Qu’est-ce qu’un mystère ? Qu’est-ce que l’Incarnation ?
Un mystère, c’est quelque chose de plus puissant que l’intelligence humaine. Comme le soleil est plus puissant que les yeux humains : on est aveuglé par excès de lumière.
L’Incarnation est un événement. Dans ce mot latin il y a “carna”, qui veut dire “chair”. Cela veut dire que Dieu, un être purement spirituel, devient chair.
C’est ce que nous fêtons à Noël, et contemplons chaque 25 mars, 9 mois plus tôt.
Ce mystère est central, au point que nous le récitons et contemplons 3 fois par jour : c’est la récitation de “l’angélus”.
C’est ce mystère qui donne sens à toute la foi chrétienne : si Jésus est Dieu qui s’est fait chair, tout s’explique : l’Eglise, l’Eucharistie, tous les sacrements.
Il s’agit d’une intervention unique de Dieu dans l’histoire des hommes. Non qu’un homme aurait réussi à se diviniser, mais qu’un Dieu, le Dieu unique a réussi à s’humaniser. Jésus n’est pas un homme qui a été fait Dieu par les hommes ou par Dieu lui-même. C’est Dieu qui s’est fait homme. Les hommes n’y sont pour rien, à part l’accepter. Si Jésus n’est pas Dieu fait homme, toute la foi chrétienne n’a pas plus de sens que n’importe quelle opinion religieuse.
L’antienne du Magnificat des vêpres de ce 1er janvier, dédié à Marie Mère de Dieu, est un exposé, condensé, d’une réflexion logique sur le mystère de l’Incarnation :
« Un mystère admirable est aujourd’hui révélé ; les deux natures sont confessées : Dieu s’est fait homme ; ce qu’il était, il le demeure, ce qu’il n’était pas, il l’assume, sans subir ni mélange, ni division. »
« Il est aujourd’hui (à Noël) révélé ». Le mot révélation signifie enlever un coin de voile : il faut une initiative divine pour enlever un coin de voile, pour adapter ce que Dieu fait voir de Lui aux yeux humains, c’est-à-dire à l’intelligence humaine.
Les « deux natures » : en Jésus il y a la nature divine, car il est Dieu par nature, et la nature humaine, car il est aussi homme par nature : « Dieu s’est fait homme. »
Mais comment ? Difficile à dire (« mystère »), mais ce qu’on peut dire en résumé, c’est que ce qu’il était, dans sa divinité (éternellement), il l’a gardé en se faisant homme ; et ce qu’il n’était pas, c’est-à-dire homme, il l’est devenu en l’assumant en sa personne.
Mais comment encore ? Ce qui était (sa divinité) a demeuré, ce qu’il n’était pas (homme) a été assumé en une seule personne, sans qu’il y ait de mélange entre les deux natures : Jésus n’est pas une espèce de mi-dieu/mi-homme : aucun mélange entre sa nature divine qui est restée telle quelle, ni sa nature humaine qui est aussi restée telle quelle. Vraiment Dieu et vraiment homme, ne jouant pas à faire l’homme, mais réellement un homme dans les limites humaines, en pensées, en passions, en besoins, en fatigues, sauf le péché. Ce bébé de la crèche est Dieu mais il ne joue pas à faire l’homme : il est vraiment « né d’une femme » (Gal 4,4) et a besoin d’elle comme tout bébé.
« Sans mélange », donc sans confusion ni fusion de deux natures, mais « sans division » non plus : ces deux natures sont inséparablement unies, et pour l’éternité, en la Personne de Jésus, qui est la Personne du Verbe de Dieu, une des trois personnes de la très Sainte Trinité.
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Et le Verbe s’est fait chair. » Jn 1,1.14.
« Le Fils de Dieu, resplendissement de la gloire de Dieu, effigie de sa substance, ce Fils qui soutient l’univers par sa parole puissante… », s’est fait homme. Cf Héb 1,3 citant Sg 7,25-26.
« Tout a été fait par Lui et pour Lui » Col 1,16. Il ne s’agit pas d’une opinion religieuse mais de l’acceptation de Dieu dans l’histoire humaine.
Nous nous souhaitons donc la bonne année, quoiqu’il arrive. Le chiffre 2023 se réfère à ce fait qui a eu lieu il y a 2023 ans. Cela compte ! Bonne année 2023 de l’Incarnation du Verbe de Dieu en notre chair humaine !
Don Laurent LARROQUE
Nous avons de la chance de vivre dans un pays qui fête Noël ; sans le comprendre certes, mais cette fête reste tout de même un moment de joie que tous préparent. Nos rues sont décorées, les vitrines des magasins aussi, nos maisons, nos églises accueillent les crèches, bref nous pouvons vivre cette fête dans nos familles, mais également publiquement. On pourrait se dire que c’est normal, mais ce serait faire offense à Dieu que de considérer un bienfait comme quelque chose de normal.
Dans cette manifestation de Noël, les éclairages prennent le dessus, les lumières éclairent et égaillent nos rues. Ces lumières sont belles puisqu’elles sont nombreuses, disséminées un peu partout. Mais elles ne sont que le pâle reflet de la véritable Lumière qu’est le Christ. Cette lumière c’est la lumière qui s’est reflétée sur le visage de Moïse qui rencontrait Dieu sur la montagne, c’est la lumière de la Transfiguration de notre Seigneur Jésus-Christ, c’est celle qui a fait tomber saint Paul alors sur le chemin de Damas, c’est la lumière de la Résurrection éclatante du Fils de Dieu. Nous vivons de la Vie éternelle quand nous nous approchons du Christ par les sacrements, nous nous éclairons avec de faibles lumières qui tirent leurs origines de l’infini. Ce ne sont que des prémices de ce qui nous attend au Ciel. Vivre de la vie éternelle ici-bas ? Oui car Jésus est toujours avec nous (« Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Mt 28,20), mais nous subissons encore les effets de notre péché ; se réjouir de la beauté de ces lumières de Noël ? Oui, mais elles ne valent rien en comparaison de la lumière du visage de Dieu ! Ne nous arrêtons pas aux signes, ils sont là pour nous faire toucher du doigt ce qui est plus grand encore.
En ces jours proches de Noël, ouvrons encore plus nos cœurs à la lumière de Dieu qui veut venir habiter en nous d’une manière mystérieuse. Nous avons l’habitude d’offrir et de recevoir des cadeaux, quel cadeau j’aimerais offrir à Jésus et quel cadeau j’aimerais qu’Il m’offre ? C’est en considérant le Christ comme une personne que nous entrerons davantage dans son intimité. Le Christ aussi veut nous offrir quelque chose pour Noël, c’est par ailleurs le cadeau le plus important de tout ce que nous pourrons recevoir.
Que Dieu nous bénisse tous en ces saints jours que nous allons vivre, qu’Il nous bénisse et nous guide par sa lumière.
Don Bruno de Lisle
Notre évangile est l’annonce de l’ange à Saint Joseph. Il est précédé dans ce premier chapitre de Saint Mathieu d’une loooooongue généalogie démarrant par Abraham, passant par David et finissant par notre Saint Joseph. Mais comment Jésus est-il effectivement la descendance promise s’il n’y a pas de lien de génération entre Joseph et Lui ? La conception virginale de Jésus est annoncée tout d’abord. Ce n’est donc pas un but recherché mais un point de départ. Les premiers chrétiens n’étaient pas embarrassés comme nous, trop souvent par cette question. Alors ils se posent la question suivante : s’il ne descend pas de Joseph, comment peut-il être le Messie davidique ?
L’ange lui dit : « tu lui donneras le nom ». Selon la coutume juive, donner à l’enfant son nom, c’est le reconnaître pour son fils. Par cette reconnaissance Jésus entre de plein droit dans la lignée de Joseph, donc de David. Et de son côté Joseph va prendre en charge l’enfant et sa mère. Obéissant à l’ordre de Dieu, il prend Marie son épouse, comme après la mort du Christ saint Jean prit Marie avec lui.
Un grand exégète commente : « La tradition tardive n’a pas erré quand elle a reconnu un grand Saint en Joseph. Joseph le juste peut-être comparé à Jean le précurseur. Jean annonce et désigne le Messie ; Joseph accueille le Sauveur d’Israël. Jean est la voix qui se fait l’écho de la tradition prophétique ; Joseph est le fils de David qui adopte le fils de Dieu. Comme tous les justes, il attend le messie, mais lui seul reçoit l’ordre de jeter un pont entre les deux testaments ; bien plus que Siméon recevant Jésus dans ses bras, il accueille le sauveur dans sa propre lignée. Joseph réagit comme les justes de la Bible devant Dieu qui intervient dans leur histoire : comme Moïse ôtant ses sandales, comme Isaïe terrifié par l’apparition du Dieu trois fois saint, comme Elisabeth demandant pourquoi la mère de son Seigneur vient à elle, comme le centurion de l’Évangile, comme Pierre enfin, disant : « éloignez-vous de moi Seigneur car je suis un pêcheur. »
Qui donc peut être père ? Qui en a le droit ? La réponse du philosophe et catholique Martin Steffens nous éclaire. « Celui qui prend sur lui de prendre ce droit. Tout enfant est un événement, un avènement. Qu’il soit un « projet parental » ou un « projectile » dans la vie des parents, l’enfant est à qui l’accueillera, absolument. Il n’y a pas de permis d’enfant, comme il y a un permis de chasse ou de conduire. Il n’y a qu’une infinie obligation de vivre désormais notre vie à partir de cet être qui se confie à nos soins, qui mourrait si nous lui refusions, qui mourra chaque fois que nous oublierons de puiser dans sa présence la joie d’être papa. Il n’y a pas de permis d’enfant, seulement la permission, à cause de cet enfant, d’être l’homme le plus heureux du monde.»
Être père, c’est permis. C’est une place à prendre et une place à faire.
Il faudra pour se l’autoriser, surmonter bien des peurs. Un ami craignait de donner à son enfant, en même temps que son patrimoine génétique, la neurasthénie héritée de sa famille. Une phrase de Nietzsche à propos des dépressifs et de leurs descendants le terrifiait : « mettre un enfant au monde, alors qu’on n’a déjà pas le droit d’y être, c’est pire que de prendre une vie. » Cet ami a toutefois osé. Sa fille a apporté avec elle la joie qu’il craignait ne pas pouvoir lui transmettre. Elle est un être lumineux, « équilibré » comme l’on dit. ( sans oublier qu’un équilibre est par définition instable et que, sans déséquilibre, la vie ne serait pas mouvement).
Don Christophe GRANVILLE
L’expérience du doute que vit Jean-Baptiste dans l’évangile de ce dimanche, nous fait entrer de plain-pied dans la juste compréhension de l’avent.
Durant cette période, nous nous préparons à Noël. La caractéristique majeure de ce temps liturgique est donc l’attente.
Comme Jean le Baptiste attendait le Messie, nous attendons l’avènement du Christ. Ce qui est intéressant de remarquer, c’est que cette attente change le cœur du Baptiste et purifie son désir.
Bien qu’il soit « le plus grand des enfants des hommes », le précurseur ne comprend pas bien cette attente et finit par douter.
Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? C’est la question qu’il pose à Jésus par l’intermédiaire de ses disciples.
On pourrait trouver cela étonnant puisque Jean-Baptiste avait publiquement reconnu en Jésus, le Messie que tout le monde attendait. Il avait eu des phrases fortes : Il vient derrière moi, et c’est Lui qui vous baptisera dans l’Esprit. Par ailleurs, il a laissé ses disciples suivrent Jésus, parce qu’il avait précisément reconnu en son cousin, le Messie ! Celui qui baptise dans l’Esprit.
Comment comprendre ce doute ?
Ce n’est qu’après l’arrestation de Jean-Baptiste par Hérode que Jésus commence sa vie publique. Jean-Baptiste n’assiste donc pas personnellement à la prédication du Christ. Durant les mois d’attente dans son cachot, il n’a pour contact avec les faits et gestes de Jésus que ce qu’on lui raconte. Or l’attitude de Jésus ne correspond pas forcément aux attentes de Jean-Baptiste. Par exemple, Jésus s’est entouré de disciples, pas tous très recommandables (il y avait un publicain) et plutôt disparates. Sur le plan religieux comme sur le plan politique ils n’étaient pas tous du même bord, c’est le moins qu’on puisse dire…
Et puis pour un prophète, il n’était pas un ascète ! Il mangeait et buvait comme tout le monde mais plus grave encore, il s’affichait avec n’importe qui. Le plus décevant dans tout cela, c’est que Jésus lui-même ne revendiquait pas le titre de Messie…
Bref, la conduite de Jésus surprend au point d’amener ce doute. Pour reconnaitre le Messie, Jean Baptiste va devoir changer la conception trop humaine qu’il avait du Christ.
Et je crois que c’est la grâce de l’avent. Nous sommes appelés à nous déposséder de nos propres attentes pour accueillir la manière dont Dieu a voulu se donner à nous ! Ce n’est pas à Dieu de rentrer dans nos critères : « Passe derrière moi Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ».
L’attente met au jour notre désir le plus profond : est-ce accueillir Dieu tel qu’il est, ou tel que nous voudrions qu’il soit ?
« Il n’y a pas de plus fort empêchement au discernement de l’avènement de Dieu, que celui qui réside en notre présumée puissance » disait Jean-Baptiste Metz.
En attendant l’enfant Jésus, acceptons de nous déposséder de toute forme de puissance pour l’accueillir vraiment dans sa vulnérabilité.
Don Louis Marie DUPORT
« Tout a été écrit à l’avance dans les Livres saints », tout a été annoncé dans les Ecritures, affirme saint Paul, qui nous exhorte à y trouver réconfort et espérance. L’église, en ce temps de l’Avent, a particulièrement soigné le choix des textes de l’écriture, pour nous aider à saisir cette préparation établie par les écritures, dans l’attente de l’avènement du Messie. « Depuis plus de 4000 ans », comme dit ce chant d’Avent, qui arrondit allègrement les chiffres, « nous le promettaient les prophètes » : la promesse du salut par l’avènement d’un Messie Sauveur. C’est la “colonne vertébrale” des écritures. Une lecture plus attentive des textes proposés par la liturgie, en ce temps d’Avent, nous aide à entrer avec les Hébreux dans la compréhension de la figure du Messie promis. Chacune des lignes de la première lecture, puis du Psaume, ce dimanche, est une description du merveilleux Messie à venir, et cela devient ainsi une sorte de miroir de la personne et de l’activité évangélisatrice et salvatrice de Jésus. Je relis le début d’Is 11 : oui, Jésus, sur toi repose l’Esprit-Saint en plénitude, et tu as jugé les petits avec justice ; tu as établi un nouvel ordre fraternel, de sorte que le loup et l’agneau (les hommes qui se convertissent à toi, qu’ils soient agresseurs ou victimes) peuvent désormais faire la paix dans l’amour fraternel. En Mt 12,18-21, l’évangéliste caractérise tout le ministère public de Jésus avec ce genre de phrases tirées du livre d’Isaïe. Je relis le Ps 71 : oui, Jésus, tu es ce « fils du Roi » destiné à dominer la terre entière et pour tous les temps, par la justice, l’attention au petit et au pauvre, l’amour. « Que ton Nom (“Dieu sauve”) dure toujours » et à jamais sur cette terre, que vienne effectivement ton règne !
Même l’évangile prend soin de nous dire que l’apparition de Jésus le Messie s’est réalisée selon les prophéties, en particulier du fait qu’il devait être annoncé par un précurseur : « Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur… ».
L’« évangile », on le sait, signifie « bonne nouvelle ». Laquelle ? Celle précisément de l’avènement – enfin – du Messie tant attendu. Saint Jean Baptiste, en annonçant cet avènement tout proche « fait le buzz » dans toute la région de la Judée : ça y est, le Messie attendu depuis des siècles arrive enfin ! C’est la super bonne nouvelle ! Saint Jean Baptiste aura un succès fou. Pas auprès de tout le monde, cependant, on le voit dans l’Evangile, mais enfin c’est quand même un large succès. Même lorsque son langage sans ambages proclame : « convertissez-vous ! » Tout le monde se précipite dans le Jourdain pour signifier son désir de ne pas rater l’avènement du Messie.
En fait, cette Bonne nouvelle toujours aussi nouvelle et indépassable de l’avènement du Messie appelé “Dieu-Sauve” est pour nous aujourd’hui. L’appel à la conversion est pour nous aujourd’hui. Alors il y a ceux qui ressentent le besoin d’être sauvés et vont se plonger dans la source du Salut en faisant la queue au confessionnal comme autrefois aux bords du Jourdain, pour ne pas risquer de louper le coche, et il y a ceux qui disent : nous n’avons pas besoin d’être sauvés, c’est plutôt nous qui nous sentons les garants du salut du monde. Il y a comme cela des bâtisseurs d’un nouvel ordre prométhéen et malthusien… Aveuglés par une funeste illusion, ils passent à côté du salut et voudraient entraîner l’humanité en leur illusion, pour ne pas dire auto-destruction. Mauvaise nouvelle. Les faux messies ont encore trop de succès. Mieux vaut en rester au Messie promis des Ecritures, le même qui est déjà venu – Bonne nouvelle ! -, pour établir la justice en ce bas-monde, et qui doit venir encore, pour recevoir le fruit qu’il attend de nos œuvres. Produisons de vrais fruits de conversion et ne nous avisons pas de nous prendre pour des sauveurs.
Don Laurent LARROQUE
La Parousie n’a plus de secret pour vous ! Elle est cette présence de Dieu et les textes de ce premier dimanche de l’Avent sont surprenants. Ils semblent reprendre le thème des fins dernières qui nous a accompagnés au mois de novembre. Comment alors comprendre cette insistance ? L’Eglise nous invite à regarder la fin de notre vie chrétienne où Dieu sera présent, tout en tous, afin de vivre ici-bas polarisés par le désir du Ciel.
Cette présence nous rappelle deux choses : elle a déjà commencé mais aussi, précisément, cette présence n’a que commencé ! Par notre vie nous sommes appelés à la faire grandir, la rendre encore plus visible. Voyons comment !
Ce temps de l’Avent est pour nous un temps offert par Dieu. Si le Seigneur cherche aujourd’hui à faire rayonner sa présence aimante dans notre monde, nous comprenons que l’Avent n’est pas un temps d’attente. Nous devons activement rendre visible cette présence de Dieu par notre foi, notre espérance et notre amour ! Rien n’est trop petit pour la Grâce de Dieu ! Rien qu’elle ne puisse rendre fécond ! Offrons-lui tout ce que nous sommes ! A l’image de Marie qui dit son « Fiat voluntas tua », laissons l’Esprit Saint nous prendre sous son ombre. Laissons Dieu nous redonner sa vie. Derrière cela nous découvrons à quel point la vie de prière personnelle est importante. N’ayons pas peur de soigner notre vie intérieure. Reprenons paisiblement notre oraison, notre chapelet ou la méditation de l’évangile du jour ! Nous retrouvons cette invitation lorsque l’évangile de ce dimanche nous invite à veiller.
Nous rendrons également visible la présence de Dieu par la conversion de nos vies ! Saint Paul dans la lettre aux Romains nous y invite : « Rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière ». Cette conversion du cœur et de l’esprit s’appelle metanoia. Elle est à la fois un changement de sens, un changement de pensée, un repentir, une pénitence, un changement de vie. Il y a une radicalité dans la conversion évangélique ! Nous pouvons demander cette grâce de courage à nous convertir. Ce courage de rompre avec le sommeil de notre âme. Seul ce courage nous donnera la liberté de suivre intensément Jésus. Alors, le changement constant qu’exige notre vie Chrétienne rendra possible la fidélité. Nous aurons le courage de changer les penchants naturels de notre vie pour faire émerger un « oui » à la grâce. Il est difficile de comprendre cela, mais la conversion est tout à la fois une grâce de Dieu, une exigence et un devoir. Le champ d’action d’ailleurs ne sera pas fait de circonstances exceptionnelles mais se trouvera dans notre vie quotidienne.
Enfin, la dernière manière de rendre visible la présence de Dieu ici-bas passera par notre joie. Le psaume de ce dimanche est merveilleux ! Laissons la joie de Dieu nous saisir ! Elle est particulièrement communicable. Que ce nouvel Avent fasse davantage venir le Christ dans nos vies pour le rendre visible au monde, c’est la grâce que nous pouvons demander vraiment les uns pour les autres ! Bon Avent !
DCG – 2019
Cette année pour la fête du Christ Roi de l’Univers, l’église nous donne à méditer sur la crucifixion de Jésus. Trois fois dans cette page d’évangile on lance à Jésus le défi de se sauver lui-même : soit parce qu’il est le Messie, l’élu de Dieu, soit parce qu’il est le Roi des juifs, soit parce qu’il est le Christ. Mais Jésus reste silencieux à ces dérisions, à ces moqueries. Il semble ne rien faire pour esquiver cette injustice de la croix. Au contraire, dans l’offrande parfaite de sa personne il s’offre librement et totalement sur l’autel de la Croix. Nous savons par la résurrection que Jésus est Roi, il le dira même clairement devant Pilate, mais son « Royaume n’est pas de ce monde » (Jn 18,36).
Depuis le début de la vie publique de Jésus il y a une ambiguïté sur cette royauté du Christ, sur sa messianité. C’est cette équivoque qui le fera fuir après la multiplication des pains (Jn 6,15) ou imposer le silence au lépreux délivré de sa lèpre (Mc 1,44). Le peuple attendait un messie politique assez fort pour bouter l’envahisseur romain, un roi capable de restaurer l’unité d’Israël, un Christ qui aurait pu donner des bonnes places de ministres aux apôtres Jacques et Jean (Mc 10,37).
Seul le bon larron reconnait la vrai Royauté de Jésus. « souviens toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23,42). Pourtant Jésus n’a cessé de l’annoncer ce Royaume comme s’étant approché de nous (Lc 10,9). Il ne vient pas de manière visible (Lc 17,20), « il est là au milieu de vous » (Lc 17,21) disait-il.
Aujourd’hui encore, nous nous méprenons facilement sur ce Royaume. Ceux qui l’accueillent en accueillant le Christ savent bien qu’il ne transforme pas d’abord les structures, qu’il ne dispense pas des souffrances de nos croix, qu’il ne s’impose pas par la force sinon celle de la douceur de l’évangile.
Ce royaume nous y entrons, nous y goûtons quand nous obéissons aux paroles du Christ, en demandant à Notre Père la grâce de l’Esprit-Saint : s’il ne vient pas de manière visible on ne peut douter qu’il est là. Alors comme le bon larron, nous touchons du bout de l’âme la seigneurie sans fin, universelle, éternelle du Christ et nous n’en voulons plus d’autre !
Alors en laissant ce Royaume ou plutôt le vrai Roi nous transformer, nous transformerons les structures de la société, il donnera à nos croix leur fécondité par l’amour qui les irriguera, il unifiera vraiment tous les peuples dans sa paix. Voilà le salut que Jésus ne s’octroie pas pour lui-même mais qu’il souhaite à tous les peuples unis sous sa bannière.
Vive le Christ Roi !
Don Marc Antoine CROIZE-POURCELET
Alors que nous vivons dans un monde qui semble s’assombrir à vue d’œil du fait de la conjoncture actuelle, trois solutions se posent à nous : soit on sombre dans un pessimisme mortifère qui nous tire inéluctablement vers le bas, sans espoir possible, soit on essaye de tirer son épingle du jeu sans faire attention aux autres et à ce qu’il adviendra des plus faibles, soit, et c’est le choix de l’Eglise, nous mettons notre confiance dans la seule personne qui puisse nous protéger de l’incertitude grandissante : Le Christ. Notre espérance est qu’il reviendra comme il est parti (« Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, viendra comme cela, de la même manière dont vous l’avez vu s’en aller vers le ciel ». Actes 1,11). Nous sommes dans l’attente du retour du Christ dans la gloire. Les textes de ce dimanche commencent à nous faire sentir cette réalité que nous attendons tous, ce que l’on appelle la Parousie. La fête du Christ Roi de l’univers que nous allons vivre prochainement va nous faire goûter à cette gloire de Dieu. Nous sommes donc certains, d’une certitude fondée sur notre foi, que la puissance du Christ le fera triompher totalement à la fin des temps. Et nous qui mettons notre foi en Lui, nous vivrons son triomphe comme le nôtre.
Cette gloire de Dieu nous la partagerons, mais le Christ nous met en garde contre les personnes qui veulent utiliser la difficulté de notre temps pour leur gloire personnelle : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom et diront : ‘C’est moi’, ou encore : ‘Le moment est tout proche.’ Ne marchez pas derrière eux ! » (Luc 21, 8). Il peut être difficile d’avoir un bon jugement sur une personne qui parle de la fin du monde ou d’un message annonçant des calamités. Le moyen que nous devons utiliser afin de déjouer ces pièges est le discernement de l’Église. L’Église est le moyen que Jésus nous a donné pour suivre son message. Elle est critiquée souvent, moquée parfois, attaquée toujours, mais elle restera le phare dans la nuit qui nous guide vers le Père : « Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. » (Mathieu 16,18). Nous pouvons avoir l’impression que l’Église vacille parfois, mais nous savons par Jésus qu’elle ne sera pas détruite. Si les temps que nous vivons peuvent paraitre de plus en plus difficiles, – et Jésus nous a prévenu que nous passerons par des temps de souffrance- prions d’avantage pour l’Eglise et son rôle de phare dans le monde obscur pour que notre foi reste ferme.
Don Bruno de LISLE
Le sport revêt aujourd’hui une grande importance car il peut favoriser chez les jeunes l’affirmation de valeurs importantes telles que la loyauté, la persévérance, l’amitié, le partage, la solidarité. C’est précisément pour ce motif que, ces dernières années, il s’est toujours davantage développé comme l’un des phénomènes typiques de la modernité, presque un « signe des temps », capable d’interpréter de nouvelles exigences et de nouvelles attentes de l’humanité. » (Jean-Paul II , homélie pour le jubilé des sportifs, 28 octobre 2000)
Le sport est avant tout «un don de Dieu», dans lequel «l’homme exerce le corps, l’intelligence, la volonté, en reconnaissant dans ces capacités tout autant de dons de son Créateur». Tout l’enseignement de Jean-Paul II sur le sport découle de cette constatation. Le sport est un don gratuit de Dieu à l’humanité, il ne doit donc pas l’amener à se détourner de son Créateur, mais bien plutôt l’inciter à Lui rendre grâce. La définition plus précise du sport comporte deux aspects sur un plan purement individuel, le sport est une activité de l’homme visant à son développement plein et entier, mais il favorise également des relations sociales plus fraternelles.
En faisant du sport, l’homme fait fructifier les talents que Dieu lui a donnés. II fortifie son corps tout d’abord. La chair comme l’âme est appelée à la résurrection, et il ne faut pas négliger ce corps qui nous a été donné par Dieu. L’homme y exerce également son intelligence et sa volonté. Il y apprend l’esprit d’équipe, le respect et la reconnaissance des qualités d’autrui, l’honnêteté dans le jeu. Le sport favorise également l’humilité et la prise de conscience de ses propres limites, la modération et l’éducation au renoncement. «Telle est la logique du sport, en particulier du sport olympique et telle est aussi la logique de la vie : sans sacrifices, on n’obtient pas de résultats importants, ni d’authentiques satisfactions». La pratique du sport éduque donc en se calquant sur la logique de la vie : il s’agit de ne pas renâcler devant l’effort et de savoir faire des sacrifices, pour parvenir au but que l’on s’est fixé, ou qui nous est donné. La nécessité de cette éducation au sacrifice est particulièrement flagrante en ce qui concerne les sportifs de haut niveau, mais «le sport est un phénomène qui concerne tant les sportifs de haut niveau, leurs équipes et leurs supporters, que des cercles sociaux plus modestes, comme de nombreuses familles, des jeunes et des enfants ». (…)
L’esprit sportif est aussi sain pour une vie en société que, physiquement, la pratique sportive l’est pour le corps humain. Une compétition loyale permet de désamorcer d’éventuels conflits en fournissant un exutoire aux rivalités et la pratique d’un sport peut se révéler un dérivatif salvateur pour qui a succombé aux tentations autodestructrices de l’alcool, la drogue, la délinquance…
Comme tous les dons faits par Dieu à l’homme, le sport peut être utilisé à contre emploi. (…) Martyriser son corps pour atteindre un objectif sportif, ou bien encore pratiquer le sport à outrance en vue de respecter certains canons de beauté physique, est contraire finalement au véritable développement de la personne. De la même façon, une volonté de gagner à tout prix, qui conduit le sportif et son entourage à une agressivité exacerbée, ne saurait aller dans le sens de « la joie de vivre » de la personne. (…). «Étant donné qu’il s’agit d’une activité humaine qui concerne tant de personnes, il ne faut pas être surpris du fait qu’en dépit de la noblesse des objectifs déclarés, des abus et des déviations s’y insinuent dans de nombreux cas. Il ne faut pas non plus ignorer le mercantilisme exacerbé, l’esprit agressif de compétition, la violence contre les personnes ou les choses…»
Enfin, il est bien sûr important que le sport n’entre pas en compétition avec la vie spirituelle et sacramentelle du chrétien..(…) « Les exigences d’une détente juste et méritée ne peuvent cependant pas exister au détriment de l’obligation du fidèle de sanctifier le jour de fête. Au contraire, le jour du Seigneur, l’activité sportive doit être insérée dans un contexte de détente sereine qui encourage le fait d’être ensemble et de croître dans la communion, en particulier familiale».
Don Christophe GRANVILLE
Quelle drôle de question ! Sacha Guitry disait du mariage qu’il consiste à résoudre à deux des problèmes qu’on n’aurait jamais eu tout seul !
Peut être est-ce aussi le sens de cet édito : répondre à une question que je ne me serais peut être jamais posée tout seul !
Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Pourquoi fallait-il que Dieu crée ?
Dieu n’avait nul besoin de la création ! Il n’était pas esseulé, ni incomplet et ne s’ennuyait pas puisqu’en lui réside toute perfection.
Dieu a créé toute chose, « non pour accroître sa gloire (car cela est impossible), mais pour manifester et communiquer cette gloire » nous dit le catéchisme de l’église au n°293. Son motif de partager sa gloire est un amour pur et désintéressé. « Dieu n’a pas d’autres raisons pour créer que son amour et sa bonté » (CEC 293). Pour Saint Thomas d’Aquin, il appartient à la nature de ce qui est bien de se donner, de se diffuser.
Même si cette question semble au premier abord très éloigné de nos préoccupations quotidiennes, je crois pourtant qu’elle est absolument fondamentale pour apprendre à mieux aimer ! Les conséquences de cet amour créateur qui s’est diffusé gratuitement et par pure bonté sont immense dans notre vie ! La première lecture de ce dimanche les résume ainsi :
« Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres ; si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé. Comment aurait-il subsisté, si tu ne l’avais pas voulu ? Comment serait-il resté vivant, si tu ne l’avais pas appelé ? »
Chers amis, je crois qu’il n’est pas inutile de nous rappeler souvent cette vérité fondatrice : Dieu aime tout ce qui existe !
Autrement dit : le simple fait de l’existence d’un être prouve que Dieu le désire, qu’Il l’aime ! Les conséquences sont inouïes quant au regard que nous posons sur tout ce qui nous entoure.
Plus rien ne peut être maudit, puisque Dieu le bénit ! Et plus personne ne peut remettre en cause la bonté de son existence sans dire implicitement à Dieu : « Tu te trompes ! »
Même si, comme disait l’abbé Huvelin « tout l’effort de ma vie fut de me supporter insupportable », ce combat est nécessaire pour rester dans la vérité.
« Il faut bien finir par s’apprivoiser, il faut bien arriver à s’aimer car enfin, il ne faudrait pas calomnier Dieu » (Gustave Thibon)
Alors peut-être pouvons nous apprendre par cœur ce court passage du livre de la Sagesse. Qu’il puisse nous aider à mieux aimer cette semaine !
Don Louis Marie DUPORT