« Quelqu’un demanda à Jésus: “Seigneur, sont-ils peu nombreux ceux qui se sauvent ?” »
Jésus répond par une mise en responsabilité : « Efforcez-vous », autrement dit : “c’est à vous de décider”. En grec, c’est le mot « luttez » : « la vie est un combat, remporte-le » (Mère Teresa). Saint Augustin le dit ainsi : « Dieu qui t’a créé sans toi, ne te sauvera pas sans toi ». Saint Jean-Paul II parlait du secret du bonheur en termes de « route épuisante et exaltante du don de soi ».
De son côté, Lui, « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1Tim 2,4). « L’on ne veut pas, chez votre Père qui est aux cieux, qu’un seul de ces petits se perde » (Mt 18,14) ; et « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Act 2,21). « C’est si facile de se sauver ! » disait le Curé d’Ars. « Quiconque invoquera le nom du Seigneur ! » Il suffit d’invoquer le Seigneur. Bien sûr, il ne suffit pas de dire « Seigneur, Seigneur ! » et de « commettre l’injustice » par derrière. Ça c’est : “que de la bouche !” comme on dit. Il faut aussi faire des efforts : « Efforcez-vous ! » Mais ce n’est pas que Jésus dise : “le salut est au bout de vos efforts” ! Il dit au contraire : « sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,7). Il dit plutôt : “arrêtez de compter sur vos forces et apprenez à compter sur les miennes” ! Il dit plutôt : « venez à moi vous tous qui n’en pouvez plus, et moi je vous procurerai le repos. » (Mt 11,28-30). “Abandonnez-vous…”
Oui, “à nous de décider”, il faut la volonté. Au moins la bonne volonté ; sans elle, c’est Jésus qui ne pourra rien faire. Il ne peut pas vouloir à notre place. Mais sans trop se fixer un résultat, car nous risquons parfois d’être plus exigeants envers nous-mêmes que Jésus qui ne veut que notre amour, pas du résultat. « Sans moi vous ne pouvez rien faire » : le fruit c’est lui qui le porte en nous : « c’est de moi que vient ton fruit » (Os 14,9). Donc il ne faut pas se situer dans l’effort en continu. La vie chrétienne n’est pas qu’effort et tension. Elle est aussi paix et abandon. « Arrêtez ! et sachez que Moi Je Suis Dieu », dit le Ps 45/46,11. “Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites : arrête-toi un peu et vois que Je suis là et écoute-moi.”
Voici un des grands moyens “d’arrêter”, alors que nous en sommes à la reprise après la pause estivale : une heure d’adoration hebdomadaire (voir annonce sur cette feuille), pour apprendre à “venir à Jésus, nous tous qui peinons et ployons sous le poids du fardeau”, pour compter sur Lui et non pas sur nous, pour “produire le résultat” qu’il veut de nous et non celui que nous nous fixons quelquefois dans une agitation excessive et centrée sur nous-mêmes. « C’est le Seigneur qui fait en moi de grandes choses », dit Marie dans son Magnificat. En la contemplant encore dans son Assomption et sa Royauté au Ciel, demandons-lui la grâce de redire cela avec Elle, dans le temps et l’éternité.
Don Laurent LARROQUE