La figure tutĂ©laire du temps de lâAvent sâavance : Jean le Baptiste. IsaĂŻe, citĂ© dans lâĂ©vangile dominical, parle de la « voix de celui qui crie dans le dĂ©sert » (Is 40,3 et Mt 3,3). Cette voix est comme celle du rugissement dâun lion.Pour cette raison, lâĂ©vangĂ©liste Marc qui commence son rĂ©cit directement par la prĂ©dication du Baptiste, se voit attribuĂ© le symbole du lion.
Dans le judaĂŻsme, Jean est prĂȘtre (cohen) et fils de prĂȘtre (Zacharie), il a donc une proximitĂ© toute particuliĂšre au Temple et Ă la rĂ©alitĂ© du sacrifice. Son sacerdoce lĂ©vitique (issu de la tribu de LĂ©vi) implique une puretĂ© (il doit sâabstenir de tout ce qui rend impur, comme toucher un cadavre) et le rend purificateur de la souillure des autres. On comprend beaucoup mieux son style de vie (peau de chameau, sauterelles et miel) ainsi que le contenu de sa prĂ©dication axĂ©e sur la dĂ©nonciation du pĂ©chĂ© avec en parallĂšle la nĂ©cessaire conversion qui purifie et transforme.
Ayant alors pleinement conscience de sa mission de PrĂ©curseur du Messie, il initie un baptĂȘme qui dĂ©passe les rites dâimmersion connus dans le judaĂŻsme (baptĂȘme des ProsĂ©lytes â paĂŻens adhĂ©rant Ă la foi juive â et celui des EssĂ©niens) comme dans les religions anciennes. A la diffĂ©rence des prĂ©cĂ©dents, il vise une purification non plus rituelle mais morale, il ne se rĂ©pĂšte pas (il devient une initiation) et surtout a une valeur messianique : il introduit celui qui lâa reçu dans la communautĂ© de ceux qui attendent activement la venue annoncĂ©e du Messie. Son efficacitĂ© est rĂ©elle mais non sacramentelle. Lâeau certes purifie mais le feu, moyen moins matĂ©riel et plus efficace que lâeau, devient le symbole de lâintervention de Dieu. Dans lâAncien Testament, le feu de Dieu Ă©tait dĂ©jĂ descendu du ciel Ă plusieurs reprises pour purifier ou consumer.
Voulons-nous ĂȘtre purifiĂ©s ou consumĂ©s ? Le feu de la GĂ©henne consume Ă jamais ce qui ne peut ĂȘtre purifiĂ©. La vallĂ©e de la GĂ©henne est associĂ©e Ă la pratique dâinfanticides rituels dans le feu. Elle est ensuite convertie en dĂ©potoir dont la pestilence Ă©mane Ă des lieues Ă la ronde, elle fut Ă©galement rĂ©putĂ©e pour ĂȘtre le lieu de rĂ©clusion des lĂ©preux et pestifĂ©rĂ©s. Pour les juifs, elle nâest quâun lieu de passage, voire la dĂ©nomination dâun processus de purification des Ăąmes. Avec le Christ, elle devient synonyme de lâenfer Ă©ternel.
Pendant un certain temps, Jean et JĂ©sus ont menĂ© une mĂȘme action ; lâun et lâautre ont baptisĂ© ; lâĂ©vangile de Jean rapporte en effet que « JĂ©sus vint avec ses disciples aux pays de JudĂ©e et il y baptisait ; Jean baptisait aussi Ă Aenon prĂšs de Salim oĂč les eaux sont abondantes » (Jn 3, 22-23). Leur pratique Ă©tait fondĂ©e sur ce que Jean avait fondĂ©. Sâil existait des rites de purification par ablution dâeau, il nâexistait pas de baptĂȘme au sens propre du terme, car le baptĂȘme donnĂ© par Jean â et Ă sa suite par JĂ©sus â implique une relation personnelle Ă celui qui baptise. Le baptĂȘme est le sacrement de la conversion personnelle. Le baptĂȘme de Jean et celui de JĂ©sus impliquent une conversion, une rupture avec le mensonge et lâillusion. Pour cette raison, Jean-Baptiste dĂ©nonce les catĂ©gories sociales emblĂ©matiques de ceux pour qui lâappartenance religieuse dispense de la conversion personnelle, les sadducĂ©ens et les pharisiens (Mt 3, 7-10).
Profitons de lâAvent pour nous replonger dans la grĂące de notre baptĂȘme, pour nous laisser purifier par le feu de son Amour et pour renouveler notre attente de la rencontre avec le Christ. D. StĂ©phane PELISSIER
Depuis le dernier Ă©dito, la Parousie nâa plus de secrets pour vous ! Elle est cette prĂ©sence de Dieu et les textes de ce premier dimanche de lâAvent sont surprenants. Ils semblent reprendre le thĂšme des fins derniĂšres qui nous a accompagnĂ©s au mois de novembre. Comment alors comprendre cette insistance ? LâEglise nous invite Ă regarder la fin de notre vie chrĂ©tienne oĂč Dieu sera prĂ©sent, tout en tous, afin de vivre ici-bas polarisĂ© par le dĂ©sir du Ciel.Â
Cette prĂ©sence nous rappelle deux choses : elle a dĂ©jĂ commencĂ© mais aussi, prĂ©cisĂ©ment, cette prĂ©sence nâa que commencĂ©Â ! Par notre vie nous sommes appelĂ©s Ă la faire grandir, la rendre encore plus visible. Voyons comment !
Ce temps de lâAvent est pour nous un temps offert par Dieu. Si le Seigneur cherche aujourdâhui Ă faire rayonner sa prĂ©sence aimante dans notre monde, nous comprenons que lâAvent nâest pas un temps dâattente. Nous devons activement rendre visible cette prĂ©sence de Dieu par notre foi, notre espĂ©rance et notre amour ! Rien nâest trop petit pour la GrĂące de Dieu ! Rien quâelle ne puisse rendre fĂ©cond ! Offrons lui tout ce que nous sommes ! A lâimage de Marie qui dit son « Fiat voluntas tua », laissons lâEsprit Saint nous prendre sous son ombre. Laissons Dieu nous redonner sa vie. DerriĂšre cela nous dĂ©couvrons Ă quel point la vie de priĂšre personnelle est importante. Nâayons pas peur de soigner notre vie intĂ©rieure. Reprenons paisiblement notre oraison, notre chapelet ou la mĂ©ditation de lâĂ©vangile du jour ! Nous retrouvons cette invitation lorsque lâĂ©vangile de ce dimanche nous invite Ă veiller.
Nous rendrons Ă©galement visible la prĂ©sence de Dieu par la conversion de nos vies ! Saint Paul dans la lettre aux Romains nous y invite : « Rejetons les Ćuvres des tĂ©nĂšbres, revĂȘtons-nous des armes de la lumiĂšre ». Cette conversion du cĆur et de lâesprit sâappelle metanoia. Elle est Ă la fois un changement de sens, un changement de pensĂ©e, un repentir, une pĂ©nitence, un changement de vie. Il y a une radicalitĂ© dans la conversion Ă©vangĂ©lique ! Nous pouvons demander cette grĂące de courage Ă nous convertir. Ce courage de rompre avec le sommeil de notre Ăąme. Seul ce courage nous donnera la libertĂ© de suivre intensĂ©ment JĂ©sus. Alors, le changement constant quâexige notre vie ChrĂ©tienne rendra possible la fidĂ©litĂ©. Nous aurons le courage de changer les penchants naturels de notre vie pour faire Ă©merger un « oui » Ă la grĂące. Il est difficile de comprendre cela, mais la conversion est tout Ă la fois une grĂące de Dieu, une exigence et un devoir. Le champ dâaction dâailleurs ne sera pas fait de circonstances exceptionnelles mais se trouvera dans notre vie quotidienne.
Enfin, la derniĂšre maniĂšre de rendre visible la prĂ©sence de Dieu ici bas passera par notre joie. Le psaume de ce dimanche est merveilleux ! Laissons la joie de Dieu nous saisir ! Elle est particuliĂšrement communicable. Que ce nouvel Avent fasse davantage venir le Christ dans nos vies pour le rendre visible au monde câest la grĂące que nous pouvons demander vraiment les uns pour les autres ! Bon Avent !
 D. Christophe GRANVILLE
Nous voici arrivĂ©s au dernier dimanche de lâannĂ©e liturgique et lâĂ©glise, pour nous y introduire, nous fait mĂ©diter sur ce qui doit ĂȘtre pour nous objet dâespĂ©rance : la parousie.
Ce mot grec que la thĂ©ologie emploie pour parler de la Venue du Christ en gloire Ă la fin des temps, veut dire : « prĂ©sence ». Ce terme prĂ©existait Ă son usage thĂ©ologique. Il Ă©tait utilisĂ© dans le monde antique pour parler de lâarrivĂ©e du souverain en visite officielle. Cette arrivĂ©e du roi, sa parousie, Ă©tait prĂ©cĂ©dĂ©e de toute une mise en scĂšne durant laquelle, pendant plusieurs semaines, on portait son portrait dans les rues de la ville. CâĂ©tait un moyen de faire comprendre que le souverain Ă©tait partout prĂ©sent et pas seulement lĂ ou lâon percevait sa prĂ©sence physique. La parousie Ă©tait donc pour un roi, un moyen de manifester sa prĂ©sence Ă son peuple afin dâasseoir sa puissance.
Or si le terme de parousie a Ă©tĂ© repris par lâĂ©glise pour parler de la venue du Seigneur, câest quâelle nous dit quelque chose du retour en gloire de JĂ©sus.
Le Christ, lors de sa parousie, sera manifestĂ© Ă toute sa crĂ©ation dans toute sa puissance : «Comme lâĂ©clair, en effet, part du levant et brille jusquâau couchant, ainsi en sera-t-il de lâavĂšnement du Fils de lâhomme ».
(Matthieu 24, 27)
Toutefois la comparaison entre la parousie dâun souverain et le retour en gloire de JĂ©sus diffĂšre en ceci : le souhait dâomni-prĂ©sence dâun despote ne sera jamais quâun fantasme (jamais aucun portrait ne le rendra vĂ©ritablement prĂ©sent Ă son peuple) alors que la parousie du Christ est dĂ©jĂ une rĂ©alitĂ©. Nous sommes dâailleurs appelĂ©s Ă en faire quotidiennement lâexpĂ©rience : JĂ©sus est lĂ ! Il est prĂ©sent ! MĂȘme si « La venue du Royaume de Dieu ne se laisse pas observer, (âŠ) voici que le Royaume de Dieu est au milieu de vous », nous dit JĂ©sus (Luc 17, 21).
Et je crois quâil est vital pour un chrĂ©tien, tout spĂ©cialement dans une sociĂ©tĂ© laĂŻque, de savoir lire les signes de la prĂ©sence divine.
Chaque fois que nous contemplons un beau couchĂ© de soleil, un sommet enneigĂ© ou tout autre splendeur que nous rĂ©serve la crĂ©ation, nous contemplons lâĆuvre de Dieu qui reste prĂ©sent Ă sa crĂ©ation.
Le rĂŽle de nos Ă©glises, de nos statues et de tout autre objet religieux, nâest pas de rendre prĂ©sent un absent, mais de manifester sa prĂ©sence  !
Enfin rappelons nous que lorsque nous prions, particuliĂšrement lorsque «  deux ou trois sont rĂ©unis en son nom » (Matthieu 18,20) câest bien JĂ©sus qui est au milieu de nous.
Si nous vivons en sa prĂ©sence, nous serons prĂȘts lorsquâil se manifestera.
Cette manifestation, cette parousie ne sera alors pour nous, quâune apocalypse, câest Ă dire littĂ©ralement : la levĂ©e dâun voile ! Attachons nous donc Ă dĂ©celer sa prĂ©sence derriĂšre le voile, câest Ă dire derriĂšre tous les Ă©vĂ©nements de nos vies. Recevons chaque instant comme venant de Dieu.
Sainte Jeanne de Chantal résumait cela en une formule saisissante :
« Si vous ne chercher que Dieu vous le trouverez partout ! » Alors, oui, puissions-nous ĂȘtre tendu vers la pleine manifestation de Dieu. Oui, laissons la parousie advenir pour nous ! Vivement lâapocalypse !
 D. Louis-MarieÂ
LâĂ©vangile nous prĂ©sente JĂ©sus au Temple avec ses disciples. Le Temple de JĂ©rusalem est encore Ă ce moment-lĂ le lieu privilĂ©giĂ© de la rencontre avec Dieu et mĂȘme le lieu de la prĂ©sence de Dieu. JĂ©sus y a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© par ses parents aprĂšs sa naissance selon la loi de MoĂŻse. Adolescent, il y va en pĂšlerinage et y reste mĂȘme Ă lâinsu de ses parents qui le retrouveront en train de faire la leçon aux docteurs de la loi. Pendant son ministĂšre public, il sây trouve frĂ©quemment pour enseigner. Enfin, câest Ă proximitĂ© du Temple que JĂ©sus va ĂȘtre arrĂȘtĂ©, crucifiĂ© au moment mĂȘme oĂč dans le Temple on commence Ă sacrifier les agneaux pour la PĂąque, puis va ressusciter.
Mais la relation de JĂ©sus avec le Temple prĂ©pare une rupture fracassante. JĂ©sus ne lui prĂ©dit pas un grand avenir. Il annonce clairement sa destruction prochaine et totale. Elle adviendra en effet environ quarante ans plus tard et il ne sera jamais relevĂ©. Mais le propos de JĂ©sus ne concerne pas le plan dâurbanisme de JĂ©rusalem. Quand on lui parle du Temple et de sa beautĂ©, il rĂ©pond en parlant de lui⊠et de nous.
– de lui. Car ce qui va advenir au Temple en pierre figure ce qui va advenir de lui : il sera dĂ©truit. A la diffĂ©rence fondamentale prĂšs que JĂ©sus va sâen relever en ressuscitant dâentre les morts. Il lâavait annoncĂ© : « DĂ©truisez ce Temple et moi, en trois jours, je le rebĂątirai ». Les disciples ne comprendront cette parole quâaprĂšs sa rĂ©surrection. En effet, le Temple dont parlait JĂ©sus, câĂ©tait son propre corps. lorsque son corps est dĂ©chirĂ© sur la croix, Ă quelques centaines de mĂštres, le rideau du Temple se dĂ©chire de haut en bas, attestant lâabolition du culte liĂ© Ă ce Temple prĂšs de disparaitre dĂ©finitivement et lâavĂšnement de lâAlliance Nouvelle scellĂ©e dans le sang du Christ sur la croix. Il y a bien un Temple mais celui-ci nâest plus fait de main dâhommes. Câest JĂ©sus lui-mĂȘme en qui lâhumanitĂ© est rĂ©conciliĂ©e avec Dieu. Câest en lui que Dieu habite pleinement parmi les hommes.
– de nous. Car nous avons pris conscience aussi que nous constituons nous-mĂȘmes le nouveau Temple, en prolongement du corps du Christ. Tel est lâenseignement explicite de saint Paul : lâEglise est le Temple de Dieu. Chaque chrĂ©tien est lui-mĂȘme Temple de Dieu en tant que membre du corps du Christ. VoilĂ le Temple dĂ©finitif qui nâest pas fait de main dâhommes : câest lâEglise, corps du Christ, lieu de la rencontre entre Dieu et les hommes, signe de la prĂ©sence divine ici-bas. De ce Temple-lĂ , lâancien sanctuaire nâĂ©tait donc quâune figure, suggestive mais imparfaite, provisoire et maintenant dĂ©passĂ©e. Nous pouvons comprendre les persĂ©cutions et autres maux que nous annonce JĂ©sus dans cet Ă©vangile comme la garantie que nous sommes bien son corps  ! En persĂ©vĂ©rant, nous subirons le mĂȘme sort : nous garderons la vie !
D. Martin PANHARD
La fin de lâAnnĂ©e liturgique approche avec des textes Ă©vangĂ©liques trĂšs marquĂ©s : lâEglise nous invite Ă nous remettre face aux questions fondamentales de la mort, de lâĂ©ternitĂ© et du salut. Comme lâĂ©crivait en 1985 le Cardinal Ratzinger, « la question essentielle posĂ©e Ă la vie humaine, câest la mort ; si lâon nây rĂ©pond pas, on nâa, en dĂ©finitive, rien rĂ©pondu du tout ».
Il ne faut pas avoir peur de comprendre que LE REGARD QUE NOUS POSONS SUR LA MORT ET LâAU-DELĂ CONDITIONNE ABSOLUMENT TOUTE NOTRE VIE.
Saint Paul nous met en garde depuis deux millĂ©naires : « si le Christ nâest pas ressuscitĂ©, votre foi est vaine⊠Nous sommes les plus Ă plaindre de tous les hommes » (1Ăšre lettre aux Corinthiens 15, 16s). Croire en un Dieu crĂ©ateur, aimant et misĂ©ricordieux, celui rĂ©vĂ©lĂ© par le Christ, lui-mĂȘme vrai Dieu et vrai homme, câest croire en la nĂ©cessaire RĂ©surrection annoncĂ©e et vĂ©cue par ce mĂȘme JĂ©sus. Si nous ne croyons pas Ă La rĂ©surrection et Ă la vie Ă©ternelle, nous nâavons plus rien Ă faire dans les Ă©glises.
Pourquoi prier pour nos morts sâil nây rien aprĂšs ? Pourquoi avoir le dĂ©sir de faire le bien sur la terre sâil nây a pas de rĂ©compense aprĂšs cette vie ? Soyons un peu logique tout de mĂȘme !
Allons jusquâau bout du raisonnement : « Que faire si Dieu nâexiste pas, si Rakitine a raison de prĂ©tendre que câest une idĂ©e forgĂ©e par lâhumanitĂ©Â ? Dans ce cas lâhomme serait le roi de la terre, de lâunivers. TrĂšs bien ! Seulement, comment sera-t-il vertueux sans Dieu ? Je me le demande. Alors tout est permis »? (Paroles de Dimitri dans Les frĂšres Karamazov de DostoĂŻevski).
Nous subissons chaque jour davantage de maniĂšre dramatique les consĂ©quences Ă©cologiques, Ă©conomiques et spirituelles de cette terrible erreur dominante de lâhomme-roi de la terre puisque Dieu (dont on ne se pose plus la question de lâexistence) nâest plus un obstacle Ă sa toute-puissance. Le Pape Ă©mĂ©rite BenoĂźt XVI nous a rappelĂ© rĂ©cemment que la crise de lâEurope Ă©tait anthropologique : nous ne savons plus qui nous sommes car nous ne croyons plus que nous sommes faits Ă lâimage de Dieu.
La RĂ©vĂ©lation biblique accepte la rĂ©alitĂ© de la mort, consĂ©quence du pĂ©chĂ©, mort qui creuse un fossĂ© infranchissable par lâhomme avec la vie terrestre.
Laissons Ă lâhistorien P. Chaunu ces mots magnifiques de foi et dâespĂ©rance : « Si la mort est bien la mort, la vie est la vie. Et la vie est pour Dieu. Alors quand le but est atteint, quand lâamour de Dieu envahit les instants de cette vie, il nâest plus possible que lâamour de Dieu qui est âau commencementâ, en dehors du temps quâIl a crĂ©Ă©, tienne encore dans ce temps⊠Cette histoire dâamour entre Dieu et les hommes conduit au-delĂ de la mort et du temps⊠Lâamour de Dieu transforme lâinstant de la mort, lâultime instant qui rĂ©capitule la totalitĂ© du temps vĂ©cu, Ă travers une mutation qui est dite rĂ©surrection, en Ă©ternitĂ© participĂ©eâŠ
La mort est vraie mais lâAmour de Dieu est vrai plus encore. Et lâamour de Dieu ne peut se satisfaire en dehors de lâEternitĂ©. EternitĂ© dâacceptation ou de refus ».
D. Stéphane Pélissier
Les saints nâont pas tous bien commencĂ©, mais ils ont tous bien fini. A quelques jours de la Toussaint, il est bon dâentendre le rĂ©cit de la conversion de ZachĂ©e, point de dĂ©part de sa nouvelle vie, aprĂšs cette rencontre salvifique avec JĂ©sus !
Petit, et certainement rejetĂ© par son style de vie, lâĂ©vangile nous fait entendre lâavis de toute la ville de JĂ©richo au sujet de ZachĂ©e : il est un homme pĂ©cheur. Pourtant, malgrĂ© ses vols et son amour dĂ©mesurĂ© de lâargent, il garde en lui le dĂ©sir de voir JĂ©sus. Chacun de nos cĆurs, malgrĂ© la noirceur de nos pĂ©chĂ©s, gardent le dĂ©sir dâun peu de LumiĂšre, particuliĂšrement celle de la VĂ©ritĂ© et de la MisĂ©ricorde. Cette LumiĂšre qui est toute divine. Mais Comme ZachĂ©e, nous prĂ©fĂ©rons voir la LumiĂšre sans quâelle nous voit. Autrement dit, nous montons nous aussi dans nos sycomores, pour trouver un peu de rĂ©pit pour nos Ăąmes et observer JĂ©sus de haut ou de loin. Peut-ĂȘtre nous ne nous sentons pas assez dignes ou capables de nous approcher plus de JĂ©sus.
Mais le Seigneur ne veut pas que nous nous installions dans cette relation lointaine avec lui ! « Descends vite ! » nous ordonne JĂ©sus, « il me faut aujourdâhui demeurer chez toi ». Et cette invitation de JĂ©sus est reçue avec joie. Seule la priĂšre dâoraison (ou la composition des lieux selon la spiritualitĂ© Ignatienne) nous fait rentrer dans le sentiment de joie du cĆur de ZachĂ©e. Certainement que la douceur des paroles de JĂ©sus, son regard plein de bienveillance ont fait tomber les premiĂšres murailles de son ancienne vie. Les portes sâouvrent pour accueillir JĂ©sus. Nous pourrions retenir, quâavant les changements de notre agir, nous sommes faits pour cette rencontre personnelle avec le Christ. Câest dans cette relation forte de communion que nous trouvons la joie de nous dĂ©tacher de ce qui Ă©tait mauvais. Elle est souvent comprise Ă lâenvers. Il faut que je change ceci ou cela, alors le Seigneur mâaimera. Non !!! Câest parce que jâaccueille le Christ dans ma vie, que je lui laisse toucher mon cĆur blessĂ©, que nous aurons alors le dĂ©sir de rendre visible notre conversion par un changement de nos actes, de nos comportements et de nos habitudes !
ZachĂ©e, en effet, ne tarde pas a organiser son avenir Ă la lumiĂšre de cette rencontre. Invisible mais rĂ©el lâamour du Christ pour ZachĂ©e lâa transformĂ©. On y retrouve la mĂȘme grandeur. « Voici, Seigneur, je vais donner la moitiĂ© de mes biens aux pauvres et si jâai extorquĂ© quelque chose Ă quelquâun, je lui rendrai le quadruple ». Une seule fois dans la bible, il est prĂ©cisĂ© la nĂ©cessitĂ© de rembourser quatre fois la valeur dâun vol : câest en Exode chapitre 21 verset 37, dans le cas du vol dâun agneau, tuĂ© et vendu. ZachĂ©e, par sa qualitĂ© de fils dâAbraham, Ă©tend cette rĂ©solution Ă tous ses vols.
Nous nâaurons pas dâautres dĂ©tails de la vie de ZachĂ©e dans lâEvangile. Il faut aller Ă Rocamadour pour dĂ©couvrir, selon la Tradition le tĂ©moignage de la piĂ©tĂ© populaire : on priait devant le corps dâun homme restĂ© intact aprĂšs la mort et de petite taille. RenouvelĂ© dans la foi en la communion des Saints, demandons aux Saints du Ciel de nous emmener un petit peu plus sur le chemin de la conversion du cĆur, de lâAmour de Dieu et du service des plus pauvres dans son Eglise. Alors, Saint Amadour, priez pour nous !
 D. Christophe GRANVILLE
Les pharisiens ont toujours le mauvais rĂŽle ! MĂȘme dans cette parabole qui est une histoire inventĂ©e. JĂ©sus aurait pu inverser les rĂŽles pour ne pas stigmatiser encore ces mĂȘmes individus et leur donner pour une fois, le rĂŽle des gentils mais non. DĂ©cidĂ©ment, ĂȘtre pharisien ne fait pas approcher du royaume des cieux. Pire que ça, ce qui en Ă©loigne le plus semble ĂȘtre de sây croire. La parabole est destinĂ©e Ă certains qui sont convaincus dâĂȘtre justes et qui mĂ©prisent les autres. Et ce rĂŽle sera tenu par un pharisienâŠ
Bon, mais ne nous y trompons pas. Lâintention de JĂ©sus nâest pas de se moquer ou de dĂ©nigrer. Rappelons-nous simplement que JĂ©sus vient nous apprendre que nous sommes aimĂ©s par Dieu mĂȘme si nous nous sentons minables ; et que cet amour de Dieu est agissant et transformant en nous dĂšs lors que nous nous reconnaissons comme tels. Ensuite, cette action de Dieu qui nous transforme ou qui nous fait devenir justes, selon lâexpression de lâĂ©vangile, vise Ă nous Ă©lever Ă une mĂȘme capacitĂ© dâamour. Aimer Dieu et aimer son prochain est le vĂ©ritable et nouveau commandement donnĂ© par JĂ©sus.
En effet, « Qui sâĂ©lĂšve sera abaissĂ©, qui sâabaisse sera Ă©levĂ© » est une affirmation que lâon relĂšve trois fois dans les Ă©vangiles (une fois chez saint Matthieu, deux fois chez saint Luc). Elle vient conclure des enseignements sur les rapports avec le prochain comme la maniĂšre de se faire serviteur ou les rapports avec Dieu, comme ici avec la priĂšre. Cette expression est donc une rĂšgle de lâamour aussi bien de Dieu que du prochain. Câest ce quâavait bien compris sainte ThĂ©rĂšse de lâEnfant JĂ©sus qui Ă©crivait cette belle dĂ©finition : « Le propre de lâamour est de sâabaisser ». Elle lâĂ©crivait dâabord pour dĂ©crire lâamour de JĂ©sus qui, Ă©tant Dieu, sâest abaissĂ© pour chacun de nous, jusquâĂ prendre la derniĂšre place et ĂȘtre tuĂ©. Ce que rĂ©sume lâhymne aux Philippiens (Ph 2, 6-11) : « Il sâest anĂ©anti, prenant la condition de serviteur⊠Il sâest abaissé⊠jusquâĂ la mort et la mort de la croix. Câest pourquoi Dieu lâa exaltĂ© et lui a donnĂ© le nom qui est au-dessus de tout nom⊠».
Croire en JĂ©sus mort et ressuscitĂ©, câest dire comme saint Jean  : « Nous avons reconnu lâamour que Dieu a pour nous et nous y avons cru⊠Quant Ă nous, nous aimons parce que Dieu nous a aimĂ©s le premier » (1 Jn 4, 16-19).
D. Martin PANHARD