Editorial Principal

« Veillez ! »

« Veillez ! » 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Souhaitons-nous la « bonne année » liturgique, car en ce premier dimanche de l’Avent, nous commençons une nouvelle année, un nouveau cycle liturgique.
Dans l’Evangile, Jésus nous exhorte à la vigilance. Rester éveillé, cela veut dire garder la foi, garder les commandements, garder les sacrements, garder la prière (ce sont les 4 parties du Catéchisme de l’Eglise Catholique : le Credo, les 10 commandements, les 7 sacrements, la prière du Notre Père et du Je vous salue Marie). Il ne s’agit pas de nouveautés, ni de choses compliquées, il s’agit de garder et de faire fructifier le dépôt reçu, intangible, durant cette année nouvelle, en attendant le retour du Seigneur, qui « est le même, hier, aujourd’hui et à jamais » (Hé 13,8).
S’assoupir dans la foi, ne plus la nourrir, la vivifier, la faire grandir, cela peut nous arriver insensiblement. Des chrétiens parfois se contentent d’être des chrétiens d’habitude ; la foi alors s’affaiblit, elle peut se retrouver tellement fragile qu’elle ne résiste pas aux modes de pensée de notre monde sans Dieu, qui sont comme des vents tempêtueux qui déracinent les vieux arbres. Arrive un coup dur dans la vie, et l’on peut se retrouver dans le noir, sans la foi. « Veiller », c’est nourrir la foi grâce à la Parole de Dieu, lue et méditée chaque jour.
S’endormir dans les commandements, c’est ne pas les connaître, ne plus les pratiquer, les considérer, toujours dans ce monde sans Dieu, comme dépassés, c’est s’adapter à la mentalité et aux modes d’agir de ce monde, sans plus être sel de la terre ni lumière du monde, mais terre avec la terre et se retrouver, là encore, dans le noir. Quel gouvernement au monde pourrait dire que le commandement « tu ne tueras pas » serait désormais dépassé en prétendant que l’avortement devienne un droit ? La nuit descend et s’épaissit. « Veilleur, où en est la nuit ? » (Is 21,11).
S’endormir dans les sacrements, c’est ne plus les pratiquer, ou les méconnaitre. Regardons comment nous sommes attachés aux sacrements qui sont à notre disposition : la messe, qui peut être quotidienne, si l’on veut, et la confession : plus d’une fois par an ? Il y a en a qui vienne chercher ce « fortifiant » régulièrement.
S’endormir dans la prière, c’est ne plus prier, ou pas beaucoup, ou pas assez. Jésus associe bien les deux attitudes : « veillez et priez », sinon vous n’allez pas tenir au jour de tempête.
Nous sommes ces veilleurs auxquels Isaïe s’adressait, et nous répondons : oui, c’est le samedi saint, puis encore une nuit de veille, et vient enfin le matin de Pâques (Is 21,12). Si nous sommes en un grand samedi saint, tandis que la foi a sombré chez les disciples, car Jésus est dans un noir tombeau, même si l’espérance a sombré chez presque tous, Marie veille, son espérance est restée intacte, car elle n’est pas établie sur l’évidence des faits, mais sur les promesses de son Fils : « le troisième jour, je ressusciterai ! » Elle a tenu ferme et n’a pas été déçue. Attachons-nous à Marie et nous ne perdrons pas l’espérance.
En effet, les Paroles de Jésus ne passeront pas, tandis que le ciel et la terre passeront. Restons attachés à celles-ci, c’est-à-dire à l’Evangile. C’est-à-dire « bonne nouvelle ». Est-ce que les mauvaises nouvelles d’un monde secoué par la perversion, d’une église secouée par l’apostasie pourraient l’emporter sur l’Evangile ? Pour reprendre Saint Paul : est-ce que les persécutions, les insultes, les angoisses peuvent nous séparer de Jésus, le Christ, le Sauveur de l’humanité ? (Rm 8,35-39). C’est lui qui nous envoie, peu importe que ce soit au milieu des loups. Avec le Bon Pasteur nous sommes les grands vainqueurs « car éternel est son Amour. »
Bonne année !
Don Laurent LARROQUE

Message de Monseigneur Dominique Rey aux fidèles

Message de Monseigneur Dominique Rey aux fidèles 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Chers frères et sœurs,
Après la visite apostolique menée en début d’année en notre Diocèse, le Saint-Père a nommé Monseigneur François Touvet, évêque coadjuteur du diocèse de Fréjus-Toulon. Le coadjuteur,
selon le droit de l’Église, est un évêque qui me succédera lorsque ma charge prendra fin. Dans le cas présent, le pape lui confère des responsabilités spécifiques. J’avais moi-même suggéré la
nomination d’un évêque qui m’assiste dans le cadre de mes échanges avec les dicastères romains. J’accueille dans la confiance Mgr Touvet qui participera à mes côtés au gouvernement de notre Diocèse.
Je rends grâce à Dieu de voir notre Diocèse sortir des tourments dans lesquels nous étions entrés depuis le mois de juin 2022. Cette année et demie d’attente fut particulièrement difficile et douloureuse pour nous tous, prêtres, religieux, fidèles et particulièrement séminaristes. Malgré la tentation de la colère ou de l’incompréhension face à cette sanction collective, grâce à la prière et par la grâce de Dieu, nous n’avons pas cédé au découragement. C’est pourquoi je tiens à vous remercier d’avoir traversé avec moi ce temps d’épreuve dans la confiance et la prière. Notre Église diocésaine en sortira grandie dans l’humilité, le pardon, la remise en question, la confiance en Dieu et en l’Église.
Désormais une nouvelle ère commence pour notre Diocèse et je suis heureux des perspectives qui s’ouvrent à nous. J’accueille Monseigneur François Touvet en frère ; je le connais depuis de nombreuses années, notamment depuis que la charge épiscopale du diocèse de Châlons-en – Champagne lui a été confiée il y a 8 ans. Il est par ailleurs venu visiter notre Diocèse et notre séminaire, il y a quelques années. Il sait l’esprit missionnaire qui anime notre Diocèse et l’engagement fort de celui-ci dans la Diaconie au service des plus démunis
Désormais Monseigneur François Touvet administrera le Diocèse à mes côtés, particulièrement dans les domaines que le Saint-Père lui a confiés : gestion du clergé, administration, formation des séminaristes et des prêtres, accompagnement des communautés.
Je confie à vos prières et à la Sainte Providence cette collaboration nouvelle qui, j’en suis certain, apportera un nouveau dynamisme à notre Diocèse, pour le salut des âmes et la plus grande gloire de Dieu.
Mgr Dominique REY
Évêque de Fréjus-Toulon

« Notre sentiment d’appartenance »

« Notre sentiment d’appartenance » 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Revenu récemment des Assises Martiniennes, rassemblement annuel de tous les prêtres de saint Martin durant lequel les membres prient, se retrouvent et travaillent ; j’ai en tête ce dont nous avons parlé ensemble à savoir le sentiment d’appartenance à la communauté saint Martin. Cette question peut être adaptée à l’ensemble de notre paroisse. Qu’est ce qui fait que je me sente appartenir à l’église particulière de saint Raphaël ? Dans cette église particulière se trouvent différents clochers. A quel clocher je me rattache et pourquoi ?
Ces questions sont importantes pour connaitre ses racines, savoir qui nous sommes et où nous allons, avoir une réflexion générale sur ma manière de pratiquer ma foi, savoir si je suis à la bonne place ou non.
Nos racines tout d’abord : ce qui fait que nous appartenons à cette église particulière est avant tout chose notre attachement à la personne du Christ. C’est lui qui est le centre de notre attention car il nous conduit directement à son Père comme il nous l’a enseigné. Ce qui m’unit à cette église n’est donc pas un parti politique ; Parmi nous certainement se trouvent des personnes qui ont des réflexions politiques très différentes. Ce qui m’unit à cette église n’est donc pas une identité humaine ; Parmi nous beaucoup viennent de différents horizons. Ce qui m’unit à cette église ne sont pas des sentiments communs ; Parmi nous beaucoup vivent la foi avec une sensibilité différente. Bref ce qui fait que nous sommes attachés à cette église particulière est notre recherche convergente de Dieu par la personne de Jésus. Cette recherche doit être ce qui lisse les différences pour que nous ne formions qu’un seul peuple, celui de Dieu.
Mon église ensuite : il est important de savoir si l’on est à la bonne place. On peut choisir son clocher selon de nombreux critères que je ne vais pas énumérer et qui sont certainement justifiables. Un seul cependant est vraiment bon : vais-je pouvoir grandir dans la foi et aider mon prochain dans ce but ? Car nous ne sommes pas seuls. Notre investissement est nécessaire pour que tous nous puissions grandir. Si je me sens bien dans tel église pourquoi ne pas m’y investir ? Certainement que l’on a besoin de moi pour faire grandir le sentiment d’appartenance.

Don Bruno de Lisle

Le Mal – en politique

Le Mal – en politique 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

—— « Eichmann à Jérusalem », 1963.
Il y a 60 ans cette année, une journaliste philosophe et politologue juive défrayait la chronique. Elle venait de qualifier le très fameux logisticien de la « solution finale » de la Shoah –dont elle avait intégralement couvert le procès– de « banal ». Le mot était lancé. Il provoqua contre sa personne une violente salve d’insultes et d’injures, jusqu’à l’obscène. Si derrière cette colère il pouvait y avoir de l’incompréhension
–celle de croire que ‘banal’ signifierait ‘sans importance’– cette réaction dépassait non seulement la bienséance, mais encore l’entendement. N’y avait-il pas dans cette disproportion l’expression du Mal lui-même, révolté d’être ainsi mis en lumière ?
Car de fait il n’y a pas d’opposition entre l’horreur du mal exercé, et la modalité de son exercice, factuellement constatée par Hannah Arendt comme étant « banale ».
Pour notre philosophe, le mal est bien sûr « radical ». Mais, selon un procédé politique qu’il conviendrait d’analyser, ce mal radical se réalise sous les dehors d’une sinistre banalité.
En témoigne le procès de Jérusalem en 1961 : tous s’attendaient à l‘affreux spectacle d’un « ogre » dans sa cage de verre du tribunal de Jérusalem, un monstre, puissant, ignoble, maléfique, digne des millions de meurtres qui lui étaient imputés. On ne vit en fait qu’un « petit fonctionnaire », « insignifiant », qui avait simplement accompli son travail, qui avait simplement abdiqué de son pouvoir de « penser ». Il en était devenu incapable de former le moindre jugement moral. « Les seuls responsables, se défendra-t-il, ce sont mes chefs, ma seule faute a été mon obéissance ». Petit. Banal.
—— « Du mensonge en politique », 1969.
Plus tard, dans un autre contexte, encore terrifiant, Hannah Arendt se demande gravement : « comment ont-ils pu ? ». Préalablement, elle montre de manière rationnelle et historique que « le mensonge a toujours été considéré comme un moyen parfaitement justifié dans les affaires politiques ».
Mais tout de même… « comment ont-ils pu ? » Comment ont-ils pu accepter des millions de morts (notamment ici ceux de la guerre du Viet Nam) en se fondant sur le mensonge ?
Arendt écrit : « un lien existe entre la tromperie et l’autosuggestion » : « plus un trompeur est convaincant et réussit à convaincre, plus il a de chance de croire lui-même à ses propres mensonges ». « Le dupeur qui se dupe lui-même perd tout contact (…) avec le monde réel ».
Et revient alors notre thème : « Les spécialistes de la solution des problèmes (ainsi appelle t-elle ironiquement les hommes d’administrations politiques) n’appréciaient pas, ils calculaient. »
—— Au pays des Droits de l’Homme, 2023.
Il m’est souvent bien difficile d’envisager de la mauvaise foi chez les menteurs d’envergure et autres pervers de toutes sortes. Mon excessive naïveté en est surement responsable.
Hannah Arendt, avec ses concepts de « banalité du mal », et « d’autosuggestion dans la tromperie », me permet de concilier – un peu – cette naïveté avec l’épouvantable objectivité du mal organisé, politique.
À l’heure où l’on parle de légaliser la mise à mort de personnes censées l’avoir demandée (l’euthanasie), à l’heure où l’on parle aussi d’inscrire dans la Constitution un droit à mettre à mort d’autres personnes qui n’ont pas encore de voix pour le demander (l’avortement), il est salutaire et urgent de renouer avec notre dignité, notre capacité et notre devoir de « penser ».
Ainsi seulement nous pourrons « apprécier », sans nous laisser abuser par les «  calculs ».
La dramatique banalité du mal est à notre porte. Aujourd’hui. Ici. Chez nous.
« Dieu dit : Demande ce que tu veux que je te donne. Salomon réplique : Donne à ton serviteur un coeur intelligent pour juger ton peuple, pour discerner entre le bien et le mal. » 1 R 3,9.

Abbé Jean-Baptiste MOUILLARD

Prions pour nos défunts !

Prions pour nos défunts ! 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel » (Catéchisme de l’église catholique, n°1030).
Voici comment le catéchisme parle du Purgatoire, réalité de notre foi que nous sommes invités à regarder pendant ce mois de novembre, mois consacré à la prière pour les fidèles défunts. Lors de notre mort, nous vivrons le jugement particulier (« nous serons jugés sur l’amour  » nous dit saint Jean de La Croix) et, si nous sommes sauvés, nous irons soit directement au Paradis rejoindre les saints que nous avons fêtés le 1er novembre, soit au Purgatoire. Le Purgatoire est un temps de souffrance dans lequel les âmes passent par la peine du sens et la peine du dam (peine d’être séparé de la vision de Dieu). Cependant, à la différence des peines de l’enfer, les peines du Purgatoire sont passagères car les âmes qui s’y trouvent sont dans l’attente d’être dans la vision de Dieu. C’est donc un temps de purification.
En étudiant l’eschatologie, la théologie sur les fins dernières, nous comprenons que la souffrance de la séparation d’avec nos proches, causée par la mort, est prise au sérieux. Souvent, même chez les chrétiens fervents, on entend trop vite : « il est au Ciel, c’est merveilleux » ou alors « il n’a pas fait de mal, il est forcément au Paradis ». Les personnes plus loin de l’Eglise s’expriment avec leurs mots en disant que leurs défunts sont comme une étoile dans le ciel ou comme un ange qui veille sur eux. La foi de l’Eglise ne passe pas par-dessus la souffrance, elle ne la nie pas, elle ne nous dit pas que la mort est facile à vivre. L’espérance chrétienne ne fait pas semblant, elle n’est pas un discours vain : elle prend en compte la réalité du mal et de la souffrance. Il me semble que notre foi dans le Purgatoire nous le rappelle : nous avons à prier pour nos défunts pour qu’ils soient délivrés de la souffrance la plus grande qui soit : la séparation de Dieu, qui est l’amour infini. Alors une joie mystérieuse pourra réellement naître de nos cœurs car nous saurons qu’en priant pour ceux que nous avons aimés, nous leur permettrons d’accéder à la gloire du Ciel. Depuis les premiers temps de l’Eglise, les chrétiens ont prié pour leurs défunts, particulièrement en offrant le sacrifice de la messe à leur mémoire. Mettons nous à leur suite en priant, en retrouvant si nous l’avons perdu la belle coutume d’offrir des messes. Que la mort ne soit pas un sujet tabou dans nos foyers chrétiens mais que, la prière pour les défunts faisant partie de notre vie, nous nous préparions dès notre jeune âge à vivre, le moment venu, une sainte mort. C’est ce que nous demandons à Marie lorsque nous lui demandons de prier pour nous « maintenant et à l’heure de notre mort ».
Don Raphaël SIMONNEAUX

Sur la nécessité d’aimer..

Sur la nécessité d’aimer.. 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Parce que Dieu est Père, il nous guide en nous donnant une loi. C’est le propre de la paternité que d’accompagner la croissance de l’enfant. Son rôle est à la fois d’encourager en montrant le bien à atteindre, mais aussi, d’interdire ou d’obliger pour éviter la chute.
Ainsi, Dieu a-t-il accompagné la croissance du peuple élu. Dans l’Ancien Testament il y avait 613 commandements qui, au fur et à mesure de l’histoire, s’étaient accumulés, formant parfois un cadre trop rigide. La question du pharisien dans l’évangile de ce dimanche (« Quel est le plus grand commandement ? » ) n’était donc pas superflue. Il était nécessaire de hiérarchiser tout ces commandements pour éviter la paralysie normative.
Même si l’intention était mauvaise puisqu’il s’agissait de piéger Jésus, la question était donc bonne. Elle permet au Christ de formuler la synthèse de nos aspirations les plus profondes. En résumant ainsi la loi, Jésus nous indique le chemin le plus sur pour parvenir au bonheur ! Nous devrions apprendre par cœur ce « plus grand des commandements » et nous le répéter tous les matins :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »
Il est très beau de constater que le résumé que nous donne Jésus de toute la loi divine tient en un mot : « Aime ».
Si le Père a voulu l’établir comme une loi, c’est parce qu’elle est la condition « sine qua non » de notre croissance ! Elle est une nécessité de notre épanouissement ! Dieu nous a fait à son image, et en cela, nous avons été créés par amour et pour l’amour. Nous ne pouvons donc devenir ce que nous sommes, qu’en aimant.
Pour prolonger la réflexion, j’aimerais attirer votre attention sur un point : En aimant, nous devenons nous-mêmes créateurs. Dans l’amour humain se prolonge et s’achève l’acte divin du créateur. Par l’amour, nous pouvons amener un être à l’existence. C’est vrai au sein du couple, lors d’une naissance par exemple, mais c’est vrai aussi dans nos relations amicales.
Qui d’entre nous, n’a-t-il pas déjà fait cette expérience bouleversante d’avoir eu besoin de l’autre pour être soi-même ! C’est un constat : Lorsque je suis aimé, je me reçois de l’autre. Le regard de l’autre me fait être en reconnaissant la bonté de mon existence.
« Ce n’est qu’en étant « confirmé » par l’amour d’autrui que l’être humain parvient à « être là » totalement et à se sentir chez lui dans le monde. Surtout, sa capacité à donner lui-même de l’amour, seul moyen par lequel sa propre existence atteint sa plus haute élévation, a pour condition préalable l’expérience d’avoir été aimé ». (Joseph Pieper, De l’amour )
Si Dieu nous commande d’aimer, c’est parce qu’Il veut que l’image de lui-même qu’Il a mis en nous rayonne jusqu’à faire de nous des créatures parfaitement ressemblantes à Lui ! Soyons donc comme Lui : des créateurs… mais pour cela empruntons le chemin qu’Il nous a donner : Aimons !
Don Louis-Marie DUPORT

Rendez à César…

Rendez à César… 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Par cette phrase, Jésus échappait au piège tendu par ses adversaires. Il fondait aussi un ordre mondial nouveau, dans lequel le domaine religieux n’est pas directement lié au pouvoir politique, et réciproquement, le pouvoir politique n’est pas directement divinisé. Car César aussi “est à Dieu”, comme créature ; s’il s’affranchit de Dieu, c’est qu’il se prend pour divin.
Jésus, lui, en échec politique apparent, crucifié et appelant à le suivre ainsi, est cependant pour toujours le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Tout pouvoir lui a été conféré au Ciel et sur la terre. (Mt 28,18).
Il ne vient pas prendre la place d’un roi terrestre, son Royaume n’est pas de ce monde (Jn 18,36). Mais « il règnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin. » (cf Dn 7,14 et Lc 1,33).
Depuis 2000 ans, Jésus donne à César sa légitime autonomie pour régir la cité, le pays, les peuples, sans que le pouvoir politique empiète sur l’adhésion des hommes à Lui, Jésus-Christ. Sans que l’adhésion par la foi devienne un moyen politique pour régir les nations. Il y a eu quelques papes ou hommes d’église qui ont pu céder à cette tentation. Il y a eu beaucoup d’empereurs et de princes qui ont largement pratiqué cela.
« Asseoir la foi par le pouvoir » dit Benoît XVI dans son commentaire de l’évangile (Jésus de Nazareth, t. 1, p. 59.62), « et la foi a toujours connu le risque d’être étouffée par le pouvoir ; (…) La foi doit se mettre au service du pouvoir et se plier à ses critères. » Qui seront politiques et non plus pour que les hommes adhèrent librement au Roi des rois.
César rêve de pouvoir régir les peuples et les unifier sous sa coupe par l’adhésion à la même foi. Ou alors les scinder de la catholicité en créant des pouvoirs religieux inféodés au pouvoir politique. Combien de nations vivent ainsi !
Le comble serait un pouvoir mondial qui voudrait inféoder toute l’église catholique.
Il suffit pour cela de vouloir que la religion réunisse les peuples. Mais alors on ne va plus parler de Jésus, car il divise. On ne va plus non plus parler de Dieu, car il divise aussi (ou pousser à dire fallacieusement : “on a tous le même Dieu !”). On va plutôt parler de l’“avènement du Royaume”. Sans dire bien sûr qu’il s’agit d’un gros mensonge, pour inféoder le monde sous un seul pouvoir avec une religion assez commune.
Aujourd’hui, poursuit Benoît XVI (p. 74), la façon d’étouffer la foi dans le pouvoir politique se fait sous une forme subtile : il faut réduire le christianisme à une recette apportant le bien-être à toute l’humanité. L’avènement du Royaume désigne l’avènement d’un monde où règnent la paix, la justice, la fraternité et la préservation de la “maison commune”.
« Bavardage utopique », dit-il (p. 75). Et même « imposture de Satan » (p. 63). Les valeurs sont réelles, mais c’est juste un masque du loup déguisé en agneau (Mt 7,15  ; Ap 13,11).
Car « …ce que l’on constate surtout, c’est que Dieu a disparu et que l’homme est seul à agir. Le respect [des valeurs comme paix, justice, et] des traditions religieuses n’est qu’apparent. (…) La foi, les religions, se trouvent instrumentalisées à des fins politiques. Aménager le monde est la seule chose qui compte. La religion n’a d’importance que dans la mesure où elle peut servir à cela. » (p. 75-76).
« Une imposture religieuse » : c’est aussi l’expression qui est employée par le Catéchisme de l’église catholique, § 675. Un César mondial réduisant Dieu à l’agonie, sans toucher aux apparences. Avoir définitivement inféodé Dieu en un nouvel ordre mondial.
Mais Jésus échappera encore au piège tendu par ses adversaires.
L’Ennemi sera brisé en sa révolte (Ps 8,3) et Jésus établit encore son Règne dans nos cœurs par la joie de la vraie Foi, « jusqu’à ce qu’Il vienne », Lui, en Personne, et non pas un “Royaume” séducteur et faux.
D’ailleurs ces deux avènements, le faux puis le vrai Christ, doivent se succéder en un laps de temps assez court. « Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! »
Don Laurent LARROQUE

Artisan de paix

Artisan de paix 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Les nouvelles du monde ne sont pas gaies. Des guerres se déclarent. De ce que j’entends, elles s’invitent aussi chez nous, avec virulence, sur les réseaux sociaux. Une légère étincelle ou inflexion de langage déclenche des foudres d’insultes. Au milieu de ces violences que nous découvrons avec effroi à travers l’écran, la crainte peut s’emparer de nous ou les colères se déchainer davantage. Nous sommes bien loin pour pouvoir être artisan de paix, bien petits pour changer quelque chose à ce qui nous est livré en spectacle. Nous sentons aussi que nous sommes loin de cet idéal de fraternité universelle à laquelle notre cœur aspire, en y croyant de moins en moins.
Et pourtant nous pouvons faire notre part. Ce que nous dénonçons facilement à l’autre bout d’un continent, nous risquons de le vivre ici chez nous si nous ne faisons rien, si aujourd’hui nous ne sommes pas les artisans de paix. Vous me direz que pour être en paix il faut aussi que l’autre le veuille. Oui c’est mieux, indiscutablement. Sinon on a double ou triple travail, mais c’est là notre lot de chrétien.
La paix que nous pourrons répandre, gagner, construire ici, c’est comme une digue contre une crue, une tranchée contre un incendie, un rempart contre un déluge ! Elle n’est jamais une génération spontanée, elle se construit patiemment avec persévérance. Le pape François disait : «  qu’elle est comme une fleur fragile qui cherche à s’épanouir au milieu des pierres de la violence » (1er janvier 2019).
Les chantiers sont nombreux. Sans doute la première pierre à poser c’est de faire la paix avec soi-même. Par exemple comme le conseillait saint François de Sales, en exerçant ‘‘un peu de douceur avec soi-même’’, afin d’offrir ‘‘un peu de douceur aux autres’’. Cela demande aussi de s’aimer soi-même, non avec complaisance en se prenant pour la mesure de tout, mais avec humilité sachant reconnaitre nos charismes et nos vulnérabilités. C’est ultimement sous le regard de Dieu que nous posons un juste regard sur nous-mêmes.
Ensuite pour faire la paix avec les autres – en commençant par nos plus proches – il faut déjà oser la rencontre. Oser entrer en relation ou renouer un lien distendu. Peut-être que dans certains cas nous aurons besoin d’être assistés par quelqu’un qui nous aidera à nous écouter, à nous comprendre. La rencontre nous permet de prendre conscience que l’autre n’est pas le seul à avoir tous les torts, nous y mesurerons aussi la somme d’efforts consentis pour nous et que nous n’avions malheureusement pas vus. Si en plus j’accepte ou même demande à recevoir une correction, un point à améliorer dans ma vie, je suis sur un bon chemin de paix. Enfin si possible, n’imposons pas tout de suite à l’autre une exigence excessive qu’il ne saurait encore porter.
Quand nous vivons en société, impossible d’éviter les étincelles. C’est un signe de maturité de choisir de conserver une relation malgré des désaccords, sans chercher à les nourrir artificiellement.
Pour nous chrétiens, c’est un devoir et une béatitude d’être artisan de paix. Nous savons aussi que la Paix véritable vient de la Sainte Trinité. Si nous y avons goûté une fois, nous ne serons plus jamais en paix tant que nous ne l’aurons pas répandue dans le monde qui nous entoure.
Don Marc-Antoine CROIZé-POURCELET

Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ?

Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

La question du mal est une question persistante surtout lorsqu’on évoque Dieu : « Si Dieu nous aimait vraiment, s’il nous avait créés par amour, il ne nous laisserait pas souffrir ainsi ». Comme il s’agit du mal, il faut admettre que cette remarque a du sens, car on ne peut résoudre ce mystère de la souffrance.
Cependant, il me semble que cette phrase, qu’on peut entendre régulièrement et de manière lancinante, est le fait d’une certaine éducation. En effet, la première fois que j’ai entendu cette remarque, je devais avoir douze ou treize ans, et je me suis dit intérieurement : quand même, il a donné sa vie pour nous ! Si ça ce n’est pas de l’amour, je ne sais pas ce que c’est ! Et cette phrase du prophète Isaïe : « Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? » m’a rappelé cet évènement. Suivant les règles qu’il a lui-même fixées, c’est-à-dire celui du libre arbitre, pouvait-il en effet faire plus que ce qu’il n’a fait pour l’humanité ? Rappelons-nous de manière non-exhaustive les points fondamentaux :
1 – abaissement de sa nature dans la nature humaine lui qui était Dieu (Philippien 2,5-8 : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. »)
2 – guérisons multiples
3 – enseignement plein de miséricorde
4 – ne répondant pas aux insultes (Isaïe 53, 7 : « Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. »)
5 – faisant la volonté de quelqu’un d’autre (Mathieu 26,39 : «  Mon Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de moi  ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. »)
6 – pardonnant le mal qu’on lui faisait (Luc 23,34 : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. »)
7 – tué par ceux qu’il était venu sauver (Luc 23,46 : « Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira. »)
Que la douleur qui peut nous habiter ne nous fasse pas dire des choses injustes à l’encontre de Dieu, car il nous a montré, à maintes reprises son amour, et encore aujourd’hui nous vivons de ce que nous n’avons pas mérité de recevoir : la vie.
Don Bruno de Lisle

Des Pyrénées à l’Estérel

Des Pyrénées à l’Estérel 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Ne vous en déplaise, l’Estérel n’a pas la majesté des Pyrénées. Mais ses roches rouges et sa vive verdure s’allient à la mer et au soleil pour lui donner un charme inégalable et bienfaisant ! Victor Hugo avait dit qu’ici, les Alpes venaient mourir dignement.
Pour moi, elles sont davantage un lieu de naissance. De renaissance. Et j’en suis heureux.
Je voudrais profiter de ce premier édito pour rendre hommage à vos prêtres et diacres de Saint-Raphaël qui vous accompagnent et vous conduisent depuis longtemps. Cette année, en plus de leurs ministères habituels, ils ont accepté de recevoir un prêtre qu’ils ne connaissaient pas pour partager avec lui leur vie. Saut dans l’inconnu pour eux. Qu’ils en soient bénis !
Ainsi, au milieu des « Dons », se trouve donc un « Père ». Un prêtre « normal  » comme je me suis surpris à le dire, à considérer que ceux qui vous servent à Saint-Raphaël ne le soient pas, et si tant est qu’il puisse vraiment y avoir des prêtres « normaux » …!!!
Prêtre depuis six ans, après avoir été longtemps religieux, une très improbable occasion m’a été donnée de frapper à la porte de la Communauté Saint Martin durant l’été dernier. Heureux, mais conscient d’un « manque », d’un « creux » dans ma vie sacerdotale, tant du point de vue personnelle que du point de vue ministériel et missionnaire, un projet de vie communautaire de prêtres sur mon diocèse de Toulouse occupait ma pensée et nourrissait mon espérance depuis plus de trois ans. Alors que ce projet devait enfin prendre corps, une sorte de tsunami est venu le balayer, de manière aussi inattendue que violente. Plaçant le discernement de vie communautaire au-dessus de toute autre exigence, c’est donc comme un mendiant que je me suis présenté au modérateur de la communauté Saint Martin, et que lui-même m’a présenté à la Communauté de Saint-Raphaël.
C’est dans cette atmosphère calme, joyeuse et bienveillante, exigeante et souple, illuminée par les pépites et étincelles des caractères propres à chacun – qui se frottent parfois mais s’associent toujours – que je commence cette année importante pour moi, parmi vous.
A l’aube de cette année, en me confiant à vos prières, je voudrais également vous confier tous mes frères prêtres, certainement mes amis de Toulouse mais aussi tous les autres, particulièrement ceux qui souffrent. Ceux qui ne trouvent pas l’aide et le réconfort dont ils ont pourtant besoin, ceux qui sont surchargés et n’arrivent pas à résister à l’activisme, ceux qui se sentent seuls et sont tentés par des mirages compensatoires, ceux qui sont désorientés et ne savent plus en qui mettre leur confiance.
A saint-Raphaël, j’ai découvert une communauté qui aime les prêtres, désireuse d’être accompagnée par eux, et qui les accompagne pour qu’ils soient ce qu’ils sont. Merci à vous tous !
Vous me voyez donc comblé : des frères prêtres, des baptisés ardents, des catéchumènes enthousiastes. Gloire à Dieu ! Que cette année nous permette d’avancer toujours plus dans la volonté de Dieu, le service de l’Eglise, l’ardeur missionnaire, bref… dans la sainteté ! Per Mariam.

Abbé Jean-Baptiste MOUILLARD

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