Editorial Principal

Lumière du Thabor

Lumière du Thabor 2560 1920 Paroisses de Saint-Raphael

Selon la présentation de Matthieu qui diffère de Marc et Luc, Jésus transfiguré apparaît surtout comme le nouveau Moïse, rencontrant Dieu sur un nouveau Sinaï (le Thabor) dans la nuée. Le visage lumineux, il est assisté des deux personnages de l’Ancien Testament qui ont bénéficié de révélations sur le Sinaï. Moïse et Elie personnifient la Loi et les Prophètes que Jésus vient accomplir. La voix céleste ordonne de l’écouter comme le nouveau Moïse et les disciples se prosternent en révérence du Maître. Quand l’apparition se termine, Jésus reste seul car il suffit comme docteur de la Loi parfaite et définitive. Sa gloire n’est d’ailleurs que transitoire car il est aussi le Serviteur souffrant ainsi décrit par Isaïe : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme se complaît » (Isaïe 42,1). Les mots du prophète sont presque les mêmes que ceux du Père !
Moïse a été choisi par Dieu pour libérer son peuple de l’esclavage d’Egypte et l’emmener 40 ans au désert. Au Sinaï, Dieu éprouve son peuple et le purifie tandis qu’il se révèle à Moïse en chargeant ce dernier, d’annoncer au peuple la grandeur et les promesses du Dieu unique qui « est celui qui est » (Exode 3,14). Tout notre programme de Carême est là ! Dans son humanité, le Verbe est venu nous libérer de l’esclavage du péché et nous attire au désert, poussés par l’Esprit, pour y être purifiés et prendre les moyens nécessaires pour écouter Dieu et le suivre, afin de devenir missionnaire et de l’annoncer au monde ; sur la montagne de la Salette, le 17 septembre 1846, la Vierge a demandé aux deux enfants : « Vous le ferez passer à tout mon peuple ». C’est un Christ glorieux (Thabor) et souffrant (la Passion) que nous devons annoncer !
Il y a moins de trois semaines, 53 d’entre nous étions sur le mont Thabor pour méditer ce même Evangile. Dans une démarche de pénitence et de conversion qui annonçait déjà le Carême, chacun a été invité à laisser la lumière du Christ venir sur lui. Cela signifie présenter au Seigneur notre part de ténèbres, ces régions de notre être, ces passages de nos vies qui nous font honte. Tous les pèlerins pouvaient écrire sur un papier (saint Ignace de Loyola enseignait qu’on se convertit en écrivant, faisant écho à son expérience personnelle, par la rédaction des Exercices spirituels), papier sur lequel chacun écrivait une ou plusieurs ténèbres de sa vie, obscurités présentées à la lumière miséricordieuse du Christ. Tous ces papiers ont été déposés sur les marches obscures et descendantes de la crypte du Thabor. Ils y sont restés. Chacun est reparti en abandonnant sur ce lieu de lumière, une part de ses ténèbres. Et si ce Carême 2020, et si ce dimanche de la Transfiguration était pour celui et celle qui lisent ces lignes, l’occasion, le moment de faire la lumière sur sa vie pour arriver au matin de Pâques, transfiguré de la gloire et de l’amour de Dieu ?

D. Stéphane PELISSIER

Avec Jésus au désert

Avec Jésus au désert 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Après la petite porte du Carême qu’est le mercredi des Cendres, nous entrons, avec la solennité de ce dimanche, par la grande porte dans ce temps de conversion. A l’heure où cet éditorial est écrit, nous ne connaissons pas encore le contenu du message du pape François pour le Carême 2020, mais seulement son thème : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Oui, le Carême est un temps de grâce où comme le Christ, nous allons être conduits par l’Esprit. La destination est le désert. A la lecture des tentations que Jésus subit, nous découvrons que le désert n’est pas un lieu de tranquillité. Le carême n’est pas une fuite du monde pour prendre du temps pour « soi » ou pour « se retrouver ». Le carême nous éprouve en nous remettant énergiquement en face de l’essentiel.
C’est en étant éprouvé, que se révèlent notre fragilité mais aussi nos ressources intérieures et notre force spirituelle. L’Esprit-Saint nous conduit plus loin que nos propres ressources naturelles comme notre bonne santé, notre courage ou encore notre raison. Là où humainement nous semblons être « à bout », notre âme et la vie de Dieu en elle prend le relais. Son aide passera par sa Parole comme on le voit avec Jésus. Jésus cite la Parole de Dieu de mémoire, il la connaît, il en vit. Cela ne peut que nous interpeler : Pourquoi ne donnerions-nous pas un peu plus de place à la parole de Dieu pendant ce Carême : se mettre à son écoute et la méditer ? La Parole de Dieu est vivante, elle nous rejoint. Elle ne repart pas sans porter du fruit.
Les trois tentations de Jésus font aussi référence aux trois tentations du peuple hébreu dans le désert. La faim, où le peuple vient à regretter les oignons et les concombres d’Egypte. La mise à l’épreuve de Dieu lors du manque d’eau à Massa. Et l’adoration du veau d’or. Là où le premier Israël a échoué, Jésus, qui incarne le nouvel Israël, inaugure sa victoire définitive sur le mal.
Arrêtons-nous plus particulièrement sur la première et la deuxième tentation. Jésus nous invite d’abord à prendre soin de la vie de notre âme et pas seulement de nos appétits terrestres. Le pain qui remplit notre estomac est nécessaire ! Mais Jésus rétablit un ordre dans notre vie. Le fait même de parlementer avec le mauvais nous éloigne de l’essentiel : notre relation à Dieu. C’est cela qui prime sur le reste. Sinon, nous ne voyons plus les choses de la terre comme un don de Dieu et nous cherchons sans cesse à combler notre cœur de choses limitées. Le diable est plus malin que nous et sa duplicité nous trompe. Il veut nous éloigner de Dieu et fausser notre regard sur la bonté du Seigneur.
Dans la deuxième tentation, le Diable emploie également la Parole de Dieu !
Il cite le Psaume 91. Plus subtilement, le diable poursuit ses recherches sur Jésus. Est-il le Fils de Dieu, oui ou non ? Le miracle des pierres transformées en pains aurait fait l’affaire. Mais Jésus n’a pas cédé. En revanche, si Jésus accepte de se jeter du haut du Temple, il ne pourra rien lui arriver. Surtout s’il est le Fils de Dieu ! Dans cette tentation, on voit pour nous le danger de vouloir employer Dieu à notre service. Dieu n’est pas là pour subvenir à tous nos manquements comme un super médecin. La prière n’est pas faite d’abord pour notre bien, mais elle est destinée à rendre à Dieu l’adoration qui lui revient. Tant mieux si nous en sortons apaisés, etc… mais ne nous étonnons pas de ne  pas toujours être sur un petit nuage en sortant de la prière ! Ne nous servons pas de Dieu ou de ses œuvres pour nous. Servons Dieu, le reste nous sera donné de surcroît. Un danger classique est de trop « psychologiser » la prière alors qu’elle concerne d’abord la vie de notre âme.
Puissions-nous nous porter les uns les autres dans une prière fraternelle tout au long de ce Carême ! Et laissons-nous nous réconcilier avec Dieu !
D. Christophe GRANVILLE

« Jésus regarde l’humanité blessée »

« Jésus regarde l’humanité blessée » 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Chers amis,
Pour la 28ème Journée Mondiale du Malade, notre Pape François vient d’écrire un beau message qui mériterait d’être retranscrit dans son intégralité. En voici cependant quelques extraits qui, je l’espère, vous aideront  à en estimer la valeur.
Le Oape cherche tout d’abord à entrer dans le regard même que Jésus pose sur notre humanité blessée en commentant Matthieu 11,28  : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau et moi je vous soulagerai ». Ces paroles de Jésus indiquent le mystérieux chemin de la grâce qui se révèle aux simples et qui offre un soulagement à ceux qui peinent et qui sont fatigués. Ces mots expriment la solidarité du Fils de l’homme face à une humanité affligée et souffrante. (…). Jésus regarde l’humanité blessée. Lui, il a des yeux qui voient, qui s’aperçoivent, car ils regardent en profondeur. Il ne s’agit pas d’un regard rapide et indifférent, mais qui s’attarde et accueille tout l’homme et tout homme dans sa condition de santé, sans écarter personne, mais en invitant chacun à entrer dans sa vie pour faire une expérience de tendresse.»
Si Jésus est ainsi capable d’avoir un tel regard, c’est parce qu’il s’est fait faible lui-même, faisant ainsi l’expérience de la souffrance humaine et recevant à son tour le réconfort du Père. De fait, seul celui qui fait personnellement cette expérience saura être un réconfort pour l’autre.
Le Pape François insiste ensuite sur l’importance d’entrer nous même dans ce regard du Christ en prenant en compte toutes les dimensions de la personne malade.
Il apparaît alors nécessaire de personnaliser l’approche à l’égard du malade, non plus seulement en soignant mais aussi en prenant soin, pour une guérison humaine intégrale. Lorsqu’elle est malade, la personne ressent que, non seulement son intégrité physique est compromise, mais aussi ses dimensions relationnelle, intellectuelle, affective et spirituelle. Elle attend donc, en plus des thérapies, un soutien, une sollicitude, une attention… en somme, de l’amour. En outre, aux côtés du malade, il y a une famille qui souffre et qui demande, elle aussi, réconfort et proximité.
Puis, s’adressant plus particulièrement aux agents du monde de la santé, le pape rappelle que  toute intervention diagnostique, préventive, thérapeutique, de recherche, de soin et de rééducation, s’adresse à la personne malade, où le substantif « personne » prime toujours sur l’adjectif « malade ». Par conséquent, votre action doit tendre constamment à la dignité et à la vie de la personne, sans jamais céder à des actes de nature euthanasique, de suicide assisté ou de suppression de la vie, pas même quand le stade de la maladie est irréversible.
(…) La vie doit être accueillie, protégée, respectée et servie, de la naissance à la mort : c’est à la fois une exigence tant de la raison que de la foi en Dieu auteur de la vie. Dans certains cas, l’objection de conscience est pour vous le choix nécessaire pour rester cohérents au « oui » à la vie et à la personne. En tout cas, votre professionnalisme, animé par la charité chrétienne, sera le meilleur service rendu au vrai droit humain : le droit à la vie. Quand vous ne pouvez pas guérir, vous pouvez toujours soigner grâce à des gestes et à des procédures qui apportent soulagement et réconfort au malade.
Puissions nous répondre ensemble à l’invitation de notre Pape, pour que l’Eglise puisse toujours être l’« auberge » du bon Samaritain qu’est le Christ (Luc 10, 34)
Don Louis-Marie DUPORT

« Tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur et je t’aime »

« Tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur et je t’aime » 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Chacun de nous a de la valeur aux yeux de Dieu. Comme il nous le dit lui-même : « Tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur et je t’aime ». Cette parole tirée du livre d’Isaïe (Isaïe 43, 4) me paraît être l’affirmation implicite contenue dans l’évangile de ce dimanche. En effet, c’est quand il ne vaut plus rien, qu’il est devenu fade, que le sel est jeté dehors. Au contraire donc, quand il ne mérite pas ce sort, on le garde car il a conservé sa fonction, il a conservé sa valeur. De même pour la lumière, elle a de la valeur, elle est précieuse. Bien positionnée, elle est capable de briller pour tous ceux qui sont dans la maison. Ainsi, lorsque Jésus dit à ses disciples « vous êtes le sel de la terre » ou encore « vous êtes la lumière du monde », nous comprenons que nous avons chacun, en tant que disciples, une valeur certaine. C’est déjà un premier sujet de réflexion et d’émerveillement ! Ailleurs dans l’évangile, Jésus nous parle de talents (Matthieu 25, 14-30). Ce sont les dons variés que Dieu a donnés à chacun pour être utilisés. De telle manière que l’usage de ces talents produise une valeur supplémentaire, c’est à dire que les qualités exercées par chacun fassent grandir le bien. De même que le sel a la capacité de rendre appétissants les aliments et que la lumière a la capacité de rendre visible ce qui existe, nous avons cette faculté extraordinaire de faire reconnaitre le monde pour aussi bon et aussi beau qu’il est. Voilà notre valeur  !
Ce n’est pas pour nous mettre à l’épreuve ou pour nous « mettre la pression » que Jésus nous dit « vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde ». En effet, il ne dit pas « soyez » ou « devenez » le sel et la lumière mais « vous êtes ». Ou autrement dit  : « Tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur et je t’aime ». Mais nous comprenons aussi que cette valeur peut se perdre, qu’elle peut être gâchée. La valeur que nous avons n’est pas garantie par le fait de la conserver mais au contraire par le fait de la donner. Le sel apporte ce qu’il est lorsqu’il est déposé dans un plat. La lumière rend service quand elle est mise sur un lampadaire. C’est donc que notre plus grande valeur est notre capacité à donner ce que nous sommes, c’est-à-dire aussi notre capacité à aimer ! L’amour ne serait-il pas le véritable sel de la terre et la véritable lumière du monde ? Nous serons finalement de véritables disciples du Christ en apprenant à dire nous aussi à notre prochain : « tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur et je t’aime » !
Don Martin PANHARD

Allons à la rencontre de la Lumière

Allons à la rencontre de la Lumière 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Quatrième mystère joyeux du Rosaire, abondamment présente dans l’iconographie chrétienne (dès les années 440 dans une mosaïque de Sainte-Marie Majeure à Rome), la Présentation de Jésus au Temple a inspiré de très nombreux artistes (Fra Angelico et Philippe de Champaigne par exemple). Jusqu’à la réforme liturgique issue de Vatican II, elle clôturait le Temps de la Nativité, 40 jours après Noël, d’où l’usage conservé parfois de garder la crèche jusqu’à cette date. Etant une fête du Christ, elle supplante le Temps Ordinaire quand elle est célébrée un dimanche.
Dans sa célébration, deux thèmes ont une grande importance : la rencontre et la lumière. Les orthodoxes ont un autre nom pour cette fête, l’hypapante (signifiant en grec, aller au devant). Ils insistent sur la rencontre du vieillard Siméon et de Jésus qui viennent au-devant l’un de l’autre manifestant ainsi la structure essentielle de la liturgie, rencontre de Dieu et de son Peuple pour la célébration de l’Alliance. Nous ne pouvons rencontrer Dieu s’il ne vient d’abord à nous et nous procure, dans l’Esprit, l’élan qui nous mène à lui.
Sa popularité ne peut se résumer à la seule confection des crêpes. Elle est depuis toujours un évènement majeur de l’histoire du Salut ! Célébrée avec faste à Jérusalem dès le 4ème siècle « avec la plus grande liesse, comme si c’était Pâques » (témoignage d’Egérie vers 382), elle devient une solennité dans tout l’Orient en 542, au début de la grande peste de Justinien. Dans l’Eglise romaine, elle apparait un siècle plus tard comme la fête des chandelles (Chandeleur), sans être forcément la christianisation de la fête païenne des lupercales, célébration de la fécondité tombée alors largement en désuétude. Le plus important est que sa célébration commence à l’aurore par une longue procession de pénitence, à la lueur des cierges, procession représentant le voyage de Joseph, de Marie et de l’enfant Jésus pour aller de Bethléem au Temple de Jérusalem. On bénit les cierges en insistant sur la victoire de la lumière sur les ténèbres. Ce sont aussi les mots du vieillard Syméon qui résonnent ! A propos de Jésus, il s’exclame « mes yeux ont vu le salut… lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d’Israël ton peuple » (Luc 2, 30-32). Déjà, à la Crèche, les bergers avaient été enveloppés de lumière (Luc 2,9), l’épitre aux Hébreux qualifient à deux reprises les baptisés, « d’illuminés » (Hb. 6,4 et 10,32).
Evêque de Jérusalem à partir de 634, saint Sophrone synthétise tout cela dans un sermon pour la fête des lumières : « De même, en effet, que la Mère de Dieu, la Vierge très pure, a porté dans ses bras la véritable lumière à la rencontre de ceux qui gisaient dans les ténèbres ; de même, nous, illuminés par ses rayons et tenant en main une lumière visible pour tous, hâtons-nous vers celui qui est vraiment la lumière…. Soyons-en tous illuminés, mes frères, soyons-en tous resplendissants… Nous aussi, en embrassant par la foi le Christ venu de Bethléem à notre rencontre, nous qui venions des nations païennes, nous sommes devenus le peuple de Dieu, car c’est le Christ qui est le salut de Dieu le Père. Nous avons vu de nos yeux Dieu qui s’est fait chair. Et nous célébrons sa venue par une fête annuelle pour ne jamais risquer de l’oublier ».
 Don Stéphane PELISSIER

Appel des premiers apôtres

Appel des premiers apôtres 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Notre évangile de ce dimanche se trouve entre les tentations de Jésus au désert et son sermon sur la montagne. Il nous est aussi précisé que Jean le Baptiste vient juste d’être arrêté, ce qui mettra un terme définitif à sa mission. Les barreaux de son cachot remplacent les rives du Jourdain. La solitude de la prison se substitue au bruit des foules qui venaient à lui. Les disciples de Jean-Baptiste ont certainement été dispersés. Parmi eux se trouvaient André. C’est saint Jean qui nous le raconte : « André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit : le Christ). André amena son frère à Jésus »
(Jean 1, 40-43). Après ce premier contact et l’arrestation de Saint Jean-Baptiste, André et Simon ont rejoint leurs barques et leur vie de pêcheurs. Nous pouvons facilement imaginer la déception de ces deux hommes. Leur premier maître est arrêté. La vie doit continuer. De plus Jésus avait disparu des yeux des hommes, pendant 40 jours, pour être tenté au désert. André et Simon ont donc retrouvé leurs filets de pêche. Lorsque soudain, comme une lumière jaillissant des ténèbres, les paroles de Jésus rejoignent le cœur de nos deux frères de sang. « Venez à ma suite et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » L’évangéliste nous précise que « aussitôt » ils laissèrent sur place leurs filets pour suivre Jésus. Ils deviendront les gigantesques apôtres que nous connaissons.
A la lumière de cet évangile, nous constatons que la vie chrétienne a son origine dans le choix de Dieu. « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés le premier. » Souvent la tâche de notre vie chrétienne ou de notre vocation de fidèles baptisés, religieuse ou sacerdotale peut sembler trop lourde pour nos épaules. En fait il nous faut reconnaître que sans le Christ nous ne pouvons rien faire. Absolument rien. Le pape François a écrit un petit livre à ce sujet début janvier. Notre faiblesse est également choisie par Dieu pour la transformer par sa grâce. Nous pouvons relire cet extrait d’homélie de saint Jean Chrysostome pour nous aider à renouveler notre regard de foi sur les mystérieux appels de Dieu pour son Église : Si je disais : « Que le cupide, le voleur, le débauché ou l’adultère n’entre pas dans l’église ! Et que j’en chassais et expulsais tous les pêcheurs, il n’y aurait pas d’excuse, car il faudrait entrer après s’être purifié. » Or en fait je ne dis pas cela mais plutôt : « même si tu vis dans la débauche, l’adultère, la rapine ou la cupidité, entre dans l’église, pour apprendre à y mettre fin ! » J’attire et entraîne vers moi tout le monde dans les filets que j’ai tendus par la parole, je désire attraper ici non seulement les gens en bonne santé mais aussi les malades. Qui se vantera d’avoir un cœur chaste ? Qui se déclarera pur de tout péché ? Alors n’aie pas honte, parce que tu as péché, de t’approcher, mais, pour cette même raison, entre donc ! Personne ne dit : « parce que j’ai une blessure, je ne vais pas chercher le médecin, je refuse même les soins » ! C’est précisément à cause de cette blessure qu’il est plus que jamais nécessaire d’aller chercher les médecins et les soins qui fassent effet. Car nous aussi, nous savons pardonner, dans la mesure où nous sommes, nous aussi, sujets à d’autres péchés. Si Dieu ne nous a pas donné, pour nous instruire, des anges, ni n’a fait descendre Gabriel de là-haut pour mener ses troupeaux, mais que parmi ses ouailles même, il prend et fait des pasteurs, parmi les brebis même, il tire le chef du troupeau, c’est pour que l’on soit enclin à pardonner à ceux dont on a la charge, en songeant à sa propre faiblesse. »
 Don Christophe GRANVILLE

Le vrai sens du sacrifice

Le vrai sens du sacrifice 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu ne demandais ni holocauste ni victime… » : curieuse phrase dans un psaume quand on sait que les psaumes, justement, étaient faits pour être chantés au Temple de Jérusalem au moment même où on offrait des sacrifices !
En fait on voulait dire par là : je sais, Seigneur, que ce qui compte le plus à tes yeux, ce n’est pas le sacrifice en lui-même, c’est l’attitude du coeur qu’il représente. « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime alors j’ai dit : Voici, je viens. »
Toute la Bible est l’histoire d’un long apprentissage et, avec ce psaume 39/40, nous sommes à la phase finale de ce qu’on peut appeler la pédagogie des prophètes. (…)
Au long des siècles, il y a eu une véritable transformation, on pourrait dire une conversion du sacrifice. Cette conversion (…) va porter sur le sens des sacrifices : dans la Bible, au fur et à mesure que l’on découvre Dieu, les sacrifices vont évoluer. En fait, on pourrait dire : « Dis-moi tes sacrifices, je te dirai quel est ton Dieu ». Notre Dieu est-il un Dieu qu’il faut apprivoiser ? Dont il faut obtenir les bonnes grâces ? Auprès duquel il faut acquérir des mérites ? Un Dieu courroucé qu’il faut apaiser ? Un Dieu qui exige des morts ? Alors nos sacrifices seront faits dans cet esprit là, ce seront des rites magiques pour acheter Dieu en quelque sorte.
Ou bien notre Dieu est-il un Dieu qui nous aime le premier… un Dieu dont le dessein n’est que bienveillant… dont la grâce est acquise d’avance, parce qu’il n’est que Grâce… le Dieu de l’Amour et de la Vie. Et alors nos sacrifices seront tout autres. Ils seront des gestes d’amour et de reconnaissance. Les rites ne seront plus des gestes magiques mais des signes de l’Alliance conclue avec Dieu.
Toute la Bible est l’histoire de ce lent apprentissage pour passer de la première image de Dieu à la seconde. C’est nous qui avons besoin d’être apprivoisés, qui avons besoin de découvrir que tout est « cadeau », qui avons besoin d’apprendre à dire simplement « Merci » (Ce que la Bible appelle le «  sacrifice des lèvres »). Toute la pédagogie biblique vise à nous faire quitter la logique du « donnant-donnant », du calcul, des mérites, pour entrer dans la logique de la grâce, du don gratuit. Et notre apprentissage n’est jamais fini.
L’ultime étape de cette pédagogie des prophètes nous présentera l’idéal du sacrifice : c’est le service de nos frères. Nous trouvons cela dans les quatre « Chants du Serviteur » qui sont inclus dans le deuxième livre d’Isaïe. L’idéal du Serviteur qui est l’idéal du sacrifice, c’est « une vie donnée pour faire vivre  ». Le psaume 39/40 résume donc admirablement la découverte biblique sur le Sacrifice : « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice … Tu as ouvert mes oreilles »  : depuis l’aube de l’humanité, Dieu « ouvre l’oreille » de l’homme pour entamer avec lui le dialogue de l’amour ; le psaume 39/40 reflète le long apprentissage du peuple élu pour entrer dans ce dialogue : dans l’Alliance du Sinaï, les sacrifices d’animaux symbolisaient la volonté du peuple d’appartenir à Dieu  ; dans l’Alliance Nouvelle, l’appartenance est totale : le dialogue est réalisé  ; offrandes et sacrifices sont « spirituels » comme dira Saint Paul ; « Tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit voici, je viens ».
Marie-Noëlle Thabut

Il y a un temps pour tout !

Il y a un temps pour tout ! 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Cette parole de sagesse tirée de l’Ancien-Testament (livre de Qohèleth – ou Ecclésiaste, chapitre 3) semble être aussi un des messages du passage d’évangile qui relate le baptême du Christ. En effet, Jean-Baptiste qui voit venir Jésus à lui dans le Jourdain pour se faire baptiser a cette réflexion pleine de sens : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi et c’est toi qui viens à moi ! ». Jésus lui-même affirme plus loin dans l’évangile (Luc 12, 50) : « Je dois recevoir un baptême et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! ». Mais en réalité, Jésus prend le temps et ne précipite pas les choses. à sa mère qui le presse de faire quelque chose pour les invités des noces de Cana qui manquent de vin, il répond : « mon heure n’est pas encore venue » (Jean 2, 4). Oui, Jésus est venu pour accomplir. Mais accomplir signifie mener à terme un processus qui nécessite un commencement et un développement par étapes avant de parvenir à cet accomplissement. Être baptisé par Jean est pour Jésus une étape nécessaire en vue de l’accomplissement de sa mission : « Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice ». On n’installe pas le toit d’une maison avant les fondations.
En prenant notre humanité par son incarnation, le Fils de Dieu ne rentre pas seulement dans notre espace humain, il embrasse aussi notre temps. Lui qui est éternel, il entre dans le temps et compose avec le temps pour accomplir sa mission. Il y a donc pour Jésus aussi un temps pour tout. Un temps pour naitre et un temps pour mourir. Un temps pour être baptisé par Jean et un temps pour laisser jaillir l’eau de son côté ouvert et donner un nouveau baptême dans l’Esprit-Saint. Un temps pour laisser l’Esprit de Dieu descendre sur lui comme une colombe au Jourdain et un temps pour envoyer ce même Esprit de Dieu sur les apôtres à la Pentecôte sous forme de langues de feu. Un temps pour être plongé lui-même dans l’eau du jourdain pour assumer la condition mortelle des pécheurs et un temps pour marcher sur l’eau et signifier qu’il est déjà vainqueur de la mort.
Pour nous aussi, en ce qui concerne l’accomplissement de notre vie, il y a un temps pour tout. Le temps ne passe ni trop vite ni trop lentement. Le temps nous est donné par Dieu, exactement comme nous en avons besoin, pour que puisse s’accomplir sa parole pour nous et en nous. Nous avons le temps pour tout ce qui est nécessaire. A condition, bien sûr, de faire les choses dans l’ordre ! Et avec notre Père, qui nous donne chaque jour notre pain quotidien !
D. Martin PANHARD

Au-delà des apparences

Au-delà des apparences 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Après l’entrée discrète de Dieu sur Terre, dans une crèche, et dans l’intimité de quelques bergers et de la Sainte Famille, nous fêtons, à l’Epiphanie, la manifestation de Jésus au monde. Cette visite des mages nous aide à approfondir et élargir notre regard sur la crèche, puisqu’elle annonce déjà la dimension universelle du salut, voulue par le Christ, et plus tard portée par saint Paul. Ces mages viennent honorer le roi des juifs, c’est-à-dire un roi qui n’a, a priori, aucune autorité sur eux ; et pourtant, ils rendent hommage à celui qui réalise la prophétie d’Isaïe : « Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Isaïe 49, 6).
Mais si la nuit de la nativité semble s’être déroulée discrètement en Judée, puisque Hérode lui-même n’a pas réussi à localiser l’événement, les mages nous font dire : « attention, ce qui se passe là est grand, plus grand que ce qui pourrait sembler ! » Malgré les apparences, cette naissance à Bethleem a radicalement changé le monde. Les mages viennent ainsi saluer la présence de Dieu parmi les hommes, en suivant cette étoile qui leur indique l’endroit où se trouve le roi des juifs. En regardant ces hommes, nous apprenons à entrer, à notre tour, dans ce sentiment de révérence, de vénération, que l’on déploie par la vertu de religion, bien loin de la curiosité superstitieuse d’Hérode. Ce sentiment, nous l’éprouvons lorsque nous sommes en présence de Dieu, en particulier, lors de nos adorations eucharistiques : l’étoile de l’ostensoir, comme celle des mages, vient nous rappeler que Jésus est là présent. Malgré la pauvreté du pain de l’hostie, quelque chose de plus grand se passe. Et comme les mages, nous sommes invités à déposer aux pieds de l’enfant Jésus, l’or, l’encens et la myrrhe , c’est-à-dire les joies, les prières et les peines qui font notre vie.
Mais les mages nous enseignent surtout que la rencontre avec Jésus change la vie : ils ne repartent pas par le même itinéraire, une fois qu’ils ont trouvé et adoré l’enfant. Ils regagnent leur pays par un autre chemin, nous dit l’Evangile. Il y a ainsi un avant et un après la rencontre du Christ, lorsque celle-ci est authentique. Reconnaître Jésus pour ce qu’Il est, Fils de Dieu et Sauveur des hommes, ne peut rester quelque chose d’anodin pour nos existences. C’est souvent exigeant, parce qu’il est toujours difficile de prendre une route nouvelle, mais comme pour les mages, il y a là la source d’une très grande joie.

Saint Joseph, sauveur du Sauveur

Saint Joseph, sauveur du Sauveur 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Après la (douce) nuit de Noël, la dureté du monde à sauver apparaît avec toute sa violence dans cet évangile de Saint Matthieu. En effet la peur et la jalousie maladive d’Hérode se transforme en traque sanguinolente. L’enfant Jésus est, aux yeux du Roi, une menace pour la pérennité de son règne. Le Ciel, alors, intervient en faisant apparaître à Joseph l’ange du Seigneur. Une deuxième fois, Joseph, par sa foi et son obéissance va sauver le sauveur. On se souvient en effet, que la loi du Deutéronome 
(Dt 22,20) prévoyait la lapidation des femmes promises en mariage et qui se retrouvaient enceintes d’un autre homme. Dans l’évangile de ce dimanche, Joseph emmène la sainte famille en Égypte pour sauver de nouveau Jésus.
Saint Joseph est loin de la figure de « plâtre et de papier » que nous pourrions avoir ! Avec la foi, la force et le silence de Saint Joseph, nous  pourrions retenir trois choses de cette fête de la Sainte famille.
On peut servir Dieu en suivant sa vocation de Père. Quelle bonne nouvelle pour tous nos pères ! « Sa paternité, nous dit Jean Paul II dans Redemptoris custos, s’est exprimée concrètement dans le fait « d’avoir fait de sa vie un service, un sacrifice au mystère de l’Incarnation et à la mission rédemptrice qui lui est liée ; d’avoir usé de l’autorité légale qui lui revenait sur la sainte Famille, pour lui faire le don total de lui-même, de sa vie, de son travail ; d’avoir converti sa vocation humaine à l’amour familial en une oblation surnaturelle de lui-même, de son coeur et de toutes ses forces à l’amour mis au service du Messie qui naquit dans sa maison. » La paternité de Saint Joseph est un modèle de don de soi. Portons un regard de foi sur nos pères et aidons les, particulièrement dans le contexte actuel, à toujours plus re-choisir leur vocation de père.
La deuxième attention sera sur le travail. En effet, après la fuite en Égypte, la sainte famille s’installera à Nazareth dans une vie cachée et humble. Jésus, qu’on appellera le fils du charpentier (Matthieu 13,55), apprendra tout de son père. C’est dans cette période que Jésus grandira en Grâce et en Sagesse. Pour nous, cela veut dire que le travail, et particulièrement le travail manuel, est humanisant. Les vertus attachées à lui nous rappellent « pour être de bons et authentiques disciples du Christ, il n’y a pas besoin de « grandes choses » : il faut seulement des vertus communes, humaines, simples, mais vraies et authentiques. »
Enfin le silence de Joseph nous invite à la contemplation. En effet ce silence n’est pas un silence de mort, mais habité de foi. Ce silence nous en dit long sur la vie intérieur de Saint Joseph ! « Les évangiles parlent exclusivement de ce que « fit » Joseph, mais ils permettent de découvrir dans ses «  actions », enveloppées de silence, un climat de profonde contemplation. Joseph était quotidiennement en contact avec le mystère, « caché depuis les siècles », qui « établit sa demeure sous son toit. »
La réactivité de saint Joseph, son obéissance dans la foi trouvent leur origine dans son intériorité. Rien de plus fécond pour nous que de nous replonger dans une vie d’oraison et de contemplation.
Puisse ce temps de Noël nourrir notre amitié pour Saint Joseph, grand protecteur de l’église.
D. Christophe GRANVILLE

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