10, 20, …, 70 minutes C’est le temps que nous avons pris en cœur à cœur avec le Seigneur depuis dimanche dernier. Sur la paroisse, cela fait plusieurs dizaines de milliers de minutes de prière dans cette première semaine de Carême. Nous en voyons peut-être déjà quelques fruits dans notre vie personnelle, mais il est sûrement encore trop tôt pour prendre la mesure de cette grâce pour notre paroisse. Nous remarquons sans doute déjà que pour être fidèle, autant que possible, à ces 10 minutes quotidiennes d’oraison nous devons mener un véritable combat spirituel. Pour certains d’entres-nous le combat est de se lancer dans la prière, pour d’autres de ne pas éviter ce moment qui peut être ennuyeux, ou bien de résister à toutes les bonnes raisons de faire autre chose, ou encore de ne pas s’endormir.
S’il y a un combat, c’est bon signe ! Un père du séminaire nous disait qu’il y a plus d’amour dans le combat que dans la réussite. Bénissons le Seigneur pour nos combats, nos efforts pour nous relever, notre désir d’être fidèle malgré les difficultés. Appliquons-nous à y mettre notre cœur, en résistant tranquillement à la tentation de faire autre chose, en revenant doucement au Seigneur quand nous sommes distraits, en posant simplement des actes de foi : « Seigneur, je crois que Tu es présent, Tu es en moi, Tu veux parler à mon âme, Tu veux remplir mon cœur de ta présence et de Ton amour ». Dieu nous rendra largement le temps que nous lui donnons. Benoît XVI rappelait que «La prière n’est pas du temps perdu, elle ne vole pas de place aux activités, même apostoliques, mais elle est exactement le contraire : ce n’est que si nous sommes capables d’avoir une vie de prière fidèle, constante, confiante que Dieu lui-même nous donnera la capacité et la force de vivre de façon heureuse et sereine, de surmonter les difficultés et de témoigner de Lui avec courage».
Le premier fruit de ce temps sacrifié pour Dieu sera la joie. Petit à petit, ce temps d’oraison produira au fond de nos cœurs une vraie joie spirituelle, profonde, bien ancrée et durable. Elle n’empêchera pas les tempêtes en surface, mais le fond de notre cœur reposera dans cette joie chrétienne. Dieu s’occupera de la faire jaillir. Un prêtre de Notre-Dame de Vie faisait remarquer aux séminaristes qu’il constatait habituellement chez les propédeutiques un véritable apaisement après quelques mois de pratique de l’oraison. Pourtant, si nous interrogions ces mêmes propédeutiques, ils répondraient certainement qu’ils trouvent le temps long pendant l’oraison, qu’ils sont distraits, qu’ils ne savent pas quoi dire. Ste Thérèse d’Avila qui enseignait l’oraison à ses religieuses leur disait que «l’essentiel n’est pas de penser beaucoup mais d’aimer beaucoup». Si après 9 minutes 59 de distraction, jaillit simplement de mon coeur un « je t’aime mon Dieu » alors rendons grâce !
Pour nous aider dans cette deuxième semaine de Carême à rester fidèles à nos dix minutes, sans doute pouvons-nous soigner notre «climat intérieur» lorsque nous arrivons à l’oraison. Il est plus facile de prier lorsque notre esprit est apaisé que lorsque l’agitation l’excite et que les préoccupations l’empêchent d’être à autre chose. Certaines distractions, loin de nous reposer, prennent de la place en nous et nous fatiguent davantage. Quels sont ces bruits inutiles dont je devrais me passer pendant ce Carême ? Il ne s’agit pas de faire taire le monde, mais de préserver notre cœur de certains bruits pour recevoir la joie que Dieu souhaite y déposer.
D. Louis Gustave TORCY