Durant tout l’Ancien Testament, Dieu n’a de cesse de répéter à son peuple de faire mémoire de tout ce qu’il a reçu durant son existence. On peut lire dans le livre du Deutéronome au chapitre huitième : « Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert » et un peu plus tard « Garde-toi d’oublier le Seigneur ton Dieu, de négliger ses commandements, ses ordonnances et ses décrets, que je te donne aujourd’hui ». Ce décret fait partie de la pédagogie de Dieu pour que le peuple ne passe pas trop vite sur les évènements de ce monde et surtout sur les bienfaits qu’il leur prodigue. Car c’est souvent une tentation, que nous connaissons bien, de vivre l’instant présent (Carpe Diem) et d’oublier Celui qui nous a permis de vivre. Nos générations qui ont été éduquées avec l’esprit de consommation, sont plus fragiles que les autres.
Cette mémoire demandée par Dieu continue bien évidement dans le nouveau Testament. Jésus instituant l’Eucharistie avant de mourir dit à ses apôtres : « Faites ceci en mémoire de moi ». Si Dieu nous donne ce commandement tout au long de la révélation, c’est que cela est bon pour l’homme, même nécessaire. Ainsi, sans vivre dans le passé et dans la nostalgie, il nous faut nous souvenir de la bonté de Dieu pour nous et des intermédiaires de cette bonté. C’est pour cela que nous nous préparons à la solennité de la Toussaint durant laquelle nous chanterons la gloire éternelle de Dieu, de concert avec tous les saints du ciel. Avec eux, nous nous souviendrons de tout ce que Dieu a fait pour son peuple triomphant qui vit avec lui maintenant au ciel. Le lendemain, nous nous souviendrons encore de nos défunts, ceux qui nous ont précédés, que nous avons aimés et que nous aimons encore. Nous nous souviendrons du bien qu’ils ont pu nous apporter et nous prierons pour le repos de leurs âmes.
Bref, en tout temps, la mémoire de l’action de Dieu dans nos vies, le souvenir de ceux que nous avons aimés, ne doit pas nous quitter. C’est pour cela que nous allons dans nos cimetières nous recueillir et nous souvenir de l’amour que Dieu a mis dans nos vies. Les cimetières, lieux hors du temps, se doivent être des lieux où l’amour de nos défunts et le nôtre se rencontrent. Vivons ces moments comme des moments de grâces même s’ils peuvent être empreints de tristesse et de souvenirs douloureux. Dieu travaille nos âmes en ces instants bénis.
Don Bruno de LISLE