Editorial Principal

La foi comme une graine de moutarde

La foi comme une graine de moutarde 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Parlons peu, parlons botanique ce dimanche. Jésus évoque, dans l’évangile, la foi à la façon d’une graine de moutarde, réputée être la plus petite des semences. Par un effet de contraste, Jésus, plus tard, prendra l’exemple d’un arbre qui ne pourrait pas résister à la demande du croyant qui aurait l’étrange idée de lui demander de se déraciner et de se planter dans la mer. Le mot grec utilisé est sycomore, un arbre connu pour son solide réseau de racines et pour être quasi indéracinable. La foi libère une puissance inhumaine sous son aspect de petitesse. Sommes-nous capables de faire naître cette force à la foi ? Non ! Jésus nous invite à prendre conscience que la force que produit la foi vient de l’amour de Dieu. Il est le seul à pouvoir transformer les réalités apparemment les plus insignifiantes.

En parlant d’insignifiance, Jésus nous invite à nous considérer comme tel dans la parabole qui suit. La traduction liturgique dit : « Nous sommes de simples serviteurs. » Il est vrai qu’à proprement parler, Dieu n’a aucun besoin, et encore moins besoin de nous. Il nous donne absolument tout, en commençant par l’être. Ce que nous faisons n’ajoute rien à la perfection qu’il est. Mais de nouveau, un paradoxe nous est donné par Jésus en nous montrant que le maître désire avoir besoin de nous. En nous donnant l’existence, Dieu nous a fait libres et cette noble liberté produit une action réelle pour le monde (cosmos), pour les âmes, mais aussi pour Lui ! :
« Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! » Les apôtres seront efficaces jusqu’à transmettre la Vie même de Dieu dans les sacrements.

Ces deux passages nous invitent à contempler notre dépendance totale vis-à-vis de Dieu. Intérieurement, c’est lui qui fortifie notre foi, en étant greffés sur Lui. Et c’est Lui encore qui nous donne extérieurement de faire de bonnes choses pour sa Gloire et pour le Salut des âmes. Quand nous sentons un assèchement dans notre foi ou notre mission, deux solutions  : prière et sacrement. En effet, derrière la prière et les sacrements se cachent la Vie même de Dieu. C’est dans une réelle dépendance à sa Grâce que nous porterons du fruit, même plantés au milieu de l’océan. «  L’homme est vieilli par le péché, il est rajeuni par la grâce ». Par sa grâce Jésus nous débarrasse progressivement du péché qui est la véritable mort qui se répand en nous. Par sa grâce, il nous aide à accueillir les appauvrissements, les fatigues, les épreuves de nos existences qui ne sont que les souffrances d’un immense enfantement. Car notre vie est un grand enfantement où nous devenons de plus en plus vivants, jusqu’au dernier passage de la mort qui nous fait entrer dans la vie sans limite, la vie Eternelle.

Nous sommes faits pour la Vie ! pas pour le confort de cette vie. Ne craignons pas d’être bousculés, voire déracinés par Jésus dans la prière et ses sacrements, car « la Charité nous presse ». Elle nous pousse à la porte de la vraie vie, vigoureusement. Et c’est dans cette vie cachée que se déploie l’amour de Dieu. Certaines personnes vivent ainsi, ne cherchant plus l’extraordinaire ni l’agitation du monde, mais trouvant la Vie dans les choses cachées, simples, ordinaires mais transfigurées de l’intérieur par la Charité. Merci à elles de nous témoigner ainsi où se trouve l’essentiel  !


Don Christophe GRANVILLE

Auprès de Lui
se rassemblèrent
des foules

Auprès de Lui
se rassemblèrent
des foules
150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes qu’il monta dans une barque où il s’assit ; toute la foule se tenait sur le rivage.  » Nombreux sont les hommes qui suivent Jésus, car son message est beau, il transperce l’âme : « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles  ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. » Cependant, le Christ n’est pas dupe du succès qu’il obtient dans ces temps où le peuple hébreux attendait la délivrance par l’action de Dieu et de son Messie. Il connait les cœurs et les âmes. Il sait d’avance ceux qui lui resteront fidèles et ceux qui le trahiront. Ce n’est pas à l’apparence, nous le savons, que le Christ juge.

« Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre ». Cette phrase nous remet tous en cause dans notre manière de suivre le Christ. Si nous souhaitons le suivre vraiment, c’est-à-dire comme il le souhaite, il ne faut rien négliger de son enseignement. Nous ne pouvons pas prendre ce qui nous intéresse et rejeter ce qui ne nous semble pas opportun, car Jésus lui-même a dit : « Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise. Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. » Ainsi, si nous nous disons catholiques pratiquants et que nous nous estimons « dans les clous », s’impose à nous une remise en cause permanente de notre foi personnelle et de notre manière de suivre Jésus. Certes en apparence j’ai l’air d’être irréprochable ou presque, mais qu’en est-il vraiment ? Seul le Christ sait. Donc, que nous soyons dix à la messe ou cinq mille, peu importe. Il est bien entendu plus enthousiasmant d’être nombreux, mais c’est l’intensité de notre cœur qui compte et le désir de s’unir à Jésus qui doit être notre référence et non une augmentation du nombre de croyants.

Comme référence pour ma foi, j’ai l’église qui interprète ce que le Christ a dit grâce à l’action de l’Esprit-Saint qui l’inspire : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux, mais ce n’est pas donné à ceux-là. À celui qui a, on donnera, et il sera dans l’abondance ; à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a ». Jésus explique que ceux qui souhaitent le suivre de manière engagée et libre recevront de plus en plus, car ils laissent au fond d’eux la puissance de Dieu s’exprimer. C’est ce qu’ont fait les apôtres qui formèrent les premiers évêques, colonnes de l’église. Pour suivre le Christ, remettons-nous en cause à l’école de l’église pour avancer vers le Père et nous unir à Lui de manière totale.

Don Bruno de LISLE

Tout m’a été remis
par mon Père

Tout m’a été remis
par mon Père
150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Contemplons Jésus en sa prière d’action de grâces à son Père, le Seigneur du Ciel et de la terre, c’est-à-dire le Dieu Tout-Puissant.
“Je te rends grâce pour ta Révélation. Non seulement parce que toi, Père, tu révèles quelque chose de toi-même, mais parce que tu ne le fais pas pour des « sages et des savants », mais pour des « tout-petits ».” Les grands pharisiens et les doctes croient savoir, mais sont trop pleins d’eux-mêmes pour accueillir la Révélation de Dieu en Jésus. Celle-ci ne peut tomber que dans des cœurs vides d’eux-mêmes, pauvres, simples, humbles et petits. La réponse de l’homme à l’initiative divine suppose la pauvreté spirituelle, l’humilité.
« Oui, Père, insiste Jésus, telle a été ta volonté. » Jésus adhère filialement à la Volonté du Père. Il manifeste son unité de volonté avec le Père dans cette révélation aux humbles.
Le verset suivant est d’une grande densité théologique. (Une fois qu’on a adhéré par la Foi en la Révélation, on peut en devenir des “savants” ! Tout en restant petits).
1) « Tout m’a été donné par mon Père »
C’est un « Tout » absolu. Le Fils a tout reçu du Père. On peut dire que cela désigne son identité : le Fils de Dieu est la pure réceptivité du Père, accueil de ce que le Père lui donne. Et le Père donne le « Tout » de Lui-même sans rien garder pour Lui. Le Fils n’a rien qu’il n’ait reçu du Père. Rien d’exclusivement sien, sinon justement ce fait de recevoir du Père. Et le Père n’a plus rien non plus, du fait qu’il a tout donné ; il lui reste le fait qu’il a donné. « Tout m’a été donné par mon Père » est une révélation trinitaire très profonde et très absolue : en Dieu il y a une Personne qui donne Dieu, comme Origine, une Personne qui reçoit Dieu, comme réceptrice, et une Personne qui est le Don de Dieu (le Saint-Esprit, don d’Amour entre le Père et le Fils).
2) « Personne ne connaît le Fils sinon le Père »
Le verbe connaître en grec ici dit même “sur-connaître”, pour exprimer une connaissance intime, vitale, profonde, une expérience stable, concrète, existentielle. Le verbe est au présent, pour dire que cette connaissance est éternelle.
C’est d’abord une connaissance qui part du Père. Et « personne » d’autre que le Père ne l’a. Elle est exclusive, interpersonnelle, divine, inaccessible aux hommes.
Quand le Père “donne tout” à son Fils, c’est à travers cette “connaissance” exclusive, vitale et stable : c’est la Vie de la Trinité. C’est en “connaissant” que le Père “conçoit” et cette “conception” n’est pas une idée, mais un Verbe qui lui est co-éternel. Le Père exerce le don de “tout” Lui-même à travers la Connaissance de Lui-même ; Le Connaissant engendre le Connu à l’intérieur de Lui-même, et il reste Connu de Lui-seul. Et concevoir, c’est engendrer : engendrer son Fils, co-éternel à Lui-même.
3) « Et personne ne connaît le Père sinon le Fils »
C’est le même verbe “sur-connaître” : cette connaissance exclusive et vitale est réciproque. Celui qui est Connu répond à son Père par sa Parole de Connaissance de ce « Tout » de Dieu qui lui a été donné. Le Fils est la Parole de Dieu, la Vérité de Dieu, accueillie du Père et répondue au Père. « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière.  »
4) « Et celui à qui le Fils veut le révéler. »
Le Fils, fait homme, Jésus, veut bien révéler le Père à tous, sans exception ; mais chez les hommes il y a les “grands” qui sont trop remplis pour recevoir cette Révélation, et les « tout-petits », qui seuls sont aptes à la recevoir.
La Pensée du Père, l’Idée du Père, la Connaissance du Père, la Vérité du Père, le Verbe de Dieu, le Tout du Père donné au Fils souhaite révéler ce « Tout » de Dieu aux hommes. Il est « le Chemin, la Vérité et la Vie. » Il est la “synthèse” de Dieu. Il introduit, lui seul, dans le Mystère de Dieu.
C’est par Jésus que nous sommes introduits dans le mystère de réciprocité de Connaissance et d’Amour des Personnes divines constitutif de la Vie divine Une et Trine.
Laissons-nous attirer par son invitation si “douce et humble” comme est son Cœur  : « venez à Moi, le Fils de Dieu, et vous trouverez soulagement pour votre âme ! »
Don Laurent LARROQUE

Bien être ou bonheur… faut-il avoir à choisir ?

Bien être ou bonheur… faut-il avoir à choisir ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Parfois en écoutant l’évangile, nous pouvons être tentés de penser que le Christ exagère !
« Celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. »
Je ne pense pas qu’aucun homme n’ait été plus exigeant avec ses disciples. Peut-on aimer quelqu’un plus que son propre enfant ? Par ailleurs, n’est-il pas dans l’ordre des choses de vouloir réussir sa vie ! Comment peut-on consentir à la perdre ?
Comprendre l’exigence de Jésus est une nécessité pour devenir son disciple. D’autant plus que le Christ insistera à de nombreuses reprises. Il redira cette exigence de l’amour sans partage qu’Il requiert de tous ceux qui veulent marcher à sa suite.
« Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la trouvera. » (Matthieu 16,24-25)
En d’autres termes, Jésus affirme ici son identité. Il est Dieu ! Car un tel sacrifice ne peut être offert qu’à l’être parfait, par qui vient toute chose. Dieu seul peut exiger le don total de nous-même. C’est parce que le Christ est le Verbe incarné que rien ne peut Lui être préféré.
Remarquons que si Jésus exprime cette nécessité si clairement, c’est parce qu’elle constitue le cœur même de sa mission. Le Verbe s’est fait chair afin de nous redire notre vocation. Nous sommes faits par Amour et pour l’Amour. Notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Lui. Par la faute originelle, nous avions perdu notre capacité à aimer. Nous ne savions plus vraiment ce que ce mot voulait dire. Par la faute d’Adam, l’homme s’est centré sur lui-même, au point de ne plus savoir se donner, s’oublier pour n’être attentif qu’à l’autre et aux autres.
C’est ainsi que les portes du paradis (c’est-à-dire du bonheur) se sont fermées pour nous.
En choisissant de ne plus avoir pour référence que notre propre vie, nos affections, nos désirs, l’homme s’est coupé de la source de vie et s’est rendu malheureux !
Bref… nous nous sommes perdus. Nous ne savions plus comment nous épanouir, devenir ce que nous étions ! Jésus est donc venu réouvrir le chemin du bonheur et dans l’Evangile de ce dimanche, il l’exprime avec une limpidité redoutable.
Le bonheur est l’état qui accompagne l’amour lorsqu’il s’établit dans notre être. Et l’amour consiste à s’oublier soi-même pour se donner sans retour, ni mesure.
Ainsi le bonheur de l’homme ne passe pas forcément par son bien-être et peut croiser la croix sur sa route !
Même si la présence de la souffrance sur le chemin du bonheur reste un mystère, demandons au Seigneur de mieux comprendre l’appel qu’Il nous lance.
Demandons cette grâce de toujours suivre ses pas, même lorsque ceux-ci nous amènent au calvaire.
Don Louis-Marie DUPORT

« Témoins »

« Témoins » 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

La semaine dernière, Jésus regardait les foules avec compassion. Il nous invitait d’abord à la prière pour que le Seigneur envoie des ouvriers à sa moisson et il appelait les 12 pour déclencher la mission de l’église. Une mission qui a commencé il y a 2000 ans et ne s’est pas arrêtée depuis. Après les avoir équipés de sa puissance pour réaliser les mêmes signes que Jésus, il les envoie proclamer que le Royaume de Dieu s’est approché de nous. Il leur dit aussi de ne rien emporter et les avertit qu’il les envoie comme des agneaux au milieu des loups.
En quelques versets, tout est dit. Enfin il annonce la récompense pour leurs auditeurs (v40) : « Qui vous accueille, m’accueille et qui m’accueille, accueille Celui qui m’a envoyé » et la récompense pour les envoyés (v32) : « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. »
N’aimerions-nous pas que le Seigneur Jésus se prononce pour nous devant ses anges et son Père ? Si nous n’entrons pas dans ce regard de Jésus sur le monde, nous risquons de le laisser faire seul cette mission. Certes, Dieu est assez puissant pour s’annoncer lui-même, mais depuis 2000 ans, il a voulu nous associer, nous faire cette miséricorde de nous associer à sa mission.
Dieu témoigne par sa création, il témoigne dans sa Parole mais il veut aussi témoigner par nous. Voulons-nous témoigner de Lui ? Saurons-nous témoigner pour Lui ?
Un témoignage cela se prépare pour qu’au jour opportun et au moment favorable, nous soyons prêts à dire les merveilles que Dieu a faites pour nous. De quoi allons nous parler dans notre témoignage ? De ce que Dieu a fait dans notre vie. Pour certains ce sera un chemin de Damas, une conversion fulgurante, pour d’autres une douce inclination qui nous a conduits à faire les bons choix, aux bons moments jusqu’à ce que nous sommes devenus aujourd’hui par sa grâce. Si le premier témoignage impressionne davantage, il rejoint moins de personnes, là où le deuxième plus discret, rejoindra davantage nos contemporains qui nous entourent.
Il y a toujours 3 étapes : ce que nous étions avant, l’œuvre ou la rencontre de Dieu, ce que nous sommes devenus après. Voilà la matière de tout témoignage. Saurions-nous en écrire les grandes lignes pour être à même de les raconter à celui que Dieu nous enverra ? Peut-être que c’est modeste, que nous pensons que cela ne vaut pas la peine d’être dit, mais ce sont les petites graines de l’évangile dont le Seigneur se sert pour que toutes ces semences finissent par germer. Tout commence petit, ne craignons pas de dire ces petites merveilles que le Seigneur a faites pour nous ; ce sont les arrhes de son Royaume.
Plus nous témoignons, mieux nous reconnaissons les merveilles de Dieu dans nos vies, plus nous en témoignerons… C’est une spirale vertueuse. Tout commence par ce regard d’amour de Jésus sur son peuple chéri.
Don Marc-Antoine CROIZET-POURCELET

Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile

Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Beaucoup d’entre nous ont suivi avec effroi le drame qui s’est joué à Annecy le 8 juin dernier. Un homme armé d’un couteau a commis des atrocités dans un parc, attaquant principalement des enfants. Il est de notre devoir de prier pour les victimes de cette attaque qui ont besoin de soutien. Portons-les dans nos prières quotidiennes, même une fois l’émotion passée.
Durant cette attaque, plusieurs personnes ont agi avec bravoure. Elles ont fait ce qui leur était possible afin d’assister les blessés, contrer l’agresseur, prévenir les secours. Il est beau de voir le meilleur de l’homme au grand jour dans des heures sombres comme celles-ci. Et, lorsque nous lisons la seconde lecture de ce dimanche, comment ne pas penser à elles : « Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être quelqu’un s’exposerait-il à mourir pour un homme de bien » (Rm 5,7). Accepter de prendre des risques, c’est-à-dire dans ce cas risquer de perdre la vie, est quelque chose qu’on imagine difficile et qui dépend certainement de bien des facteurs. Beaucoup d’hommes cependant sont parvenus à faire don de leurs vies pour sauver une autre vie. Peut-être que certains d’entre nous connaissent le chant « les excuses de l’aspirant », un chant que l’on apprend aux jeunes scouts en souvenir d’Albert HATSWELL tué lors de son second sauvetage à l’âge de 12  ans :
Chef de patrouille, excusez-moi : Je n’irais pas au camp. Pourquoi ?
Il faut bien que je vous le dise : je suis couché, tout simplement.
Je vais vous raconter comment cela m’arrive.
J’étais dans la rue : une auto filait tout droit sur un marmot,
L’accident allait être atroce, alors mon sang n’a fait qu’un tour,
Et je me suis élancé pour sauver ce gosse.
Il était temps ! Mais, après ça, je ne sais ce qui se passa,
Car l’auto m’a jeté par terre, et, du trottoir de gens rempli,
Je me suis trouvé dans mon lit, près de ma mère.
J’ai beaucoup de mal au côté… Le docteur qui m’a visité
Dit qu’il se peut bien que j’en meure ; pour être prêt à tous moments,
J’ai reçu tous les sacrements, et Maman pleure…
Faut pas me traiter de martyr ! L’auto n’a pas pu ralentir.
Le chauffeur a perdu la tête ! Moi, je cherchais l’occasion
De faire ma Bonne Action, et je l’ai faite.

Comme le dit saint Paul, donner sa vie pour quelqu’un de bon est déjà difficile. Le Christ, lui, a donné sa vie pour le monde, monde qui pourtant le rejette par les péchés qu’il commet inlassablement. Cet évènement doit nous rappeler l’amour immense de Dieu pour nous, amour que nous avons pu contempler vendredi dernier en priant devant la statue du sacré cœur au jour où l’on en fait mémoire.
Que nous allions bien, que nous ayons des ennuis, n’oublions jamais l’acte d’amour de notre Dieu qui donnant sa vie sur la croix, la donna pour des hommes qui l’avaient rejetée et qui ne méritaient pas un tel sauveur.

……………………………………………………………. Don Bruno de LISLE

Notre Dame du Cénacle

Notre Dame du Cénacle 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Entre l’Ascension et la Pentecôte, la première église naissante était rassemblée dans la chambre haute du Cénacle conformément à ce que Jésus leur avait demandé. « Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père » (Ac 1,4). Le temps de la foi – sans avoir vu le visage du Christ – commence. Les onze apôtres et quelques disciples étaient réunis autour de la Vierge Marie en attendant cette «  force d’en haut » dont ils devaient être revêtus « Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours. » (Ac 1,5). Toute l’Eglise y est concentrée, persévérant dans la prière, faisant mémoire de Jésus, de ses paroles, de ses promesses. Le résultat de cette attente fervente avec la Vierge-Marie c’est l’irruption de l’Esprit-Saint : ils en sont baignés et revêtus.
En sortant du Cénacle, à la simple prédication du cœur de la foi par Saint Pierre, trois mille personnes se joignirent à eux : « Cet homme, [Jésus] /…/ vous l’avez supprimé en le clouant sur le bois par la main des impies. Mais Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir. » (Ac 2,23-24) puis « Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié. » (Ac 2,36).
Nous voyons là l’œuvre de l’Esprit-Saint quand nous le laissons agir dans nos vies. Il démultiplie tout à l’infini et donne la vraie fécondité à toutes nos actions. Lui qui préside déjà la Création du monde, lui qui est donateur de vie, lui qui se donne à des personnes en particulier pour des missions prodigieuses veut agir dans nos cœurs et dans nos vies. Jésus nous a bien dit que notre Père du ciel donnera l’Esprit-Saint à ceux qui le lui demandent. (Lc 11,13)
Par l’Esprit-Saint nous changeons d’échelle de mesure, nous ne nous contentons plus d’essayer d’être de bonnes personnes, fidèles à nos devoirs un peu comme les pharisiens de l’évangile, nous laissons Dieu agir à sa mesure. Celle-ci dépassera toujours infiniment ce que nous aurions pu imaginer ou concevoir, c’est la vraie mesure dont Dieu et le monde ont besoin. Par l’Esprit-Saint, nous prierons le Père en Esprit et en Vérité, ajustés à la nature de Celui en présence de qui nous souhaitons nous tenir. Par l’Esprit-Saint nous trouvons la force d’aimer comme Jésus a aimé, jusqu’à l’excès.
A l’école de Marie au Cénacle, demandons avec ferveur le renouvellement de cette force d’en haut dont nous avons été revêtus à notre Confirmation. Demandons pour ceux qui la recevront ce dimanche de Pentecôte qu’ils ne laissent pas ce trésor enfoui dans un champ. Alors nous pourrons comme la Vierge-Marie nous laisser conduire par l’Esprit-Saint et communiquer le Christ aux autres, jusqu’aux extrémités de la Terre !

Don Marc-Antoine CROIZE POURCELET

« Un langage mystérieux, mais de vérité »

« Un langage mystérieux, mais de vérité » 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Le chapitre quatorzième de saint Jean n’est pas le plus facile à comprendre pour nous et pourtant il nous apprend de nombreuses choses sur le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Ce n’est pas un chapitre sur lequel il faut passer succinctement, au contraire, il est bon de lire et de relire ces passages pour chercher et comprendre la relation entre les trois personnes de la Trinité.
« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous » (Jn 14, 16) : Jésus prie le Père. Voilà un point qui peut nous surprendre. Dans la prière on peut comprendre qu’il y a un supérieur et un inférieur. Lorsque nous prions Dieu, nous savons bien qu’Il est infiniment plus grand que nous. Ici, si Jésus prie le Père, c’est en tant qu’homme. Plus loin dans l’évangile, toujours au chapitre quatorze, Jésus dit que le Père est plus grand que lui : « Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi » (Jn 14, 28). Il faut également comprendre cette phrase comme la parole d’un homme qui a la mission de faire la volonté du Père. En-soi le Fils n’est nullement inférieur au Père, mais la mission de Jésus est de nous faire comprendre que nous devons aller vers le Père.
« L’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous » (Jn 14,17) : Pour voir l’Esprit Saint, il faut avoir la foi. Il est toujours avec nous, auprès de nous, agissant même lorsque nous sommes dans la difficulté. Le monde lui ne le voit pas et par voie de conséquence, ne peut pas le connaître. C’est uniquement par la foi en regardant le monde avec les lunettes de la foi que nous pouvons voir l’Esprit, le connaître et l’aimer.
« En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous » (Jn 14,20) : Voilà une phrase mystérieuse mais réconfortante. La foi nous rend unie avec Dieu d’une manière que nous ne parvenons pas à bien comprendre. Pourtant, si nous reconnaissons que Jésus est dans le Père, nous entrons dans une communion intime avec Dieu. C’est un langage mystérieux, mais de vérité dont le centre est la confiance que nous portons en Dieu. Cette communion peut être d’une grande profondeur, d’une profondeur dont la mesure est notre foi. C’est pourquoi les Saints vivent d’une intimité avec Dieu qui nous étonne puisque Dieu est en eux d’une manière très vive.
Que cet évangile nous aide à comprendre d’avantage le mystère de Dieu, qu’en le comprenant, nous souhaitions le chercher encore plus, et qu’en le cherchant, nous l’aimions sans cesse.

Don Bruno de LISLE

Est-ce égoïste de désirer pour soi le Paradis

Est-ce égoïste de désirer pour soi le Paradis 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Dans notre évangile, ce dimanche, Jésus dit nous avoir préparé une place dans son Royaume. Mais au fait…. Est-ce égoïste de désirer le paradis pour soi même ?
Pour répondre à cette question nous devrons distinguer deux sortes d’amour.
Amour d’amitié et amour de convoitise.
Dans l’amour il y’a toujours un bien en jeu (quelques euros que je donne au pauvre, le paradis que Dieu nous donne, du comté pour l’anniversaire de Don Louis Marie.)
Les exemples nous disent aussi combien, pour que l’amour existe, il est nécessaire qu’une personne soit présente pour que ce bien soit donné. Même dans l’expression « j’aime le comté », le bien est le goût salé et fruité du comté, et la personne est…moi même. Si j’aime une autre personne on parlera d’amour d’amitié, si c’est moi même que j’aime, on parlera d’amour de convoitise.
L’amour d’amitié est oblatif : on veut le bien de la personne pour elle même. C’est un amour altruiste.
L’amour de convoitise est captatif : j’aime une réalité, pour le bien qu’elle m’apporte. C’est un amour de soi.
L’amour d’amitié est parfait.
C’est la plus belle forme d’amour, car la personne est aimée pour elle-même, en cherchant son bien. Quand j’aime Dieu de cette façon, on appelle ça la Charité. J’aime Dieu, indépendamment de ce qu’il fait pour moi ! « La charité est serviable, elle ne cherche pas un intérêt, elle supporte tout. » 1Co 13, 4-7.
Un amour de convoitise est imparfait.
Aimer quelqu’un de convoitise, c’est aimer une personne pour ce qu’elle m’apporte. Mais ce n’est pas une question morale. Parfait et imparfait ne veulent pas dire bien et mal. Cette distinction veut juste nous dire qu’il y a un amour meilleur que l’autre.
Aimer de convoitise peut être bon ! Il n’est pas mauvais de désirer pour soi ce qui est bon  ! (air, eau, nourriture…). De plus si ces choses me sont données par une autre personne, il n’est pas mauvais de l’aimer pour ce qu’elle m’apporte. C’est ce qui se passe quand je désire le Ciel et que cela me fait aimer Dieu. De plus Dieu veut lui-même que nous l’aimions ainsi ! Il veut être notre sauveur, (Is 43,3). Lui seul peut nous donner le paradis, qui est l’accomplissement de notre vie.
La purification nécessaire
Il faudra nécessairement, cependant, que mon amour de convoitise soit purifié. On ne désire pas le Ciel comme on désire du Comté. Si le Bien en jeu devient supérieur à celui qui me donne ce bien, alors mon amour est injuste. Il devient égoïste. Saint Augustin a une belle expression  : « le péché c’est l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu. » Nous devons veiller à ne pas nous faire manger par notre égoïsme. Mais le désire du Ciel ne peut être égoïste, car mon Ciel, c’est Dieu. Vouloir le Ciel, c’est vouloir ordonner ma Vie à lui. Dieu n’est pas le moyen de mon bonheur. C’est Lui que j’aime plus que moi. Le ciel étant une vie de communion avec Dieu et les autres, l’égoïsme ne peut trouver sa place que dans le désir que nous en avons. Tout dépend de la façon dont nous désirons recevoir cette récompense.
Est ce que l’amour pur doit être purifié aussi ?
Et bien, paradoxalement, oui ! Le même travail est nécessaire. Dans le désintéressement qu’on peut avoir dans une relation gratuite d’amitié, l’orgueil peut se dissimuler : celui de ne pas vouloir nous reconnaître petite créature face au créateur. Seul Dieu, en effet, ne reçoit rien quand il aime. Il est le seul à ne pas avoir de besoin ! ( vouloir ne rien recevoir ressemble beaucoup au péché d’orgueil de Satan et même… au péché originel = c’est une très nocive indépendance)
Dieu veut qu’on ait des désirs. Nous devons désirer le Ciel ! Je n’aime pas Dieu d’abord pour ce qu’il m’apporte. Mais cela ne veut pas dire que ce qu’il m’apporte disparaît !
Ainsi il n’y a pas à choisir entre un amour désintéressé et un amour qui désire recevoir  ! Ici-bas la Vie chrétienne nous fait éprouver l’une et l’autre tendance. Les deux ne s’opposent pas. Aimer Dieu demande de ne pas aimer son péché et de préférer Dieu à soi-même, mais il ne s’agit pas d’anéantir tout désir et tout amour de soi. On aimera Dieu pour lui-même. Mais aussi comme le seul et unique Bien qui peut nous combler. Et le « B » est bien en majuscule, car notre Bien c’est Lui.
Pour conclure, ces deux amours se conduisent l’un à l’autre : quand j’aime Dieu gratuitement, j’aime aussi ce qu’il aime et je me réjouis de ce qu’il peut me donner. Et quand je désire le Paradis, je suis conduit à chercher qui est Dieu et cela me conduit à l’aimer tel qu’il est et pour ce qu’il est.
Don Christophe GRANVILLE

La porte qui divinise !

La porte qui divinise ! 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Si Dieu existait, comment pourrais-je supporter de ne pas l’être »…Cette phrase de Nietzsche peut sembler orgueilleuse, mais elle rejoint notre expérience quotidienne. Dès l’enfance, nous constatons que ce désir d’être autosuffisant est présent. L’éducation cherche à faire sortir l’enfant de lui-même, à lui montrer qu’il a besoin des autres pour grandir. Mais l’éducateur se heurte à la résistance de l’enfant qui bien souvent ne veut pas suivre, mais faire tout tout seul. Ce qu’on appelle l’ambition est souvent un désir d’être le premier ! Au fond, nous voulons décider par nous-mêmes. « Personne ne doit me dire ce que j’ai à faire ou ce que je dois penser »… Comme Nietzsche, nous voulons être Dieu !
Cette tentation à l’auto-suffisance n’est pas vraiment évangélique. à bien des reprises, pour nous montrer l’exemple, Jésus emprunte le chemin inverse en se faisant dépendant. Nous pouvons contempler ce mystère d’abaissement à la crèche où Dieu se fait totale dépendance. La veille de sa passion, Jésus au lavement des pieds va même jusqu’à prendre la dernière place. Par ailleurs, Il se montre très ferme lorsqu’un de ses disciples choisit de passer le premier. « Passe derrière moi Satan  » dit-il à Pierre qui veut avoir raison contre le Christ !
Pourtant ce désir d’être divinisé qui parle si fort en nous, n’est pas nécessairement une ambition malsaine ! Elle est même le but ultime de toute vie chrétienne. Saint-Augustin affirme même que cette divinisation de l’homme est l’achèvement de l’incarnation. « Notre Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit Dieu ». La générosité de Dieu est si grande qu’Il a voulu se faire homme. Ainsi par l’humanité de Jésus, l’homme peut accéder à la Divinité. Le Christ en unissant les deux natures devient le chemin de notre rencontre avec Dieu.
Toutefois, si notre aspiration à être Dieu n’est pas mauvaise, la volonté d’y parvenir seul, sans aide, vient directement du péché originel. Le chrétien est un mendiant ! Il choisit d’être dépendant du Christ, de marcher à la suite du Christ. La vocation chrétienne est toujours une réponse à cette injonction de Jésus : « Suis moi ! ».
« Amen, amen, je vous le dis : Celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit ». Pour accéder à la Trinité, il nous faut passer par la porte qu’est la personne de Jésus ! « Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ». Le Christ est notre unique accès au Père.
Puissions-nous au cours de cette semaine, ne rien faire que par Jésus, avec Lui et en Lui ! Alors, il nous conduira dans ses près d’herbe fraiche où nous ne manquons de rien puisque nous sommes mis en présence de l’infini ! Alors Il nous enseignera comment l’homme s’éternise !

Don Louis-Marie DUPORT

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