Les adultes qui demandent le baptême seront baptisés dans la sainte nuit de Pâques où nous fêterons le cœur de notre foi : la mort et la résurrection du Seigneur Jésus-Christ. Ceux qui ont été « appelés » au baptême – les catéchumènes – vivent durant ce carême leur ultime préparation par des rites pénitentiels que l’on appelle aussi des « scrutins ».
Le mot vient du latin scrutere, c’est-à-dire « scruter » pour faire apparaître dans les cœurs ce qu’il y a de faible, de malade ou de mauvais en vue de le guérir, mais aussi ce qu’il y a de bien, de bon, de saint en vue de l’affermir… Le prêtre, par la prière et l’imposition des mains, appelle sur eux la force de l’Esprit-Saint qui éclaire et libère. (Ps 138, 23) C’est à la lumière du Seigneur qu’ils sont invités à se regarder, pour qu’Il les illumine et les purifie. Déjà se dessine là, l’enracinement du sacrement de pénitence et de réconciliation. En approchant du baptême, ils prennent de plus en plus conscience de leur état de pécheur, de ce qui dans leur vie fait obstacle à l’amour de Dieu. Ces célébrations répétées sont une aide pour se tourner vers le Seigneur qui est riche en miséricorde.
La célébration est simple : après l’homélie les catéchumènes sont invités à s’avancer, à se mettre à genoux pour un temps de prière silencieuse, puis une prière litanique. Vient ensuite la prière d’exorcisme en lien avec l’Évangile. Enfin, les catéchumènes sont normalement renvoyés, sous la protection du Seigneur, et invités à revenir le dimanche suivant.
Le rituel recommande de célébrer ces trois scrutins, les 3ème, 4ème et 5ème dimanches de Carême où sont lus les évangiles de la Samaritaine (Jn 4), de l’Aveugle-né (Jn 9), de la résurrection de Lazare (Jn 11). Il y a dans ces évangiles un cheminement et une progression qui préparent à rencontrer celui qui donne l’eau vive, celui qui est la vraie Lumière, celui qui est la Résurrection et la Vie !
C’est pour toute l’assemblée aussi un cheminement qui nous rappelle la puissance du Seigneur à l’œuvre dans nos cœurs. Aujourd’hui c’est un fait : de moins en moins d’enfants sont baptisés et donc de plus en plus d’adultes demandent le baptême. Nous observons cela dans de nombreuses paroisses en France. Que c’est beau d’être aux premières loges de l’appel du Seigneur ! Ils ont écouté sa voix, ils se sont mis en route, et après un temps de purification et de préparation – stimulés par la communauté chrétienne – ils vont enfin recevoir ce sacrement.
Ce week-end, ils sont rassemblés autour de l’évêque pour « l’appel décisif » en vue d’être initiés aux sacrements. Leurs parrains ou marraines se prononcent, pour eux, pour nous faire savoir s’ils sont aptes à être admis. Puis ils sont nommément appelés pour exprimer leur désir d’être initiés.
Prions donc, de tout cœur, pour les catéchumènes de notre paroisse et ceux du monde entier qui vont bientôt renaître de l’eau et de l’Esprit-Saint !
Don Marc-Antoine CROIZE-POURCELET
La mer fait partie de la vie des raphaëlois, comme le carême fait partie de la vie des baptisés. Toujours un peu présent, parfois proche, parfois distant. Bien qu’on ne l’admire pas toujours, il colore chacun des évènements de notre vie en Dieu.
La mer fait aussi partie de notre horizon, mais on doit parfois aller s’y plonger vraiment pour en goûter l’authenticité, et cesser de la voir comme on regarde une carte postale, de loin, de l’extérieur, sans la goûter, sans s’y risquer.
Nous sommes nombreux à considérer la conversion perpétuelle proposée dans l’Evangile comme une réalité désirée mais non vraiment vécue ; comme une sorte d’atonie devant la beauté de la « création nouvelle » qui est finalement signe de la tiédeur. Une tiédeur qui vient corrompre en nous la vie de l’Esprit, son dynamisme, sa fougue, sa liberté.
Car c’est un fait que nous vivons très souvent une vie bien casanière, presque routinière – y compris dans sa frénésie – faite davantage de fausses croyances que d’espérance. Nous souffrons d’une carence de dissidence et d’audace qui nous empêche toujours de voir assez grand, assez large.
Justement, dans la mer il n’y a pas de frontière. Le grand large s’offre à nous, disponible, dans un perpétuel accueil, empreint d’une liberté pure et rude en même temps. Dans la mer, tout ce qu’on peut regarder est immense : l’horizon, le ciel, l’infini. On y retrouve alors notre juste mesure. Au large, l’existence « terre à terre » n’a plus sa place et il y a nécessité de remettre à sa place chaque chose, telle une contrainte qui engendre davantage encore de liberté.
La mer est aussi le lieu du combat. Pour le « Vieil homme », elle fut le lieu du combat contre l’énorme marlin, la plus belle prise de toute sa vie, un combat de haute valeur car il symbolisait le combat de l’homme face à la nature. Un combat particulièrement long et harassant. Il se prolonge sans cesse, échec après échec, blessure après blessure, fatigue sur fatigue, comme un chemin marqué parfois par de belles victoires et surtout la victoire finale, ce qui fait dire à Hemingway : « Un homme, ça peut être détruit, mais pas vaincu ». Mais la victoire n’est jamais celle que l’on avait imaginée.
Le carême et la mer ont en commun d’être « eremos » : désert, vide, solitaire. Comme un territoire inviolé où l’homme n’est pas en mesure d’y réduire son existence car il ne peut y laisser son empreinte. Ni invasion, ni appropriation, ni contamination n’y sont possibles. Mais, par la grâce, la rédemption, la libération et la purification nous y attendent !
Entrons dans notre carême comme on entre dans la mer, courageusement, vaillamment, généreusement, les yeux fixés sur l’infini, les yeux fixés sur Jésus Christ.
Abbé Jean-Baptiste MOUILLARD
Comme le Christ a pris notre humanité, il agit comme nous devons agir, comme un modèle pour nous. Jésus guérit de nombreuses personnes, toutes celles qu’on lui présente et qui ont le désir de comprendre la foi, de guérir. Pour ce faire, Jésus étant de condition divine mais aussi humaine part discrètement le matin pour aller prier son Père. Il le fait parce qu’il est homme et parce que sans la volonté bienveillante du Père il ne peut agir. Jésus prie pour nous tous, pour chacun sans exception, bon comme mauvais, désireux de vivre avec lui pour toujours comme pour ceux qui ne croient pas en lui. Il est beau de voir de nombreux chrétiens se lever tôt le matin pour aller prier, comme l’a fait notre maître lorsqu’il était sur la terre. Ils prient pour confier leur journée, pour tout remettre sous le regard du Père. Comme le Bon Dieu doit être touché par ces marques d’affections quotidiennes ! Il existe un film, Bruce Tout-Puissant, dans lequel on peut voir celui qui a les pouvoirs de Dieu, être admiratif devant les personnes qui prient seules chez elles. Pour comprendre, l’acteur principal reçoit dans ce film la toute-puissance de Dieu, car il croit faire mieux que Dieu lui-même. Pour lui montrer qu’il se trompe, Dieu lui permet d’être aussi fort que lui pendant trois jours. Ayant joué au début avec ses nouvelles possibilités, il se rend compte que le Seigneur agit en respectant toujours notre liberté. Il se sent alors sans force face à la liberté de la femme qu’il aime et qui veut le rejeter malgré l’amour qu’elle ressent encore pour lui. On voit alors une scène très belle de cette toute puissance de Dieu admirant la créature qui prie de tout son cœur. On pourrait imaginer que Dieu nous regarde avec un regard similaire lorsque nous prions. Soyons sûrs que nos prières sont entendues comme celles de Jésus l’ont été.
Lorsque les apôtres viennent chercher Jésus qui priait, celui-ci leur dit qu’il doit aller « ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » Jésus pense à tous les hommes et ne veut en perdre aucun. Mais cela signifie que les disciples de Jésus ne peuvent pas le garder pour eux mais également le laisser annoncer l’Evangile ailleurs. Cela se traduit pour nous par l’annonce qui nous incombe : « avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile »
Don Bruno de LISLE
Pendant le mois de janvier, nous, prêtres, avons la joie de partir quelques jours pour notre temps de retraite annuelle. Le droit de l’église demande que chaque prêtre prenne ce temps. C’est un temps béni dans lequel nous sommes invités à revenir à la source de notre vocation, à l’appel que nous a adressé le Seigneur et qui nous a fait tout quitter pour Le suivre en Lui consacrant notre vie pour l’annonce de l’évangile. Nous n’exerçons pas simplement un métier dans lequel nous devrions mettre au service de nos paroissiens les compétences acquises lors de notre formation mais nous sommes les instruments du Seigneur pour qu’Il continue aujourd’hui à se donner à vous. J’ai participé cette année à la retraite sacerdotale du diocèse à la Sainte-Baume : nous étions une quarantaine de prêtres. Deux fois par jour, un enseignement nous était adressé par le père Pavel Syssoev, dominicain du couvent de Marseille. Il nous a parlé de la paternité spirituelle. « Je tombe à genoux devant le Père de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tient son nom » (Ep 3,15) nous dit saint Paul. La paternité du prêtre, comme la paternité charnelle, est un engendrement toujours relatif à Celui de Dieu. Seul Dieu est la source de notre être et nous, pères humains ou spirituels, sommes toujours des fils. Nous sommes invités, pour exercer notre paternité de manière juste, à nous rappeler que nous sommes fils du Père éternel, fils au sein d’une famille qui nous a fait naître et qui nous a nourris, fils d’un pays et d’une civilisation, fils d’une tradition religieuse qui nous a engendrés à la grâce. Nous ne nous sommes pas faits tout seuls : nul n’est père comme Dieu est Père. Prendre conscience de cette réalité nous donne plein de gratitude envers tous ceux de qui nous avons reçu. La prière est peut-être d’abord cela : un temps pour entrer en relation avec la source et l’origine de notre existence, temps dans lequel l’esprit de gratitude ne peut que grandir. Pour être stable dans notre vie, pour savoir quelle est la direction que nous voulons donner à notre existence, nous avons besoin d’entrer en contact avec la source de celle-ci. Notre vie chrétienne n’est pas simplement un réconfort qui nous fait du bien, qui nous procure des émotions positives, mais elle est un besoin vital car elle seule peut nous donner de tenir dans l’existence. Nous avons besoin de savoir d’où nous venons, qui nous sommes pour savoir où nous allons, ce que nous voulons faire de notre vie. Tant de personnes dans notre entourage ont soif de sens : ne les privons pas de leur partager notre joie de vivre, ce contact avec l’unique source, l’origine de tout, notre Père céleste.
Chers paroissiens, voici brièvement un partage de ce que j’ai pu recevoir de ma retraite : je reviens plus affirmé dans la foi, plus proche du Seigneur, je l’espère, et plus heureux d’être prêtre à votre service.
Don Raphaël SIMONNEAUX
Cet évangile nous situe au tout début de la prédication du Christ. Après l’arrestation de Jean le Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu. Il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
Saint Marc nous donne ici, un condensé de la prédication du Christ. Il s’agit donc, pour nous, d’écouter attentivement chaque élément de cet enseignement.
- Les temps sont accomplis :
Pour nous cette affirmation peut sembler énigmatique mais, à l’époque de Jésus, le peuple juif était en attente de l’avènement du Messie. Pour le peuple d’Israël, il est clair que l’histoire a un sens. Il y a un début et une fin. Si « les temps sont accomplis », c’est que nous approchons de la fin, que nous touchons au but. Or pour les juifs, la fin arrivera le jour ou s’accomplira la promesse du prophète Joël (Jl 3, 1), lorsque « l’Esprit sera répandu sur toute chair ». Jean-Baptiste a annoncé que cette promesse s’était réalisée en Jésus lorsqu’il a dit : « Moi, je vous ai baptisés d’eau, mais lui vous baptisera d’Esprit Saint ». - Le règne de Dieu est tout proche :
Jésus annonce donc qu’Il est venu répandre l’Esprit de Dieu sur toute chair et que par conséquent, « le Règne de Dieu est tout proche » (littéralement, dans le texte grec, « le Règne de Dieu s’est approché »). Chers amis, voici la bonne nouvelle : le but de notre vie est d’aller au ciel, c’est-à-dire de nous tenir en présence de Dieu. Si « le règne de Dieu s’est approché de nous » cela veut dire que nous n’avons plus à nous élever jusqu’au ciel par l’effort de nos actes vertueux, c’est Dieu qui vient jusqu’à nous. Il s’agit simplement de l’accueillir. - Convertissez-vous et croyez à l’évangile
Accueillir le règne de Dieu, voilà ce que veut dire la conversion. Que toutes nos actions, nos pensées et tous nos désirs soient faits en sa présence, sous son regard. « Par Lui, avec Lui et en Lui » proclame la liturgie. Nous pouvons demander cette grâce au cours de cette semaine : que la bonne nouvelle de la proximité du règne de Dieu soit la source permanente de notre joie. En entrant dans le temps ordinaire, puissions-nous faire l’expérience que, lorsque nous nous laissons rejoindre par le Christ, toutes choses deviennent extraordinaires.
Don Louis Marie DUPORT
Saint Paul écrit pour les chrétiens de Corinthe, une ville païenne très dissolue ; ils avaient grand besoin de convertir leurs mœurs païennes aux 10 commandements et à la Foi en Jésus :
« Le corps n’est pas pour la débauche, il est pour le Seigneur, … Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint ! »
Face à un certain texte issu d’un certain dicastère romain, face surtout à son utilisation médiatique, il faut relire le Catéchisme de l’église catholique 2358-2359, qui dit à la fois la vérité et la charité sur l’homosexualité. La vérité (qui est la première charité) en rappelant tout simplement la Bible : Gn 19,1-29 ; Rm 1,24-27 ; 1Tm 1,10 et 1Co 6,10, qui est justement le verset qui précède immédiatement la 2ème lecture de ce dimanche. Et l’on ne peut pas « falsifier la parole de Dieu » (2Co 4,2 ; Jn 10,35). La charité en rappelant : « respect, compassion, délicatesse, amitié désintéressée… »
Notre génération est celle qui est décrite dans le Livre de l’Apocalypse, du ch. 12 au ch. 20.
Vraiment Satan, par la coupe de la luxure, a réussi à séduire toutes les nations de la terre. Sur ce monde, le démon de la luxure domine en maître, et réussit à séduire, avec la coupe du plaisir, toutes les nations de la terre. L’Adversaire a rendu l’humanité esclave du péché, il a réussi à transformer le monde en cité de Babylone (Ap 17) perverse et pécheresse qui, par la coupe des plaisirs et de la luxure, a séduit toutes les nations de la terre.
Parmi les sept têtes de l’immonde bête apocalyptique (Ap 13), l’une d’elles porte le titre blasphématoire de la luxure qui s’oppose à la vertu d’espérance et conduit à rendre un culte à la sexualité et à l’impureté comme à un dieu qui encourage les plus immondes transgressions. Ce monde est permissif pour tout mais ne pardonne rien (au contraire du monde chrétien qui ne permet rien d’immoral mais pardonne tout péché repenti ; en ce sens toute bénédiction est bonne et bienvenue).
Il semble que le grand Dragon ait obtenu sa victoire, parce qu’il a amené l’humanité à construire une civilisation sans Dieu. Il a corrompu toutes les nations de la terre avec la coupe de la luxure et de l’impureté. Il a réussi à amener sa domination perverse sur le monde entier.
Le contexte historique dans lequel nous sommes est décrit en Ap 12 : la grande lutte entre la Femme et le Dragon. Mais cela se termine en Ap 17-18 par la chute de Babylone, et en Ap 19-20 par la Victoire du Christ.
C’est déjà annoncé par l’Ange : “Elle est tombée, elle est tombée la grande Babylone, celle qui avait fait boire à tous les peuples le vin enivrant de sa prostitution” (Ap 14,8).
Finalement en Ap 19, les serviteurs du Dragon, puis au ch. 20 le Dragon lui-même, sont vaincus.
Incroyable mais vrai ! La lourde chaîne décrite en ce ch. 20, destinée à emprisonner satan, est déjà l’humble chapelet. « A la fin mon Cœur Immaculé triomphera » annonce aussi Marie à Fatima. Ce triomphe est celui de la Foi (1Jn 5,4), et il se réalise en secret par le chapelet, par la prière humble et suppliante de ceux qui auront su garder confiance en Marie. L’humilité vaincra l’orgueil et son antique artisan. Demandons-lui aussi de nous garder humblement dans la grâce de la pureté comme le recommande St Paul en ce dimanche.
Don Laurent LARROQUE
Saint-Patron des fêtards sans le vouloir, Saint-Sylvestre est aussi et surtout l’un des premiers papes ayant favorisé l’essor du christianisme en Occident et en Orient.
De son nom on ne connaît rien, si ce n’est qu’il est associé à la fête, au champagne, bref, au réveillon du 31 décembre ! En effet, nous célébrons la Saint-Sylvestre mais souvent sans connaitre ce saint de l’église Catholique. Né au IIIème siècle à Rome et mort le 31 décembre 335, Sylvestre Ier a joué un rôle important dans l’histoire de l’église en tant qu’évêque de Rome puis 33ème pape. Il eut la lourde tâche d’organiser l’Église dans une société enfin pacifiée, à une époque charnière du christianisme. Il fut l’un des premiers confesseurs non-martyrs dont le culte fut établi très tôt à Rome.
En effet, il est le premier pape de la paix constantinienne. En 313, l’empereur romain Constantin Ier promulgue l’Édit de Milan, un ensemble de mesures prises pour mettre fin aux persécutions des chrétiens. Une fois la paix installée, le pape doit toutefois faire face à un autre type de difficulté : la mainmise de l’empereur sur les affaires de l’église. Sylvestre Ier se montre effacé face à cet empereur omnipotent et le laisse ainsi le représenter aux conciles d’Arles (314) et de Nicée (325) qui réunit notamment les évêques d’Orient et d’Occident. Durant l’histoire de l’église, les papes n’auront de cesse que de demander le soutien des puissants pour être protégés tout en repoussant leur soif de contrôle de l’église. Nous pourrions le prier le jour du 31 décembre pour la bonne intelligence entre les dirigeants du monde et de l’église pour que cessent les persécutions contre les chrétiens qui se font de plus en plus nombreuses.
Saint Sylvestre se montre plus actif dans la construction. Il entreprend de grands travaux dans la Rome impériale et fait édifier la basilique Saint-Jean de Latran, la basilique de Sainte-Croix de Jérusalem, la basilique de Saint-Paul hors les Murs, la basilique de Saint Laurent. Il se montre aussi entreprenant en matière de mobilier liturgique et d’ornements.
L’origine de la Saint-Sylvestre semble cependant avoir précédé au saint lui-même. Ce sont les romains et précisément Jules César qui semblent être les vrais inventeurs du jour de l’an en fixant cette date au 1er janvier. Ainsi l’ancêtre de notre réveillon du 31 était ce que l’on appelait les “Sigillaires” qui clôturaient les festivités de décembre, les Saturnales. A cette occasion les convives s’échangeaient des cadeaux et se réunissaient autour de grands festins. Une version antique pas si éloignée de nos réveillons actuels.
Don Bruno de LISLE
En 2019, Terrence Malick présentait son dernier film « Une vie cachée ». Un chef d’œuvre saisissant pour qui se laisse habiter par l’indicible débat intérieur de son héros : la conscience et la mort ou la peur et la vie. Une certaine mort. Une certaine vie.
Notre héros, Franz Jägerstätter a été reconnu comme martyr et béatifié par Benoit XVI en 2007. Guillotiné par l’Allemagne nazie en 1943, à l’âge de 36 ans, cet autrichien n’a jamais fait parler de lui. Sauf dans la petite assemblée de son village rural, dans un tumulte effroyable où il était le seul à voter contre l’Anschluss et hésitait à prêter serment à Hitler.
Le film décrit avec une grande finesse psychologique et spirituelle la solitude et le drame intérieur de Franz : dois-je prêter serment et sauver ainsi l’honneur de mon village, de ma famille, conserver ma vie et les moyens de subsistance des miens ? Ou dois-je refuser de prêter serment, accepter humiliations, culpabilisations et tortures, puis la mort et que devienne veuve ma femme et orphelines mes 3 petites filles ?
Sur le moment, le choix radical de ce témoin solitaire n’a été quasiment connu de personne. Il n’a eu aucun impact, ni sur le régime, ni sur le cours de la guerre, ni sur l’histoire du monde. Une mort cachée pour une vie cachée. Toutes deux apparemment insignifiantes.
En blanc sur fond noir comme un épitaphe, après l’ultime et obscure glorification de la conscience, au simple son d’une lame qui tombe, après des vues de paysages magnifiques et grandioses, envouté par une musique sublime, Terrence Malick a choisi de citer la romancière George Eliot : « La croissance dans le bien du monde dépend en partie d’actes non historiques, et le fait que les choses n’aillent pas aussi mal pour vous et pour moi qu’il eut été possible, est à moitié dû à ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée et qui reposent dans des tombes que l’on ne visite plus ».
Juste avant, en voix off, on avait entendu Franziska, la femme de Franz : « Un jour viendra où nous connaîtrons la raison à tout cela, nous saurons pourquoi nous vivons ».
Une vie cachée dans un monde douloureux. Une autre vie cachée qui reproduit, de génération en génération, le mystère de ce qui fut caché, de ce qui est sacré : « votre vie est cachée en Dieu avec Jésus-Christ » (Col 3, 3). Jésus-Christ, lui-même caché, insignifiant, dans la simple crèche.
Si Noël est la grande fête de la joie, de l’amour, de la beauté et de la vie, c’est justement parce que l’obscurité de la crèche – de notre monde – est habitée désormais par la source de la lumière. Elle qui illumine et qui jaillit en rayons infinis de clarté et de grâce sur tout ce qui languit et gémit en attente de rédemption.
La Bonne Nouvelle de Noël demeure à jamais un évènement caché aux grands et aux orgueilleux qui s’offusquent et se scandalisent encore aujourd’hui de ce que cet évènement ait pu avoir lieu. La paganisation de Noël et ces mairies tremblantes et terrifiées devant les humbles représentations de la crèche en témoignent : Dieu, dans notre histoire.
A nous, chers frères et sœurs, de faire vivre dans l’humilité de nos vies cachées, le jaillissement immense et fécond de la présence de Dieu. Présence de joie, d’amour et de vie au cœur de nos villes et de nos familles, dans nos choix de conscience parfois héroïques mais souvent cachés, dans nos petites et nos grandes actions.
« Un enfant nous est né, un fils nous est donné », « un jour viendra où nous connaitrons la raison à tout cela ». Juste un enfant. Tout petit. Caché.
Qu’Il nous bénisse, Saint et Joyeux Noël !
Père Jean-Baptiste MOUILLARD
1 – Le 3ème dimanche de l’Avent est appelé le dimanche de « Gaudete », 1er mot de l’Introït grégorien de ce jour. « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie ! » L’orgue peut à nouveau se faire entendre, et pas seulement pour accompagner les chants ; les fleurs viennent orner le sanctuaire : il y a comme une pause dans la sobriété de l’Avent. La pédagogie de l’église nous aide ainsi à préparer la joie de Noël. A l’approche de Noël, demandons donc la grâce de la vraie joie, celle qui vient de Dieu ; une joie toute autre de celle que le monde illusionne de nous donner par la consommation mais la joie véritable de Noël, celle qui nous est donnée dans le signe pauvre de l’Enfant dans la crèche. J’ai eu la joie de visiter en début de semaine un nouveau-né d’une famille de paroissiens : dans le don de la vie, quelque chose de la joie de Noël nous est dit. Nous pouvons nous émerveiller devant cette créature de Dieu toute vulnérable mais qui enferme en elle un mystère ! Face aux difficultés de notre vie, face à nos épreuves, redisons avec le prophète Néhémie : « La joie du Seigneur est notre rempart ! »
2 – Cette année, le 3ème dimanche de l’Avent tombe un
17 décembre. A partir d’aujourd’hui s’ouvre la 2ème partie de l’Avent : la préface (introduction à la prière eucharistique que le prêtre chante avant le Sanctus et qui commence par « vraiment il est digne et juste ») change par rapport au début de l’Avent, toutes les oraisons des messes nous montrent que Noël est très proche et le soir aux Vêpres l’église nous fait chanter les antiennes « O ». Ces antiennes sont chantées par toute l’église au moment du Magnificat, cantique de Marie que nous chantons chaque soir. Du 17 au 23 décembre, elles commencent toutes par « O » puis un titre messianique de l’Ancien Testament qui annonce la venue de Jésus. O Sagesse, O Adonaï, O Rameau de Jessé, O Clef de David, O Aurore (oriens), O Roi des Nations, O Emmanuel. Elles forment un acrostiche : si on réunit les premières lettres, on obtient : « ero cras » qui signifie « je serais là demain ». Nous chantons la dernière antienne le 23 décembre, veille de Noël. Les moines et les moniales les chantent solennellement, les entourant de rites particuliers. Nous pouvons nous-mêmes nous préparer à Noël en méditant ces titres messianiques qui nous font tous crier : « Venez, divin Messie ! »
Don Raphaël SIMONNEAUX
Avec l’Avent, nous entrons dans une nouvelle année liturgique (Année B) durant laquelle chaque dimanche, nous méditerons de manière continue une partie de l’évangile de Saint Marc.
Saint Marc est le plus concis des 4 évangiles et, dès le premier verset, il nous en donne une synthèse. Les seize chapitres qui suivront ne seront qu’un développement de ce premier verset qui pourrait servir de titre à son évangile : « Commencement de l’évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu ».
Ce thème de l’identité du Nazaréen occupe la place centrale de tout son évangile. Ainsi commence t-il par affirmer cette double nature de Jésus dès le premier verset. Chaque mot y a son importance :
Evangile : Tout d’abord, Saint Marc nous annonce un évangile, c’est-à-dire une nouvelle extra-ordinaire qui concerne tout le monde. A l’époque, ce mot était réservé aux annonces officielles faites par un gouvernement pour tout le peuple, par exemple une victoire de l’armée ou la naissance d’un héritier pour le roi. Ce terme a pris une signification encore plus profonde par l’utilisation qu’en ont fait les évangélistes. Car à la différence des autres « évangiles », la nouvelle annoncée en Jésus diffère de toutes les autres par sa radicale nouveauté. L’annonce de la naissance de l’enfant Dieu est une rupture inouïe dans ce retour perpétuel du « même » qui faisait dire à l’ecclésiaste. « Rien de nouveau sous le soleil ! » Et bien si, répond Saint Marc, cette bonne nouvelle, cet évangile porte un nom : Jésus, Christ, Fils de Dieu. Voici que l’infini entre dans le fini, que l’éternel s’inscrit dans le cours du temps et que l’incréé investit sa créature !
Jésus. Ce nom de Jésus, revêt lui aussi son importance, puisque Marie l’a reçu par l’ange Gabriel. Il résume à lui seul la mission de cet enfant : sauver l’humanité.
Christ : Le terme « christos » signifie : oint, qui en hébreux se traduit par messie. Le Christ, est donc cet homme, envoyé par Dieu pour accomplir les promesses des écritures et rendre l’alliance entre Dieu et les hommes définitive et inviolable.
Fils de Dieu : Jésus n’est plus, à la différence des prophètes, un homme choisit par Dieu pour établir une alliance. Il est Dieu lui-même, le Verbe, la 2ème personne de la trinité.
Jean Baptiste en a tressailli d’allégresse dans le ventre de sa mère. Son être et sa vie toute entière n’auront d’autre finalité que l’annonce de ce mystère. Il est la voix qui prépare le chemin devant Jésus. « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. »
A l’invitation du Baptiste, laissons-nous saisir par l’avènement du règne de Dieu parmi les hommes. Puissions-nous faire de notre Avent, une attente joyeuse de cet évangile, en préparant notre âme à recevoir l’enfant Dieu.
Don Louis Marie DUPORT