Après les examens de janvier, au séminaire de la communauté saint Martin, les séminaristes ont la chance de faire un voyage dans une région de France pour se reposer, mais aussi et surtout visiter des communautés religieuses dans le but de les découvrir et de créer des liens fraternels. Lors de ma deuxième année au séminaire, si je me souviens bien, nous avions eu la chance d’aller, non pas dans une région de la France, mais en Suisse. C’était un très beau voyage et nous sommes revenus enthousiasmés de ce que nous avons vécu. Mais au retour, à la descente du car, le supérieur de la formation fut choqué qu’aucun des séminaristes n’ait pensé à remercier les organisateurs avec un peu plus d’insistance qu’un simple « merci ». Encore aujourd’hui, je me souviens de la « soufflante » qu’il nous passa afin, d’une part de rétablir la justice – car il est juste et bon de remercier, de rendre grâce – mais également pour nous apprendre que l’on ne doit pas vivre les évènements de notre vie sans prendre le temps de remercier. Parfois même, certains séminaristes ont pris l’habitude de remercier un peu trop souvent, pour un oui ou pour un non, ce qui suscitât une seconde mise au point. Quoiqu’il en soit, apprendre à remercier pour ce que nous vivons est un des fondements de la vie chrétienne. Cela doit se faire « à tout Seigneur, tout honneur » comme dit le proverbe, à Dieu qui nous a tout donné. L’abbé GUERIN disait qu’il n’existe pas de donc… Il voulait dire, que l’on ne peut pas s’attribuer quelque chose, quand bien même, l’arrivée à notre but aurait été le fruit de la sueur de notre front. On pourrait le dire autrement en citant saint Paul dans la première épitre aux Corinthiens : « « Qu’as-tu que tu n’aies reçu et si tu l’as reçu pourquoi te glorifier comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1 Co 4,7). Si je suis un grand sportif et que je travaille très dur pour parvenir à la première place, j’accomplis une prouesse mais qui ne surpassera jamais les règles de la création, les règles fixées par Dieu. C’est bien grâce au corps que Dieu m’a donné que je suis parvenu à mon but (un corps en bonne santé de surcroit). Cela n’enlève rien à mon mérite d’avoir gagné, mais me mettre seul vainqueur alors que c’est Dieu qui m’a donné les moyens de parvenir à mes fins, ne serait-ce pas de l’orgueil ? C’est pour cela qu’il est beau de voir de grands sportifs, pour rester dans la métaphore du sport, lever les mains vers Dieu lorsqu’ils accomplissent une belle prouesse. Comme eux rendons grâce en tout temps.
Don Bruno de LISLE