Editorial Principal

Aperuit illis

Aperuit illis 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Avec le Motu Proprio « Aperuit illis » c’est-à-dire « il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures » (Lc 24, 45), le Pape François nous a donné un nouveau rendez-vous liturgique. Chaque année, le 3ème dimanche du Temps Ordinaire est institué le dimanche de la Parole. Un peu comme a été institué un dimanche pour la fête du Saint Sacrement ou Fête Dieu, ce dimanche de la Parole est là pour nous aider à apprécier ce don de Dieu. Bien sûr, c’est tous les dimanches et à chacune de nos prières que nous nous mettons à l’écoute de la Parole de Dieu, mais cette institution veut nous aider à être plus attentifs à la Parole de Dieu, à la place des saintes écritures dans notre vie.
La Bible est le livre le plus vendu dans le monde. Ce succès demeure depuis l’invention de l’imprimerie ! Mais, pour nous chrétiens, la Bible n’est pas seulement un livre, c’est la Parole de Dieu. Elle nous sert à connaître Dieu, connaître son projet d’amour pour l’humanité et nous ajuster à sa volonté pour nous.
Dans la Communauté Saint Martin nous avons un trésor, hérité d’une tradition bénédictine, qui est la lecture priée de l’Écriture Sainte ou lectio divina. Ce n’est pas réservé aux moines ! Qu’est-ce que c’est ? C’est un temps conséquent que nous prenons pour lire, écouter, ruminer, contempler et mettre en pratique les lectures que l’Eglise nous offre pour la liturgie. C’est un peu comme si vous aviez reçu une lettre de quelqu’un qui vous est très cher : vous la lisez, la relisez, savourez chaque mot, chaque détail au point de la connaître presque par cœur ! Avec un peu de pratique, avec l’aide de l’Esprit-Saint, nous sentons, petit à petit, que cette parole prend un relief particulier, qu’elle devient vivante et efficace, « plus pénétrante qu’un glaive à deux tranchants » (He 4,12). Certes nous utilisons notre raison pour comprendre cette parole, mais ce n’est pas seulement un exercice de l’intelligence, c’est d’abord une prière. Son but est de nous mettre en contact avec Dieu, nous le faire connaitre, nous faire éprouver son amour particulier pour chacun de nous. Comme pour les pèlerins d’Emmaüs à qui le Christ ouvrit l’intelligence à la compréhension des écritures, nous en sortons avec le cœur brûlant.
« J’aimerais beaucoup, a insisté le pape François, que tous les chrétiens puissent apprendre ‘la science sublime de Jésus-Christ’ à travers la lecture assidue de la Parole de Dieu, puisque le texte sacré est la nourriture de l’âme et la source pure et pérenne de la vie spirituelle pour chacun de nous. » (Discours du 29 septembre 2014).
Dans notre prière nous prenons souvent du temps pour parler à Dieu… mais est-ce que nous prenons autant de temps pour l’écouter ? Dans une relation ce n’est pas toujours le même qui parle, n’est-ce pas chacun son tour ? La lectio divina et la lecture des écritures, sont le moyen humble, concret, efficace pour laisser à Dieu l’occasion de nous parler. Alors il mettra dans notre cœur et notre bouche des mots nouveaux pour lui parler, pour être enflammé d’amour pour lui.
Alors peu à peu, nous serons façonnés, refaçonnés par cette parole et nous pourrons peut-être même devenir une bonne nouvelle ambulante pour les autres !

Don Marc-Antoine CROIZEPOURCELET

Il manifesta sa gloire

Il manifesta sa gloire 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Après l’adoration des mages il y a quinze jours, le baptême de Jésus dimanche dernier, nous célébrons aujourd’hui les noces de Cana. Traditionnellement, ces trois événements étaient commémorés ensemble en tant qu’épiphanies, manifestations du divin.
Cela est très clair pour les deux premiers : l’adoration des mages est la manifestation du Dieu fait homme aux nations païennes, le baptême de Jésus est à la fois la manifestation de la Trinité et l’attestation de l’identité divine de Jésus, mais il est beaucoup moins visible que les noces de Cana soient une épiphanie : après tout, le miracle de Jésus est ignoré de la quasi-totalité des convives et sa signification n’a rien d’évident. Pourtant l’évangile nous dit bien qu’à cette occasion Jésus « manifesta sa gloire et [que] ses disciples crurent en Lui. »
Il faut donc creuser pour comprendre la signification de ce miracle et en quoi celui-ci révèle la mission de Jésus. La conversion de l’eau en vin montre tout d’abord la puissance de Jésus, à qui les éléments sont soumis : personne d’autre que Lui ne peut prétendre dominer ainsi la nature. Cependant ce pouvoir, dû à son identité divine, se montre également dans tous ses miracles, par définition ; nous pouvons donc nous demander pourquoi Jésus a manifesté pour la première fois sa gloire par ce miracle-ci et non par un autre comme une guérison, une pêche miraculeuse ou même une résurrection. Le plan de la Providence ne laisse rien au hasard et il est délibéré que Jésus ait réalisé son premier miracle à un mariage où le vin manqua.
Les convives du mariage faisaient la fête et avaient donc besoin « du vin qui réjouit le cœur de l’homme » (Ps 103), sans quoi leur célébration risquait d’être bien terne. L’eau est sans saveur, le vin, lui, contient de multiples arômes, il réjouit, fait sortir de soi. Les anciens allaient jusqu’à le considérer comme un moyen de s’élever jusqu’à la sphère du divin. Bien entendu, la réalité de l’alcoolisme et des ravages de l’alcool tempère cette conception, mais il faut comprendre que nous nous intéressons ici à ce que représente le vin sur le plan symbolique. Sans Jésus, depuis le péché de nos premiers parents, l’homme est condamné à une existence peineuse, il ne peut plus accéder à la joie simple qui naît de l’amitié avec Dieu, et toutes ses souffrances sont inutiles. La jeune sainte Sandra Sabattini nous dit que « La vie vécue sans Dieu est un passe-temps, ennuyeux ou amusant, avec lequel jouer en attendant la mort. » Loin de Dieu, il est possible de vivre beaucoup de belles choses, mais pas d’atteindre le bonheur plénier pour lequel nous sommes faits.
Jésus est venu apporter le sel qui donne du goût à l’existence, qui fait de cette vie l’occasion d’apprendre à vivre avec Dieu et qui permet que même la souffrance prenne un sens, quand elle est acceptée par amour de Lui. Jésus est venu nous apporter le vin véritable qui permet à ce mariage qui s’annonçait mal d’être conclu : à savoir celui de Dieu et de l’humanité, malmené par l’infidélité de l’épouse. Par son sang versé par amour est scellée une nouvelle alliance, définitive, entre la multitude des hommes et leur Créateur (Cf. Lc 22,20).
A Cana, c’est donc bien la mission de Jésus qui a été manifestée : celle de rendre à nos existences la joie que Dieu nous destinait et de permettre que le projet de mariage entre le Créateur et l’humanité aboutisse enfin, par le don de la grâce qui seule rend digne de Lui l’épouse infidèle que nous étions. Pour entrer dans cette alliance, imitons donc ses disciples et présentons Lui l’hommage de notre foi.
Don Axel de Perthuis

Plouf

Plouf 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Nous fêtons le baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain. Jusqu’au IVème siècle, une seule et même fête était célébrée pour la Nativité et le Baptême du Seigneur. Il s’agissait de la Théophanie. « Dans Sa Nativité, le Fils de Dieu vint au monde de façon cachée, dans Son Baptême, il apparaît de façon manifeste » (saint Jérôme). Or, si vous avez sous les yeux une icône du baptême de Jésus, de nombreux détails donnent le sens profond de cette fête : il est venu vaincre la mort et nous donner Sa vie. La nouvelle naissance qu’offre le baptême de Jean est un signe de la mort et de la Résurrection de Jésus. Le mystère pascal est annoncé. Sur les représentations nous trouverons habituellement Jésus, entièrement nu, les pieds dans le Jourdain. Le fleuve est représenté comme un tombeau, liquide, et on peut même y trouver des petits personnages de l’Ancien Testament au fond. Ils attendent la délivrance. Les plus chanceux reconnaîtront un petit Jonas attaché à sa baleine.

La victoire.
Jésus est notre Sauveur et notre Rédempteur, mais il est aussi le grand Vainqueur. En effet, il aurait pu sauver chacun d’entre nous en venant simplement dans le monde. Nous aurions été sauvés par cette volonté divine exaucée, par une obéissance filiale. Mais il a voulu également terrasser les puissances du mal. Il est en cela le grand vainqueur : il a vaincu le mal, non pas du haut de sa Gloire, mais en partageant humblement notre existence. Mais qui dit Victoire, dit Bataille. Et ce combat glorieux, Jésus l’a mené dans les eaux de la mort. Les ennemis du Christ, aveuglés par leur propre méchanceté, n’ont pas vu que sa naissance, sa vie et sa mort ainsi que sa résurrection étaient le plan pour les vaincre. Et pour nous, nous donner la guérison et la vie.

Vivre de la Victoire de Jésus
Les eaux du baptême sont donc le théâtre d’opération de la grande Victoire à venir. Les trois ennemis du Christ sont la mort, les péchés et le Diable. A cela, comment pouvons nous vivre aujourd’hui en vainqueur ? L’évangile de ce dimanche nous montre un chemin.
Face à la mort, nous devons vivre de la grâce de notre recréation reçue le jour de notre Baptême. La mort est cette séparation avec Dieu. La grâce du baptême que nous avons reçue doit susciter en nous l’adhésion à la vie que le Père veut pour chacun d’entre nous. Ses paroles sont esprit et elles sont Vie. Écoutons l’amour premier de Dieu le Père nous redire : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » Face au péché, nous contemplons l’humilité du Fils. Cette humilité se manifeste par sa démarche du baptême dont il n’avait pas besoin à titre personnel. Humilité aussi dans sa prière qui suit immédiatement le baptême. La Vie du Père se déploie dans notre vie sacramentelle reçue humblement et non comme un dû, mais aussi dans la fidélité de notre prière qui nous rend disponible à la Grâce. L’humilité et la prière nous disposent à laisser agir Jésus en nous, il est en effet le seul Vainqueur du péché.

Face au diable, à l’esprit diviseur et menteur, nous sommes aussi appelés à suivre Jésus. Lui même guidé par l’Esprit Saint au désert résistera à ses séductions. Car voici la réelle emprise qu’a le démon sur nous : quand nous faisons le mal délibérément, nous nous mettons sous son joug. Saint Pierre alors nous exhorte  : « soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. » Le prince de la mort a cru remporter le combat en voyant la mort de Jésus sur la Croix. Mais Jésus est ressuscité. Vivant, le véritable Lion (Ap 5,5) a vaincu. C’est en contemplant l’Innocence de Jésus que le lâcher-prise face au péché se fait. Nous baissons les armes et l’Agneau immolé nous fait rentrer indemne dans la joie de l’amour, de la Vie.
Que nos vies soient baignées dans les eaux de Vie de la Grâce ce dimanche et vivons en vainqueur en suivant l’Agneau Immolé. Amen !
Don Christophe GRANVILLE

Tuer le petit Hérode en nous !

Tuer le petit Hérode en nous ! 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

A l’image bucolique que nous pouvons avoir de la fête de l’épiphanie, succède l’un des pires carnages de notre ère… un massacre innommable. L’évangile raconte qu’« Hérode, voyant que les mages s’étaient moqués de lui, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages. » Mt 2, 16
Comment a-t-il pu commander un tel massacre ? Un roi peut-il prendre des moyens aussi ignobles que radicaux sans que la peur qui le presse à agir ainsi, soit bien fondée ?
L’épisode des mages n’est en fait qu’un déclencheur. A cette époque beaucoup de juifs attendaient de manière imminente l’arrivée d’un messie. Tout le monde en parlait, tout le monde priait Dieu de hâter sa venue.
Dans ce sens, j’aimerais vous rappeler une des prophéties de l’Ancien Testament annonçant cette venue. Elle est faite par Balaam dans le Livre des Nombres. « Au moment où les tribus d’Israël s’approchaient de la terre promise sous la conduite de Moïse et traversaient les plaines de Moab (aujourd’hui en Jordanie), le roi de Moab, Balaq, avait convoqué Balaam pour qu’il maudisse ces importuns ; mais, au lieu de maudire, Balaam, inspiré par Dieu avait prononcé des prophéties de bonheur et de gloire pour Israël et, en particulier, il avait osé dire : « Je le vois, je l’observe, de Jacob monte une étoile, d’Israël jaillit un sceptre … » (Nb 24,17). Le roi de Moab avait été furieux, bien sûr, car sur l’instant, il y avait entendu l’annonce de sa future défaite face à Israël ; mais en Israël, dans les siècles suivants, on se répétait soigneusement cette belle promesse et, peu à peu, on en était venu à penser que le règne du Messie serait signalé par l’apparition d’une étoile. » (Marie Noelle Thabut)
Comment ne pas comprendre qu’Hérode prenne très au sérieux l’histoire de ces mages (astrologues) qui lui parlent d’une nouvelle étoile ! Ce signe vient raviver sa crainte. La majorité des Juifs pensait que le Messie étant de la descendance de David devait être roi. Hérode le considère donc comme une menace sérieuse contre son règne.
Comme toujours, l’évangile est une parole vivante. Comment cette histoire, vieille de 2000 ans, peut elle s’incarner dans nos vies ? Que retenir de ce drame ?
Parfois nous ressemblons étrangement à Hérode. Comme lui, nous avons peur que le Christ, en naissant dans notre âme, nous prive de notre liberté. Mais comme le dit Saint Quodvultdeus, le christ ne vient pas pour nous détrôner, mais pour triompher du diable.
« Tu t’imagines, si tu réalises tes désirs, que tu pourras vivre longtemps, alors que c’est la Vie elle-même que tu cherches à détruire » en t’opposant au règne de Dieu dans ton âme.
Chers amis, ne laissons pas le massacre des saints innocents se reproduire dans notre âme. Faisons taire la peur du petit Hérode tapie en nous. Laissons naître l’enfant Jésus dans notre crèche intérieure. Soyons sûrs d’une chose : plus je laisserai le Seigneur régner en moi, plus Il pourra me communiquer Sa Vie. C’est ainsi que j’atteindrai mon plein accomplissement et que je trouverai la vraie liberté.
Don Louis-Marie DUPORT

Sainte année 2022

Sainte année 2022 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

C’est dès le lendemain de Noël, cette année, que la liturgie du dimanche nous fait contempler la Sainte Famille, avec un petit Jésus “déjà” devenu grand : il est retrouvé au Temple, après trois jours de recherches angoissées, alors qu’il est âgé de 12 ans.
Mais la Liturgie va nous faire revenir à la Crèche, nous n’allons pas quitter si vite ce lieu que nous avons représenté dans nos maisons, et – mention spéciale pour ce bel événement du 18 décembre – sur le parvis de notre Basilique, avec un beau concours de volontaires, de spectateurs et l’efficace collaboration des services techniques de la municipalité.
Ne sommes-nous pas 2022 ans (environ) après le premier Noël ? L’histoire publique peut-elle l’oublier ? Oui, revenons encore à la crèche, pour passer l’an nouveau avec Jésus, pas seulement dans le bruit mais aussi dans la prière, et même la supplication, afin que 2022 garde du sens, le sens de l’histoire, jusqu’au retour de Jésus, « le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs » (Ap 17,14).
Puis nous aurons le premier de l’an, qui est une solennité intitulée « Sainte Marie Mère de Dieu » : nous contemplons à nouveau Noël, du point de vue de la maternité de Marie. De plus, cette année, le premier samedi du mois est aussi le premier jour de l’année. La Vierge Marie, depuis l’antiquité chrétienne, est particulièrement vénérée le samedi, car le Samedi Saint est le jour où Marie est restée sans son Fils, mis au tombeau, tout en gardant la foi et l’espérance en sa Résurrection. Et Elle n’a pas été déçue car Jésus est ressuscité, comme il l’avait dit, sicut dixit. Dieu est fidèle en ses promesses. Or la Vierge Marie a demandé à Fatima (en 1917) que le 1er samedi du mois soit particulièrement consacré à la dévotion à son Cœur immaculé. Le fait que cette année, le premier samedi du mois soit aussi le premier jour de l’année est une manière de mettre toute cette année 2022 sous le signe de la dévotion au Cœur immaculé de Marie, sous le signe de Marie (cf Ap 12,1).
Puis, cette année, les Rois Mages sont pressés d’arriver à Bethléem, car le dimanche 2 janvier sera déjà celui de l’Epiphanie : l’étoile du Messie promis est appelée à briller sur toutes les nations du monde.
Et notez qu’à la Basilique, nous devrons quand même démonter bien vite la crèche, car les travaux vont commencer, de sorte que nous allons être un peu bousculés pour les célébrations, pendant 6 mois. Nous irons à la salle don Bosco et à la salle Félix Martin.
« Angoissés » avec Marie et Joseph à la recherche du Christ, “bousculés”, sans doute, pour différentes raisons, bouleversés même, peut-être, pour de graves raisons… mais notre espoir est surnaturel : comme Marie, croyant en la Parole de Jésus au-delà de l’évidence des faits, nous croyons en la Parole de Jésus, le Fils de Dieu, à qui tout pouvoir a été donné au Ciel et sur la terre (Mt 28,18 ; 1Co 15,25), au-delà des victoires concédées à l’Adversaire. La croix fait toujours partie du plan de Dieu, à qui rien n’échappe. La fin des 100 ans concédés à l’Adversaire, selon le songe du Pape Léon XIII (1884), doit être proche. « A la fin, annonce Marie à Fatima, mon Cœur Immaculé triomphera ». Et Jésus a dit  : « les portes de l’Enfer ne prévaudront pas » (Mt 16,18). Il faut s’attacher à cette Parole, car il arrivera comme Il a dit, sicut dixit, et non selon la logique de l’évidence des faits.
De même que Marie, le Samedi Saint, est restée dans la Foi et l’Espérance, et n’a pas été déçue, de même ceux qui restent fidèlement avec Elle seront porteurs de foi et d’espérance jusqu’à la fin de ce grand Samedi Saint mondial actuel. Ils ne seront ni déçus ni décevants, car Dieu est fidèle à sa Parole.
Sainte année 2022 !
Don Laurent LARROQUE

Toi, Bethléem Ephrata…

Toi, Bethléem Ephrata… 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Nous sommes à quelques jours de Noël, les préparatifs vont bon train, nous nous activons pour dénicher la perle qui fera plaisir à ceux que nous aimons… tout cela est important. Mais n’oublions pas de préparer nos cœurs. Cette semaine, quand allons-nous veiller, prendre du temps pour attendre dans le silence celui qui doit venir ? Nous avons un rendez-vous plus important que tous les autres. Est-ce que nous préparons ce rendez-vous avec autant de soin que les préparatifs extérieurs. Que faisons-nous pour faire scintiller nos cœurs au moins autant que nos maisons  ? La qualité de la rencontre dépendra de notre attente, de notre désir…
Pour nous préparer à cette rencontre, les lectures de ce dimanche nous instruisent, elles commencent par cette prophétie de Michée  : « Toi, Bethléem Ephrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël.  » (Mi 5,1). C’est bien celui-là, annoncé depuis des siècles, qui vient dans la fragilité d’un nourrisson, dans la vulnérabilité d’un enfant, lui qui doit gouverner tous les peuples. Saint Paul, dans la droite lignée du prophète Michée nous redit « Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi » 1 Co 1,27. Si le Dieu trois fois Saint et Tout Puissant accepte de revêtir notre pauvreté, n’ayons pas peur de nous voir sous notre vrai jour, avec toutes nos misères, nos inconsistances que nous maquillons si souvent. Voilà ce que Dieu veut rejoindre, notre humanité blessée, nos vies cabossées. Quelquefois nous redoutons d’avoir à descendre dans les vicissitudes de notre histoire, de nos blessures. Mais c’est précisément cette faiblesse, ces profondeurs que le Seigneur est venu toucher en se faisant l’un de nous. Voilà ce que Dieu choisit, voilà la crèche inconfortable qu’il vient rejoindre, qu’il vient toucher pour y faire toutes choses nouvelles.
Si nous acceptons de l’y inviter, il y aura une vraie place dans nos cœurs, dans nos âmes… « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » Mc 2,17. Ce dimanche, il y a quelque chose à redécouvrir du plan de Dieu sur nous : ces pauvretés, nos petitesses ne sont pas un obstacle mais un creuset pour l’accueillir ; bref, elles sont pour Lui, d’ailleurs nul autre que Lui ne pourra les transformer en source de lumière, en puits de grâce.
La joie de Noël ne dépendra pas que des cadeaux attentionnés que nous nous ferons, elle sera proportionnée à la crèche que nous ferons pour Lui dans nos cœurs !
Don Marc-Antoine CROIZE POURCELET

Gaudete

Gaudete 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Gaudete » (prononciation : gaoudété), réjouissez-vous ! C’est le nom que nous donnons à ce dimanche, le IIIème de l’Avent, en raison de la pièce qui était traditionnellement chantée en introduction à la messe :
Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je vous le redis : réjouissez-vous ! Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes.
Cette invitation est extraite de la lettre de Saint Paul aux Philippiens, ses disciples préférés, qu’il veut mener vers la perfection de la vie chrétienne. En nous proposant ce texte, la liturgie nous demande donc d’être dans la joie. Mais celle-ci n’est pas une chose qui se commande ! On ne peut pas entrer dans la joie en le décidant ex abrupto, parce que celle-ci est le fruit de la possession d’un bien : la joie dépend donc non de notre volonté mais de ce qu’on possède ou non le bien. Untel est dans une situation professionnelle ou familiale douloureuse, et, n’ayant pas ce qu’il désire, rencontrera des difficultés à entrer dans la joie. Tel autre semble avoir été favorisé par le destin récemment et est déjà spontanément content de lui-même. Par ailleurs, telle personne a un naturel heureux qui lui permet de reconnaître facilement la chance qu’elle a, tandis que telle autre, pessimiste, redoute la fin de son bonheur aussitôt qu’elle commence à l’entrevoir. Etre ou non dans la joie semble donc conjoncturel et psychologique.
Cependant, la Parole de Dieu ne parle pas ici du plaisir qui naît de la jouissance de réalités créées, soumis au hasard et conditionné par la psychologie, mais d’une félicité plus profonde, causée par l’union à Dieu, la charité. Cette joie-là est un des principaux « symptômes » qui permettent de reconnaître le chrétien. Si « un saint triste est un triste saint », à l’inverse, un chrétien joyeux est un chrétien véritable. La joie qui permet de reconnaître le disciple de Jésus-Christ n’est pas une excitation exubérante, mais elle est paisible et profonde. La gaieté produite par les biens créés est souvent plus visible que la joie théologale, divine, parce qu’elle impacte l’âme plus en surface, tandis que le bonheur d’être en Dieu jaillit du cœur de l’âme, du lieu où la Trinité réside, loin des bruits extérieurs. Les adolescents dans leur quête de bonheur parlent parfois de « s’éclater » : le terme est juste parce que la recherche des sensations fortes fait vivre à la surface de soi et coupe l’homme de son intériorité, qui a soif de plus. Par opposition, « l’amour de Dieu qui a été répandu en nos cœurs par le don du Saint-Esprit » (Rm 5,5) est une force unitive, qui connecte au Créateur, aux autres, et à soi-même : il harmonise l’âme.
A l’approche de Noël, recherchons donc cette joie-là, qui surpasse toutes les autres, en demandant à Dieu dans la prière qu’Il nous rapproche de Lui. Le Seigneur est proche : quand nous refêterons son avènement, Il nous fera la grâce de renaître en notre âme, d’intensifier sa présence en nous. Collaborons à ce mouvement qui ne dépend pas de nous dans sa cause en cherchant à chasser au loin ce qui n’est pas compatible avec Dieu : les mauvaises habitudes, les petites compromissions avec l’injustice, les fermetures de cœur, etc. S’il ne dépend pas de nous d’allumer le feu de la charité, il est bien de notre ressort (avec la grâce de Dieu) de chercher à éliminer ce qui lui fait obstacle et en bloque le développement. Ainsi, nous pourrons œuvrer à notre plus grande joie.
Don Axel de PERTHUIS

Le précurseur

Le précurseur 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Nous avançons vers Noël. Les premières paroles de Saint Luc dans cet Évangile précisent combien la venue de Jésus est une entrée dans l’histoire. Le Logos, le Verbe, le Fils consubstantiel au Père est personnellement présent dans l’homme Jésus. Dieu ne tombe pas du Ciel, il nous rejoint dans une histoire, frayant ainsi un chemin pour aller le rejoindre. Dans les derniers instants avant la venue de Jésus apparaît la figure de Jean Baptiste. Le dernier prophète. Il est le précurseur. Il incarne ce mouvement spirituel de l’époque qui cherchait à réveiller les gens à la venue imminente du Sauveur. Il prêche la pénitence, la purification et le rassemblement pour la venue de Dieu. Il synthétise ainsi tous les dires des prophètes au moment où l’histoire du monde va accueillir l’événement le plus grand : Dieu se faisant homme.
Cette prédication de Jean Baptiste se résume en un mot : conversion  ! Elle est essentielle pour rester Chrétien, car demeure en nous une vive et naturelle inclination à vouloir nous affirmer, à nous comparer ou à désirer être au centre. La conversion c’est faire chemin inverse à ce mouvement naturel. C’est d’abord rentrer en soi même comme le Fils Prodigue et se dire j’irai vers mon Père. C’est dans notre vie intérieure, dans ce monde invisible (aux yeux du monde, mais pas de Dieu) que tout commence. Ce qui ne se voit pas à plus d’importance que ce qui se voit. L’invisible est plus important que ce qui fait du bruit, surtout médiatiquement. Mais combien de résistances en nous s’opposent à cela. Dans le calme, reprenons conscience que, au moment où nous lisons ces mots, c’est Dieu qui nous maintient dans l’être. Dios Basta ! Disait Thérèse d’Avila !
Par ailleurs, cette conversion n’est pas que pour nous même. En se rendant présent dans notre existence, le Seigneur permet ainsi d’être présent au monde par nous même. La conversion est missionnaire : Tout être vivant verra le Salut de Dieu.
Mais le combat est rude. Le monde et nos âmes sont blessés par le mal. Très profondément. Pour sortir de ce mal, il ne faut pas seulement la bonté de Dieu mais une réponse de notre côté à cet amour incroyable de Dieu. Jésus sera le parfait serviteur, il continuera d’obéir dans les pires douleurs et de prier pour nous. Son offrande d’amour a été telle qu’elle a terrassé à jamais le mal qui tenait l’humanité captive. Il reste donc maintenant que chacune de nos vies soit branchée sur ce cœur de Jésus, blessé d’amour, qui nous communique sa miséricorde et sa vie.

Don Christophe GRANVILLE

Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche

Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Une année liturgique de plus vient de s’écouler, une autre commence ce dimanche. Un cycle s’achève, un autre reprend aussitôt. Devant l’agitation de nos vies trépidantes, le temps s’écoule parfois bien vite et sans que nous y prenions garde, nous pouvons facilement passer à côté de l’essentiel de notre vie : Dieu. Aujourd’hui, l’Evangile nous donne trois recommandations pour nous aider à nous recentrer sur ce qui doit être le cœur de notre vie et entrer pleinement dans le temps de l’Avent. Laissons-nous saisir par l’actualité et la force des paroles du Christ.
Relevez la tête car votre Rédemption est proche. Les derniers événements qui ont frappé notre pays et nos préoccupations quotidiennes peuvent peu à peu nous éloigner de notre but en ce début d’année liturgique : disposer notre âme à recevoir le Sauveur. L’Evangile nous invite à nous arrêter un moment, à prendre peut-être une matinée, une journée, un week-end selon nos disponibilités, pour relever la tête et nous aider à prendre conscience de la fragilité de notre vie et du besoin impérieux d’un sauveur. Nous ne sommes pas des sprinters, mais des coureurs de fond. Pour tenir dans le temps, il nous est parfois nécessaire de souffler un moment pour nous remettre dans le bon axe et prendre les bons moyens de poursuivre notre course.
Tenez-vous sur vos gardes. Non seulement le Christ nous recommande de ne pas perdre de vue notre but, mais en plus il nous invite à une certaine prudence. La vie chrétienne est en effet semée d’embûches de tout ordre  : découragement, présomption, activisme… Comme un veilleur sur les remparts de la ville qui guette avec attention les attaques de l’ennemi, il nous faut être vigilants dans les lieux de notre vie où nous nous savons plus fragiles. La prudence s’appuie sur une conception humble de nous-mêmes. Elle évite la précipitation et la témérité qui assèchent progressivement notre relation avec Dieu. Se tenir sur ses gardes ne signifie pas rester sur nos propres sécurités, mais penser et agir en présence de Dieu en comptant sur sa grâce quotidienne.
Priez en tout temps. Nous le savons, prière et vie chrétienne sont inséparables. Si vraiment, nous sommes conscients de notre besoin de salut et animés du désir de préparer notre âme à la venue du Messie, nous ne pouvons pas faire fi de ce cœur à cœur régulier avec Dieu. La prière peut prendre diverses formes : prière vocale, médiation, oraison… Toutes ces prières ont en commun le recueillement du cœur. La prière est la meilleure arme pour se tenir sur ses gardes et ne pas retomber dans l’esclavage du péché. Elle creuse petit à petit notre désir de Dieu et accroît notre espérance.
L’évangile d’aujourd’hui nous fait entrer de plain-pied dans ce temps d’attente joyeuse qui caractérise l’Avent. Il ne nous ment pas sur l’exigence de la vie chrétienne, mais nous donne aussi des moyens d’avancer dans la paix et de préparer la venue du Messie : relever la tête, être vigilant, prier. Il nous apprend ainsi à dépouiller notre crèche intérieure de ses vieillissements et à approfondir notre désir pour laisser une grande et belle place à l’enfant Jésus, le Verbe fait chair.

Mon royaume n’est pas de ce monde

Mon royaume n’est pas de ce monde 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Donc tu es Roi ? » demande Pilate, et Jésus ne le nie pas. Il ne l’affirme pas non plus d’emblée pour ne pas provoquer une mauvaise interprétation de sa royauté : il n’est concurrent ni de César, ni d’Hérode.
« Oui, je suis Roi, mais mon royaume n’est pas de ce monde. »
Jésus est roi, oui, mais pas au sens politique. Il est Roi, oui, mais comme « Roi de rois et Seigneur des seigneurs » (Ap 17,14). Il doit établir un royaume sans limite dans l’espace, donc universel, et sans limite dans le temps, donc éternel. Nous entendons les merveilleuses caractéristiques du Royaume de Jésus dans la Préface de la Messe du Christ-Roi : « Royaume sans limite et sans fin, Royaume de vie et de vérité, Royaume de grâce et de sainteté, Royaume d’amour, de justice et de paix. »
Qui ne voudrait pas d’un tel royaume ? Qui ne voudrait pas d’un tel “programme politique” ?
Ce royaume est déjà çà et là dans ce monde, mais il n’est pas de ce monde. Jésus s’enfuit devant ceux qui veulent le faire roi (Jn 6,15), parce qu’il n’est pas venu pour « rétablir la royauté en Israël » (Ac 1,6). Il est venu fonder un Royaume sur terre, mais qui ne s’établit pas par la force humaine, “sinon, dit-il à Pilate, j’aurai eu des moyens humains, des gens pour me défendre humainement” (Jn 19,36).
Il est venu « établir ce royaume avec Puissance » (Mc 1,9) mais cette puissance est sa mise en Croix. Quel paradoxe ! Il est venu établir ce royaume avec gloire, mais cette « glorification » est l’élévation en Croix (Jn 12,32). Il doit « recevoir une investiture royale » (Lc 19,12), mais ce sera le roi couronné d’épines sur la Croix, couvert de la pourpre de son propre sang.
« Ô cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24,25-26) Le roi dont vous rêvez, le voici, l’avènement du Royaume de Dieu qu’Il a proclamé, le voici : un roi couronné d’épines ! Mais qui meurt comme Dieu seul peut le faire : par amour. C’est la paradoxale puissance et gloire de la Croix. Le triomphe de l’Amour de Dieu car Jésus, Dieu fait homme, est resté Amour au milieu des plus terribles offenses.
« Le triomphe de Jésus, c’est de ne pas pécher à son tour malgré toutes les violences du mal qui s’accumulent sur Lui. Alors que tous l’offensent, Lui refuse d’offenser : il accueille les crachats des soldats, le reniement de ses frères ; il appelle Juda “mon ami” (Mt 26,50) et accepte son baiser de trahison. Il est abandonné par tous les siens mais il refuse d’offenser à son tour. A l’effort extrême du mal pour Le briser et Le faire plier devant la loi humaine universelle de la haine, Il répond par la loi divine toute puissante de la miséricorde et de l’offrande [à son Père]. Il se laisse clouer, librement et par amour : “ma vie, nul ne la prend mais c’est Moi qui la donne” (Jn 10,15-18). L’amour rend l’homme libre tandis que la haine l’aliène. Le Christ rompt ainsi le cercle vicieux de la haine et la fatalité de la violence. Devant l’échec humain de la Croix, Il oppose le triomphe divin de l’amour offert : Il nous pardonne, à nous qui le blessons. “Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font.”» (Bernard Dubois et Fernand Sanchez, Feu et Lumière 167 (1998), p.58).
Devant l’échec humain de la Croix, il oppose le triomphe de l’amour. C’est la haine qui est un échec. Devant l’échec de la Croix, il oppose le triomphe de la vérité. C’est le mensonge qui est un échec. Devant l’échec de la Croix, il oppose le triomphe de la grâce et de la sainteté. C’est le péché qui est un échec. Devant l’échec de la croix, il oppose le royaume de la justice, de l’amour et de la paix. C’est la corruption, la haine et la violence de ce monde qui sont des échecs. Satan, le Prince de ce monde, peut bien chanter mais il chante faux car il sait mieux que nous que toute sa réussite éphémère n’est qu’un échec éternel.
« L’amour de la vérité » (2Th 2,10) sera la force invincible et éternelle de ceux qui écoutent la voix de Jésus, le Messie d’Israël et Roi du monde entier, qui règne par la Foi, par son Eglise, par les sacrements, pour tous les royaumes terrestres et pour tout le cours de l’histoire terrestre, jusqu’au retour de Jésus « avec grande puissance et grande gloire ».

. Don Laurent LARROQUE

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