Le pharisien rend grâce à Dieu en disant « parce que moi je…, moi je… ». La Vierge Marie rend grâce à Dieu en son Magnificat en disant : « parce que Toi tu… » « Toi, tu as fait en moi – oui, certes, en moi, mais c’est Toi – : Toi, tu as fait en moi de grandes choses. » Ou « moi je… suis au centre », ou « c’est Toi qui es au centre, ô Dieu. » Deux religions, deux grandes cités, deux mondes séparent le pharisien orgueilleux qui s’élève et sera abaissé, du publicain qui s’abaisse, ou reconnaît, comme Marie, que la vraie grandeur, c’est Dieu ; et il sera élevé à la communion avec Dieu, qui n’a pas de fin.
Le pharisien est un homme très religieux, du moins en apparence. Mais Dieu voit son cœur et « ce qui est grand chez les hommes (ou se croit tel) est objet de dégoût pour Dieu ! » Lc 16,15. L’homme s’est mis au centre. A-t-il vraiment besoin de Dieu ? La religion pharisaïque de l’homme au centre, et de Dieu comme un faire-valoir. C’est très actuel dans les différentes religiosités, purement sociologiques, horizontalistes, immanentistes, soi-disant “dans les limites de la raison” et devenues cependant des “éloges de la folie” et même de la sorcellerie : pas de transcendance, pas d’ouverture à l’Autre, au vrai Dieu qui n’est pas l’homme, et encore moins le diable. L’homme n’a pas à se prendre pour dieu : « Moi, Je…, moi, je… moi je suis dieu à la place de Dieu ! » C’est ce qui ce « moi, je… », au fond. L’homme est ainsi dans l’illusion, et c’est un des aspects de l’orgueil, qui est le pire des maux.
Or Dieu s’est fait homme. Il s’est abaissé. Il a montré le chemin. Il est le Chemin. C’est Jésus. « Nul ne va vers le Père sans passer par Moi. » Jn 14,6. Sans passer par ce chemin de “l’anéantissement devant Dieu, de l’humiliation devant Dieu, de l’obéissance devant Dieu, et l’obéissance jusqu’à la mort, et la mort de la Croix”. Phil 2,6-8.
« Voilà tant d’année que je te sers, dit le fils aîné, sans jamais avoir transgressé un seul de tes ordres ! Donc… » Lc 15,29. Donc quoi ?
Mon cher pharisien, toi qui es convaincu d’être un juste pour toutes tes belles œuvres (qui n’ont pu être faites que parce que Dieu les a faites en toi, cependant ! Eph 2,10), tu crois que tu as acquis des droits sur Dieu ? « Sans Moi, dit Jésus, vous ne pouvez rien faire ! » Jn 15,5. « Un Seul est Bon ! » Mc 10,18. Reste plutôt dans l’action de grâce, sinon tu ne vas plus être en grâce devant Dieu, qui résiste aux orgueilleux mais donne sa grâce aux humbles (1Pi 5,5).
« Quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, et non plus l’autre. »
La présomption, cela nous rend « objets de dégoût », infects à Dieu.
« La condition de l’orgueilleux est sans remède », on a lu ça récemment (Si 3,28). Vraiment ?
Non : l’action de grâce – le Magnificat – est le seul remède. « Toujours faire remonter le bien à sa Source. » (Jésus lui-même à St Claude la Colombière, transmis par Ste Marguerite-Marie).
« Purifie-moi de ce mal invisible, de ce péché le plus grand, purifie ton serviteur de l’orgueil. » Ps 18/19,13-14. C’est le pire des péchés, c’est le plus invisible, ça nous rend infects, c’est presque irrémédiable ! Il faudrait peut-être y faire un peu plus attention.
Sans se décourager non plus, car se décourager, c’est encore de l’orgueil ! Car c’est dire : Dieu ne peut rien pour moi.
Quand et à quel prix va-t-on arrêter de se croire le centre, de se prendre pour Dieu, de ne pas le laisser intervenir chez nous ? D’ailleurs, il n’y aura pas d’autre intervention que celle qui a déjà eu lieu : Jésus. Au prix de ton retour, Seigneur Jésus ?
Don Laurent LARROQUE
Dans la parabole du juge inique de l’évangile (Lc 18,1-8), Jésus nous fait ce dimanche un petit enseignement sur la prière. Bien souvent nos prières sont des demandes à Dieu… et nous avons raison, il est un bon Père qui veut donner le meilleur à ses enfants (Lc 11,11-13). Osons lui demander, lui demander ce qu’il a déjà résolu de nous donner, par le moyen de ces prières. Mais il y a peut-être quelquefois une insatisfaction quand nous ne sommes pas exaucés, quand nous avons l’impression d’être comme cette veuve qui réclame au juge la simple justice.
Jésus lui-même nous rappelle que si un juge inique qui se moque de Dieu et des détresses humaines en vient à céder aux instantes prières d’une veuve, combien plus Dieu, le juste Juge, écoutera-t-il les supplications et les cris des élus (v6-8). La persévérance dans la prière est payante. La finale de ce passage d’évangile : « le Fils de l’homme quand il viendra trouvera-t-il la foi sur la Terre ? » place aussi cette demande en lien avec la fin de l’histoire. Ces élus qui crient vers Dieu nous font penser à ceux de l’Apocalypse : « Jusques à quand, Maître saint et vrai resteras-tu sans juger, sans venger notre sang sur les habitants de la terre ? » Et il fut donné à chacun une robe blanche et il leur fut dit de patienter encore quelque temps, jusqu’à ce que soient au complet leurs compagnons de service, leurs frères (Ap 6,10-11).
Peut-être que nous pourrions aussi renverser la perspective : si nous nous mettions à la place de ce juge vis-à-vis de cette pauvre veuve qui réclame justice, combien de temps tarderions-nous à lui faire justice ? Cette pauvre veuve pourrait être une image de Dieu qui vient à nous, qui se révèle, qui s’offre en sacrifice à notre place, qui offre son amour et ne reçoit en retour qu’ingratitude et mépris. Combien de temps tarderons-nous à Lui faire justice : mettre en Lui notre foi, notre confiance, lui qui nous poursuit jour et nuit de ses bienfaits ? Dans nos prières, nous réclamons à Dieu notre justice, mais sommes-nous autant soucieux de la justice que nous devons à Dieu ? Cette justice que nous devons à Dieu c’est la foi : la réponse à tant d’amour. « le Fils de l’homme quand il viendra trouvera-t-il la foi sur la Terre ? »
Si nous sommes insatisfaits parce que nos prières ne sont pas exaucées, peut-être pouvons nous méditer cette phrase : plus nous obéissons à Dieu, plus nous lui donnons de raisons de nous obéir ; plus nous l’écoutons, plus nous lui donnons de raisons de nous écouter, de nous exaucer…
Jésus lui-même ne fait qu’un avec la volonté du Père, Dieu l’exauce toujours (Jn 11,42). Par l’Esprit-Saint demandons de ne faire plus qu’un avec la volonté de Dieu, c’est une demande que notre Père du ciel veut toujours exaucer (Lc 11,13)
Don Marc Antoine CROIZE-POURCELET
Après les examens de janvier, au séminaire de la communauté saint Martin, les séminaristes ont la chance de faire un voyage dans une région de France pour se reposer, mais aussi et surtout visiter des communautés religieuses dans le but de les découvrir et de créer des liens fraternels. Lors de ma deuxième année au séminaire, si je me souviens bien, nous avions eu la chance d’aller, non pas dans une région de la France, mais en Suisse. C’était un très beau voyage et nous sommes revenus enthousiasmés de ce que nous avons vécu. Mais au retour, à la descente du car, le supérieur de la formation fut choqué qu’aucun des séminaristes n’ait pensé à remercier les organisateurs avec un peu plus d’insistance qu’un simple « merci ». Encore aujourd’hui, je me souviens de la « soufflante » qu’il nous passa afin, d’une part de rétablir la justice – car il est juste et bon de remercier, de rendre grâce – mais également pour nous apprendre que l’on ne doit pas vivre les évènements de notre vie sans prendre le temps de remercier. Parfois même, certains séminaristes ont pris l’habitude de remercier un peu trop souvent, pour un oui ou pour un non, ce qui suscitât une seconde mise au point. Quoiqu’il en soit, apprendre à remercier pour ce que nous vivons est un des fondements de la vie chrétienne. Cela doit se faire « à tout Seigneur, tout honneur » comme dit le proverbe, à Dieu qui nous a tout donné. L’abbé GUERIN disait qu’il n’existe pas de donc… Il voulait dire, que l’on ne peut pas s’attribuer quelque chose, quand bien même, l’arrivée à notre but aurait été le fruit de la sueur de notre front. On pourrait le dire autrement en citant saint Paul dans la première épitre aux Corinthiens : « « Qu’as-tu que tu n’aies reçu et si tu l’as reçu pourquoi te glorifier comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1 Co 4,7). Si je suis un grand sportif et que je travaille très dur pour parvenir à la première place, j’accomplis une prouesse mais qui ne surpassera jamais les règles de la création, les règles fixées par Dieu. C’est bien grâce au corps que Dieu m’a donné que je suis parvenu à mon but (un corps en bonne santé de surcroit). Cela n’enlève rien à mon mérite d’avoir gagné, mais me mettre seul vainqueur alors que c’est Dieu qui m’a donné les moyens de parvenir à mes fins, ne serait-ce pas de l’orgueil ? C’est pour cela qu’il est beau de voir de grands sportifs, pour rester dans la métaphore du sport, lever les mains vers Dieu lorsqu’ils accomplissent une belle prouesse. Comme eux rendons grâce en tout temps.
Don Bruno de LISLE
Parlons peu, parlons botanique ce dimanche. Jésus évoque, dans l’Evangile, la foi à la façon d’une graine de moutarde, réputée être la plus petite des semences. Par un effet de contraste, Jésus continue et prend l’exemple d’un arbre qui ne pourrait pas résister à la demande du croyant qui aurait l’étrange idée de lui demander de se déraciner et de se planter dans la mer. Le mot grec utilisé est sycomore, un arbre connu pour son solide réseau de racines et pour être quasi indéracinable. La foi libère une puissance inhumaine sous son aspect de petitesse. Sommes-nous capables de faire naître cette force à la foi ? Non ! Jésus nous invite à prendre conscience que la force que produit la foi vient de l’amour de Dieu. Il est le seul à pouvoir transformer les réalités apparemment les plus insignifiantes.
En parlant d’insignifiance, Jésus nous invite à nous considérer comme tel dans la parabole qui suit. La traduction liturgique dit : « Nous sommes de simples serviteurs. » Il est vrai que, à proprement parlé, Dieu n’a aucun besoin et encore moins besoin de nous. Il nous donne absolument tout, en commençant par l’être. Ce que nous faisons n’ajoute rien à la perfection qu’il est. Mais de nouveau, un paradoxe nous est donné par Jésus en nous montrant que le maître désire avoir besoin de nous. En nous donnant l’existence, Dieu nous a fait libres et cette noble liberté produit une action réelle pour le monde (cosmos), pour les âmes, mais aussi pour Lui ! : « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! » Les apôtres seront efficaces jusqu’à transmettre la Vie même de Dieu dans les sacrements.
Ces deux passages nous invitent à contempler notre dépendance totale vis-à-vis de Dieu. Intérieurement, c’est lui qui fortifie notre foi, en étant greffé sur Lui. Et c’est Lui encore qui nous donne extérieurement de faire de bonnes choses pour sa Gloire et pour le Salut des âmes. Quand nous sentons un assèchement dans notre foi ou notre mission, deux solutions : prière et sacrement. En effet, derrière la prière et les sacrements se cachent la Vie même de Dieu. C’est dans une réelle dépendance à sa Grâce que nous porterons du fruit, même planté au milieu de l’océan. « L’homme est vieilli par le péché, il est rajeuni par la grâce ». Par sa grâce Jésus nous débarrasse progressivement du péché qui est la véritable mort qui se répand en nous. Par sa grâce, il nous aide à accueillir les appauvrissements, les fatigues, les épreuves de nos existences qui ne sont que les souffrances d’un immense enfantement. Car notre vie est un grand enfantement où nous devenons de plus en plus vivants, jusqu’au dernier passage de la mort qui nous fait entrer dans la vie sans limite, la vie Eternelle.
Nous sommes faits pour la Vie ! pas pour le confort de cette vie. Ne craignons pas d’être bousculés, voire déracinés par Jésus dans la prière et ses sacrements, car « la Charité nous presse ». Elle nous pousse à la porte de la vraie vie, vigoureusement. Et c’est dans cette vie cachée que se déploie l’amour de Dieu. Certaines personnes vivent ainsi, ne cherchant plus l’extraordinaire ni l’agitation du monde, mais trouvant la Vie dans les choses cachées, simples, ordinaires mais transfigurées de l’intérieur par la Charité. Merci à elles de nous témoigner ainsi où se trouve l’essentiel !
Don Christophe GRANVILLE
Cette parabole de Jésus peut susciter chez nous un certain étonnement. En effet une lecture un peu rapide peut nous faire croire que Jésus, aujourd’hui, condamne la richesse, ceux qui sur cette terre ont le bonheur. Avec à la clé une « punition » de la part du Seigneur : le riche est puni, parce qu’il est riche, au malheur pour toute l’éternité.
En réalité les propos de Jésus ne vont pas tout à fait dans ce sens là. Pour bien les comprendre, il nous faut reprendre attentivement ce texte et particulièrement les personnages qui l’habitent.
Il y a tout d’abord le riche. Nous ne savons finalement pas grand-chose sur lui, même pas son prénom. Il n’est pas dit qu’il soit particulièrement méchant, au contraire, puisqu’il pensera même plus tard à sauver ses frères de l’enfer.
Simplement cet homme est dans son monde, dans son confort, dans sa « tour d’ivoire ». A tel point qu’il ne voit même pas à travers son portail,
le mendiant qui crève de faim et qui se contenterait bien de ses poubelles.
Il y a ensuite le pauvre, le mendiant, qui, lui, a un nom : « Lazare » qui veut dire « Dieu aide ». Dieu l’aide, non parce qu’il est vertueux
(on n’en sait rien), mais parce qu’il est pauvre, tout simplement. Voilà la surprise que Jésus fait à ses auditeurs. Car, en fait, cette histoire, ils la connaissent déjà ! C’est un conte bien connu qui venait d’Égypte, mais généralement, on insistait sur les péchés du riche et sur les vertus du pauvre : arrivés dans l’au-delà, les deux passaient sur la balance et on pesait leurs bonnes et leurs mauvaises actions. Au fond, la petite histoire ne dérangeait personne : les bons, qu’ils soient riches ou pauvres, étaient récompensés… les méchants, riches ou pauvres, étaient punis. Tout était dans l’ordre.
Jésus bouscule un peu cette logique : il ne calcule pas les mérites et les bonnes actions car, encore une fois, il n’est dit nulle part que Lazare soit vertueux et le riche mauvais. Jésus constate seulement que le riche est resté riche sa vie durant, pendant que le pauvre restait pauvre, à sa porte : c’est dire l’abîme d’indifférence, ou d’aveuglement qui s’est creusé entre le riche et le pauvre, simplement parce que le riche n’a jamais entrouvert son portail.
Voilà le fond de la pensée du Seigneur en ce dimanche. Il ne nous pousse pas à entrer dans une lutte des classes, en condamnant les riches.
Ce qu’il dénonce, c’est l’indifférentisme (qui d’ailleurs n’est pas forcément le propre des gens riches). Le fait que cet homme n’ait pas fait attention qu’il y avait à sa porte une personne qui avait besoin d’aide.
Il en est de même pour chacun d’entre nous que nous soyons riches ou pauvres. Comment est-ce que je fais attention à ceux qui m’entourent ? Est-ce que je vis dans mon monde, dans ma tour d’ivoire, sans me préoccuper des autres ?
Seigneur, aide-nous en ce dimanche à convertir notre regard, pour que nous ne soyons pas centrés sur nos seules personnes, nos seuls intérêts, mais que nous sachions regarder ceux qui nous entourent.
Jésus revient avec insistance sur le thème de l’argent. On a déjà rencontré dernièrement la parabole du riche, qui semble un homme réfléchi pour ses investissements, mais à qui Dieu dit : « tu es fou ! », pas du tout réfléchi, car tu n’as pas investi en vue de Dieu (Lc 12,20-21). Cette fois-ci, Jésus prend l’image d’un intendant véreux qui propose de fausses factures… C’est limite ! Non que Jésus veuille encourager la corruption ! Même si, dans cette parabole, le maître « fait l’éloge » de ce malhonnête. Il est « malhonnête », c’est clairement dit et il ne s’agit pas de louer la malhonnêteté.
Il faut aller à la vraie conclusion, non en rester à la phrase qui suit, qui fait un petit développement sur l’habileté des malhonnêtes, « les fils de ce monde ».
Certes, c’est vrai que les fils de la Lumière ne sont pas aussi habiles pour les choses éternelles que les fils de ce monde, pour se faire toujours plus d’avoir et de pouvoir. Ces fils de ce monde, « le dieu de ce monde, Satan, a aveuglé leur cœur » (2Co 4,4).
Mais bref, ce n’était qu’une parenthèse, un petit développement sur un autre sujet. Il faut donc aller à la vraie conclusion de la parabole, qui est au verset suivant.
Dans le style biblique, on redit toujours plus ou moins la même expression au début et à la fin d’un sujet. Ici c’est : “il faut qu’à mon expulsion de la gérance, je trouve des gens qui m’accueillent.” Et la conclusion : “alors dans ce cas, oui, tu trouveras des gens qui t’accueillent”.
Retirer la gérance, c’est la mort. Expulsé de ce monde où nous ne sommes que des gérants. Il faudra bien que cela arrive un jour. Trouver des gens qui m’accueillent, c’est « dans les demeures éternelles », c’est au Ciel : il faudra que je m’arrange pour qu’en arrivant là-haut, il n’y ait pas que le Dieu Juge et “St Pierre avec ses clés”, mais aussi des « amis » qui plaideront pour moi parce que je leur aurais fait du bien sur la terre.
C’est bon pour tout le monde, quel que soit sa « gérance » terrestre, qu’on en ait peu, ou qu’on en ait beaucoup. Rappelons-nous de la « dîme ».
Mais je crois que Jésus veut dire que c’est vrai particulièrement pour ceux qui, ayant beaucoup de moyens, plus ou moins bien acquis, car – c’est Jésus qui voit les choses comme ça – il semble bien que l’argent soit forcément « malhonnête », en ce bas-monde, qui plus, qui moins, mais toujours un petit peu, fatalement… c’est donc particulièrement vrai pour ceux qui, ayant beaucoup de biens, beaucoup de « gérance », pas forcément toujours avec de l’argent très propre, s’arrangeront pour faire du bien sur terre, de sorte de se faire des « amis » et non beaucoup d’ennemis au jour de l’expulsion de ce monde.
Ô riches, vous avez fait beaucoup de jaloux et d’envieux, vous vous êtes faits beaucoup d’ennemis sur la terre car on a estimé, plus ou moins à tort, que toute cette fortune n’était pas que le fruit de votre travail, mais aussi, à part la chance, le fruit du travail de beaucoup d’autres ! Ils seront vos ennemis à plaider contre vous au jour du jugement. Je pense à cet autre intendant qui s’était fait remettre sa dette, malgré une gestion plus que déplorable (60 millions disparus comme ça…), mais qui n’a pas été capable de remettre sa dette à un pauvre compagnon de service : il n’a fait qu’accumuler des ennemis contre lui (Mt 18,29-31).
A moins que… vous vous mettiez à raisonner comme le gérant de la parabole d’aujourd’hui : “je vais m’arranger pour me faire des amis avec mes biens plus ou moins honnêtement acquis : je vais leur faire du bien d’une manière ou d’une autre, et ils plaideront en ma faveur ce Jour-là, même si normalement je risquais fort de ne pas “passer la barre”.
En tout cas, riches ou pas, honnêtes ou pas, faisons du bien tant qu’on en a la possibilité. C’est un calcul louable.
Don Laurent LARROQUE
Victoire ! Depuis cette semaine notre Basilique Notre-Dame de la Victoire a réouvert ses portes à la suite de l’avis favorable émis par la commission de sécurité. Après 227 jours de fermeture nous pouvons enfin renouer avec la liturgie quotidienne sous les voutes rafraichies, éclaircies. Cela fait partie des demandes que l’évêque m’avait faites en me nommant à Saint-Raphaël : restaurer la Basilique. Ce fut une bonne année et demie de préparation des travaux, puis un compte à rebours depuis le début du chantier pour que la fermeture ne soit pas trop longue. Le calendrier a beaucoup dérapé, et nous en sommes désolés.
Il nous reste beaucoup de finitions qui vont encore occasionner quelques désagréments mais nous sommes de nouveau chez nous ! Merci aux autres clochers d’avoir accueilli les paroissiens du centre-ville pendant la fermeture, merci aux prêtres d’avoir supporté une surcharge avec les funérailles, merci aux personnes qui m’ont tant épaulé de leur compétences et disponibilités, merci aux donateurs sans qui rien n’aurait été fait, merci aux entreprises et aux artisans que j’ai côtoyés presque quotidiennement pour le bon déroulement du chantier, sans oublier quelques personnes de la mairie qui ont été des aides précieuses.
J’espère que quand la touche finale sera définitivement terminée, je retrouverai un peu plus de disponibilité pour le cœur de mon activité sacerdotale. Dès que nous aurons une date de fin de chantier nous vous ferons savoir celle de l’inauguration. Cependant vous pouvez déjà venir vous y recueillir et invoquer Notre-Dame de la Victoire pour toutes les grâces que nous demandons pour les paroisses, notre diocèse, nos familles…
A l’école de Saint Luc avec l’évangile de ce dimanche, demandons au Seigneur la grâce d’une confiance infaillible en sa miséricorde, que nous fassions souvent la joie des anges en nous retournant vers notre Père et en implorant son pardon dans la confession. Jusqu’au soir de notre vie nous en aurons toujours besoin. Que Dieu nous donne la persévérance finale, c’est-à-dire la grâce de toujours revenir à lui pour hériter avec les anges et tous les saints du ciel de la béatitude et de la vie éternelle !
Don Marc-Antoine CROIZE POURCELET
« Puisque nous croyons au Christ, accorde nous la vraie liberté et la vie éternelle ». Cette prière qui donne la tonalité à ce 23ème dimanche du Temps ordinaire fait de notre foi en Jésus-Christ, la porte d’entrée pour le ciel. Autrement dit, c’est parce que nous croyons que nous pouvons espérer voir Dieu. Lorsque nous croyons, nous devenons disciples de Jésus-Christ. Or dans l’évangile de ce dimanche, Jésus lui-même nous donne une condition sine qua non pour être son disciple : « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient, ne peut pas être mon disciple ». Ce qui nous semblait facile au début, à nous chrétiens convaincus (donner notre foi dans le Christ, le reconnaitre vrai fils de Dieu) devient subitement très difficile : sa famille, ses projets, sa sécurité, tout cela, par différentes images, le Christ nous demande d’y renoncer ! Quelle difficulté ! Quelle exigence de la part de Dieu ! Pour les personnes qui ne sont pas encore saintes, nous voyons bien qu’il nous reste beaucoup de chemin et de progrès pour parvenir à la droiture demandée par le Bon Dieu. C’est pourquoi, il est essentiel pour nous de ne pas juger, d’un coup d’œil, ceux qui ne semblent pas avoir une foi aussi vive que la nôtre. Ce jugement péremptoire nous empêche de devenir de véritables disciples du Christ car nous nous attachons à notre sécurité : je suis un bon chrétien, je vais à la messe le dimanche, je prie régulièrement etc… donc je suis dans les clous, la bonne case ! Au contraire, se reconnaitre soi-même pécheur nous permet de ne pas juger les autres et, par conséquent, d’être accueillants, transmettant ainsi la miséricorde divine. Cet accueil, j’ai pu le constater et même le vivre, est magnifique dans cette paroisse. J’en profite ici pour remercier vivement chacun de vous. J’ai pu admirer l’amour que vous avez pour les prêtres et diacre. Mais je suis « dans les clous, dans la bonne case ». Les jugements que nous portons peuvent aller à l’encontre de personnes qui, de fait, ne vivent pas bien du Christ, qui accomplissent des actes moralement condamnables et graves. A ce moment-là, nous devons nous poser la question suivante : quelle aurait été l’attitude du Seigneur ? Aurait-il jugé ? Aurait-il condamné ? Jésus est La Vérité et il aurait certainement dénoncé le mal pour annoncer La Vérité, mais pas dans un premier temps. Comme pour la femme adultère disons avec Jésus : « Moi non plus je ne te condamne pas, va et désormais ne pêche plus ».
Don Bruno de LISLE
« Quand tu es invité, va te mettre à la dernière place ». A défaut d’être plaisante, au moins la consigne est claire. En écoutant cet Evangile, plus besoin de se poser de questions sur l’endroit où nous asseoir ! Pourtant, si la leçon semble limpide elle pourrait cependant être mal comprise ! Non pas sur son contenu, mais sur les motivations qui nous poussent à l’exécuter. Pour pouvoir faire sien cet appel de Jésus, il faut bien comprendre ce qui l’anime. On pourrait chercher la dernière place pour de mauvaises raisons : pour se cacher par exemple… parce qu’on se dévalorise… parce que l’on se mésestime ! Or il ne s’agit pas de nous déconsidérer, mais de nous abaisser.
D’ailleurs, ce n’est pas la dernière place en tant que telle qui importe, puisque comme le remarquait l’abbé Huvelin, cette dernière place est déjà occupée ! « Depuis que Jésus l’a prise, nous n’occuperons plus jamais que l’avant-dernière place ».
Comment comprendre cette invitation du Christ à entrer dans un mouvement d’abaissement volontaire à nos propres yeux, et devant ceux de notre prochain.
Si Jésus nous le commande, c’est parce que cette kénose est nécessaire pour pouvoir trouver « notre place, toute notre place et rien que notre place » (M. l’abbé Guérin). L’humilité vraie, écrivait Evdokimov, est l’art de se trouver exactement à sa place.
Mais pour pouvoir la trouver, il faut, non pas s’y mettre, mais y être installé. Seul le maître du repas connaît suffisamment chacun de ses invités pour les placer correctement. Aussi est-il préférable de lui laisser ce rôle.
« Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : ‘Mon ami, avance plus haut’, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui seront à la table avec toi. »
Chers amis, voici pourquoi Jésus nous invite à prendre la dernière place, parce que c’est le meilleur moyen de laisser Dieu nous mettre à la nôtre !
Pour le laisser nous guider, il faut faire taire en nous toutes les ambitions contraires. La condition de l’orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui. A vouloir trouver sa place en ce monde tout seul, sans l’aide de Dieu, l’orgueilleux risque d’errer toute sa vie !
Alors, chers amis, soyons de ceux qui écoutent la parole. Imitons le Christ qui s’est abaissé, Lui qui était pourtant de condition divine, et qui dans l’obéissance s’est laissé conduire par l’Esprit Saint tout au long de sa vie !
Don Louis Marie DUPORT
« Quelqu’un demanda à Jésus: “Seigneur, sont-ils peu nombreux ceux qui se sauvent ?” »
Jésus répond par une mise en responsabilité : « Efforcez-vous », autrement dit : “c’est à vous de décider”. En grec, c’est le mot « luttez » : « la vie est un combat, remporte-le » (Mère Teresa). Saint Augustin le dit ainsi : « Dieu qui t’a créé sans toi, ne te sauvera pas sans toi ». Saint Jean-Paul II parlait du secret du bonheur en termes de « route épuisante et exaltante du don de soi ».
De son côté, Lui, « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1Tim 2,4). « L’on ne veut pas, chez votre Père qui est aux cieux, qu’un seul de ces petits se perde » (Mt 18,14) ; et « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Act 2,21). « C’est si facile de se sauver ! » disait le Curé d’Ars. « Quiconque invoquera le nom du Seigneur ! » Il suffit d’invoquer le Seigneur. Bien sûr, il ne suffit pas de dire « Seigneur, Seigneur ! » et de « commettre l’injustice » par derrière. Ça c’est : “que de la bouche !” comme on dit. Il faut aussi faire des efforts : « Efforcez-vous ! » Mais ce n’est pas que Jésus dise : “le salut est au bout de vos efforts” ! Il dit au contraire : « sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,7). Il dit plutôt : “arrêtez de compter sur vos forces et apprenez à compter sur les miennes” ! Il dit plutôt : « venez à moi vous tous qui n’en pouvez plus, et moi je vous procurerai le repos. » (Mt 11,28-30). “Abandonnez-vous…”
Oui, “à nous de décider”, il faut la volonté. Au moins la bonne volonté ; sans elle, c’est Jésus qui ne pourra rien faire. Il ne peut pas vouloir à notre place. Mais sans trop se fixer un résultat, car nous risquons parfois d’être plus exigeants envers nous-mêmes que Jésus qui ne veut que notre amour, pas du résultat. « Sans moi vous ne pouvez rien faire » : le fruit c’est lui qui le porte en nous : « c’est de moi que vient ton fruit » (Os 14,9). Donc il ne faut pas se situer dans l’effort en continu. La vie chrétienne n’est pas qu’effort et tension. Elle est aussi paix et abandon. « Arrêtez ! et sachez que Moi Je Suis Dieu », dit le Ps 45/46,11. “Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites : arrête-toi un peu et vois que Je suis là et écoute-moi.”
Voici un des grands moyens “d’arrêter”, alors que nous en sommes à la reprise après la pause estivale : une heure d’adoration hebdomadaire (voir annonce sur cette feuille), pour apprendre à “venir à Jésus, nous tous qui peinons et ployons sous le poids du fardeau”, pour compter sur Lui et non pas sur nous, pour “produire le résultat” qu’il veut de nous et non celui que nous nous fixons quelquefois dans une agitation excessive et centrée sur nous-mêmes. « C’est le Seigneur qui fait en moi de grandes choses », dit Marie dans son Magnificat. En la contemplant encore dans son Assomption et sa Royauté au Ciel, demandons-lui la grâce de redire cela avec Elle, dans le temps et l’éternité.
Don Laurent LARROQUE