Editorial Principal

Rendez à César…

Rendez à César… 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Par cette phrase, Jésus échappait au piège tendu par ses adversaires. Il fondait aussi un ordre mondial nouveau, dans lequel le domaine religieux n’est pas directement lié au pouvoir politique, et réciproquement, le pouvoir politique n’est pas directement divinisé. Car César aussi “est à Dieu”, comme créature ; s’il s’affranchit de Dieu, c’est qu’il se prend pour divin.
Jésus, lui, en échec politique apparent, crucifié et appelant à le suivre ainsi, est cependant pour toujours le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Tout pouvoir lui a été conféré au Ciel et sur la terre. (Mt 28,18).
Il ne vient pas prendre la place d’un roi terrestre, son Royaume n’est pas de ce monde (Jn 18,36). Mais « il règnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin. » (cf Dn 7,14 et Lc 1,33).
Depuis 2000 ans, Jésus donne à César sa légitime autonomie pour régir la cité, le pays, les peuples, sans que le pouvoir politique empiète sur l’adhésion des hommes à Lui, Jésus-Christ. Sans que l’adhésion par la foi devienne un moyen politique pour régir les nations. Il y a eu quelques papes ou hommes d’église qui ont pu céder à cette tentation. Il y a eu beaucoup d’empereurs et de princes qui ont largement pratiqué cela.
« Asseoir la foi par le pouvoir » dit Benoît XVI dans son commentaire de l’évangile (Jésus de Nazareth, t. 1, p. 59.62), « et la foi a toujours connu le risque d’être étouffée par le pouvoir ; (…) La foi doit se mettre au service du pouvoir et se plier à ses critères. » Qui seront politiques et non plus pour que les hommes adhèrent librement au Roi des rois.
César rêve de pouvoir régir les peuples et les unifier sous sa coupe par l’adhésion à la même foi. Ou alors les scinder de la catholicité en créant des pouvoirs religieux inféodés au pouvoir politique. Combien de nations vivent ainsi !
Le comble serait un pouvoir mondial qui voudrait inféoder toute l’église catholique.
Il suffit pour cela de vouloir que la religion réunisse les peuples. Mais alors on ne va plus parler de Jésus, car il divise. On ne va plus non plus parler de Dieu, car il divise aussi (ou pousser à dire fallacieusement : “on a tous le même Dieu !”). On va plutôt parler de l’“avènement du Royaume”. Sans dire bien sûr qu’il s’agit d’un gros mensonge, pour inféoder le monde sous un seul pouvoir avec une religion assez commune.
Aujourd’hui, poursuit Benoît XVI (p. 74), la façon d’étouffer la foi dans le pouvoir politique se fait sous une forme subtile : il faut réduire le christianisme à une recette apportant le bien-être à toute l’humanité. L’avènement du Royaume désigne l’avènement d’un monde où règnent la paix, la justice, la fraternité et la préservation de la “maison commune”.
« Bavardage utopique », dit-il (p. 75). Et même « imposture de Satan » (p. 63). Les valeurs sont réelles, mais c’est juste un masque du loup déguisé en agneau (Mt 7,15  ; Ap 13,11).
Car « …ce que l’on constate surtout, c’est que Dieu a disparu et que l’homme est seul à agir. Le respect [des valeurs comme paix, justice, et] des traditions religieuses n’est qu’apparent. (…) La foi, les religions, se trouvent instrumentalisées à des fins politiques. Aménager le monde est la seule chose qui compte. La religion n’a d’importance que dans la mesure où elle peut servir à cela. » (p. 75-76).
« Une imposture religieuse » : c’est aussi l’expression qui est employée par le Catéchisme de l’église catholique, § 675. Un César mondial réduisant Dieu à l’agonie, sans toucher aux apparences. Avoir définitivement inféodé Dieu en un nouvel ordre mondial.
Mais Jésus échappera encore au piège tendu par ses adversaires.
L’Ennemi sera brisé en sa révolte (Ps 8,3) et Jésus établit encore son Règne dans nos cœurs par la joie de la vraie Foi, « jusqu’à ce qu’Il vienne », Lui, en Personne, et non pas un “Royaume” séducteur et faux.
D’ailleurs ces deux avènements, le faux puis le vrai Christ, doivent se succéder en un laps de temps assez court. « Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! »
Don Laurent LARROQUE

Artisan de paix

Artisan de paix 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Les nouvelles du monde ne sont pas gaies. Des guerres se déclarent. De ce que j’entends, elles s’invitent aussi chez nous, avec virulence, sur les réseaux sociaux. Une légère étincelle ou inflexion de langage déclenche des foudres d’insultes. Au milieu de ces violences que nous découvrons avec effroi à travers l’écran, la crainte peut s’emparer de nous ou les colères se déchainer davantage. Nous sommes bien loin pour pouvoir être artisan de paix, bien petits pour changer quelque chose à ce qui nous est livré en spectacle. Nous sentons aussi que nous sommes loin de cet idéal de fraternité universelle à laquelle notre cœur aspire, en y croyant de moins en moins.
Et pourtant nous pouvons faire notre part. Ce que nous dénonçons facilement à l’autre bout d’un continent, nous risquons de le vivre ici chez nous si nous ne faisons rien, si aujourd’hui nous ne sommes pas les artisans de paix. Vous me direz que pour être en paix il faut aussi que l’autre le veuille. Oui c’est mieux, indiscutablement. Sinon on a double ou triple travail, mais c’est là notre lot de chrétien.
La paix que nous pourrons répandre, gagner, construire ici, c’est comme une digue contre une crue, une tranchée contre un incendie, un rempart contre un déluge ! Elle n’est jamais une génération spontanée, elle se construit patiemment avec persévérance. Le pape François disait : «  qu’elle est comme une fleur fragile qui cherche à s’épanouir au milieu des pierres de la violence » (1er janvier 2019).
Les chantiers sont nombreux. Sans doute la première pierre à poser c’est de faire la paix avec soi-même. Par exemple comme le conseillait saint François de Sales, en exerçant ‘‘un peu de douceur avec soi-même’’, afin d’offrir ‘‘un peu de douceur aux autres’’. Cela demande aussi de s’aimer soi-même, non avec complaisance en se prenant pour la mesure de tout, mais avec humilité sachant reconnaitre nos charismes et nos vulnérabilités. C’est ultimement sous le regard de Dieu que nous posons un juste regard sur nous-mêmes.
Ensuite pour faire la paix avec les autres – en commençant par nos plus proches – il faut déjà oser la rencontre. Oser entrer en relation ou renouer un lien distendu. Peut-être que dans certains cas nous aurons besoin d’être assistés par quelqu’un qui nous aidera à nous écouter, à nous comprendre. La rencontre nous permet de prendre conscience que l’autre n’est pas le seul à avoir tous les torts, nous y mesurerons aussi la somme d’efforts consentis pour nous et que nous n’avions malheureusement pas vus. Si en plus j’accepte ou même demande à recevoir une correction, un point à améliorer dans ma vie, je suis sur un bon chemin de paix. Enfin si possible, n’imposons pas tout de suite à l’autre une exigence excessive qu’il ne saurait encore porter.
Quand nous vivons en société, impossible d’éviter les étincelles. C’est un signe de maturité de choisir de conserver une relation malgré des désaccords, sans chercher à les nourrir artificiellement.
Pour nous chrétiens, c’est un devoir et une béatitude d’être artisan de paix. Nous savons aussi que la Paix véritable vient de la Sainte Trinité. Si nous y avons goûté une fois, nous ne serons plus jamais en paix tant que nous ne l’aurons pas répandue dans le monde qui nous entoure.
Don Marc-Antoine CROIZé-POURCELET

Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ?

Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

La question du mal est une question persistante surtout lorsqu’on évoque Dieu : « Si Dieu nous aimait vraiment, s’il nous avait créés par amour, il ne nous laisserait pas souffrir ainsi ». Comme il s’agit du mal, il faut admettre que cette remarque a du sens, car on ne peut résoudre ce mystère de la souffrance.
Cependant, il me semble que cette phrase, qu’on peut entendre régulièrement et de manière lancinante, est le fait d’une certaine éducation. En effet, la première fois que j’ai entendu cette remarque, je devais avoir douze ou treize ans, et je me suis dit intérieurement : quand même, il a donné sa vie pour nous ! Si ça ce n’est pas de l’amour, je ne sais pas ce que c’est ! Et cette phrase du prophète Isaïe : « Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? » m’a rappelé cet évènement. Suivant les règles qu’il a lui-même fixées, c’est-à-dire celui du libre arbitre, pouvait-il en effet faire plus que ce qu’il n’a fait pour l’humanité ? Rappelons-nous de manière non-exhaustive les points fondamentaux :
1 – abaissement de sa nature dans la nature humaine lui qui était Dieu (Philippien 2,5-8 : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. »)
2 – guérisons multiples
3 – enseignement plein de miséricorde
4 – ne répondant pas aux insultes (Isaïe 53, 7 : « Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. »)
5 – faisant la volonté de quelqu’un d’autre (Mathieu 26,39 : «  Mon Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de moi  ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. »)
6 – pardonnant le mal qu’on lui faisait (Luc 23,34 : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. »)
7 – tué par ceux qu’il était venu sauver (Luc 23,46 : « Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira. »)
Que la douleur qui peut nous habiter ne nous fasse pas dire des choses injustes à l’encontre de Dieu, car il nous a montré, à maintes reprises son amour, et encore aujourd’hui nous vivons de ce que nous n’avons pas mérité de recevoir : la vie.
Don Bruno de Lisle

Des Pyrénées à l’Estérel

Des Pyrénées à l’Estérel 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Ne vous en déplaise, l’Estérel n’a pas la majesté des Pyrénées. Mais ses roches rouges et sa vive verdure s’allient à la mer et au soleil pour lui donner un charme inégalable et bienfaisant ! Victor Hugo avait dit qu’ici, les Alpes venaient mourir dignement.
Pour moi, elles sont davantage un lieu de naissance. De renaissance. Et j’en suis heureux.
Je voudrais profiter de ce premier édito pour rendre hommage à vos prêtres et diacres de Saint-Raphaël qui vous accompagnent et vous conduisent depuis longtemps. Cette année, en plus de leurs ministères habituels, ils ont accepté de recevoir un prêtre qu’ils ne connaissaient pas pour partager avec lui leur vie. Saut dans l’inconnu pour eux. Qu’ils en soient bénis !
Ainsi, au milieu des « Dons », se trouve donc un « Père ». Un prêtre « normal  » comme je me suis surpris à le dire, à considérer que ceux qui vous servent à Saint-Raphaël ne le soient pas, et si tant est qu’il puisse vraiment y avoir des prêtres « normaux » …!!!
Prêtre depuis six ans, après avoir été longtemps religieux, une très improbable occasion m’a été donnée de frapper à la porte de la Communauté Saint Martin durant l’été dernier. Heureux, mais conscient d’un « manque », d’un « creux » dans ma vie sacerdotale, tant du point de vue personnelle que du point de vue ministériel et missionnaire, un projet de vie communautaire de prêtres sur mon diocèse de Toulouse occupait ma pensée et nourrissait mon espérance depuis plus de trois ans. Alors que ce projet devait enfin prendre corps, une sorte de tsunami est venu le balayer, de manière aussi inattendue que violente. Plaçant le discernement de vie communautaire au-dessus de toute autre exigence, c’est donc comme un mendiant que je me suis présenté au modérateur de la communauté Saint Martin, et que lui-même m’a présenté à la Communauté de Saint-Raphaël.
C’est dans cette atmosphère calme, joyeuse et bienveillante, exigeante et souple, illuminée par les pépites et étincelles des caractères propres à chacun – qui se frottent parfois mais s’associent toujours – que je commence cette année importante pour moi, parmi vous.
A l’aube de cette année, en me confiant à vos prières, je voudrais également vous confier tous mes frères prêtres, certainement mes amis de Toulouse mais aussi tous les autres, particulièrement ceux qui souffrent. Ceux qui ne trouvent pas l’aide et le réconfort dont ils ont pourtant besoin, ceux qui sont surchargés et n’arrivent pas à résister à l’activisme, ceux qui se sentent seuls et sont tentés par des mirages compensatoires, ceux qui sont désorientés et ne savent plus en qui mettre leur confiance.
A saint-Raphaël, j’ai découvert une communauté qui aime les prêtres, désireuse d’être accompagnée par eux, et qui les accompagne pour qu’ils soient ce qu’ils sont. Merci à vous tous !
Vous me voyez donc comblé : des frères prêtres, des baptisés ardents, des catéchumènes enthousiastes. Gloire à Dieu ! Que cette année nous permette d’avancer toujours plus dans la volonté de Dieu, le service de l’Eglise, l’ardeur missionnaire, bref… dans la sainteté ! Per Mariam.

Abbé Jean-Baptiste MOUILLARD

« Mes pensées ne sont pas vos pensées »

« Mes pensées ne sont pas vos pensées » 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins. » Comme ces paroles nous rejoignent ! Souvent nous en faisons l’expérience : le dessein de Dieu nous semble difficile à saisir. Comme les ouvriers de la première heure, nous n’arrivons pas à comprendre la justice divine. C’est trop injuste  : telle maladie d’un proche, telle difficulté dans mon couple, telle division dans ma famille, tel deuil que je ne parviens pas à faire,  … Tant de raisons que nous avons de dire au Seigneur : où est ta justice ? Moi qui suis un bon pratiquant, qui essaye chaque jour de faire ta volonté, voilà ce qui me tombe dessus ; alors que celui-là qui vit loin de toi, tout semble lui sourire…
A l’Institut Stanislas, nous avons choisi cette année, comme figure pour nous accompagner, le bienheureux Carlo Acutis. Né en 1991 à Londres d’une famille italienne, il a grandi à Milan, tout en étant très attaché à Assise où il passait beaucoup de vacances. La vie semblait lui sourire : d’une famille assez aisée, il déployait autour de lui des relations magnifiques avec beaucoup de personnes de son entourage : aussi bien avec ses camarades de classe qu’avec les domestiques de ses parents ou avec des personnes marginalisées qu’il avait rencontrées et avec qui il aimait passer du temps. Mais à 15 ans, une leucémie foudroyante l’a emporté en 10 jours. Ses parents se sont sans doute dit : quelle injustice ! Lui qui essayait tellement de faire le bien ! à ses obsèques et très vite après sa mort, de nombreux témoins ont raconté qui était vraiment Carlo  : un jeune homme bienveillant avec tous et toujours au service, étonnamment mûr pour son jeune âge et dévoué au service des autres, en particulier des plus pauvres. On a surtout découvert que cette personnalité hors norme puisait sa joie de vivre et son énergie dans son amitié avec le Christ. Chaque jour depuis ses 7 ans, à l’insu de ses parents non pratiquants, il se rendait à la messe. Il répétait : « être toujours uni à Jésus, tel est le but de ma vie. » A travers sa maladie puis sa mort incompréhensible humainement, un océan de grâce s’est révélé : il a touché et continuera sans doute de toucher de nombreux cœurs.
Demandons au Seigneur, lorsque nous ne comprenons pas, qu’Il nous aide à faire confiance. Seule sa grâce peut nous y aider. « Soit que je vive, soit que je meure, le Christ sera glorifié dans mon corps.» Quoi qu’il arrive et même si cela nous semble incompréhensible, Seigneur, nous voulons que cela serve à ta plus grande gloire ! Jésus, j’ai confiance en Toi !

Don Raphaël SIMONNEAUX

Faire l’expériencede la grâce

Faire l’expériencede la grâce 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Il faut pardonner à son frère de tout son cœur. C’est la leçon finale de l’évangile de ce dimanche. C’est déjà dans le “Notre Père”, car Dieu sait à quel point c’est essentiel à la vie chrétienne. D’ailleurs, c’est dans la formulation de cette prière elle-même : « pardonne-nous comme nous pardonnons ! » Si nous pardonnons, tu nous pardonnes : « heureux les miséricordieux », ils n’ont pas à craindre un jugement sévère : « car il leur sera fait miséricorde. » Cf Jc 2,13b. Si nous ne pardonnons pas, “malheureux les non-miséricordieux”, ils ont à craindre, non pas à cause du jugement de Dieu, mais à cause d’eux-mêmes : «il ne leur sera pas fait miséricorde. » Cf Jc 2,13a. C’est aussi la conclusion du “Notre Père” (cf Mt 6,14-15).
Jésus prend la peine de nous faire en plus une parabole sur ce thème. La leçon finale de la parabole répond à la question de Pierre : « combien de fois dois-je pardonner à mon frère ? » Réponse : toujours.
(Noter aussi : « à mon frère », il s’agit de la vie entre chrétiens, déjà, avant de penser, par extension, à ceux qui ne sont pas membres de la Communauté de l’église, cf 1Co 5,12-13 ; Gal 6,10.)
Mais il y a davantage : il y a la parabole en elle-même, dans laquelle Jésus, par une intelligence supérieure, inverse la question de Pierre (comme il avait fait pour le Scribe qui lui demandait : « mais qui est mon prochain ? », cf Lc 10,29-37), comme pour lui dire : c’est ta question qui n’est pas bonne : il n’y a pas à se demander : « combien de fois devrais-je pardonner à mon frère ? », car c’est toujours ; ça n’est pas quantitatif, c’est qualitatif ; c’est la qualité de ton cœur qui est en cause, un cœur qui sait pardonner « du fond du cœur ».
Conséquence de cette “inversion de la question” : la conclusion de la parabole, à l’intérieur de la parabole elle-même, n’est plus : “pardonnez afin que Dieu vous pardonne”, mais “pardonnez parce que Dieu vous a pardonné” : « ne devais-tu pas à ton tour avoir pitié de ton compagnon (ton frère), comme moi j’avais eu pitié de toi ? » « Il nous a aimés le premier, donc aimons à notre tour.  » (cf 1Jn 4,19)
“Il fallait faire comme moi j’avais fait pour toi ! Comment se fait-il que tu n’aies pas su faire, après l’expérience de pardon incroyable que tu venais de vivre ?”
Mystère de dureté du cœur humain, du cœur du disciple, du cœur du responsable d’église même, car c’est bien d’un responsable d’église qu’il s’agit : il était ministre du roi et avait reçu d’immenses responsabilités d’intendant (cf Lc 12,42-48), mais il s’en est servi comme d’un tyran par rapport à ses frères, et puisqu’il était constitué en responsabilité dans l’église, il a cru qu’il était automatiquement en grâce auprès du pouvoir de son Roi, le Père éternel. Non, ô responsable d’église, ce n’est pas parce que tu es constitué en responsabilité dans l’église que tu peux traiter les frères à ta guise en pensant que tu seras toujours en grâce auprès de Dieu.
Dieu t’avait encore fait grâce, et tu as interprété cela comme « être constitué en grâce auprès de Dieu », et ton cœur s’est endurci dans cette situation de pouvoir, et tu n’as pas reçu cette grâce comme une grâce, mais comme une sorte de dû. Ton cœur n’a pas bougé. Il est resté dur pour recevoir, et va rester dur pour donner, très dur. En fait d’expérience du pardon, c’est zéro. Tu n’as pas du tout fait l’expérience du pardon. Tu as été Judas et non pas Pierre. Pierre fera une faute énorme, une dette énorme, mais aura fait, marqué à vie, l’expérience d’être un pauvre pécheur pardonné : “en cette disposition, pais mes brebis” (Jn 21,15-17). Sinon, mon Père te traitera aussi durement que tu as traité les autres : on retombe dans la leçon finale, menaçante surtout pour les responsables. La leçon pour tous, plus profonde, de la parabole elle-même  : “as-tu vraiment fait l’expérience de l’infinie miséricorde de Dieu sur ton cœur blessé et blessant ?”
Don Laurent LARROQUE

Reprendre son frère

Reprendre son frère 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Reprendre un frère ou une sœur est une affaire délicate, qui suppose beaucoup de charité, afin de reprendre par amour – amour fraternel, d’humilité afin de ne pas arriver comme un redresseur de torts, de force, afin de ne pas craindre la réaction de celui qui se fait reprendre, et de patience, afin de tenir bon dans cette affaire malgré les éventuelles violences dans les réactions négatives. En attendant les conséquences positives, on espère… Il faut bien sûr avoir pardonné à son frère, et ne plus être prisonnier du ressentiment.
Il faut un grand intéressement à l’autre, à son vrai bien, au bien commun, et un vrai désintéressement de soi. On risque plus d’y perdre que d’y gagner ; on risque de s’entendre dire : « mêle-toi de tes oignons ! » On risque de se prendre de sacrés retours de bâtons si l’autre est en position de force. Il faut un grand oubli de soi : « oublie les blessures que te fait ton frère, pas la blessure qu’il se fait », dit Saint Augustin.
La vie communautaire, la Communauté pensée par Jésus, qui est l’église, exige cette correction fraternelle, car nous ne sommes pas des bénis-oui-oui, une communauté de bisounours dont la faiblesse coupable laisse passer tout et n’importe quoi. Il s’agit vraiment de charité, de la vraie charité qui ne peut faire fi de la vérité. Mais sans se présenter comme détenteurs de la vérité.
C’est une affaire tellement délicate qu’on est plus facilement tenté de l’esquiver que de se lancer. “Tenté”, au sens fort du combat spirituel, celui d’accepter d’appliquer l’évangile à la lettre et de ne pas prêter l’oreille à Satan qui veut nous paralyser : “laisse tomber, cela ne te regarde pas, pour qui tu te prends…”, etc…
Si tu vois ton frère commencer à fréquenter une femme qui n’est pas la sienne d’une manière inconvenante, va le trouver, seul à seul, et avertis-le. Si tu vois ton frère prendre les ¾ de son temps à boursicoter plutôt que de s’occuper de sa famille, va le trouver, seul-à-seul, et montre-lui son tort. Et ainsi pour tous débuts d’addictions et de désordres. Si tu vois ton frère se prendre pour un gourou, se situer dans la puissance qui écrase, ou s’effacer au contraire dans un isolement taciturne, va le trouver, et essaye de lui dire une bonne parole. Si tu vois ton frère fréquenter une voyante et son pendule, va le trouver et montre-lui son tort contre la Foi.
“À la lettre”, cet évangile. Car Jésus a été très précis. D’abord aller reprendre l’autre « seul à seul ». D’habitude, quand on voit quelque chose qui ne va pas chez l’autre, surtout si on estime que c’est amusant, on va en parler à des tierces personnes, et non à la personne intéressée. La médisance est le contraire de l’évangile. “Si ton frère a péché, va trouver une tierce personne et commente l’affaire…” Non. “Si ton frère a péché, va le trouver lui, pas une autre personne !”
Jésus a été très précis. Si la première étape n’a pas suffi, persévère dans cette juste cause. Il s’agit de « gagner ton frère », ce qui est le contraire de le perdre. Deuxième étape : “une seule autre personne” – ça n’est pas si énorme, “ou deux”, dit Jésus, pour que l’affaire soit traitée devant cette deuxième instance.
Si vraiment la personne est obstinée, dis-le à l’église, c’est-à-dire avertis le responsable local, le curé par exemple. Oui. Une fois les autres instances passées (pas avant, soyons précis !), aie le courage d’aller en parler au curé ou au Vicaire général, car tu ne peux pas laisser ce loup dans la bergerie détruire, par exemple, le pèlerinage à Lourdes où il vient se pavaner en blouse, de sorte que les brebis serviables écœurées ont abandonné le pélé…
Si l’on appliquait l’évangile à la lettre, combien l’église irait mieux !

Don Laurent LARROQUE

Bonne année, bon recommencement

Bonne année, bon recommencement 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Saint Grégoire de Nysse disait que, dans la vie chrétienne, nous allons « de commencements en commencements, par des commencements qui n’ont jamais de fin. » Avec la rentrée, nous avons des grâces qui nous sont données de (re)commencements. Tandis que nous reprenons nos activités professionnelles, nos loisirs, nos engagements paroissiaux et associatifs, demandons à Dieu d’être renouvelés « pour que notre vie soit une éternelle offrande à sa gloire  » (3ème prière eucharistique). Mettons nous à l’écoute de saint Paul : « Je vous exhorte, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte. » Voilà bien le but de notre existence : que notre vie soit une offrande que nous présentons à la gloire de Dieu le Père. Apprenons à « ne pas nous modeler sur le monde présent » mais à « nous transformer en renouvelant notre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu ». Alors, concrètement, offrons cette nouvelle année scolaire qui commence au Seigneur et faisons le point en vérité avec Lui sur notre manière de l’envisager. En tout premier lieu dans notre vie spirituelle : que pouvons-nous renouveler par rapport à l’année dernière ? Comment prions nous le matin et le soir ? Avons-nous un moment de silence dans la semaine (il est encore grand temps de s’inscrire à une heure d’adoration par semaine) ? Quels engagements de prière pourrions-nous prendre : messe de semaine, oraison, chapelet, confession régulière (avec un rappel dans l’agenda) ? Ensuite, que pouvons-nous faire pour que nos relations soient également une offrande à la gloire de Dieu : un plus grand soin de la vie de couple en programmant un tête-à-tête régulier, une soirée familiale hebdomadaire de détente simple où les écrans sont bannis, un coup de téléphone régulier à un membre de notre famille ou de notre entourage qui vit seul ? Enfin, dans nos activités professionnelles ou nos engagements associatifs : que pouvons-nous faire pour que le Seigneur en soit le centre ? Installer un crucifix dans le bureau que nous occupons en assumant notre vie chrétienne devant nos collègues, programmer une alarme à 15h chaque jour pour nous rappeler que le Seigneur a donné sa vie pour nous au cœur de nos journées, décider de prendre chaque semaine des temps de gratuité avec nos collègues ou nos collaborateurs…
Chers amis, je commence moi-même une nouvelle mission ici à Saint-Raphaël et demande au Seigneur d’être renouvelé dans mon désir de sainteté. Cherchons tous à recommencer pour que notre vie soit un culte agréable à Dieu. Bonne et sainte nouvelle année scolaire !

Don Raphaël SIMONNEAUX

Saint Pierre contre le relativisme

Saint Pierre contre le relativisme 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Si beaucoup de nos compatriotes se disent encore chrétiens, l’impact concret d’une telle qualification dans leur vie semble s’amenuir toujours plus.
Pour certains, croire en Jésus, signifie simplement se prononcer sur son existence et adhérer à certaines valeurs qu’Il a enseignées. Pourtant se dire chrétien ne consiste pas d’abord à affirmer l’existence du Christ en tant qu’homme. Il ne s’agit pas là d’une histoire de foi. C’est à la science, que l’on appelle l’histoire, de nous permettre de connaitre le Jésus historique !
Il est urgent de rappeler qu’être chrétien ne signifie pas croire en l’existence du Christ en tant qu’homme mais en tant que Dieu fait homme. Le chrétien est celui qui croit que le Christ est ce qu’Il a dit être !
C’est le sens de l’évangile de ce dimanche. Lorsque Jésus pose à ces apôtres cette question cruciale : « Pour vous qui suis-je ? » Pierre répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »
Cette réponse est si belle qu’elle provoque cet éloge de la part de Jésus : «  Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. »
Voila ce qu’est être chrétien : C’est reprendre la profession de Pierre en affirmant que Jésus est Fils de Dieu, c’est-à-dire qu’Il est le Verbe, la 2eme personne de la Trinité : Dieu fait chair.
Or nous vivons dans une société, qui se voulant tolérante, s’est faite relativiste. Lorsque se présente une divergence de pensée, pour ne jamais avoir à dire  : «  tu te trompes », l’homme contemporain préfère affirmer : «  c’est une opinion parmi d’autres ».
Dans ce contexte, la tentation majeure c’est de faire du Christ un maître spirituel parmi d’autres. Sous prétexte de tolérance, il nous est souvent demandé de relativiser l’enseignement de Jésus en le mettant au même niveau que celui d’un autre homme.
La 2eme lecture de saint Paul (que je vous retranscris en totalité ci-dessous parce qu’elle est courte) nous permet de comprendre que cela n’est pas possible.
« Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu  ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! Qui a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ? Qui lui a donné en premier, et mériterait de recevoir en retour ? Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. À lui la gloire pour l’éternité ! Amen. »
Nous n’accédons à Dieu qu’en nous laissant approcher par Lui. C’est parce qu’Il a voulu se révéler à travers le Christ Jésus, que nous pouvons mieux le connaître. Notre intelligence est faite pour recevoir la parole de Dieu et pour se laisser éclairer par elle. Mais elle ne peut, sans perdre la raison, s’ériger elle-même comme critère du vrai. NULLE NE MESURE LA PAROLE DE DIEU, c’est ELLE QUI MESURE TOUTE CHOSE. Jésus est Dieu et c’est pourquoi nous sommes appelés à l’écouter en tant que tel. Sa parole n’est pas une parole parmi d’autres ! Elle est La parole faite chair. Elle ne peut donc être relativisé puisqu’elle est la lumière qui éclaire toute chose : « Je suis le chemin, la vérité, la vie » (Jn 14,6) « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père ou sa mère… il ne peut pas être mon disciple.» (Luc 14,26)
Demandons donc cette grâce d’être pleinement chrétien, c’est-à-dire de nous laisser mesurer par cette parole divine. L’accueillir vraiment pour ce qu’Elle est ! Avant même de pouvoir la comprendre, nous sommes appelés à la recevoir. Alors, illuminés par Elle, nous pourrons nous émerveiller comme saint Paul : Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu !
Don Louis-Marie DUPORT

Sainteté et Mission

Sainteté et Mission 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Depuis le jour de notre baptême et de notre confirmation nous avons été consacrés à Dieu. Quelle grandeur, quel privilège ! Depuis le Concile Vatican II, nous savons maintenant, comme un refrain, que la vocation – l’appel – de tous les baptisés est la sainteté. Ce n’est pas réservé aux prêtres ou aux religieux. Ce n’est pas réservé à eux seulement d’être des « super chrétiens », donnant le droit aux autres d’être médiocres dans leur vie chrétienne. Qu’est-ce que la sainteté  ? Si l’on devait résumer en une seule phrase : devenir un ami de Dieu. Comment ? En fréquentant cet ami : en l’écoutant, en l’avisant, en nous mettant à son école. Le moyen ordinaire de grandir en sainteté c’est de vivre de plus en plus selon l’Esprit-Saint  : l’Esprit de sainteté. Si il y a bien une chose que notre Père du ciel aime donner à ses enfants, c’est bien l’Esprit-Saint à ceux qui le lui demandent (Lc 11.13).
Si nous nous décourageons, c’est que nous comptons trop sur nos propres forces. Pour une destinée si haute, il nous faut l’aide de Dieu, lui seul est assez puissant pour faire de nous des saints. Mais le voulons-nous vraiment ? Trop souvent nous nous contentons de la routine confortable, du minimum syndical en matière de religion, comme des cases à cocher… C’est un peu dommage car nous passons à côté de la Vie que Dieu veut nous donner, la plénitude du ciel dont il veut déjà nous baigner. Ne nous laissons pas emporter par le tourbillon de toutes ces choses si importantes qu’elles risquent de nous détourner de l’essentiel : ce lien avec notre Père du Ciel, une communion avec toute la Trinité Sainte !
Ce qui est vrai pour la sainteté, l’est aussi pour la mission. Ce n’est pas réservé à des soi-disant « super chrétiens » de s’en occuper. Si nous comptons seulement là-dessus, il n’y en aura pas beaucoup  ! Nous risquons surtout de laisser de larges champs du Seigneur tomber en friche. C’est bien confortable de penser que c’est seulement aux autres de s’y coller. Si nous pouvons annoncer le Christ vivant c’est bien parce que c’est lui qui nous envoie, il nous fait confiance, même si à nos propres yeux nous ne sommes pas prêts. C’est d’ailleurs une juste disposition de fond car nous ne serons jamais assez prêts.
Par le baptême et la confirmation nous sommes équipés par le Seigneur lui-même. Par la prière et sa miséricorde nous sommes poussés à témoigner de sa joie. A cause de l’amour de Jésus pour chacune de ses brebis pour lesquelles il a donné sa vie, nous sentons l’urgence de ne plus repousser l’annonce.
Pour cette année pastorale qui va bientôt commencer, puissions-nous remettre à l’honneur notre désir de sainteté et accomplir ce désir du Seigneur de nous envoyer en mission !
Don Marc-Antoine CROIZE POURCELET

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