tous ces miracles et ce succès que tu as déjà eu à Capharnaüm, réalise-le également dans ta propre ville ! Tu es des nôtres ; en quelque sorte, tu nous appartiens, et ta ville a droit à des égards particuliers, si vraiment tu es ce grand homme et ce Messie que tu nous annonces !”
“D’accord, dirait Jésus, mais alors je vais dire comme je dis à tous : d’abord, « convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (Mc 1,15), pour avoir part comme les gens de Capharnaüm aux biens messianiques… Il n’y a pas de raison que je vous fasse un passe-droit de connivence. Si vous voulez avoir les biens messianiques pour des motifs humains, sans conversion, au nom d’une espèce de ‘privilège municipal’, parce que vous pensez que je ne suis que le fils de Joseph et non, comme l’indique la figure du Messie d’après les Ecritures, le Fils de Dieu (cf Ps 2, Ps 109/110, Mi 5,1-4, Dn 7,13-14; Sg 7,25-26…; cf Mt 26,63), alors le courant ne passera pas entre nous  ! Je suis le Messie promis, et il me faut votre foi au Messie des Ecritures. «  Croyez à la Bonne Nouvelle ! » Et d’ailleurs, comme Messie, je ne suis pas seulement de Nazareth ! Je suis destiné au monde entier ! Je ne suis pas ici pour être ‘récupéré’ par la famille ou la municipalité.”
S’ils ne se convertissent pas, s’ils ne croient pas qu’il est le Messie pour tous et non pas seulement le fils du charpentier pour l’honneur du village, il sera obligé de faire comme Élie et Élisée : ils sont allés donner des grâces aux païens, en laissant le ciel “fermé” pour Israël, car Israël sera fermé à la foi en son Messie, et fermé à mort. C’est aussi l’ouverture aux païens qui sera racontée dans les Actes des Apôtres, qui est préfigurée ici (exemple : Ac 13,44-52). Il faut la conversion et la foi, c’est pour tout le monde pareil, sans passe-droit : « Ainsi donc, aux païens aussi Dieu a donné la conversion qui conduit à la Vie ! » (Ac 11,18).
Jamais Jésus ne peut être limité à notre groupe humain, à telle étiquette humaine. Cela peut rendre imperméable à la grâce divine : la pluie, la rosée de la grâce ne tombe pas sur cette terre, elle va arroser ailleurs. Catholique veut dire universel. Ne jamais s’approprier le Messie, celui qui est déjà venu dans la chair, parce qu’il serait du même groupe humain que nous. C’est aussi le Fils de Dieu, Celui qui doit revenir dans la gloire. Le ciel et la terre passeront, mais ses paroles, celles de l’Evangile, ne passeront pas (Mt 24,35). Ne l’enfermons pas dans des postures ou impostures religieuses humaines : « seulement dans la conversion et la foi sera votre salut » (cf Is 30,15).
Don Laurent LARROQUE

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