Editorial Principal

Hommes de peu de joie ?

Hommes de peu de joie ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Lequel d’entre nous ne s’est-il pas décrit un jour comme saint Thomas ? « Ah moi, je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois ! ». Saint Thomas serait ainsi l’archétype de celui dont la foi est fragile ou qui reste dur à convaincre. Archétype de celui à qui il faut une preuve tangible pour adhérer. En effet, le Seigneur Jésus lui-même manifeste qu’il attend désormais de l’apôtre Thomas davantage de souplesse et de confiance. Il le lui fait comprendre bien nettement : « Cesse d’être incrédule, sois croyant ! ». Ainsi Thomas est-il un peu le bouc émissaire de cette histoire. S’il manque de foi, c’est sa faute. Je veux bien que ce soit en effet le cas puisque, encore une fois, c’est Jésus qui fait remarquer que sa foi aurait pu se passer de preuve : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Mais remarquons que les dix autres apôtres s’en sortent bien, eux qui ont également cru parce qu’ils ont vu ! Qu’importe, Thomas reste malgré lui le maillon faible dans le groupe des apôtres.
Mais doit-on imputer le manque de foi de Thomas simplement à son tempérament un peu rigide et pragmatique ? N’y aurait-il pas une raison à chercher aussi du côté de ceux qui étaient chargés de partager leur foi ? Comment les dix autres apôtres ensemble n’ont-ils pas réussi à convaincre Thomas de leur rencontre avec Jésus ressuscité ? Ils ont eu une semaine entière pour le faire et une semaine en confinement en plus !
L’évangéliste saint Jean précise que lors de la première apparition de Jésus dans le cénacle fermé à clé, « les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur » et Jésus leur dit : « La paix soit avec vous ». On peut se demander comment il se fait qu’une telle effusion de paix et de joie n’ait pas suffi à Thomas qui était absent pour se convaincre qu’il s’était effectivement passé quelque chose  ? Peut-être que cette joie dont ils furent remplis et cette paix furent trop éphémères. Peut-être que, très vite après l’apparition de Jésus, les apôtres retrouvèrent leur mélancolie et leur inquiétude ? Auquel cas on a beau jeu de critiquer le manque de foi de Thomas ! Ne pourrait-on pas un peu pointer du doigt le manque de joie de ses frères? La joie et la paix reçues et conservées par les apôtres auraient dû servir de meilleure preuve tangible dans leur témoignage vis-à-vis de Thomas !
Il en va de même pour nous. Si nous ne vivons pas de la paix et de la joie immédiatement offertes par le Christ ressuscité, pourquoi s’étonner du manque de foi environnant ? Confinement ou pas, ne boudons pas notre joie ! Offrons-nous et offrons autour de nous ce témoignage de la paix et de la joie dans le Seigneur vivant !

D. Martin PANHARD

Il est ressuscité !

Il est ressuscité ! 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Comment ne pas penser à vous, chers frères et sœurs, lorsque nous fêtons le Christ Ressuscité ? Nous sommes tous renfermés chez nous, tels les disciples enfermés dans leur Cénacle. Jésus est venu à eux, il vient à nous. Dans notre chez nous. Prenons alors quelques instants pour méditer cet évangile de Pâques, et recevons les grâces réservées pour nous dans cette Parole de Dieu qui est aussi Vivante que le Christ Ressuscité !
En effet les récits de la Résurrection que nous entendrons tout au long de cette semaine d’octave pascale nous montrent des rencontres personnelles et uniques avec le Christ Ressuscité. Nous pouvons facilement nous identifier dans le zèle de saint Jean qui court plus vite que saint Pierre, dans les pleurs de Marie Madeleine désespérée de ne plus pourvoir servir le Christ ou dans l’incompréhension des apôtres d’Emmaüs le soir de la Résurrection. Ce confinement nous bouscule tous. Et le Christ nous rejoint là où nous en sommes, fatigués, lassés mais aussi peut être confiants ou heureux. Il est là, Vivant. Mais plus comme avant.
C’est là, peut être, l’erreur de Marie Madeleine. Elle veut retenir Jesus, qui lui répond : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore remonté vers mon Père ». Noli me tangere. Comment comprendre cela alors que Jésus va demander, une semaine plus tard, à l’apôtre Thomas : « Avance ta main, et mets là dans mon côté ». Nous comprenons donc qu’il ne s’agit pas seulement d’un toucher physique dont Jésus met en garde Marie Madeleine, mais d’une tentation à un retour comme avant. « Rabouni, on oublie la Croix, comme si elle était un mauvais souvenir, et on revient aux belles heures de ta vie publique ». Non, Jésus ne nous demande pas cela. Il veut nous conduire au Père, à notre propre résurrection, à une vie éternelle. Dans les plaies de Jésus ressuscité, la Croix devient inoubliable. De cette épreuve nous pouvons en sortir grandis dans notre foi en Jésus Ressuscité, dans notre charité fraternelle et familiale et dans notre espérance.
Il y a beaucoup de souffrance dans ce confinement et cette pandémie. La joie de Pâques ne nous demande pas de l’oublier. Au contraire, le Christ nous invite à ne pas avoir peur de la souffrance. Comment cela ? En faisant triompher la Victoire de l’Amour sur la mort. En ayant une confiance résolument vissée sur le cœur de Jésus et dans sa Miséricorde. Ne cédons pas à la peur, le Christ est là dans la barque avec nous. Quelles étaient fortes les paroles du Pape François commentant l’évangile de la tempête apaisée. Les flots de la mer en furie peuvent se déchaîner, le Christ est là.
Le premier cadeau que Jésus va offrir à ses disciples renfermés chez eux est la paix. La paix est un signe de la présence de l’Esprit Saint dans nos cœurs. Jésus nous fait ce don. Mais en échange il nous demande l’hospitalité. Veillons à ne pas l’oublier dans ce temps pascal qui commence ! Les efforts de Carême nous ont peut être tenus dans une régularité de prière, le Christ Jésus nous invite à l’accueillir encore plus, par une adoration de toute notre vie. Que chaque moment soit une louange « Mon Seigneur et mon Dieu » remplie de foi. Nous nous portons tous dans la prière ! Belles fêtes de Pâques !
D. Christophe GRANVILLE

Quelle confession pour Pâques ?

Quelle confession pour Pâques ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

La semaine dernière, nous méditions sur la nécessité d’une communion spirituelle pour les dimanches à venir… A l’entrée de la Semaine Sainte, beaucoup se posent la question : pourra-t-on se confesser sacramentellement pour Pâques ?
La réponse est négative. Le 1er avril, un certain nombre de paroissiens ont reçu et relayé une fausse information  : on peut se confesser en ligne, par internet ! On arrive sur la première page ; présentation parfaite… mais après avoir cliqué, apparaît la mention « poisson d’avril ». Quelques-uns ont été mortifiés de s’être laissé prendre, partagés entre le réel désir de vivre la démarche pour Pâques et le secret soulagement de se voir faciliter un acte souvent coûteux… On ne pourra pas non plus se confesser par téléphone. Le respect des consignes de l’Etat fait qu’il n’y aura pas de journée de confessions le Mardi-Saint.
Le Pape vient de rappeler que la confession individuelle et intégrale suivie de l’absolution demeure le seul mode ordinaire par lequel les fidèles se réconcilient avec Dieu et l’Eglise, « sauf si une impossibilité physique ou morale dispense d’une telle confession » (Catéchisme n° 1484). C’est notre cas à tous, d’une manière bien imprévue.
A Carême inattendu, confession renouvelée ! Il nous faut vivre une « confession spirituelle », ce que le Pape François appelle « la confession de désir »,
à l’instar de notre communion spirituelle. « Il faut que tu t’adresses directement à Dieu », a expliqué le pontife précisant la nécessité d’aller tout de même se confesser plus tard.
Alors que faire ? Préparer une vraie confession de Pâques ! Sortir de la routine religieuse en réchauffant la confession de l’année dernière. En finir avec les banalités et les aveux passe-partout. Eviter aussi l’imprécision psycho-affective de certains aveux « j’ai manqué d’amour ». Aller au-delà de la confession de péchés jugés « comme tout le monde » où le pénitent s’accorde à lui-même une étrange mansuétude. Une vraie confession (au sens du temps de l’aveu des fautes), cela se prépare ! Cela ne dure ni 30 secondes, ni 15 minutes… Prenons le temps de regarder notre vie à la lumière de la Miséricorde du Père ! Il s’agit de « vertèbrer » notre aveu. Aidons-nous sans être ridicules, de la liste des péchés capitaux, des commandements de Dieu et de l’Eglise. Nous pouvons aussi nous aider « d’examens de conscience » même imparfaits (voir sur le site paroissial).
Et si nous écrivions notre confession ? Certains pourront juger infantilisante une telle invitation. Rien n’est moins sûr. Pour la plupart d’entre nous, nous en avons bien le temps, cette fois-ci ! « On se convertit en écrivant  » répétait souvent saint Ignace de Loyola, fondateur des jésuites et grand amoureux des âmes ; ce conseil est d’ailleurs un des fils rouges de ses célèbres « Exercices spirituels ». Ecrire avec la règle des 4 C : une véritable confession, elle est concrète, concise, complète et claire. Ecrire, c’est exprimer, verbaliser la réalité de notre misère, c’est aussi la rendre objective !
Allons plus loin : et si nous préparions une confession générale ? Sans céder à une quelconque panique de circonstance, serions-nous prêts à préparer une confession générale, forcément écrite, de toute notre vie ? Relire toute sa vie, avec précision, sans amertume mais en vérité, pour y lire à la fois, l’ampleur de notre misère et l’infinie Miséricorde de Dieu à notre égard. Ce n’est pas réservé aux prêtres et aux religieuses. Nous n’y avons jamais pensé, nous n’avons jamais osé  ? C’est peut-être la grâce de ce Carême si particulier, de ce temps qui n’est pas normal… Ayons au moins le courage de nous poser la question !
Une journée non-stop de confessions aura lieu
à la Basilique dès la fin du confinement.
D. Stéphane PéLISSIER

Nous croyons ! …

Nous croyons ! … 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Chers amis,
Si vous regardez le plan du Catéchisme de l’Eglise catholique, vous verrez que pour dire ce en quoi nous croyons, il y a deux parties :
• « Je crois » : c’est la dimension personnelle de la foi
• « Nous croyons » : c’est la dimension communautaire
L’un ne va pas sans l’autre… et les deux se complètent !
Or dans les circonstances particulières que nous traversons, notre foi se trouve fragilisée dans l’une de ses dimensions constitutives. A cause du confinement, nous ne pouvons plus vivre normalement ce  « Nous croyons  »  !
L’interdiction de nous rassembler pour prier est une épreuve. C’est plutôt bon signe d’en ressentir le poids !
Pourtant, j’aimerais que nous puissions tirer parti de ce confinement, en le regardant aussi comme une chance ! Ces mesures gouvernementales peuvent nous permettre de redécouvrir deux richesses que nous offre l’Eglise. La communion entre nous demeure malgré le confinement grâce à la communion de désir et à la communion des saints !
• La communion spirituelle
Elle nous permet de vivre de l’Eucharistie même lorsque nous ne pouvons pas communier sacramentellement. Elle nous unit à Jésus par un désir du cœur.
Saint Thomas d’Aquin définit la communion spirituelle comme « un ardent désir de recevoir Jésus, dans un sentiment affectueux comme si on l’avait reçu ».
« Dans cette communion de désir, vous pourrez découvrir que Jésus y œuvre puissamment à votre égard parce que vous êtes humble et vrai dans votre relation avec Lui » (Père Gérard Berliet)
• La communion des Saints
Même si nous sommes isolés, nous ne sommes jamais seuls ! Il suffit au chrétien de pénétrer son cœur pour y trouver la présence d’une multitude de frères et sœurs qui intercèdent pour lui. Et cette interaction est efficace  !
Comme le disait Léon Bloy : « Il y a une loi d’équilibre divin, appelée la communion des Saints, en vertu de laquelle le mérite ou le démérite d’une âme, d’une seule âme est réversible sur le monde entier. » Chacun d’entre nous portons dans le creux de nos mains des millions de cœurs. Un homme qui prie fait un bien inexprimable en toute langue humaine ou angélique !
« Il y a des personnes qui laissent derrière elles comme un surplus d’amour, de souffrance supportée, de pureté et de vérité, qui se déverse sur les autres et les soutient ».
Soyons de ceux là, prenons notre place dans ce monastère invisible. Dans le secret de nos chambres, soutenons nous par la prière ! Entrons ensemble dans cette communion et soyons sur que rien, excepté le péché, ne peut nous en faire sortir ! Pas même le Covid 19 !
 D. Louis-Marie DUPORT

Un Carême bien particulier – La lettre d’un curé à ses paroissiens

Un Carême bien particulier – La lettre d’un curé à ses paroissiens 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Chers frères et sœurs

Ma première pensée va aux victimes de cette épidémie, les personnes décédées, les malades et leurs familles. Confions-les à saint Joseph qui est à la fois le Patron de la Bonne Mort et celui du Bon Espoir.

Le mercredi des Cendres (26 février), nous ré-entendions la Parole de Dieu nous donner les fondements de notre Carême (Matthieu 6, 1-6 ; 16-18) : l’aumône, la prière et le jeûne. Sans mauvais jeu de mot, nous n’imaginions certainement pas vivre cette Quarantaine dans de telles conditions… La plupart d’entre nous (pensons aux professionnels de santé qui, au contraire, sont sollicités jusqu’à vivre un certain héroïsme) sommes confinés et avons désormais le temps de vivre ce Carême autrement.

L’aumône ne peut se résumer à signer un chèque pour l’œuvre de Carême (l’Association Médicale Gabriel) et à l’envoyer au presbytère. Ce temps si précieux, même pour beaucoup de retraités, est désormais à partager ! Vivons une solidarité fraternelle : prenons des nouvelles des personnes que nous ne pouvons plus visiter (ou que nous ne visitions déjà pas), par téléphone, par mail, par tous les réseaux sociaux possibles.
Inquiétons-nous aussi de leur subsistance ! Certains n’ont plus personne pour leur faire les courses. Le maire d’Evron vient de demander que les séminaristes de la Communauté Saint-Martin assurent le portage des repas à la place des employés de l’A.D.M.R. qui ont exercé leur droit de retrait. La condition étant de respecter tous les gestes-barrière, beaucoup d’entre nous peuvent leur faire cette proposition.

 

La prière peut habiter nos journées de confinement. Nous déplorons souvent : « je n’ai pas assez de temps pour prier ». Ce temps, nous l’avons maintenant ! Il serait incompréhensible de ne pas nous plonger dans la lecture de l’Evangile, dans la vie des saints, dans un ouvrage de spiritualité (à défaut de pouvoir aller chez son libraire, Amazon fonctionne toujours…). Il ne s’agit pas de passer le temps, il s’agit que le Christ habite davantage ce temps libre que nous subissons. « Retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte et prie ton Père qui est là dans le secret ». Nous faisons retraite à domicile et cette retraite a besoin d’être nourrie. Nous ne manquons pas hélas aujourd’hui d’intentions personnelles, paroissiales et nationales.
Vos prêtres postent chaque jour des vidéos sur le Facebook des paroisses (vous pouvez aussi passer sur le site internet : http://paroissesaintraphael.fr). Cette « paroisse virtuelle » nous permet de maintenir la communion au sein de notre Famille Paroissiale. Ce sera probablement le seul moyen pour nous de vivre unis autour de Jésus durant toute la Semaine Sainte…

Le jeûne va prendre plusieurs aspects : il va être bien difficile de jeûner cette année de nos écrans et de nos portables puisqu’ils constituent bien souvent nos seuls contacts avec le monde extérieur. Nous pouvons les utiliser autrement, davantage au service de la communion fraternelle et moins comme une fuite individualiste. En étant prudent sur la nécessité de faire des réserves alimentaires, il convient de ne pas nous associer à la peur panique qui crée la pénurie de nourriture dans certains magasins : nous ne sommes pas en danger de ce point de vue ! On ne revit la peste de Marseille en 1720 ! Nous sommes aussi privés pour une part de notre liberté de sortir, d’acheter, de nous rencontrer, pour le bien commun de tous. Cela doit nous interroger et nous purifier sur ce que nous appelons facilement nos « libertés fondamentales », souvent asservies à un individualisme voire à un individualisme.

Les baptisés vivent douloureusement un autre jeûne, celui de l’Eucharistie… Qui aurait pu l’imaginer, surtout les pratiquants de chaque dimanche ? C’est une belle Providence de creuser en nous le désir de Le recevoir ! A nous d’apprendre ou de ré-apprendre le sens de la communion spirituelle ! (voir la belle prière de Mgr Centène sur le site paroissial et sur la feuille paroissiale). Douleur aussi pour des prêtres de célébrer, en particulier le dimanche, la Messe pour leur peuple mais sans leur peuple ! Douleur de ne confesser et d’oindre seulement qu’en cas d’urgence avec des gants et un masque…

Les plus belles conversions de nos vies sont celles que nous n’avons ni choisies ni programmées. A ceux qui se demandent chaque année « comment faire leur Carême », la réponse est donnée. Nous n’avons choisi aucune de ces formes d’aumône, de prière et de jeune. Ce temps d’épreuve pour tous peut être aussi un temps de grâce pour beaucoup. Demandons à saint Joseph qui n’a subi une destinée aveugle mais a épousé librement le plan de Dieu, de nous faire grandir au cœur de cette « quarantaine bien particulière ».

Il vendrait du sable à un bédouin !

Il vendrait du sable à un bédouin ! 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Il vendrait du sable à un bédouin » est une expression bien connue pour dire le talent d’un commerçant qui parviendrait à convaincre un bédouin de lui acheter du sable. C’est un peu ce que fait Jésus qui, ayant l’intention de proposer à boire, ne trouve pas de meilleur endroit qu’un puits. Audacieux ! On aurait pu penser que le désert justement était un lieu plus approprié pour intéresser quelqu’un à sa proposition. Sa tentative au Temple de Jérusalem aura peut-être plus surpris que convaincu son auditoire lorsqu’il s’est exclamé
(Jean 7, 37) : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et il boira ! ». Toujours est-il que nous ne rêvons pas, Jésus en Samarie s’est assis près d’une source pour proposer à boire. Reconnaissons tout de même que c’est un bon endroit pour rencontrer quelqu’un qui a soif !
En réalité, l’endroit est particulièrement bien choisi par Jésus. Dans le désert, il aurait rencontré des assoiffés qui n’auraient pas refusé son eau, quitte à la payer cher, sans réfléchir. Tandis qu’au bord d’un puits, il rencontre des assoiffés qui peuvent très bien lui rétorquer qu’ils se débrouillent très bien tout seuls. Comme le lui fait remarquer de surcroit la samaritaine qui, elle, est équipée : « Tu n’as rien pour puiser et le puits est profond ». A vrai dire, nous ne ressemblons pas tant à des voyageurs du désert prêts à recevoir n’importe quelle offre du Seigneur qu’à cette samaritaine capable de lui dire « non merci  », tellement nous avons l’impression de savoir trouver tout seuls de quoi satisfaire notre soif, quitte à puiser indéfiniment. En proposant à boire à côté d’un puits, c’est bien nous que cherche Jésus. Pas tant pour nous demander si nous avons soif que pour nous demander ce que nous buvons et si nous ne nous sentons pas un peu usés de puiser une eau qui laisse la profondeur de notre vie toujours aussi vide. « Oui, mon peuple a commis un double méfait : ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive, et ils se sont creusé des citernes, des citernes fissurées qui ne retiennent pas l’eau ! » (Jérémie 2, 13). Jésus sait que nous avons un peu d’eau pour notre corps mais il sait aussi combien nous avons soif. « Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant.  » (Psaume 41).
Alors soyons attentifs ! Si le temps du carême nous est présenté comme un temps avec Jésus au désert, il y de fortes chances pour qu’il vienne nous rencontrer là où nous allons boire. Essayons de discerner ce dans quoi nous cherchons habituellement de quoi combler la soif de notre vie. Des choses aussi habituelles ou quotidiennes qu’aller chercher de l’eau. Ce que nous accomplissons machinalement. Jésus est peut-être assis là, pour nous proposer quelque chose de meilleur !
………………………………………………………            D. Martin PANHARD%MCEPASTEBIN%

Lumière du Thabor

Lumière du Thabor 2560 1920 Paroisses de Saint-Raphael

Selon la présentation de Matthieu qui diffère de Marc et Luc, Jésus transfiguré apparaît surtout comme le nouveau Moïse, rencontrant Dieu sur un nouveau Sinaï (le Thabor) dans la nuée. Le visage lumineux, il est assisté des deux personnages de l’Ancien Testament qui ont bénéficié de révélations sur le Sinaï. Moïse et Elie personnifient la Loi et les Prophètes que Jésus vient accomplir. La voix céleste ordonne de l’écouter comme le nouveau Moïse et les disciples se prosternent en révérence du Maître. Quand l’apparition se termine, Jésus reste seul car il suffit comme docteur de la Loi parfaite et définitive. Sa gloire n’est d’ailleurs que transitoire car il est aussi le Serviteur souffrant ainsi décrit par Isaïe : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme se complaît » (Isaïe 42,1). Les mots du prophète sont presque les mêmes que ceux du Père !
Moïse a été choisi par Dieu pour libérer son peuple de l’esclavage d’Egypte et l’emmener 40 ans au désert. Au Sinaï, Dieu éprouve son peuple et le purifie tandis qu’il se révèle à Moïse en chargeant ce dernier, d’annoncer au peuple la grandeur et les promesses du Dieu unique qui « est celui qui est » (Exode 3,14). Tout notre programme de Carême est là ! Dans son humanité, le Verbe est venu nous libérer de l’esclavage du péché et nous attire au désert, poussés par l’Esprit, pour y être purifiés et prendre les moyens nécessaires pour écouter Dieu et le suivre, afin de devenir missionnaire et de l’annoncer au monde ; sur la montagne de la Salette, le 17 septembre 1846, la Vierge a demandé aux deux enfants : « Vous le ferez passer à tout mon peuple ». C’est un Christ glorieux (Thabor) et souffrant (la Passion) que nous devons annoncer !
Il y a moins de trois semaines, 53 d’entre nous étions sur le mont Thabor pour méditer ce même Evangile. Dans une démarche de pénitence et de conversion qui annonçait déjà le Carême, chacun a été invité à laisser la lumière du Christ venir sur lui. Cela signifie présenter au Seigneur notre part de ténèbres, ces régions de notre être, ces passages de nos vies qui nous font honte. Tous les pèlerins pouvaient écrire sur un papier (saint Ignace de Loyola enseignait qu’on se convertit en écrivant, faisant écho à son expérience personnelle, par la rédaction des Exercices spirituels), papier sur lequel chacun écrivait une ou plusieurs ténèbres de sa vie, obscurités présentées à la lumière miséricordieuse du Christ. Tous ces papiers ont été déposés sur les marches obscures et descendantes de la crypte du Thabor. Ils y sont restés. Chacun est reparti en abandonnant sur ce lieu de lumière, une part de ses ténèbres. Et si ce Carême 2020, et si ce dimanche de la Transfiguration était pour celui et celle qui lisent ces lignes, l’occasion, le moment de faire la lumière sur sa vie pour arriver au matin de Pâques, transfiguré de la gloire et de l’amour de Dieu ?

D. Stéphane PELISSIER

Avec Jésus au désert

Avec Jésus au désert 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Après la petite porte du Carême qu’est le mercredi des Cendres, nous entrons, avec la solennité de ce dimanche, par la grande porte dans ce temps de conversion. A l’heure où cet éditorial est écrit, nous ne connaissons pas encore le contenu du message du pape François pour le Carême 2020, mais seulement son thème : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Oui, le Carême est un temps de grâce où comme le Christ, nous allons être conduits par l’Esprit. La destination est le désert. A la lecture des tentations que Jésus subit, nous découvrons que le désert n’est pas un lieu de tranquillité. Le carême n’est pas une fuite du monde pour prendre du temps pour « soi » ou pour « se retrouver ». Le carême nous éprouve en nous remettant énergiquement en face de l’essentiel.
C’est en étant éprouvé, que se révèlent notre fragilité mais aussi nos ressources intérieures et notre force spirituelle. L’Esprit-Saint nous conduit plus loin que nos propres ressources naturelles comme notre bonne santé, notre courage ou encore notre raison. Là où humainement nous semblons être « à bout », notre âme et la vie de Dieu en elle prend le relais. Son aide passera par sa Parole comme on le voit avec Jésus. Jésus cite la Parole de Dieu de mémoire, il la connaît, il en vit. Cela ne peut que nous interpeler : Pourquoi ne donnerions-nous pas un peu plus de place à la parole de Dieu pendant ce Carême : se mettre à son écoute et la méditer ? La Parole de Dieu est vivante, elle nous rejoint. Elle ne repart pas sans porter du fruit.
Les trois tentations de Jésus font aussi référence aux trois tentations du peuple hébreu dans le désert. La faim, où le peuple vient à regretter les oignons et les concombres d’Egypte. La mise à l’épreuve de Dieu lors du manque d’eau à Massa. Et l’adoration du veau d’or. Là où le premier Israël a échoué, Jésus, qui incarne le nouvel Israël, inaugure sa victoire définitive sur le mal.
Arrêtons-nous plus particulièrement sur la première et la deuxième tentation. Jésus nous invite d’abord à prendre soin de la vie de notre âme et pas seulement de nos appétits terrestres. Le pain qui remplit notre estomac est nécessaire ! Mais Jésus rétablit un ordre dans notre vie. Le fait même de parlementer avec le mauvais nous éloigne de l’essentiel : notre relation à Dieu. C’est cela qui prime sur le reste. Sinon, nous ne voyons plus les choses de la terre comme un don de Dieu et nous cherchons sans cesse à combler notre cœur de choses limitées. Le diable est plus malin que nous et sa duplicité nous trompe. Il veut nous éloigner de Dieu et fausser notre regard sur la bonté du Seigneur.
Dans la deuxième tentation, le Diable emploie également la Parole de Dieu !
Il cite le Psaume 91. Plus subtilement, le diable poursuit ses recherches sur Jésus. Est-il le Fils de Dieu, oui ou non ? Le miracle des pierres transformées en pains aurait fait l’affaire. Mais Jésus n’a pas cédé. En revanche, si Jésus accepte de se jeter du haut du Temple, il ne pourra rien lui arriver. Surtout s’il est le Fils de Dieu ! Dans cette tentation, on voit pour nous le danger de vouloir employer Dieu à notre service. Dieu n’est pas là pour subvenir à tous nos manquements comme un super médecin. La prière n’est pas faite d’abord pour notre bien, mais elle est destinée à rendre à Dieu l’adoration qui lui revient. Tant mieux si nous en sortons apaisés, etc… mais ne nous étonnons pas de ne  pas toujours être sur un petit nuage en sortant de la prière ! Ne nous servons pas de Dieu ou de ses œuvres pour nous. Servons Dieu, le reste nous sera donné de surcroît. Un danger classique est de trop « psychologiser » la prière alors qu’elle concerne d’abord la vie de notre âme.
Puissions-nous nous porter les uns les autres dans une prière fraternelle tout au long de ce Carême ! Et laissons-nous nous réconcilier avec Dieu !
D. Christophe GRANVILLE

« Jésus regarde l’humanité blessée »

« Jésus regarde l’humanité blessée » 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Chers amis,
Pour la 28ème Journée Mondiale du Malade, notre Pape François vient d’écrire un beau message qui mériterait d’être retranscrit dans son intégralité. En voici cependant quelques extraits qui, je l’espère, vous aideront  à en estimer la valeur.
Le Oape cherche tout d’abord à entrer dans le regard même que Jésus pose sur notre humanité blessée en commentant Matthieu 11,28  : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau et moi je vous soulagerai ». Ces paroles de Jésus indiquent le mystérieux chemin de la grâce qui se révèle aux simples et qui offre un soulagement à ceux qui peinent et qui sont fatigués. Ces mots expriment la solidarité du Fils de l’homme face à une humanité affligée et souffrante. (…). Jésus regarde l’humanité blessée. Lui, il a des yeux qui voient, qui s’aperçoivent, car ils regardent en profondeur. Il ne s’agit pas d’un regard rapide et indifférent, mais qui s’attarde et accueille tout l’homme et tout homme dans sa condition de santé, sans écarter personne, mais en invitant chacun à entrer dans sa vie pour faire une expérience de tendresse.»
Si Jésus est ainsi capable d’avoir un tel regard, c’est parce qu’il s’est fait faible lui-même, faisant ainsi l’expérience de la souffrance humaine et recevant à son tour le réconfort du Père. De fait, seul celui qui fait personnellement cette expérience saura être un réconfort pour l’autre.
Le Pape François insiste ensuite sur l’importance d’entrer nous même dans ce regard du Christ en prenant en compte toutes les dimensions de la personne malade.
Il apparaît alors nécessaire de personnaliser l’approche à l’égard du malade, non plus seulement en soignant mais aussi en prenant soin, pour une guérison humaine intégrale. Lorsqu’elle est malade, la personne ressent que, non seulement son intégrité physique est compromise, mais aussi ses dimensions relationnelle, intellectuelle, affective et spirituelle. Elle attend donc, en plus des thérapies, un soutien, une sollicitude, une attention… en somme, de l’amour. En outre, aux côtés du malade, il y a une famille qui souffre et qui demande, elle aussi, réconfort et proximité.
Puis, s’adressant plus particulièrement aux agents du monde de la santé, le pape rappelle que  toute intervention diagnostique, préventive, thérapeutique, de recherche, de soin et de rééducation, s’adresse à la personne malade, où le substantif « personne » prime toujours sur l’adjectif « malade ». Par conséquent, votre action doit tendre constamment à la dignité et à la vie de la personne, sans jamais céder à des actes de nature euthanasique, de suicide assisté ou de suppression de la vie, pas même quand le stade de la maladie est irréversible.
(…) La vie doit être accueillie, protégée, respectée et servie, de la naissance à la mort : c’est à la fois une exigence tant de la raison que de la foi en Dieu auteur de la vie. Dans certains cas, l’objection de conscience est pour vous le choix nécessaire pour rester cohérents au « oui » à la vie et à la personne. En tout cas, votre professionnalisme, animé par la charité chrétienne, sera le meilleur service rendu au vrai droit humain : le droit à la vie. Quand vous ne pouvez pas guérir, vous pouvez toujours soigner grâce à des gestes et à des procédures qui apportent soulagement et réconfort au malade.
Puissions nous répondre ensemble à l’invitation de notre Pape, pour que l’Eglise puisse toujours être l’« auberge » du bon Samaritain qu’est le Christ (Luc 10, 34)
Don Louis-Marie DUPORT

« Tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur et je t’aime »

« Tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur et je t’aime » 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Chacun de nous a de la valeur aux yeux de Dieu. Comme il nous le dit lui-même : « Tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur et je t’aime ». Cette parole tirée du livre d’Isaïe (Isaïe 43, 4) me paraît être l’affirmation implicite contenue dans l’évangile de ce dimanche. En effet, c’est quand il ne vaut plus rien, qu’il est devenu fade, que le sel est jeté dehors. Au contraire donc, quand il ne mérite pas ce sort, on le garde car il a conservé sa fonction, il a conservé sa valeur. De même pour la lumière, elle a de la valeur, elle est précieuse. Bien positionnée, elle est capable de briller pour tous ceux qui sont dans la maison. Ainsi, lorsque Jésus dit à ses disciples « vous êtes le sel de la terre » ou encore « vous êtes la lumière du monde », nous comprenons que nous avons chacun, en tant que disciples, une valeur certaine. C’est déjà un premier sujet de réflexion et d’émerveillement ! Ailleurs dans l’évangile, Jésus nous parle de talents (Matthieu 25, 14-30). Ce sont les dons variés que Dieu a donnés à chacun pour être utilisés. De telle manière que l’usage de ces talents produise une valeur supplémentaire, c’est à dire que les qualités exercées par chacun fassent grandir le bien. De même que le sel a la capacité de rendre appétissants les aliments et que la lumière a la capacité de rendre visible ce qui existe, nous avons cette faculté extraordinaire de faire reconnaitre le monde pour aussi bon et aussi beau qu’il est. Voilà notre valeur  !
Ce n’est pas pour nous mettre à l’épreuve ou pour nous « mettre la pression » que Jésus nous dit « vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde ». En effet, il ne dit pas « soyez » ou « devenez » le sel et la lumière mais « vous êtes ». Ou autrement dit  : « Tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur et je t’aime ». Mais nous comprenons aussi que cette valeur peut se perdre, qu’elle peut être gâchée. La valeur que nous avons n’est pas garantie par le fait de la conserver mais au contraire par le fait de la donner. Le sel apporte ce qu’il est lorsqu’il est déposé dans un plat. La lumière rend service quand elle est mise sur un lampadaire. C’est donc que notre plus grande valeur est notre capacité à donner ce que nous sommes, c’est-à-dire aussi notre capacité à aimer ! L’amour ne serait-il pas le véritable sel de la terre et la véritable lumière du monde ? Nous serons finalement de véritables disciples du Christ en apprenant à dire nous aussi à notre prochain : « tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur et je t’aime » !
Don Martin PANHARD

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