Lequel d’entre nous ne s’est-il pas décrit un jour comme saint Thomas ? « Ah moi, je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois ! ». Saint Thomas serait ainsi l’archétype de celui dont la foi est fragile ou qui reste dur à convaincre. Archétype de celui à qui il faut une preuve tangible pour adhérer. En effet, le Seigneur Jésus lui-même manifeste qu’il attend désormais de l’apôtre Thomas davantage de souplesse et de confiance. Il le lui fait comprendre bien nettement : « Cesse d’être incrédule, sois croyant ! ». Ainsi Thomas est-il un peu le bouc émissaire de cette histoire. S’il manque de foi, c’est sa faute. Je veux bien que ce soit en effet le cas puisque, encore une fois, c’est Jésus qui fait remarquer que sa foi aurait pu se passer de preuve : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Mais remarquons que les dix autres apôtres s’en sortent bien, eux qui ont également cru parce qu’ils ont vu ! Qu’importe, Thomas reste malgré lui le maillon faible dans le groupe des apôtres.
Mais doit-on imputer le manque de foi de Thomas simplement à son tempérament un peu rigide et pragmatique ? N’y aurait-il pas une raison à chercher aussi du côté de ceux qui étaient chargés de partager leur foi ? Comment les dix autres apôtres ensemble n’ont-ils pas réussi à convaincre Thomas de leur rencontre avec Jésus ressuscité ? Ils ont eu une semaine entière pour le faire et une semaine en confinement en plus !
L’évangéliste saint Jean précise que lors de la première apparition de Jésus dans le cénacle fermé à clé, « les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur » et Jésus leur dit : « La paix soit avec vous ». On peut se demander comment il se fait qu’une telle effusion de paix et de joie n’ait pas suffi à Thomas qui était absent pour se convaincre qu’il s’était effectivement passé quelque chose ? Peut-être que cette joie dont ils furent remplis et cette paix furent trop éphémères. Peut-être que, très vite après l’apparition de Jésus, les apôtres retrouvèrent leur mélancolie et leur inquiétude ? Auquel cas on a beau jeu de critiquer le manque de foi de Thomas ! Ne pourrait-on pas un peu pointer du doigt le manque de joie de ses frères? La joie et la paix reçues et conservées par les apôtres auraient dû servir de meilleure preuve tangible dans leur témoignage vis-à-vis de Thomas !
Il en va de même pour nous. Si nous ne vivons pas de la paix et de la joie immédiatement offertes par le Christ ressuscité, pourquoi s’étonner du manque de foi environnant ? Confinement ou pas, ne boudons pas notre joie ! Offrons-nous et offrons autour de nous ce témoignage de la paix et de la joie dans le Seigneur vivant !
D. Martin PANHARD