A chacun, selon ses capacités, Dieu remet un trésor. Dans ce trésor fait de qualités et de charismes propres à chacun, ce qui nous est donné de plus précieux est la foi. Nous recevons tous, le jour de notre baptême, une ‘mesure’ de foi. A cette mesure, correspond une exigence. Pour certains, Dieu attendra un abandon et un renoncement plus radical que pour d’autres, mais chacun en fonction de sa mission. Dieu attend de nous que nous fassions notre possible pour accroître notre trésor, c’est-à-dire pour faire grandir notre foi. Il y a deux manières de faire grandir la foi qui sont nécessaires toutes les deux. La première est de nourrir notre connaissance sur Dieu. En d’autres termes, il s’agit de chercher Dieu, de faire grandir notre curiosité pour savoir qui Il est, de découvrir sa beauté, son amour, son identité : c’est le catéchisme. La deuxième manière de faire grandir la foi est d’avancer dans la confiance que nous faisons à Dieu. Cela s’appelle l’abandon. Nous grandissons dans l’abandon à Dieu lorsque nous prenons le risque de renoncer à une sécurité humaine pour nous remettre dans les mains de Dieu.
Souvent, nous sommes tentés de nous accrocher à de fausses sécurités plutôt qu’à la vraie qui est que «Dieu est Dieu», c’est-à-dire Tout Puissant et qu’Il nous aime. Une tentation aujourd’hui est de mettre notre confiance et nos certitudes davantage dans la science que dans notre foi. En effet, les théories scientifiques nous donnent une impression de maitrise alors que Dieu nous demande de lâcher notre désir de maitriser et de nous en remettre à Lui. Or, ce besoin de maitrise est particulièrement frustré en ce moment. De fait, nous vivons une confusion globale générée par des politiques de confinement fluctuantes et, pour une part, arbitraires. Ces décisions sont influencées par des rapports scientifiques nombreux et divergents. Certes, le sort de cette crise dépend beaucoup de la découverte scientifique d’un remède au virus. Cependant, il serait dangereux de vouloir remettre toute notre confiance dans un vaccin ou dans des gestes barrières. Ce serait un faux semblant de sécurité avec une durée très limitée dans le temps, avant qu’un nouveau danger n’apparaisse. Pour échapper à la confusion actuelle, notre confiance doit s’appuyer sur le fait que Dieu est Dieu, c’est-à-dire qu’il est le Tout-Puissant, qu’Il peut tout, et que rien ne lui échappe. Nous pouvons trouver la vraie sécurité dans notre foi. Cette crise est donc le temps favorable pour poser des actes de confiance en Dieu. Nous ferons ainsi fructifier cette foi dont nous devrons rendre compte au jour du jugement.
La foi nous permet de regarder les événements et les personnes comme Dieu les regarde. Quel regard de foi porter sur les nouvelles restrictions du culte ? La question n’est pas d’abord de savoir si ces restrictions sont cohérentes, même si c’est important de nous protéger, mais c’est de prendre conscience de leurs conséquences pour notre foi. Le Seigneur continuera de nous donner sa grâce si nous restons disponibles de cœur. Toutefois, il ne faudrait pas qu’en essayant de maitriser la prolifération du virus, nous occultions les vrais enjeux des restrictions qui nous sont imposées : jusqu’où puis-je aller avant de mettre en péril la vie de mon âme ?
D. Louis-Gustave de TORCY
Aux yeux du monde, qu’il est difficile d’être chrétien en 2020 ! Je ne vous parle pas d’être un bon chrétien, ni d’être saint mais seulement d’être chrétien. Les attentats nous font mettre en colère et finissent par faire (un peu) peur. La liberté d’expression se mute en surenchère sanglante. L’actualité sur le virus est confuse. Le reconfinement nous isole des cérémonies et de la Communion Eucharistique*. La pauvreté et les inquiétudes grandissent autour de nous. Et nous restons souvent impuissants face à elles. Même si nos difficultés sont toutes relatives à celles de nos frères d’Orient, souvent attaqués pour leur appartenance au nom de Jésus, nous pouvons nous demander : Quand cela va-t’il s’arrêter ? Et il est légitime de se le demander.
Dans ce contexte fort anxiogène, il est bon ce dimanche de relever la tête et de se plonger en Dieu en écoutant sa Parole. En effet le mariage auquel participe ces dix jeunes filles (les vierges sages et les vierges folles) est une image de la réalité surnaturelle du Royaume des Cieux. Dans cette Noce, curieusement, seul l’Epoux est mentionné. Le Christ, nous le rappelons, a été désigné par Jean le Baptiste comme l’époux. Son épouse peut donc être sa propre nature humaine, toute unie à sa nature divine. Mais ce peut être aussi ces dix jeunes filles, image de l’humanité toute entière désirée par Dieu comme un époux. Un époux fou amoureux.
à la chaleur de ces noces et des lampes à huile qui brûlent dans la nuit, nous pouvons entre autres retenir deux choses pour traverser cette période éprouvante.
Il ne suffira pas de vouloir s’en sortir pour s’en sortir. Nous avons besoin de Dieu. Le Salut vient de Lui. Voici ce que disait Gustave Thibon à ce sujet : « On ne peut pas demeurer longtemps sur la pointe des pieds. (Tao) – Inefficacité de la tension volontaire dans les choses spirituelles. La vigilance à l’égard de Dieu ne doit pas être une tension, mais une détente. Il faut que l’acte par lequel nous maintenons, vivante en nous, l’adhésion à l’amour divin, soit une espèce de défaillance de l’âme, un évanouissement. Prier, ce n’est pas raidir son moi, c’est l’effacer. Cette disparition appelle la grâce : elle nous remplit de Dieu dans la mesure où nous nous vidons de nous-mêmes. »
Cette idée forte rejoint l’espérance chrétienne dans son sens biblique. L’espérance est une attente. Comme Noé dans son arche ( comme nous dans nos maisons en ce moment ) attend la baisse des eaux. Cette attente n’est pas seulement celle d’un avenir meilleur, mais celle de Dieu. Espérer c’est attendre Dieu, mais avec une joie dans le cœur, comme s’il était déjà là. Même si cette attente nous fait tomber dans le sommeil, comme Lazare attendait Jésus dans la mort, nous avons une certitude : le Christ approche.
La deuxième chose que nous pouvons demander à Dieu, pour cette période, est d’augmenter en nous la Sagesse. Pas la sagesse comme fruit d’une vie sage et rangée, mais la sagesse comme don de son Esprit Saint. La Sagesse « c’est la grâce de pouvoir voir toute chose avec les yeux de Dieu. » disait le pape François dans ces catéchèses sur les dons du Saint Esprit. Cinq des dix jeunes filles de l’évangile ont vu ce temps d’attente avec assez de sagesse pour prévoir une quantité suffisante d’huile.
Prions les uns pour les autres dans ce temps de confinement afin que l’Esprit de Dieu et, non l’esprit du monde, dirige nos actions et qu’il nous fasse reprendre pied par la force de sa Parole en attendant son Eucharistie.
…………………………………………………………………. D.Christophe GRANVILLE
*cet édito est écrit en attente du jugement du recours fait par la conférence des évêques de France devant le Conseil d’état.
Chers amis,
Cette fin d’année ne nous aura pas épargnés et nous sentons, non sans une certaine crainte, la fébrilité de notre société. Les menaces semblent venir de partout ! Menace pour notre santé à travers cette pandémie, menace face à la violence terroriste qui s’impose de plus en plus sur notre propre territoire et menace d’une crise économique liée au confinement !
Face à ce déferlement de « catastrophes », comment réagir ? Comment vivre ce nouveau confinement sans que celui-ci ne rime avec isolement et recroquevillement sur nous mêmes ?
Peut être en acceptant d’ouvrir les yeux de notre cœur sur la grâce que nous propose la liturgie pour ce dimanche. L’Eglise nous invite à la fête et pas n’importe laquelle : celle qui nous dépayse, celle qui nous permet de relever la tête : la Toussaint !
En ce dimanche, nous sommes appelés à nous réjouir avec toute l’Eglise du ciel, c’est à dire l’Eglise Triomphante, la Jérusalem céleste, l’Eglise d’en haut, celle de tous les Saints !
Dans la 2eme lecture, Saint Jean nous rappelle notre origine. Nous sommes citoyens des cieux. Nous avons Dieu pour Père et donc sa demeure est aussi la nôtre !
Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes.
Voici la seule, la vraie thérapie : accepter de vivre pleinement la grâce de la Toussaint. La laisser nous saisir et nous décoller de l’angoisse de ce monde. Chers frères et soeurs, relevons la tête, car le Christ est là, au cœur même de nos combats ! Laissons la lumière de l’Eglise du ciel nous plonger dans l’éternité et éloigner de nous l’anxiété du temps présent !
Gustave Thibon disait : «Tout ce qui n’est pas de l’éternité retrouvée, est du temps perdu ! »
Alors ne perdons pas notre temps et laissons raisonner en nous cette parole de Saint Paul : Notre cité se trouve dans les cieux !
Peut-être que certains objecteront que le confinement qui commence va peut-être nous empêcher de prendre part à ce banquet des noces qu’est la messe.
Peut être, mais rien n’est encore sûr… Un recours devant le conseil d’Etat va certainement avoir lieu pour que nous puissions vivre de l’Eucharistie et vos prêtres qui savent combien vous avez besoin de cette nourriture céleste feront tout ce qui est possible pour vous y donner accès !
Alors, pour le moment, profitons de cette grâce de la Toussaint ! Laissons-la nous immerger dans la joie du ciel et confions le reste à notre Sauveur.
L’Esprit Saint et la charité qu’elle diffuse en nous est inventive. Elle sait s’adapter à toutes les situations. Faisons Lui donc confiance et écoutons l’exhortation qu’un saint que nous avons connu et aimé ici bas nous lance depuis le ciel : «N’ayez pas peur !»
D. Louis-Marie DUPORT
« Aimer Dieu de tout son cœur et aimer son prochain comme soi-même, à ces deux commandements est suspendue toute la Loi. » Mais comment aimer quand on y est obligé ? Certes, aimer, n’est pas une obligation, sinon, ce n’est plus de l’amour. Cependant nous n’avons pas choisi de vivre ou de ne pas vivre. Et l’homme a été créé pour aimer et être aimé. C’est ainsi à la base, cela ne se choisit pas. Alors autant se servir de notre liberté pour dire «oui» plutôt que «non» à ce projet qui nous précède et décidons nous-mêmes d’aimer. Dieu veut qu’il dépende de nous de devenir nous-mêmes !
J’aime Dieu parce que je veux l’aimer, librement, « par la foi au fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi. » (Gal 2,20).
« Je me tiens à la porte et je frappe », dit Dieu (Ap 3,20). “Je n’entre pas de force”.
Mais comme nous voulons toujours tout contrôler, compter sur nous-mêmes, nous freinons des quatre fers, comme des ânes (Ps 31,8-9). Nous ne lâchons pas prise. Trop souvent nous disons stop à l’amour qui nous fait peur, peur de perdre. Mais c’est pourtant bien celui qui perd sa vie à cause de Jésus et de l’Évangile qui la trouve, celui qui décide de faire confiance à Jésus et de s’engager à sa suite, dans des chemins où, humainement, il ne peut plus compter sur ses propres forces. « C’est la confiance et rien que la confiance, qui doit nous conduire à l’amour », nous dit Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Docteur de l’Amour. Ce n’est pas d’avoir déjà un amour terrestre qui peut faire obstacle à cela.
Alors « qu’est-ce qu’il faut faire ? » (Act. 2,37). Aimer, ce n’est pas d’abord des choses à faire, mais disposer son cœur à la foi en Jésus (Jn 6,29) qui a donné sa vie pour moi sur la croix (Gal. 2,20). C’est affermir cette vérité dans notre cœur. Plus on sent combien on a été aimé par Jésus qui a donné sa vie pour nous, plus on ouvre son cœur à la grâce du Saint-Esprit, qui est l’amour même de Dieu, qui peut se répandre surabondamment dans nos cœurs (Rm 5,5), spécialement dans l’adoration et la communion eucharistiques.
Jeune prêtre du diocèse de Versailles, le père Jean-Paul Hyvernat a trouvé la mort à 35 ans, au cours d’une ascension en montagne pendant l’été 1991, alors qu’il était déjà aux sommets de l’ascension spirituelle. Il s’est sacrifié pour que le rocher l’écrase lui et non les autres. Il aimait à citer Guy de Larigaudie: “il est aussi beau de peler des pommes de terre pour l’amour du Bon Dieu que de bâtir des cathédrales”. Par l’intention, nous pouvons changer des épluchures en or, comme de grands alchimistes ; c’est un trésor que nous emportons avec nous dans l’au-delà. Ce trésor, c’est l’instant présent ; une simple brindille et, l’amour fait feu de tout bois, l’amour fait or de toute pelure.
« Pour t’aimer sur la terre, je n’ai rien qu’aujourd’hui. » (Ste Thérèse à nouveau). « J’ai choisi l’amour du Seigneur en chaque chose ordinaire. Alors je mettrai tant de cœur à les rendre extraordinaires. » « Seigneur, foyer d’amour, fais brûler nos cœurs de charité. » Ça se chante, parce que « l’amour du Seigneur, je le chanterai » (Ps 144 – et tous les psaumes !) : ma vie est faite pour devenir chant d’amour.
Il n’est pas réservé à une élite de faire de sa vie un foyer d’amour en l’alimentant chaque jour des brindilles de chaque minute, comme d’ailleurs des bûches de toute une vie donnée ; nous n’avons rien qu’aujourd’hui pour aimer. « Je suis venu jeter un feu sur la terre » (Lc 12,49). « Recevez le feu de l’Esprit-Saint. »
(Cf Jn 20,22 et Act 2,3). « Suivez la voie de l’amour, à l’exemple du Christ qui vous a aimés et s’est livré pour nous, s’offrant à Dieu en sacrifice d’agréable odeur. » (Eph 5,2).
D. Laurent LARROQUE
Jésus dans les évangiles aborde dans son enseignement tous les aspects de la vie humaine. Ce dimanche, il s’agit d’un sujet important : l’impôt et, à travers cette question, celle de l’argent. C’est une question épineuse, que nous en ayions suffisamment ou que nous en manquions, il est important de nous laisser évangéliser sur ce sujet.
A travers la pirouette inattendue de Jésus pour se sortir de ce piège computé par les pharisiens et les hérodiens, Jésus nous invite à tout rendre à Dieu, y compris l’image de Lui-même qu’il a mise en nous… c’est notre personne toute entière qu’il faut « rendre à Dieu » ! Quelle joie !
Mais tant que nous serons ici-bas, nous aurons toujours besoin de l’argent qui sert à ajuster nos échanges. Et comme nous en aurons toujours besoin, il y aura donc toujours un combat ou une épreuve pour en user avec liberté.
Je vous propose quelques repères tirés de la doctrine sociale de l’église pour faire le point sur notre rapport à l’argent.
Le premier point est que l’argent doit servir à des projets. C’est un outil au service d’une finalité. Les projets peuvent être variés, comme l’instruction de ses enfants, acquérir un bien ou une maison, vivre décemment, assurer une épreuve de maladie ou de chômage, transmettre à ses enfants un héritage, etc… à ce titre, il est légitime d’épargner en vue de ces projets ; l’important est d’avoir de la lucidité pour discerner ceux qui sont légitimes et ceux qui ne le sont pas, pour épargner dans une proportion adéquate aux besoins des nécessités. Mais si nous cherchons à épargner pour épargner, cela ne sert à rien. Si nous manquons de «projets» et que nous avons de l’argent, il faut donc le donner à ceux qui ont des «projets», mais qui manquent d’argent. Quelle joie de pouvoir contribuer à des idées qui nous enthousiasment avec les moyens que Dieu nous a alloués ! Cette vision permet de nous aider à avoir un juste rapport à l’épargne.
Le deuxième point est qu’il faut toujours donner de notre argent. On donne, non en fonction de ce qui reste, mais en fonction de ce qu’on gagne, car nous savons bien qu’il n’en reste jamais assez ! C’est librement et avec joie qu’il faut donner, selon ce qu’on a résolu dans notre cœur… certains choisissent de donner quelques journées de salaires de leur année, d’autres la dime, d’autres donnent tout comme la veuve aux deux piécettes (Mc 12,38ss) ! Ce point là est important, car donner en fonction de ce qu’on gagne nous maintient dans un esprit de foi et de confiance en la Providence qui pourvoit à ses enfants (Mt 6,24-34). Choisir de concéder quelques heures ou quelques jours de travail nous permet en allant nous même travailler, de nous souvenir que ces journées-là sont pour d’autres et non pour nous, cela donne beaucoup de joie et de zèle à notre labeur. Nous sentons aussi par là que nous faisons partie d’un tout plus grand que nous et nous sommes heureux d’y participer, d’y contribuer ! Mes frères, n’oublions, pas « Dieu aime celui qui donne avec joie ! »
Gardons notre liberté face à Mammon pour ne pas mettre notre espérance en lui, mais en Dieu qui est riche, riche en miséricorde, qui veut nous obtenir l’héritage de la Vie éternelle !
D. Marc-Antoine CROIZé-POURCELET
Samedi dernier, la paroisse a eu la joie de tenir la première réunion de l’année des services. L’objectif de ce temps était de raviver notre zèle dans notre manière de servir Dieu, l’église et notre prochain. En effet, comme le dit Saint Ignace, « L’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur et par là sauver son âme». Cette phrase, tirée des principes et fondements, nous rappelle la vocation ultime de l’homme : servir Dieu. Pourtant, Dieu n’a pas besoin d’être servi. Il est tout puissant et parfaitement heureux. C’est donc pour notre propre bien qu’Il nous appelle à servir. Nous sommes faits pour servir Dieu et nous le faisons à travers le service que nous rendons à notre prochain.
Don Marc-Antoine nous rappelait, lors de la réunion, que notre service prend tout son sens lorsque nous le faisons pour Jésus. Que ce soit par l’enseignement du catéchisme, par la prière du monastère invisible, ou par l’entretien de nos églises, c’est le Christ que nous cherchons à servir. Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus nous donne un critère de discernement : est-ce que je mets de l’amour dans mon service ? La patronne des missions du monde entier n’a connu d’autres responsabilités que de laver le linge, passer le balai et assurer des petits services auprès de ses sœurs carmélites. C’est par ce service en apparence très simple, qu’elle a appris le secret de la sainteté au quotidien : « j’ai choisi l’amour du Seigneur dans chaque chose ordinaire, alors je mettrai tant de cœur à les rendre extraordinaires». Est-ce que je mets mon cœur à aimer les enfants que j’enseigne ? Est-ce que j’offre le temps que je consacre pour demander des grâces au Seigneur ? Le service n’est vrai que lorsqu’il est offert, c’est-à-dire donné gratuitement, sans contrainte et sans rien attendre en retour. C’est alors que nous découvrons que nous recevons toujours plus que ce que nous donnons. C’est la logique de Dieu, la logique de l’amour : nous recevons des cadeaux bien plus précieux que l’aide matérielle que nous apportons. Comme le dit St Paul : il y a plus de joie à donner qu’à recevoir (Ac. 20, 35). C’est ce chemin que le Christ a voulu emprunter : «le Fils de l’homme est venu non pour être servi mais pour servir» (Mt 20, 28). En lavant les pieds des disciples, Jésus nous a montré l’exemple de l’amour vrai : être à genoux devant celui que l’on sert.
Dans sa dernière encyclique «Tutti Fratelli», le pape François nous enseigne que «servir, c’est « en grande partie, prendre soin de la fragilité. Servir signifie prendre soin des membres fragiles de nos familles, de notre société, de notre peuple ». […] Le service vise toujours le visage du frère, il touche sa chair, il sent sa proximité et même, dans certains cas, la ‘‘souffre’’ et cherche la promotion du frère. Voilà pourquoi, le service n’est jamais idéologique, puisqu’il ne sert pas des idées, mais des personnes » (TF 115).
L’Eglise enseigne que l’homme s’accomplit en se mettant au service de son prochain. Si elle est sans doute l’institution qui rassemble le plus de bénévoles, qu’elle soit aussi celle qui témoigne au monde de la joie qu’il y a à servir le Christ dans nos frères.
D. Louis Gustave de Torcy
Dans cette parabole de Jésus, notre cœur est saisi par les détails qui nous font penser au sacrifice de la Croix, en dehors des murs de Jérusalem. Les vignerons homicides, le fils qui ne dit pas un mot et qui obéit jusqu’à la mort, toutes ces précisons font quasiment glisser le texte de type « parabole » à une prophétie de Jésus. Jésus n’emploie pas ici une simple image de la vie ordinaire comme la graine de moutarde pour nous parler des réalités du Royaume des Cieux. Il construit sur mesure une histoire où chaque détail a son importance pour les auditeurs. Les grands prêtres vont disparaître sous la plume de l’évangéliste (chapitre 21) pour réapparaître seulement au moment du pacte de Judas avec le Sanhédrin
(chapitre 26) et au procès de Jésus. Le découpage liturgique nous a coupé leur réaction amère. Ils voulurent mettre la main sur Jésus pour l’arrêter dès « qu’ils comprirent que c’était d’eux qu’il parlait ». Mais la peur de la foule va les retenir, car cette dernière considérait Jésus comme un prophète.
Dans cette parabole, la réflexion du maître du Domaine ne peut que nous surprendre. En effet après les deux salves de serviteurs envoyés récupérer les fruits de la vigne mais finalement massacrés, le fils nous paraît être le moins bon choix restant. Pour nous, c’est pure folie, mais pour le maître du domaine, c’est une dernière chance : « ils respecteront mon fils ! ». Cette folie (d’amour) est bien celle du Père en nous envoyant son Fils ! C’est vraiment une unique et dernière chance que nous avons de nous convertir. Il n’y aura plus d’autres envoyés. Nous sommes dans l’attente du retour de Jésus dans sa Gloire pour le Jugement.
La mort de l’héritier nous donne à réfléchir. Cette mort est en apparence absurde. Mais elle trouve du sens quand nous en parlons comme d’un sacrifice. « Ma vie, personne ne la prend, c’est moi qui la donne » dit Jésus chez Saint Jean (10,18). Le sacrifice, le don de soi, est l’âme de la Croix. Voici ce que disait le dominicain Henri-Dominique Lacordaire dans un de ses sermons à Notre Dame de Paris : « Le sacrifice n’est ni une œuvre de raison, ni une œuvre de folie, et c’est une œuvre qui domine l’histoire et la vie du genre humain. » La Croix rayonne sur nous encore aujourd’hui car en elle l’amour de Dieu a atteint son paroxysme. Comme un Agneau sans tache, Jésus nous a sauvés dans son amour et dans son obéissance jusqu’à la Croix. Tel a été le prix de sa Gloire.
Ce sacrifice est d’une fécondité infinie. La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle d’un nouvel édifice. Le Christ a bâti son Église, où Juifs et Païens se rejoignent. Chacun d’entre nous, chers paroissiens, avons été choisis et placés dans cette Église. Que le don de nous-mêmes dans les multiples petits services ou dans la communion de prière fasse resplendir la Gloire de Jésus dans notre entourage !
D. Christophe GRANVILLE
Depuis quelques temps, en allant à Sainte Bernadette, j’ai pu constater une file d’attente inhabituelle empiétant sur le trottoir de l’avenue de Valescure. Je viens de comprendre qu’il s’agit en fait de l’entrée d’un laboratoire d’analyse médicale.
Alors j’aimerais vous partager un rêve que les prêtres qui sont à votre service partagent avec l’abbé Thibaut de Rincquesen (Vicaire à la paroisse Saint Germain des prés). Je tire ce qui suit de son édito.
Imaginons que cette queue ne soit plus simplement devant la porte du laboratoire d’analyse médicale mais devant celle de nos confessionnaux.
On viendrait y chercher l’absolution qui réjouit et non le test Covid qui inquiète. On pratiquerait l’introspection de l’âme, plutôt que de faire entrer à l’intérieur de nos sinus de douloureux écouvillons. On recevrait la réconfortante miséricorde, plutôt que le diagnostic implacable.
« Or ces tests ont un résultat incertain, alors que l’absolution, elle, réussit à tous les coups. La peine pour les coupables de contagion est elle-même terrible : quatorze jours de réclusion et surtout un humiliant message à tous ses proches pour leur annoncer qu’on leur a fait courir un terrible danger en leur parlant ou en leur souriant. Tandis que la peine pour les pécheurs repentants est une douce pénitence : une action de grâce qui fait sentir combien l’amour de Dieu est grand.
Ah, si les chrétiens s’inquiétaient autant de leur santé spirituelle que du Covid ! Comme nous serions plus heureux et libres si la sainteté était un sujet de santé publique ! Nous sommes tous pécheurs : pas besoin de test pour le savoir. Mais la maladie est de ne pas voir son péché et de ne pas s’en soucier. Quoi, nous acceptons de vivre tous les jours avec les démons dans notre cœur ? quelle mauvaise compagnie dont nous avons tout intérêt à nous débarrasser ! Si nous avions cette même vigilance contre le péché que face au Covid, au lieu de porter un masque, nous porterions une médaille miraculeuse autour du cou et un chapelet dans la poche ; en guise de gestes barrières, nous ferions le signe de croix et une prière silencieuse à chaque fois que nous risquons la contamination du péché par des regards ou des pensées impures ; à la place du confinement sanitaire, nous prendrions quelques minutes de prière silencieuse dans une pièce reculée.
Oui, les journalistes et les politiques ont raison : il y a beaucoup de leçons à tirer de cette crise. Amis paroissiens, mettons autant d’application à revenir vers Dieu que nous en avons à tenir à distance le virus. Livrons-nous au Christ, véritable médecin des âmes »
Qui sait ? Peut-être vos prêtres devront faire des « heures sup » au confessionnal ?
D. Louis-Marie DUPORT
« Cherchez le Royaume de Dieu et sa justice », nous dit Jésus. Et les ouvriers de la première heure qui ont commencé à travailler à la Vigne du Seigneur – traduisons : à vivre dans la foi au Christ Jésus -, se plaignent, à la fin du jour terrestre, de leur rétribution : « quoi ? Un denier, comme ceux qui sont arrivés à la dernière heure ? » Ils estiment que ce n’est pas juste. Mais en terme de stricte justice, il était convenu d’un denier dès le départ. La justice est strictement observée. Et le Maître désire donner à ceux qui arrivent plus tard le même salaire : il est libre de le faire, par bonté, pour ceux qui arrivent plus tard, sans léser en stricte justice ceux qui ont commencé tôt.
Dans le Royaume des Cieux, Dieu ne calcule pas en stricte justice le temps passé dans la foi, mais l’ardeur du désir d’en vivre jusqu’à la mort, même si le temps accordé avant la mort est court. Certes, il semble ainsi favoriser ceux qui arrivent tard à la foi et qui se mettent tard à servir le Seigneur, après une vie où « personne ne les a embauchés » : c’était plutôt ce monde matérialiste et corrompu qui en a fait des débauchés et ils n’osent plus lever les yeux vers Dieu car ils s’estiment trop indignes d’aller travailler à sa vigne : “désormais, c’est trop tard, j’ai gâché ma vie…” « Non ! », proclame Jésus depuis 2000 ans, dans cette parabole. « Venez, vous aussi, à ma vigne ! », même à la dernière heure ! Même à la dernière minute, selon l’exemple limite du bon larron qui a été larron toute sa vie, sauf la dernière minute de sa vie : par l’acte de Foi en Jésus le Sauveur de sa vie, il est devenu saint, éternel vivant une minute avant de mourir. Gageons que, s’il avait pu être gracié de la pendaison au gibet, s’il avait eu de nouveau les bras libres, il les aurait employés avec zèle à servir son Sauveur. Ainsi font les nouveaux convertis : le temps que nous, les anciens dans la Vigne, nous fassions un rang de vigne, en nous débrouillant pour faire le minimum de bien pour ne pas mériter la peine éternelle, tout en « aimant le monde et ce qui est dans le monde » sans aimer vraiment Dieu (1Jn 2,15), eux, ils en font le quadruple avec un grand enthousiasme. Ils aiment leur Sauveur et cela donne des ailes à leur zèle.
Dieu peut récompenser de la gloire immédiate après leur mort des nouveaux venus zélés et demander une longue expiation aux travailleurs attiédis par le calcul égoïste des conséquences éternelles d’une vie ni bonne ni mauvaise. Ce ne sera pas stricte justice mais miséricorde pour « apprendre ce que signifie : c’est la miséricorde que je veux » . Plutôt que de râler contre un maître estimé injuste, estimons-nous heureux d’avoir encore un peu de temps pour nous convertir !
D. Laurent LARROQUE
Chers amis,
Vous êtes venus nombreux nous accueillir ce dimanche. Je sais que beaucoup d’autres s’y associent par la prière grâce aux nombreux messages que vous m’avez faits parvenir. De tout cœur un grand merci pour cet accueil que vous nous réservez.
Un paroissien m’a récemment recommandé, pour cette nouvelle mission que je reçois, ce conseil judicieux « donner à voir ce que nous croyons ». Nous avons tous des convictions profondes que nous cherchons à mettre en œuvre d’une manière ou d’une autre. Mais il y a un point important vers lequel nous pouvons essayer de tendre : l’harmonie entre nos pensées, nos paroles et nos actes. Il n’y a que Dieu qui soit en parfaite cohérence entre ce qu’Il est, ce qu’Il dit et ce qu’Il fait.
La liturgie, de manière générale, est le lieu par excellence du témoignage de notre foi, elle donne à voir ce que nous croyons : nos paroles, nos chants, nos gestes, nos cérémonies expriment le contenu de notre foi, de notre adoration. Dans l’autre sens, ces rites façonnent et font grandir notre foi.
Ce dimanche, pour cette messe d’installation de votre nouveau curé, il y a quelques rites supplémentaires qui méritent d’être explicités succinctement dans cet édito car ils donnent à voir ce que nous croyons.
Tout commence sur le parvis où je me tiens, muni de ma lettre de mission reçue de l’évêque. Quelques paroissiens des conseils de pôles sont là pour m’y accueillir en votre nom à tous. Cela nous rappelle que nous recevons de l’Eglise les pasteurs qui nous sont envoyés, nous ne les choisissons pas. Mais votre accueil manifeste votre gratitude envers le Seigneur de nous donner les prêtres dont nous avons besoin, pour être guidés au nom de l’Unique Bon Pasteur : le Christ. Pendant ce temps, les autres prêtres prient en silence dans une communion sacerdotale pour celui qui vous est envoyé et pour vous.
Dès le début, le doyen me conduit au tabernacle : le lieu de la Présence du Christ. C’est Lui qui est la source de toute grâce, c’est à Lui qu’il me conduit pour que moi-même je conduise toujours au Christ qui donne tout et vers qui tout converge. Je Lui doit tout, je Lui remets tout, j’attends tout de Lui…
L’évangile exceptionnellement n’est pas lu par le diacre mais par le nouveau curé. Cela me rappelle – et à vous au passage – que c’est ma première mission de vous annoncer l’évangile. Puis vient le rappel des promesses de l’ordination sacerdotale, qui contiennent, en résumé, toute la mission du prêtre, c’est tellement beau ! La Profession de foi commune à tous les baptisés, est proclammée par tous puis récitée seul par le nouveau curé : elle est le signe de l’unité qu’il doit préserver et faire toujours grandir.
Enfin, la Prière Eucharistique donne à voir et entendre que je dois intercéder pour le peuple de Dieu – les vivants et les morts – et dispenser les sacrements qui communiquent la Vie divine.
La tâche est lourde ! Mais je sais que le Seigneur donne toujours les grâces nécessaires. Priez pour moi ! Que je sache accepter ces dons de Dieu pour vous, sans lesquels je ne peux rien. J’ai le souhait très cher de vouloir prendre soin de vous, pour que vous-mêmes vous puissiez prendre soin de tous les raphaëlois à qui Dieu nous envoie pour faire connaitre au monde sa Miséricorde et son Amour !
D. Marc-Antoine cROIZé-POURCELET