Editorial Principal

Amour et silence

Amour et silence 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

10, 20, …, 70 minutes C’est le temps que nous avons pris en cœur à cœur avec le Seigneur depuis dimanche dernier. Sur la paroisse, cela fait plusieurs dizaines de milliers de minutes de prière dans cette première semaine de Carême. Nous en voyons peut-être déjà quelques fruits dans notre vie personnelle, mais il est sûrement encore trop tôt pour prendre la mesure de cette grâce pour notre paroisse. Nous remarquons sans doute déjà que pour être fidèle, autant que possible, à ces 10 minutes quotidiennes d’oraison nous devons mener un véritable combat spirituel. Pour certains d’entres-nous le combat est de se lancer dans la prière, pour d’autres de ne pas éviter ce moment qui peut être ennuyeux, ou bien de résister à toutes les bonnes raisons de faire autre chose, ou encore de ne pas s’endormir.  

S’il y a un combat, c’est bon signe ! Un père du séminaire nous disait qu’il y a plus d’amour dans le combat que dans la réussite. Bénissons le Seigneur pour nos combats, nos efforts pour nous relever, notre désir d’être fidèle malgré les difficultés. Appliquons-nous à y mettre notre cœur, en résistant tranquillement à la tentation de faire autre chose, en revenant doucement au Seigneur quand nous sommes distraits, en posant simplement des actes de foi : « Seigneur, je crois que Tu es présent, Tu es en moi, Tu veux parler à mon âme, Tu veux remplir mon cœur de ta présence et de Ton amour ». Dieu nous rendra largement le temps que nous lui donnons. Benoît XVI rappelait que «La prière n’est pas du temps perdu, elle ne vole pas de place aux activités, même apostoliques, mais elle est exactement le contraire : ce n’est que si nous sommes capables d’avoir une vie de prière fidèle, constante, confiante que Dieu lui-même nous donnera la capacité et la force de vivre de façon heureuse et sereine, de surmonter les difficultés et de témoigner de Lui avec courage».  

Le premier fruit de ce temps sacrifié pour Dieu sera la joie. Petit à petit, ce temps d’oraison produira au fond de nos cœurs une vraie joie spirituelle, profonde, bien ancrée et durable. Elle n’empêchera pas les tempêtes en surface, mais le fond de notre cœur reposera dans cette joie chrétienne. Dieu s’occupera de la faire jaillir. Un prêtre de Notre-Dame de Vie faisait remarquer aux séminaristes qu’il constatait habituellement chez les propédeutiques un véritable apaisement après quelques mois de pratique de l’oraison. Pourtant, si nous interrogions ces mêmes propédeutiques, ils répondraient certainement qu’ils trouvent le temps long pendant l’oraison, qu’ils sont distraits, qu’ils ne savent pas quoi dire. Ste Thérèse d’Avila qui enseignait l’oraison à ses religieuses leur disait que «l’essentiel n’est pas de penser beaucoup mais d’aimer beaucoup». Si après 9 minutes 59 de distraction, jaillit simplement de mon coeur un « je t’aime mon Dieu » alors rendons grâce !  

Pour nous aider dans cette deuxième semaine de Carême à rester fidèles à nos dix minutes, sans doute pouvons-nous soigner notre «climat intérieur» lorsque nous arrivons à l’oraison. Il est plus facile de prier lorsque notre esprit est apaisé que lorsque l’agitation l’excite et que les préoccupations l’empêchent d’être à autre chose. Certaines distractions, loin de nous reposer, prennent de la place en nous et nous fatiguent davantage. Quels sont ces bruits inutiles dont je devrais me passer pendant ce Carême ? Il ne s’agit pas de faire taire le monde, mais de préserver notre cœur de certains bruits pour recevoir la joie que Dieu souhaite y déposer.

 D. Louis Gustave TORCY

Bientôt de nouveaux chrétiens

Bientôt de nouveaux chrétiens 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

La nuit du 3 au 4 avril, Matthieu et Jordan, deux de nos neuf catéchumènes, vont recevoir le baptême au cours de la Vigile Pascale. Ce temps du carême était autrefois ce long chemin par lequel les futurs baptisés se préparaient à devenir chrétiens. C’est pour nous l’occasion de nous rappeler qu’on ne devient pas chrétien en un court instant, mais par une transformation ou une conversion que chacun d’entre nous doit suivre pas à pas. Ce carême et tous ceux qui ont précédé sont à l’image de notre vie où, sans cesse, nous approfondissons la foi de notre baptême et devenons un petit peu plus chrétien. 

Cela ne se passe jamais tout seul.
Le sacrement du baptême est un don gratuit. Il n’est pas le résultat d’un cursus comme un diplôme viendrait récompenser un apprentissage scolaire réussi ! On ne devient pas chrétien par nos performances mais en nous laissant guider par Dieu. En laissant Dieu agir en nous. Ce n’est donc pas tout seul que nous devenons chrétiens. C’est en abandonnant l’illusion de l’auto-réalisation que tout commence. 

Dieu est notre créateur et nous ne vivons jamais aussi bien que lorsque nous nous recevons de lui. Les 10 minutes d’oraison (prière silencieuse), que nous proposons à chacun de vivre pendant ce carême, veulent nous redonner ce lien vital qui nous relie à Dieu.

On le comprend également autrement.
Le chrétien est aussi en lien à une communauté, une famille, avec laquelle il reçoit beaucoup. Les autres chrétiens nous élèvent par leur foi et la prière commune. Ces 10 minutes par jour seront un lien puissant d’unité et d’amour entre nous, à la façon d’une réalité existante déjà sur la paroisse : le monastère invisible. 

Le carême est un temps de jeûne 
Comme Jésus au désert et avant lui tout le peuple libéré de l’esclavage des égyptiens, le désert a été un temps d’épreuve. Pour devenir chrétien « il faut aussi avoir la force de se dépasser, de résister à la pesanteur naturelle du laisser-aller ». Ces mots du cardinal Ratzinger nous réveillent ! Mais attention ce jeûne ne doit pas avoir le mauvais effet de nous recentrer sur nous mêmes  ! Comme par exemple jeûner pour retrouver la ligne avant les beaux jours. Le jeûne est un acte qui nous libère de nous mêmes pour mieux nous ouvrir à Dieu et aux autres. Ce manque est inconfortable mais est vital pour devenir chrétien. Le petit guide paroissial du carême nous aidera pour incarner au mieux ce jeûne. 

Un désert mal famé ? 
Dans l’évangile de ce dimanche, nous voyons Jésus au contact des bêtes sauvages et tenté par Satan. Le Chrétien appartient à cette famille qu’est l’Église. Cette Église aujourd’hui nous semble peut-être moins vaillante que dans le passé. Jésus nous invite à traverser, avec courage, notre vie dans ce contexte qui semble dangereux à bien des égards. En refusant de céder aux tentations, Jésus nous conduit au-delà du seul pain, du sensationnel et du triomphe qui sont des faux saluts. Dans ce désert nous avons cependant la certitude de trouver la présence de Dieu qui fera sortir du Rocher inerte l’eau qui donne la vie. Acceptons simplement une fois de plus, avec patience et foi, les circonstances de notre Carême ainsi que celles de notre vie. Avançons comme un pas de plus dans le désert. Mais un pas essentiel qui nous rapproche, nous le savons, plus de Dieu que si nous restions assis sur notre caillou à attendre que les choses changent d’elles mêmes. 

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Je ne suis pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir

Je ne suis pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

 

La «Loi» que Jésus mentionne, ou «Torah» en hébreu, correspond au Pentateuque de notre Ancien Testament. Elle contient les révélations que Dieu a faites à Moïse au mont Sinaï, à commencer par son nom, Yahvé. On y trouve également des préceptes concernant les règles de pureté et de culte. Dans cette Loi, la lèpre ne désigne pas tant la maladie qu’on connaît aujourd’hui que des problèmes de peau que l’on considérait comme des impuretés contagieuses. Celles-ci pouvaient être le signe d’un châtiment de Dieu à la suite d’un péché. En conséquence, la Loi juive exigeait que le malade soit exclu de la communauté. Pour revenir, non seulement il fallait que sa guérison soit constatée, mais il devait également offrir des sacrifices pour sa purification, lesquels étaient accomplis par un prêtre.

Dans l’Evangile, le lépreux demande à Jésus non pas la guérison proprement dite, mais la purification. Il voit donc en Jésus un prêtre assez puissant pour le purifier sans avoir à obéir aux prescriptions de la Loi juive. En outre, Jésus transgresse l’ordre de ne pas toucher un lépreux et se place ainsi au-dessus de la Loi. Il semble donc que Jésus abolit les préceptes que Dieu a donnés au peuple juif. Cependant, après avoir guéri et purifié le lépreux, Jésus lui ordonne d’aller accomplir auprès des prêtres juifs les sacrifices prescrits par Moïse. D’ailleurs, Jésus est formel sur la question de l’obéissance à la Loi qui doit être accomplie jusqu’au moindre iota. Pourquoi alors se permet-il de passer au-dessus de la Loi ? Ne nous donne-t-il pas un exemple de liberté vis-à-vis de l’autorité religieuse ?

Pour comprendre l’attitude de Jésus, il est utile de préciser que le concept juif de «Torah» était bien plus large que ce que l’on appelle «loi». En effet, notre mot «loi» trouve son sens dans le grec «nomos» qui est à proprement parler un ensemble de préceptes juridiques. «Torah» a une signification plus large et moins juridique que «nomos». Dans la Torah, on trouve tout ce que Dieu a dit à Moïse sur lui-même et sur son projet pour son peuple. La Torah n’est donc pas d’abord une loi juridique, mais une invitation à connaître Dieu et à lui ressembler par le comportement. Suivent alors des préceptes qui servent de guide à l’homme pour devenir, par son agir, le reflet de Dieu. Or, personne ne peut davantage ressembler à Dieu que Jésus, l’image visible du Dieu invisible. C’est en ce sens que Jésus accomplit parfaitement la Torah, ou Loi. C’est ce dont Il veut témoigner en demandant au lépreux d’aller voir les prêtres pour se soumettre aux préceptes de Moïse.

Les premiers chrétiens ont arrêté d’obéir à un bon nombre de préceptes juifs, comme la circoncision ou l’interdiction de manger du porc. Mais, il ne faudrait pas y voir une volonté d’abolir la loi antérieure. Il s’agit au contraire de la suspension de certains préceptes moralement neutres pour retrouver le cœur de la Loi. Pour nous, accomplir la Loi c’est donc faire comme Jésus : c’est lui ressembler, c’est devenir des fils de Dieu à l’image du Fils de Dieu. Toute la Loi se résume dans le double commandement de l’amour : «aimer Dieu et aimer son prochain comme soi-même». Ainsi, comme le dit Saint Augustin : «aime et fais ce que tu veux  !»

 D. Louis Gustave de Torcy

Evangile veut dire Bonne Nouvelle

Evangile veut dire Bonne Nouvelle 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Tout le monde te cherche », dit l’homme d’aujourd’hui à Dieu.
Dans l’Évangile de ce dimanche, nous avons la chance de voir Jésus du soir au matin et du matin jusqu’au soir. Une “journée-type” de l’Homme-Dieu. « Le matin bien avant l’aube », il commence sa journée par la prière pour mettre toute sa journée sous le regard de Dieu son Père. C’est l’exemple à suivre, bien sûr ! Et bien après le coucher du soleil, « le soir venu, la ville entière se pressait à la porte et il les guérit tous », il chasse les fièvres et les maladies et il délivre les hommes possédés du démon.
Cette “journée-type” de Jésus est le symbole de sa journée terrestre. « C’est pour cela que Je suis sorti. » “Que Je suis sorti du Sein du Père.” Jésus est venu passer cette journée terrestre, lui, Dieu fait homme, pour que l’homme puisse le chercher et le trouver sans fuir par peur de Dieu. 
Tout le monde cherche Dieu. Beaucoup, comme à tâtons dans un monde sans pères ni repères. Ô Jésus-Dieu, tout le monde te cherche et ne sait plus comment te trouver.
Comme Job ils regardent la vie et disent en se plaignant à Dieu que la vie est une corvée, que ce jour est pesant, que la vie est trop dure. Et c’est vrai : elle est d’autant plus dure si Dieu n’y est pas, si cela n’a pas de sens, si ensuite il n’y a que les ténèbres éternelles. 
Dieu s’est fait connaître. « Qui m’a vu, a vu Dieu le Père ». C’est la Bonne Nouvelle. Evangile. Bonheur. Malheur s’il n’y a pas le bonheur d’avoir Dieu, de le connaître, de l’aimer, de le servir ! Bonheur de la Bonne Nouvelle. Joie que personne ne peut nous enlever ! Bonne nouvelle qu’aucune mauvaise nouvelle ne peut submerger ! Le seul malheur serait qu’il n’y ait pas d’Evangile. Et donc, malheur s’il n’y a pas d’évangélisateurs. Qui sont-ils ? Seulement les autres, ou toi et moi aussi ? « Malheur à moi si je n’évangélise pas ! » C’est ce que dit Saint Paul. Ajouterais-je : Malheur à toi si tu n’évangélises pas ?
« Jésus-Christ est le même, hier et aujourd’hui, et il le sera à jamais. » Epître aux hébreux, 13,8.
Jésus est venu vivre une journée terrestre pour être la lumière des hommes. «  Je suis le chemin. » “Je suis sorti du sein du Père pour venir sur la terre afin de devenir le bon Berger qui vous ramène vers Dieu”.
Et à nous, ses disciples, qui lui disons : « tout le monde te cherche », Jésus répond encore : “allons (après le primat de la prière) dans toute la région, dans notre voisinage, essayons de rejoindre les autres, n’attendons pas que cela se fasse tout seul, allons prêcher la doctrine de vérité, soigner les malades et délivrer du démon”.
Ceux qui gisent dans toutes sortes de fièvres, comme la belle-mère de Simon, parce qu’on les prive de tout sens à la vie et à l’idéal de l’amour que Dieu avait pourtant inscrit dans le cœur, qui est fait pour trouver sa joie à donner et non à prendre… Comment se relèveront-ils si Jésus ne les prend pas par la main et ne les fait pas lever ? Où trouver la force aujourd’hui quand il n’y a plus de mères, de pères, ni de repères ?
Jésus a besoin de relais. C’est à nous d’aller au-devant de ceux qui gisent dans la fièvre et l’ombre de la mort.
S’il y a encore des chrétiens fervents, ce temps sans pères ni repères est une opportunité: tout le monde cherche Dieu, et Jésus est venu nous le montrer et nous le donner, alors il faut aller vers ceux qui le cherchent sans savoir comment le trouver. « Malheur à moi si je n’évangélise pas ! »
D. Laurent LARROQUE

Il enseignait avec autorité

Il enseignait avec autorité 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Dans les lectures de ce 4ème dimanche du temps ordinaire, nous entendons au début de l’évangile, à propos de Jésus, qu’« ils étaient frappés de son enseignement, car il les enseignait comme ayant autorité et non pas comme les scribes » (Mc 1,22). À l’époque il était fréquent d’entendre des prédicateurs publics, tel que Saint Marc nous le rapporte à propos de Saint Jean-Baptiste, quelques versets plus haut, ou à propos des scribes. Mais ce qui frappe l’auditoire, c’est l’autorité de Jésus. 

D’où vient cette autorité ? Sans doute d’abord de la cohérence de vie : Jésus fait ce qu’il prêche, contrairement aux pharisiens docteurs de la loi qui «  disent et ne font pas » (Mt 23,2). Jésus dit bien qu’ils font de beaux discours, mais ils ne vivaient pas ensuite ce qu’ils demandaient aux autres de vivre. Il y a là, pour nous, une exigence que le monde attend des chrétiens : que nous vivions selon la Parole de Jésus. Combien de fois dans l’histoire du christianisme, nos mœurs ont tenu des personnes éloignées du message de l’évangile à cause de notre manque de cohérence entre la parole du maître et notre vie. Nous ne sommes pas parfaits, mais il faut tendre vers la vie dans l’Esprit Saint, où Il est lui-même notre loi intérieure, qui nous pousse à la charité selon la mesure du Cœur de Dieu. La cohérence c’est aussi de savoir demander pardon à chaque fois que nous nous rendons compte de ce décalage entre notre petite mesure et la mesure que Dieu attend de nous qui, nous le savons, est sans mesure ! Demander pardon et, autant que nous le pouvons, réparer…

L’autorité palpable que les auditeurs de Jésus ont tout de suite saisie dans son enseignement, vient surtout du lien que le Christ entretenait avec « son Père et notre Père » (Jn 20,17). C’est là toute la force de son message qui n’est en rien altéré par une humanité blessée. Dieu est bien celui qui a toute autorité, de toute éternité, et rien n’échappe à son regard. Par le lien intime, trinitaire, du Père et du Fils Dieu, toute autorité lui a été remise (Mt 28,18). Oui, il ne fait plus qu’Un avec la volonté du Père et c’est bien Lui le fondement de toute autorité.

Voilà déjà pour nous, deux grands moyens de faire grandir une juste autorité là où nous sommes et sur ce qui nous a été confié. D’abord le lien avec Dieu notre Père dans la prière où, peu à peu, nous unissons et ajustons notre volonté à la sienne. Par ce moyen, nos paroles et nos actes pèseront de plus en plus par leur profondeur. Pour qu’une autorité soit reconnue juste, il faut déjà qu’elle soit en adéquation avec la volonté supérieure de Dieu. Ensuite, avec l’aide de Dieu, travaillons à notre cohérence de vie pour que nous ne soyons pas un contre-témoignage. Qu’en voyant notre manière de vivre, le monde reconnaisse l’enseignement du maître. Si le Seigneur le veut, il peut s’en servir pour attirer puissamment à Lui et par là obtenir de nouveaux témoins crédibles de l’évangile !

D. Marc-Antoine CROIZé-POURCELET

Les temps sont accomplis

Les temps sont accomplis 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Nous pouvons être frappés par ce sentiment d’urgence qui ressort de cette phrase de Jésus « les temps sont accomplis », se faisant l’écho des paroles de Saint Paul dans la deuxième lecture « le temps est limité ». Il semble que dans ces nouveaux temps instaurés par la venue du Christ, il n’y a plus de délais possibles pour nous décider. L’ordre de Jésus ne souffre d’aucun retard  : convertissez-vous et croyez à l’Evangile ! Cela peut paraître surprenant étant donné que ces mots ont été prononcés il y a 2000 ans. Chaque année qui passe depuis la résurrection relativise un peu plus l’imminence de la venue du Royaume. De même, chaque année ajoutée à notre espérance de vie nous permet de repousser un peu plus loin notre jugement ce qui peut entraîner une certaine procrastination dans notre conversion. Comment pouvons-nous vivre l’urgence de la fin des temps et de l’avènement du Royaume ?

Ce que nous appelons « temps » en français peut être compris de deux manières. La première serait la mesure entre deux moments : une heure, un jour, un an, … La seconde désigne le moment favorable, par exemple lorsque l’on s’écrie « il est temps ! ». En grec, il existe un mot pour chacune de ces deux compréhensions : chronos et kairos. Lorsque Jésus dit « les temps sont accomplis », il utilise le mot kairos, c’est à dire selon la signification de « moment opportun ». Il n’annonce donc pas la fin du temps, mais l’arrivée du temps opportun, de même pour Saint Paul. Quel est donc ce temps favorable dans lequel nous sommes ?

Le temps chronologique nous sert à mesurer la durée qui sépare un moment d’un autre. Il est clair qu’en Dieu, qui est éternel, cette dimension n’existe pas. Dieu vit dans un éternel présent qui lui donne accès à tous les moments de l’histoire en même temps. Le temps chronologique est apparu lorsque Dieu a créé le monde. En effet, avec l’apparition de la matière et du mouvement, apparait également la possibilité de mesurer un temps.

Le temps permet de progresser, de passer d’un état à un état meilleur. A travers les pages de l’Ancien Testament, nous voyons comment Dieu prend le temps de créer le monde, de créer les hommes et de leur révéler sa paternité. Comme un père qui est patient avec ses enfants, il apprend petit à petit à son peuple à le connaître et à l’honorer, à progresser dans sa relation avec Lui.

Cela étant, tout progrès suppose un but, une finalité vers laquelle progresser. Lorsque le but est atteint, et qu’il n’y a plus rien après, le temps s’arrête. Lorsqu’un coureur franchit la ligne, le chronomètre s’arrête de mesurer. Le coureur entre alors dans une autre dimension, celle de savourer ce qui a été accompli. De la même manière, avec le baptême de Jésus, la révélation de Dieu aux hommes franchit la ligne finale. Le projet de Dieu pour sa création atteint enfin son but. Vient alors le moment de savourer ce qui est accompli  : notre salut en Jésus. Certes, le temps continuera de s’écouler jusqu’à la fin du monde, mais d’ici là, nous n’avons plus rien à attendre de nouveau : tout a été donné avec Jésus.

Le temps de la révélation est fini. Jésus nous fait entrer dans le temps de l’annonce. Notre mission n’est plus d’attendre que Dieu nous envoie un sauveur, mais de croire qu’il est déjà là et de l’annoncer. Ainsi, nous comprenons cette urgence à nous convertir et à croire. Il faut que le monde sache que Jésus est Seigneur !

 D.Louis Gustave de Torcy

Viens et suis moi

Viens et suis moi 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

A l’aube de sa vie publique, Jésus voit venir à lui deux des disciples de Jean Baptiste, dont André, le frère de Simon-Pierre. Par deux fois, deux jours de suite, Jean le Baptiste avait désigné Jésus comme « l’Agneau de Dieu ». Cette insistance est une persévérance dans l’annonce : Le témoignage du Baptiste arrive enfin dans le cœur de ces deux disciples. Combien de fois avons-nous entendu telle ou telle parole à la messe pour qu’un jour elle nous paraisse nouvelle, presque vivante. La patience du Seigneur ne peut que nous émerveiller. Revenons à notre évangile. Nous voyons Jésus qui les laisse venir à lui. Mais il prend en main la conversation et pose sans tarder la question suivante : « Que cherchez-vous ? » «  Maître où demeures-tu ? » Leur réponse met des mots sur cette attraction très forte que produit Jésus sur les cœurs. En quelques lignes, l’évangéliste nous donne à méditer sur cette dimension essentielle de la vie chrétienne : suivre le Christ. Qu’est-ce que cela veut dire ? Nous avons schématiquement en tête le fait que suivre le Christ pour les disciples sera un changement de vie. Ils vont laisser derrière eux leur métier, leurs affaires et leur quotidien pour marcher dans les pas de Jésus sur les chemins de Palestine. Être disciple, suivre Jésus devient presque comme un nouveau métier dans lequel nous nous remettons entièrement à son autorité. Cette dimension plus intérieure que provoque l’appel de Jésus à le suivre est déroutante. Être avec lui (les disciples sont restés toute la journée en sa compagnie) et se mettre entièrement à sa disposition : voilà le nouveau contenu de leur vie. En plus du renoncement, le chrétien est appelé à se donner lui-même. Cela se fait dans la paix lorsque nous contemplons en qui le chrétien remet sa vie. Jésus lui-même a suivi la parole de Dieu, au point qu’on dira de lui juste après sa résurrection, qu’il était la Parole faite chaire. 

Or cette exigence de Jésus à le suivre est manifestement accompagnée de sa miséricorde. Nous savons, grâce à ces premiers disciples, qu’il ne faut pas attendre d’être parfait pour le suivre. Nos mauvaises compréhensions, nos péchés ne sont pas un obstacle tant qu’ils contribuent à nous rendre toujours plus conscients que nous avons besoin de la grâce rédemptrice du Seigneur. 

Cependant, dans cette suite du Christ, une ombre nous fait peur : celle de la Croix. Nous ne sommes plus à l’époque des martyrs des premiers temps de l’Eglise, mais le renoncement, la remise totale de sa vie est toujours d’actualité dans la vie du Chrétien. à l’image du grain de blé qui meurt et donne beaucoup de fruit, ce n’est qu’en s’abandonnant que nous nous trouverons. Notre amour et notre foi ne font qu’un à la suite de Jésus. Demandons à Jésus, cette semaine, la grâce de le suivre un peu mieux, malgré tous les obstacles extérieurs et intérieurs ! Belle semaine chers paroissiens  ! 

D.Christophe GRANVILLE

Le Baptême

Le Baptême 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Chers amis, 

Nous célébrons ce dimanche le baptême de Jésus. Cette fête est l’occasion pour nous de faire mémoire de notre propre baptême et de s’arrêter ensemble sur la grandeur du don qui nous a été concédé ce jour là ! 

Notre pape François nous rappelle l’importance de s’arrêter sur ce sacrement sur  « lequel se fonde notre foi elle-même et qui nous greffe comme des membres vivants dans le Christ et dans son Église. Avec l’Eucharistie et la confirmation, il forme ce qu’on appelle l’« initiation chrétienne » qui constitue comme un unique grand événement sacramentel, et nous configure au Seigneur et fait de nous un signe vivant de sa présence et de son amour.

Mais une question peut naître en nous : le baptême est-il vraiment nécessaire pour vivre en chrétien et suivre Jésus ? N’est-ce pas au fond un simple rite, un acte formel de l’Église pour donner un nom au petit garçon ou à la petite fille. C’est une question qu’on peut se poser ? Et à ce propos, ce qu’écrit l’apôtre Paul nous éclaire : « Ne le savez-vous donc pas : nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés  ? Si, par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts  » (Rm 6, 3-4). Ce n’est donc pas une formalité ! C’est un acte qui touche notre existence en profondeur. Un enfant baptisé ou un enfant non baptisé, ce n’est pas la même chose. Une personne baptisée ou une personne non baptisée, ce n’est pas la même chose. Avec le baptême, nous sommes plongés dans cette source intarissable de vie qui est la mort de Jésus, le plus grand acte d’amour de toute l’histoire ; grâce à cet amour, nous pouvons vivre une vie nouvelle, n’étant plus en proie au mal, au péché et à la mort, mais dans la communion avec Dieu et avec nos frères.

Un grand nombre d’entre nous n’a pas le moindre souvenir de la célébration de ce sacrement et cela est normal, si nous avons été baptisés peu après notre naissance. (…) Il est important de connaître le jour où nous avons été plongés précisément dans ce courant de salut de Jésus. Et je me permets de vous donner un conseil, mais, plus qu’un conseil, un devoir pour aujourd’hui. Aujourd’hui, à la maison, cherchez, demandez la date de votre baptême et ainsi vous connaîtrez bien le si beau jour du baptême. Connaître la date de notre baptême signifie connaître une date heureuse. Mais le risque de ne pas la «connaître» est de perdre conscience du souvenir de ce que le Seigneur a fait en nous, la mémoire du don que nous avons reçu. Alors nous finissons par le considérer seulement comme un événement qui a eu lieu dans le passé —  même pas par notre volonté, mais par celle de nos parents — et qui, pour cette raison, n’a plus aucune incidence sur le présent. Nous devons réveiller la mémoire de notre baptême. En revanche, nous sommes appelés à vivre notre baptême chaque jour, comme la réalité actuelle de notre existence (…)
Audience générale du 8 janvier 2014

Alors, chers amis, demandons en ce dimanche du baptême du Seigneur, la grâce de pouvoir toujours faire davantage l’expérience, dans notre vie de chaque jour, de l’action de notre baptême en nous. Et décidons de faire du jour anniversaire de notre baptême, un jour de fête et de joie.

…………………………………………………………………..     D. Louis-Marie DUPORT

L’Espérance

L’Espérance 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« La petite Espérance s’avance entre ses deux grandes sœurs (la Foi et la Charité),
et on ne prend pas seulement garde à elle.
Sur le chemin du salut, sur le chemin charnel, sur le chemin
raboteux du salut, sur la route interminable, sur la route
entre ses deux sœurs la petite espérance
S’avance.
Entre ses deux grandes sœurs.
Celle qui est mariée.
Et celle qui est mère.
Et l’on n’a d’attention, le peuple chrétien n’a d’attention
que pour les deux grandes sœurs.
La première et la dernière.
Qui vont au plus pressé.
Au temps présent.
A l’instant momentané qui passe.
Le peuple chrétien ne voit que les deux grandes sœurs, n’a 
de regard que pour les deux grandes sœurs.
Celle qui est à droite et celle qui est à gauche.
Et il ne voit quasiment pas celle qui est au milieu.
La petite, celle qui va encore à l’école.
Et qui marche.
Perdue dans les jupes de ses sœurs.
Et il croit volontiers que ce sont les deux grands
qui traînent la petite par la main.
Au milieu.
Entre les deux.
Pour lui faire faire ce chemin raboteux du salut.
Les aveugles qui ne voient pas au contraire…
Que c’est elle au milieu qui entraîne ses grandes sœurs.
Et que sans elle elles ne seraient rien.
Que deux femmes déjà âgées.
Deux femmes d’un certain âge.
Fripées par la vie.
C’est elle, cette petite, qui entraîne tout. »
Charles Péguy, « le Porche du mystère de la deuxième vertu » (1912)

L’espoir humain fait vivre. L’espérance divine est vie éternelle commencée. Nous avons besoin des deux ; même s’il n’y a plus apparemment d’espoir humain, il y a toujours la petite sœur espérance. En sortirons-nous jamais de “ce voile de mort tendu sur toutes les nations” ?, cf Is 25,7-9. Oui, la petite sœur espérance, celle que la Foi et la Charité protègent, celle qu’elles tiennent par la main, pour avoir une raison d’avancer encore, leur fera voir l’invisible (cf 2Co 4,16-18).

Suivons les disciples d’Emmaüs, le visage éteint : « nous espérions, nous, que le Christ allait nous sauver… mais voilà qu’il est au tombeau depuis
3 jours déjà, tout est fini, le rêve est brisé ! » Réponse du Christ ressuscité qui les accompagne sans qu’ils le reconnaissent : « ô cœurs sans intelligence et lents à croire ! Ne mettez jamais le verbe espérer au passé ! En mon Nom, en mon Nom seulement, Jésus-Christ, tenez la main de la petite espérance, elle vous mènera vers ce lendemain qui n’est pas impossible pour Moi. »
Notre meilleur voeu : gardons l’espérance. Bonne année !
   D. Laurent LARROQUE

Dieu s’est fait Homme

Dieu s’est fait Homme 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Chers frères et sœurs, 

Comme il est beau en cette sainte nuit de Noël de sentir de nouveau la chaleur des rencontres et des retrouvailles. Nous en avons été particulièrement privés cette année. Je vous espère de nouveau proches les uns des autres, j’espère surtout que cette longue épreuve de solitude pour certains, ne laissera pas trop de blessures dans nos humanités. Oui ces derniers temps, j’ai rencontré des personnes isolées depuis de longs mois et j’ai été frappé du désastre que cela a causé. Nous sommes des êtres de relations, l’isolement nous mutile. Certes, le confinement strict peut permettre de conserver la vie en évitant la COVID, mais si c’est au prix du désespoir et de la tristesse, il y a une autre mesure à trouver.

De plus, nous ne savons toujours pas de quoi demain sera fait. Cette année écoulée sera-t-elle une parenthèse dans l’histoire ou marquera-t-elle le début d’un nouveau mode de vie ? Allons-nous définitivement garder des relations suspicieuses ? Quand oserons-nous de nouveau braver le danger d’embrasser quelqu’un ? Si la prudence nous impose de justes distances physiques, j’espère au moins que la fraternité comblera ce fossé que nous avons creusé pendant des mois.

Cette nuit, c’est Noël. L’humanité se rassemble de nouveau, dans les maisons, les chaumières, les églises… pour célébrer la naissance d’un enfant : Jésus que l’on appelle Christ. Autrefois il y avait des trêves pour la nuit de Noël, les canons se taisaient, mais la COVID n’offre pas de trêve. Nous restons plongés dans des actualités toujours ténébreuses sans espoir convaincant de la paix retrouvée.

Pourtant cette nuit, la lumière brille dans les ténèbres : l’enfant de la crèche vient illuminer notre monde enténébré. Comment le fait-il ? Il nous montre le chemin :

Ce nourrisson est Dieu fait homme, l’Emmanuel. En s’incarnant Dieu prend un risque : mourir. Il s’expose : à l’amour ou à l’ingratitude des hommes. Sans ce risque de sortir vers nous, s’Il ne s’expose pas, Il risque de ne jamais pulser de l’intensité des relations qu’Il désire avec chacun de nous. Jésus n’a pas eu peur de vivre au milieu de notre humanité malade, blessée, écorchée. Il est sorti du sein du Père pour nous montrer que nous sommes faits pour beaucoup plus que la vie biologique ou la survie à la COVID. Nous avons besoin de relations interpersonnelles où l’amour est la norme. Si nous ne le laissons pas éclairer la nuit de nos psychoses, de nos peurs, nous éviterons peut-être la COVID, mais nous n’éviterons pas la tristesse d’une vie sans relation, sans amour. 

Cette année, apprenons auprès du nourrisson de la crèche, que nous serons toujours vulnérables, comme Lui. Que cette vulnérabilité ne soit pas le prétexte d’un repli sur soi. Au contraire, hâtons-nous de faire sentir notre amour aux plus fragiles. Laissons-nous aimer du Tout-Puissant qui a choisi d’être vulnérable pour être en relation avec nous.

……………………………………………..     D. Marc-Antoine CROIZE-POURCELET

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