Au cours de ce carême, nous vous avons invités à prendre 10 minutes d’oraison quotidienne. Beaucoup d’entre vous nous ont déjà exprimé les fruits qui ont découlé de ce temps de prière. Nous essayons d’ailleurs de vous faire part de leur témoignage dans la feuille paroissiale.
Néanmoins, vous êtes aussi nombreux à nous confier vos difficultés, votre sentiment d’être incapables de rester 10 minutes en silence. Le but de cet édito est simple : vous encourager à continuer !
Chers amis, patience… On ne juge pas son oraison sur la manière dont elle s’est écoulée mais plutôt aux fruits qu’elle porte dans notre vie sur le long terme.
Il est normal qu’à la fin du temps de prière, aux vues du nombre de distractions qui l’ont ponctué, vous remettiez en cause son efficacité ! Mais, une nouvelle fois, n’écoutez pas cet : « A quoi bon continuer » puisque je n’arrive pas à être présent au Seigneur.
L’Esprit Saint a besoin de temps pour établir l’âme dans le silence intérieur. Lorsqu’un sculpteur commence une œuvre, il ne s’attend pas dès le premier coup de burin à voir se dessiner la forme finale qu’il a imaginée donner au bloc de marbre. Ce n’est que petit à petit, à force de répétitions et de petits retraits de matière que l’image se dessine.
Ainsi en est-il pour le silence intérieur. Pour faire de l’âme une orante, l’Esprit Saint a besoin de notre persévérance dans l’oraison.
Faites confiance au Seigneur. Il sait tirer le meilleur de chaque seconde que nous lui consacrons. Lui seul connait le bon rythme. Aussi, ne Lui demandez pas, lorsqu’Il travaille votre âme, d’aller plus vite !
Rassurez-vous, même dans les distractions, l’oraison peut être féconde. « Se porter vers Dieu, c’est déjà faire oraison. Ce commerce d’amitié avec Dieu n’est pas autre chose que ce mouvement filial de la grâce vers Dieu qui est notre Père… mais ce mouvement filial doit être régularisé, éclairé et soutenu…assez puissant pour entraîner toutes nos énergies, assez continu pour vivifier nos actes, assez profond pour saisir toute notre âme » (Père Marie Eugène)
Un dernier conseil : Ne soyez pas trop rigides dans l’exercice de l’oraison mentale. Les différents types de prières (vocale, méditation et oraison mentale, CEC 2700-2719) ne s’opposent pas mais se complètent.
Aussi lorsque vous sentez que les distractions vous assaillent, il peut être bon de revenir ponctuellement à une prière de méditation (lecture de l’Evangile du jour) ou tout simplement à la prière vocale (récitation d’un notre Père ou de la prière de Jésus).
Sainte Thérèse d’Avila raconte « qu’une religieuse de son couvent vint la trouver un jour toute désolée que, ne sachant faire l’oraison mentale et ne pouvant pas se livrer à la contemplation, elle ne faisait que réciter des prières vocales. Je lui demandai, dit-elle, ce qu’elle récitait et je vis que, fidèle à réciter le Pater, elle était arrivée à l’oraison de pure contemplation. Notre Seigneur l’élevait même jusqu’à l’oraison d’union »
Les mots de la prière vocale peuvent nous introduire dans cet échange d’amour, ce cœur à cœur qu’est l’oraison !
Donc, soutenez votre effort. Maintenez vos 10 minutes. Dieu qui vous aime désire se donner tout entier. Le Seigneur qui est le centre de votre âme, aspire à se répandre en vous, à se diffuser dans tout votre être. Laissons Lui ces 10 minutes d’infusion quotidienne et nous nous transformerons. L’Esprit Saint, sculpteur infatigable de notre âme, la modèlera à la ressemblance de Jésus. Ainsi, par notre docilité et notre persévérance, le Christ trouvera en nous « une humanité de surcroît » (Élisabeth de la Trinité).
Vos prêtres prient pour vous et se confient à votre prière.
D. Louis-Marie DUPORT