Editorial Principal

L’Amour est l’accomplissement de la Loi

L’Amour est l’accomplissement de la Loi 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir la Loi et les prophètes. » Et « si vous vous contentez de la justice des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux. » Ces deux phrases de Jésus sont une introduction au discours qui suit, que l’on appelle “les antithèses” (« on vous a dit…, mais moi je vous dis… »), lequel se conclut (dimanche prochain) par cette phrase : «  Vous serez donc parfaits comme votre Père du Ciel est parfait. »
Jésus voudrait du perfectionnisme ? Certes non. Il ne s’agit pas de vouloir y aller « à la force du poignet » : il s’agit d’une synergie entre Dieu et nous, ou mieux, de Dieu en nous. « L’amour de Dieu répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit en nous. » (Rm 5,5).
Il faut un effort de l’homme : « efforcez-vous d’entrer par la porte étroite »
(Lc 13,24), mais en sachant que « sans moi vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,5) Et cependant, comme dit Saint Augustin, « Dieu t’a créé sans toi, mais il ne te sauvera pas sans toi. » Sans notre bonne volonté, pauvre et minimale, Dieu ne peut pas nous sauver.
Une synergie. Dieu en nous, avec notre pauvre petite bonne volonté.
Et quelle est cette « justice des scribes et des pharisiens » ? De quoi Jésus parle-t-il ? Il parle d’un rapport à Dieu faussé. Un rapport à Dieu où le moyen est devenu une fin. Le moyen, c’est la Loi, expression de la volonté de Dieu. Pratiquer la loi pour être en rapport d’obéissance à Dieu, de conformité à sa volonté, pour être en rapport de filiation vis-à-vis d’un Dieu Père, qui ne veut pas la règle pour elle-même, mais pour qu’elle soit le moyen d’expression pour aller à Lui, pour entrer en communion de volonté avec Lui, pour une communion d’Amour et de Vie. Le légalisme idolâtre le moyen (ce qui permet à l’homme de s’idolâtrer lui-même) et le détourne de sa fin. La Loi pour elle-même, ce qui peut s’exprimer aussi : “du moment que je suis en règle, Dieu n’a rien à me reprocher”, sous-entendu : “il me fichera la paix et je garderai la saine distance vis-à-vis de cet être trop envahissant (parce que je préfère subtilement m’auto-diviniser)” ; et même davantage : “c’est moi qui acquiers des droits sur lui” : «  cela fait tant d’année que je te sers sans jamais avoir transgressé un seul de tes ordres, je suis parfaitement en règle, donc… Donc j’ai donc des droits sur Toi et Tu as des devoirs envers moi. » (Cf Lc 15,28-29).
« Non, mon fils, tout le bien que tu as fait, c’est Moi qui l’ai fait en toi, dans la mesure où tu m’as laissé faire. Ne pense pas avoir des droits sur moi mais pense à me rendre grâce d’être resté en grâce jusqu’à ce jour. » Et l’on suppose que ce « fils aîné », ce pharisien pur et dur, en effet, selon la fin de la parabole, « n’entre pas » dans la communion avec son Père. C’était le Père qui était pourtant sorti l’en supplier…
« La fin de la Loi, c’est le Christ » (Rm 10,4). La Loi n’est pas là pour elle-même mais pour amener au Messie, au Fils, à la Filiation. « Celui qui aime a accompli la Loi » (Rm 13,8) ; (“Rm”, cela veut dire “Epître de Saint Paul aux Romains”. Saint Paul, c’est un ancien pharisien qui a tout compris.)
Il faut que notre justice dépasse ce légalisme des scribes et des pharisiens, non pour de nouvelles manières d’être impeccablement en règle, même si la loi reste de l’ordre des moyens nécessaires – et insuffisants, mais pour accueillir l’Esprit de notre Père. « Combien le Père est prêt à donner l’Esprit-Saint à ceux qui l’en prient. » (Lc 11,13).
C’est pourquoi la prière du Notre Père est au centre de tout ce discours de Jésus sur la Montagne. Prier notre Père. Etre dans une attitude de pauvre. Heureux les pauvres de cœur, car ils ont la porte d’entrée dans le Royaume des Cieux.

Don Laurent LARROQUE

Sel de la Terre,
lumière du monde

Sel de la Terre,
lumière du monde
150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Chers amis, ce dimanche, au milieu du discours sur la Montagne et de la loi nouvelle, entre les béatitudes et les exigences de se mettre à la suite du Christ, Jésus nous révèle la mission des chrétiens : être «  le sel de la Terre et la lumière du monde ».
Ceux qui entrent dans le Royaume de Dieu par le baptême après avoir écouté le maitre sont appelés à la sainteté « soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » et à la mission. Les dons de Dieu doivent être partagés, « à qui on a beaucoup confié on réclamera davantage ».
Pour cette mission Jésus emploie ces deux images du sel et de la lumière. Chez les juifs du temps de Jésus, le sel ne sert sans doute pas d’abord à donner du goût mais plutôt à conserver les aliments à une époque où il n’y a pas de réfrigérateur ! Les disciples du Christ reçoivent donc cette mission de conserver les dons de Dieu pour que l’alliance de Dieu avec l’humanité dure toujours. Du côté de Dieu l’alliance est toujours proposée mais il faut, en face, un peuple pour rester dans l’alliance. S’ils ne conservent pas l’esprit des béatitudes, s’ils se dénaturent, s’ils n’assument plus cette fonction, ils ne valent plus rien et le rejet les menace.
Être « la lumière du monde » renvoie à la vocation d’Israël d’être la « lumière pour éclairer les nations » tout comme Jérusalem, cette ville lumière qui devait attirer tous les peuples au Seigneur. Ce moyen d’attirer, Israël sait bien que c’est la loi de Moïse qui devait sidérer toutes les grandes nations par sa justesse (Dt 4,6-8). Dans ce discours sur la Montagne, avec la loi nouvelle enseignée par le Christ, donnant avec profondeur l’esprit de la loi de Moïse, on ne s’y trompe pas… Cette lumineuse attirance est un devoir tout comme celui de la lampe faite pour être vue de tous. La nature de cette lumière, Jésus nous le dit sans détour  : « en voyant ce que vous faites de bien ».
La nature de la mission que Jésus nous dévoile sur cette montagne a une portée universelle : sur toute la terre et à toutes les époques. Elle s’exerce en conservant l’alliance par l’esprit des béatitudes et un rayonnement par nos bonnes œuvres plus que par une conquête géographique. Bref la charité de Dieu exercée entre nous sera toujours l’écrin de l’annonce de l’évangile. Qu’elle grandisse toujours en nous et entre nous pour « que tous les peuples (s’empressent de) rendre gloire à notre Père qui est au cieux
Don Marc-Antoine CROIZE-POURCELET

Changement de paradigme

Changement de paradigme 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort ». (1Co1,28) Cette phrase tirée de la seconde lecture des textes de ce dimanche, résume à elle seule l’incompréhension du monde à l’égard de l’Eglise : Tout ce qui brille, qui est attractif, fort, puissant, bref ce que l’homme cherche naturellement n’est pas ce que recherche le Christ. « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes ». (Ph 2,5-7) Il y a donc une lutte en nous qui est bien compréhensible. Nous aussi naturellement, nous cherchons ce que cherche le monde. Pourtant, cette nature est à embellir en comprenant que la beauté, la force et la grandeur se trouvent également dans ce qui n’est pas immédiat. Car, rapidement, nos regards sont captés par ce qui nous paraît supérieur : la beauté d’une personne, la victoire d’un sportif, la puissance d’une armée. Tout cela est le fruit d’un jugement rapide. Nous sommes comme hypnotisés tel un animal sauvage face à des phares de voiture. Le Christ, en venant sur la terre, nous montre que la patience est une vertu qui nous donne la vraie mesure des choses. C’est dans le temps que Dieu a voulu sauver son peuple. C’est avec patience que les petites choses se déploient jusqu’à prendre toute leur ampleur. C’est pourquoi, il est nécessaire pour nous de ne pas nous laisser happer par l’immédiateté promue par le monde. Si l’église peut paraître lente à grandir c’est qu’il lui faut du temps : « le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui » (Paul Morand).
En plus de la patience, Jésus nous montre que la Vérité se trouve en Lui. C’est Lui qui donne la vraie mesure des choses. Les puissants de ce monde, s’ils sont loin de Dieu, croient certainement que ce sont eux qui font la vérité. Mais le temps finira par montrer tôt ou tard que leurs pensées et leurs actions ne sont que peu de chose en comparaison avec la Sagesse.
Enfin, Dieu nous montre et c’est cela le plus important, que l’amour ne commence et ne s’arrête pas la ou l’homme le croit. Une fois encore, Dieu « fait toutes choses nouvelles » (Apocalypse 21,5) : son amour dépasse les frontières puisqu’il nous demande d’aimer nos ennemis comme Il l’a fait sur la croix « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23,34). Ayons donc le regard du Christ sur le monde et non pas le regard du monde sur Dieu.

Don Bruno de LISLE

Par quel moyen Dieu agit et accomplit des choses en nous ?

Par quel moyen Dieu agit et accomplit des choses en nous ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Nous allons réfléchir sur le comment cela est il possible ?
Dieu agit par sa grâce. Souvent ce mot est utilisé à tort et à travers. On ne sait pas trop ce que cela veut dire… est-ce une puissance éthérée ? une énergie invisible ? un peu…magique ? Alors…🚀
Accrochez vos mains à votre feuille, on va décoller et faire un peu de théologie. Comment Dieu, qui est par définition immatériel, peut rejoindre le monde créé ? Sa voie royale est tellement évidente qu’il faut la rappeler : c’est Jésus. Il est le seul à faire le pont entre le monde de Dieu et le monde des hommes. (« Je suis Le chemin» sous entendu, ne cherchez pas, il n’y en n’a pas d’autre !) Ce qui est important c’est la nature de Jésus : une seule personne et deux natures, une humaine et une divine. Et encore là, on n’a pas tout dit… comment une action humaine de Jésus pouvait avoir une efficacité divine ? On va parler d’un terme TRÈS important, la cause instrumentale.
Enlevez nous ces gros yeux en forme de bille, ce n’est pas compliqué ! Un menuisier qui souhaite faire une table utilise une scie pour couper ses planches. Quand les planches sont découpées, qui a fait cela ? La scie ou le menuisier ? Les deux mon capitaine n’est ce pas ? Mais celui qui est à l’origine c’est le menuisier, il en a eu l’initiative et la scie en est l’instrument. Elle permet de réaliser un beau découpage du bois. L’être supérieur est la cause principale, l’outil est la cause instrumentale. Une scie toute seule ne fait pas grand chose, mais utilisée par une cause supérieure, elle donne tout ce qu’elle a, elle fait de grandes choses. Chacune des causes laisse un effet propre : la scie découpe, le menuisier décide des mesures. L’instrument reste cependant décisif, car il laisse une trace propre.
L’humanité de Jésus est l’instrument de l’action de Dieu.
Depuis les gazouillements de la crèche (et même depuis le « oui » de Marie) la vie de Jésus, son humanité, est devenue l’instrument de la divinité. Ce n’est pas un instrument séparé comme la scie mais conjoint. C’est un peu la main du menuisier. Jésus agit comme Dieu. (Le propre de Dieu c’est de pardonner les péchés, guérir les malades par sa seule parole…etc)
Comme l’humanité de Jésus est unie à sa divinité, il y a des effets qui dépassent largement sa simple humanité. Saint Thomas disait par exemple : « Bien qu’elle soit corporelle, la passion du Christ a cependant une puissance spirituelle en vertu de son union à la divinité. » Ce qui est merveilleux, c’est que l’instrument est parfaitement adéquat pour le projet final. L’humanité de Jésus peut sauver notre pauvre humanité.
Alors qu’est ce qui me sauve dans la vie de Jésus ? On a tendance à dire… sa passion ! Et sa résurrection bien sûr ! Mais ce n’est pas tout. TOUTE la vie de Jésus et chacune de ses actions nous sauvent. Elles nous rejoignent par le fait que chaque geste de Jésus est un petit enseignement en soi à observer. Mais il ne se contente pas de montrer ce qu’il faut faire… cela a un impact dans nos vies, en les transformant. Comment ? Ce sont les sacrements qui jouent ce job. Chaque sacrement nous lie à un mystère de la vie de Jésus. Le baptême, c’est sa passion et sa résurrection, mais aussi son propre baptême. L’ordination, c’est le dernier repas de Jésus. L’onction des malades, c’est Jésus qui guérit les malades. Les sacrements ont des effets différents (être baptisé c’est différent que d’être confirmé). La fin de la réponse rejoint pas mal de vos réponses ! On est mis au contact également de la vie de Jésus par les différentes célébrations des temps liturgiques, les différentes fêtes (Annonciation, Visitation, Nativité, Épiphanie…). Ce n’est pas seulement faire mémoire du passé, c’est se reprendre l’odeur de la paille et de l’encens de la crèche dans le nez qui me font plier les genoux devant mon petit Dieu qui attend mon adoration et me rassure en me donnant un amour inexprimable !!!
Ce qui est chouette au fond, c’est que souvent on s’efforce par mille moyens d’attirer la grâce de Dieu, alors qu’il suffit de réexplorer tout ce qui me met au contact de la vie de Jésus… les sacrements, le temps liturgique, les mystères du Rosaire, la lecture de l’évangile. Voilà la source et le comment Dieu agit dans notre monde.
Don Christophe GRANVILLE

« Et moi, je ne le connaissais pas »

« Et moi, je ne le connaissais pas » 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Curieux d’entendre le précurseur, celui à qui le Christ lui-même rendra témoignage, affirmer par deux fois ne pas connaître Jésus !
Jean le Baptiste déclara : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde  ; c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. Et moi, je ne le connaissais pas…
Et puis un peu plus loin : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas… »
Nous savons pourtant que Jean Baptiste est un grand saint qui avant même sa naissance a reconnu sous l’effet de la grâce, la présence du Verbe dans le sein de la vierge Marie. Il a mené une vie d’ascétisme toute consacrée à la recherche de Dieu. Jésus dira de lui : Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste (Mt 11,11).
Par conséquent, Jean Baptiste est, de tous les hommes, celui qui a approché de plus près le mystère du Verbe incarné. Et pourtant, c’est lui-même qui affirme ne pas connaître Jésus !
Après un tel témoignage du précurseur, serait-il légitime de notre part de prétendre connaître le Christ ? Est-ce même possible ?
Toute la difficulté réside dans le mystère même qu’est Jésus ! Le Christ, est certes notre frère en humanité (et en cela nous pouvons le connaître), mais il est aussi Dieu. Or Dieu est en lui-même inconnaissable parce qu’Il dépasse infiniment nos capacités humaines. Toute notre connaissance de Lui ne peut être que limitée et donc incomplète ! « Ô Toi, l’Au-delà de tout, n’est-ce pas tout ce qu’on peut connaître de toi « ? priait Grégoire de Nazianze. En d’autre terme, Dieu ne peut pas être totalement compris puisqu’il est infini.
Lorsque Jean Baptiste perçoit la divinité cachée derrière l’humanité du Christ, il tressaille ! Il se reconnaît complètement dépassé… d’où le : et moi, je ne le connaissait pas… Jean Baptiste s’émerveille devant le mystère qu’est Jésus. S’il se sent indigne de dénouer la courroie de sa sandale, c’est parce qu’il a saisi que le Christ est la révélation de Dieu ! En son humanité se réalise l’impensable : Dieu se dit ! Dieu se révèle ! Dieu se fait connaître.
Et pour cela, Il choisit d’entrer dans les limites de notre humanité ! En Jésus, Dieu s’est rendu accessible à notre connaissance.
Voila pourquoi, sans pour autant prétendre tout comprendre, nous pouvons connaître Dieu.
Connaître quelqu’un, ce n’est pas tout savoir de lui mais devenir capable de ne le confondre avec aucun autre.
Chers amis, l’inimaginable c’est que l’amour immense de Dieu l’ait poussé à prendre l’initiative de se faire connaître en utilisant nos concepts, nos mots, nos images, forcément inadéquats et approximatifs.
Alors, face à ce mystère, imitons Jean Baptiste. Sans prétendre tout comprendre de Jésus, restons à son écoute pour faire grandir en nous la connaissance de Dieu.
Vivons en sa présence pour mieux le comprendre et finalement l’aimer. Car en définitive, connaître est inséparable d’aimer. Au point d’ailleurs que la Bible donne un sens conjugal au verbe connaître.
De cette connaissance qui, lorsqu’elle se porte sur Dieu, engendre immédiatement l’amour, dépend notre joie, notre paix intérieure mais aussi notre vie !
« La vie éternelle, c’est de te connaître, toi Dieu le seul vrai Dieu » Jn 17,3.
Don Louis Marie DUPORT

Adieu Benoît XVI

Adieu Benoît XVI 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Afin de prier pour notre défunt pape Benoit XVI voici quelques morceaux choisis de l’homélie du pape François lors de ses funérailles ce jeudi à Rome :
« Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Lc 23,46). Ce sont les dernières paroles que le Seigneur a prononcées sur la croix ; son dernier soupir – pourrait-on dire -, capable de confirmer ce qui a caractérisé toute sa vie : un abandon continu entre les mains de son Père. /…/ Des mains blessées qui se tendent et ne cessent de s’offrir, afin que nous connaissions l’amour que Dieu a pour nous et que nous y croyions (cf. 1 Jn 4,16). /…/ Le dévouement reconnaissant au service du Seigneur et de son peuple qui découle de l’acceptation d’un don totalement gratuit : « Tu m’appartiens… Tu leur appartiens », susurre le Seigneur, « Tu es sous la protection de mes mains, sous la protection de mon cœur. Reste dans le creux de mes mains et donne-moi les tiennes ». C’est la condescendance de Dieu et sa proximité capable de se placer dans les mains fragiles de ses disciples pour nourrir son peuple et dire avec lui : prenez et mangez, prenez et buvez, ceci est mon corps qui est offert pour vous (cf. Lc 22,19).
Un dévouement priant, silencieusement modelé et affiné entre les carrefours et les contradictions que le berger doit affronter (cf. 1 P 1, 6-7), et l’invitation confiante à faire paître le troupeau (cf. Jn 21, 17). Comme le Maître, il porte sur ses épaules les fatigues de l’intercession et les fatigues de l’onction pour son peuple, surtout là où la bonté doit lutter et où les frères voient leur dignité menacée (cf. He 5, 7-9). /…/
Nous aussi, fermement attachés aux dernières paroles du Seigneur et au témoignage qui a marqué sa vie, nous voulons, en tant que communauté ecclésiale, suivre ses traces et confier notre frère aux mains du Père : que ces mains de la miséricorde trouvent sa lampe allumée avec l’huile de l’Évangile, qu’il a versée et dont il a témoigné durant sa vie (cf. Mt 25, 6-7).
/…/ C’est le peuple fidèle de Dieu qui, rassemblé, accompagne et confie la vie de celui qui a été son berger. Comme les femmes de l’Évangile au tombeau, nous sommes ici avec le parfum de la gratitude et l’onguent de l’espérance pour lui montrer, une fois de plus, l’amour qui n’est pas perdu ; nous voulons le faire avec cette même onction, cette même sagesse, cette même douceur et ce même dévouement qu’il a su donner au fil des ans. Nous voulons dire ensemble : ‘Père, nous remettons son esprit entre tes mains’.
Benoît, fidèle ami de l’Époux, que ta joie soit parfaite en entendant sa voix définitivement et pour toujours ! »

Don Marc-Antoine CROIZE-POURCELET

Le mystère de l’Incarnation

Le mystère de l’Incarnation 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Qu’est-ce qu’un mystère ? Qu’est-ce que l’Incarnation ?
Un mystère, c’est quelque chose de plus puissant que l’intelligence humaine. Comme le soleil est plus puissant que les yeux humains : on est aveuglé par excès de lumière.
L’Incarnation est un événement. Dans ce mot latin il y a “carna”, qui veut dire “chair”. Cela veut dire que Dieu, un être purement spirituel, devient chair.
C’est ce que nous fêtons à Noël, et contemplons chaque 25 mars, 9 mois plus tôt.
Ce mystère est central, au point que nous le récitons et contemplons 3 fois par jour : c’est la récitation de “l’angélus”.
C’est ce mystère qui donne sens à toute la foi chrétienne : si Jésus est Dieu qui s’est fait chair, tout s’explique : l’Eglise, l’Eucharistie, tous les sacrements.
Il s’agit d’une intervention unique de Dieu dans l’histoire des hommes. Non qu’un homme aurait réussi à se diviniser, mais qu’un Dieu, le Dieu unique a réussi à s’humaniser. Jésus n’est pas un homme qui a été fait Dieu par les hommes ou par Dieu lui-même. C’est Dieu qui s’est fait homme. Les hommes n’y sont pour rien, à part l’accepter. Si Jésus n’est pas Dieu fait homme, toute la foi chrétienne n’a pas plus de sens que n’importe quelle opinion religieuse.
L’antienne du Magnificat des vêpres de ce 1er janvier, dédié à Marie Mère de Dieu, est un exposé, condensé, d’une réflexion logique sur le mystère de l’Incarnation :
« Un mystère admirable est aujourd’hui révélé ; les deux natures sont confessées : Dieu s’est fait homme ; ce qu’il était, il le demeure, ce qu’il n’était pas, il l’assume, sans subir ni mélange, ni division. »
« Il est aujourd’hui (à Noël) révélé ». Le mot révélation signifie enlever un coin de voile  : il faut une initiative divine pour enlever un coin de voile, pour adapter ce que Dieu fait voir de Lui aux yeux humains, c’est-à-dire à l’intelligence humaine.
Les « deux natures » : en Jésus il y a la nature divine, car il est Dieu par nature, et la nature humaine, car il est aussi homme par nature : « Dieu s’est fait homme. »
Mais comment ? Difficile à dire (« mystère »), mais ce qu’on peut dire en résumé, c’est que ce qu’il était, dans sa divinité (éternellement), il l’a gardé en se faisant homme ; et ce qu’il n’était pas, c’est-à-dire homme, il l’est devenu en l’assumant en sa personne.
Mais comment encore ? Ce qui était (sa divinité) a demeuré, ce qu’il n’était pas (homme) a été assumé en une seule personne, sans qu’il y ait de mélange entre les deux natures : Jésus n’est pas une espèce de mi-dieu/mi-homme : aucun mélange entre sa nature divine qui est restée telle quelle, ni sa nature humaine qui est aussi restée telle quelle. Vraiment Dieu et vraiment homme, ne jouant pas à faire l’homme, mais réellement un homme dans les limites humaines, en pensées, en passions, en besoins, en fatigues, sauf le péché. Ce bébé de la crèche est Dieu mais il ne joue pas à faire l’homme : il est vraiment « né d’une femme » (Gal 4,4) et a besoin d’elle comme tout bébé.
« Sans mélange », donc sans confusion ni fusion de deux natures, mais « sans division » non plus : ces deux natures sont inséparablement unies, et pour l’éternité, en la Personne de Jésus, qui est la Personne du Verbe de Dieu, une des trois personnes de la très Sainte Trinité.
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Et le Verbe s’est fait chair. » Jn 1,1.14.
« Le Fils de Dieu, resplendissement de la gloire de Dieu, effigie de sa substance, ce Fils qui soutient l’univers par sa parole puissante… », s’est fait homme. Cf Héb 1,3 citant Sg 7,25-26.
« Tout a été fait par Lui et pour Lui » Col 1,16. Il ne s’agit pas d’une opinion religieuse mais de l’acceptation de Dieu dans l’histoire humaine.
Nous nous souhaitons donc la bonne année, quoiqu’il arrive. Le chiffre 2023 se réfère à ce fait qui a eu lieu il y a 2023 ans. Cela compte ! Bonne année 2023 de l’Incarnation du Verbe de Dieu en notre chair humaine !
Don Laurent LARROQUE

Le Verbe était la vraie lumière

Le Verbe était la vraie lumière 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Nous avons de la chance de vivre dans un pays qui fête Noël ; sans le comprendre certes, mais cette fête reste tout de même un moment de joie que tous préparent. Nos rues sont décorées, les vitrines des magasins aussi, nos maisons, nos églises accueillent les crèches, bref nous pouvons vivre cette fête dans nos familles, mais également publiquement. On pourrait se dire que c’est normal, mais ce serait faire offense à Dieu que de considérer un bienfait comme quelque chose de normal.
Dans cette manifestation de Noël, les éclairages prennent le dessus, les lumières éclairent et égaillent nos rues. Ces lumières sont belles puisqu’elles sont nombreuses, disséminées un peu partout. Mais elles ne sont que le pâle reflet de la véritable Lumière qu’est le Christ. Cette lumière c’est la lumière qui s’est reflétée sur le visage de Moïse qui rencontrait Dieu sur la montagne, c’est la lumière de la Transfiguration de notre Seigneur Jésus-Christ, c’est celle qui a fait tomber saint Paul alors sur le chemin de Damas, c’est la lumière de la Résurrection éclatante du Fils de Dieu. Nous vivons de la Vie éternelle quand nous nous approchons du Christ par les sacrements, nous nous éclairons avec de faibles lumières qui tirent leurs origines de l’infini. Ce ne sont que des prémices de ce qui nous attend au Ciel. Vivre de la vie éternelle ici-bas ? Oui car Jésus est toujours avec nous (« Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Mt 28,20), mais nous subissons encore les effets de notre péché ; se réjouir de la beauté de ces lumières de Noël  ? Oui, mais elles ne valent rien en comparaison de la lumière du visage de Dieu ! Ne nous arrêtons pas aux signes, ils sont là pour nous faire toucher du doigt ce qui est plus grand encore.
En ces jours proches de Noël, ouvrons encore plus nos cœurs à la lumière de Dieu qui veut venir habiter en nous d’une manière mystérieuse. Nous avons l’habitude d’offrir et de recevoir des cadeaux, quel cadeau j’aimerais offrir à Jésus et quel cadeau j’aimerais qu’Il m’offre ? C’est en considérant le Christ comme une personne que nous entrerons davantage dans son intimité. Le Christ aussi veut nous offrir quelque chose pour Noël, c’est par ailleurs le cadeau le plus important de tout ce que nous pourrons recevoir.
Que Dieu nous bénisse tous en ces saints jours que nous allons vivre, qu’Il nous bénisse et nous guide par sa lumière.

Don Bruno de Lisle

L’annonce faite à Joseph

L’annonce faite à Joseph 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Notre évangile est l’annonce de l’ange à Saint Joseph. Il est précédé dans ce premier chapitre de Saint Mathieu d’une loooooongue généalogie démarrant par Abraham, passant par David et finissant par notre Saint Joseph. Mais comment Jésus est-il effectivement la descendance promise s’il n’y a pas de lien de génération entre Joseph et Lui ? La conception virginale de Jésus est annoncée tout d’abord. Ce n’est donc pas un but recherché mais un point de départ. Les premiers chrétiens n’étaient pas embarrassés comme nous, trop souvent par cette question. Alors ils se posent la question suivante : s’il ne descend pas de Joseph, comment peut-il être le Messie davidique ?
L’ange lui dit : « tu lui donneras le nom ». Selon la coutume juive, donner à l’enfant son nom, c’est le reconnaître pour son fils. Par cette reconnaissance Jésus entre de plein droit dans la lignée de Joseph, donc de David. Et de son côté Joseph va prendre en charge l’enfant et sa mère. Obéissant à l’ordre de Dieu, il prend Marie son épouse, comme après la mort du Christ saint Jean prit Marie avec lui.
Un grand exégète commente : « La tradition tardive n’a pas erré quand elle a reconnu un grand Saint en Joseph. Joseph le juste peut-être comparé à Jean le précurseur. Jean annonce et désigne le Messie ; Joseph accueille le Sauveur d’Israël. Jean est la voix qui se fait l’écho de la tradition prophétique  ; Joseph est le fils de David qui adopte le fils de Dieu. Comme tous les justes, il attend le messie, mais lui seul reçoit l’ordre de jeter un pont entre les deux testaments ; bien plus que Siméon recevant Jésus dans ses bras, il accueille le sauveur dans sa propre lignée. Joseph réagit comme les justes de la Bible devant Dieu qui intervient dans leur histoire : comme Moïse ôtant ses sandales, comme Isaïe terrifié par l’apparition du Dieu trois fois saint, comme Elisabeth demandant pourquoi la mère de son Seigneur vient à elle, comme le centurion de l’Évangile, comme Pierre enfin, disant : «  éloignez-vous de moi Seigneur car je suis un pêcheur. »
Qui donc peut être père ? Qui en a le droit ? La réponse du philosophe et catholique Martin Steffens nous éclaire. « Celui qui prend sur lui de prendre ce droit. Tout enfant est un événement, un avènement. Qu’il soit un « projet parental » ou un « projectile » dans la vie des parents, l’enfant est à qui l’accueillera, absolument. Il n’y a pas de permis d’enfant, comme il y a un permis de chasse ou de conduire. Il n’y a qu’une infinie obligation de vivre désormais notre vie à partir de cet être qui se confie à nos soins, qui mourrait si nous lui refusions, qui mourra chaque fois que nous oublierons de puiser dans sa présence la joie d’être papa. Il n’y a pas de permis d’enfant, seulement la permission, à cause de cet enfant, d’être l’homme le plus heureux du monde.»
Être père, c’est permis. C’est une place à prendre et une place à faire.
Il faudra pour se l’autoriser, surmonter bien des peurs. Un ami craignait de donner à son enfant, en même temps que son patrimoine génétique, la neurasthénie héritée de sa famille. Une phrase de Nietzsche à propos des dépressifs et de leurs descendants le terrifiait : « mettre un enfant au monde, alors qu’on n’a déjà pas le droit d’y être, c’est pire que de prendre une vie. » Cet ami a toutefois osé. Sa fille a apporté avec elle la joie qu’il craignait ne pas pouvoir lui transmettre. Elle est un être lumineux, « équilibré » comme l’on dit. ( sans oublier qu’un équilibre est par définition instable et que, sans déséquilibre, la vie ne serait pas mouvement).
Don Christophe GRANVILLE

Une attente purificatrice

Une attente purificatrice 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

L’expérience du doute que vit Jean-Baptiste dans l’évangile de ce dimanche, nous fait entrer de plain-pied dans la juste compréhension de l’avent.
Durant cette période, nous nous préparons à Noël. La caractéristique majeure de ce temps liturgique est donc l’attente.
Comme Jean le Baptiste attendait le Messie, nous attendons l’avènement du Christ. Ce qui est intéressant de remarquer, c’est que cette attente change le cœur du Baptiste et purifie son désir.
Bien qu’il soit « le plus grand des enfants des hommes », le précurseur ne comprend pas bien cette attente et finit par douter.
Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? C’est la question qu’il pose à Jésus par l’intermédiaire de ses disciples.
On pourrait trouver cela étonnant puisque Jean-Baptiste avait publiquement reconnu en Jésus, le Messie que tout le monde attendait. Il avait eu des phrases fortes : Il vient derrière moi, et c’est Lui qui vous baptisera dans l’Esprit. Par ailleurs, il a laissé ses disciples suivrent Jésus, parce qu’il avait précisément reconnu en son cousin, le Messie ! Celui qui baptise dans l’Esprit.
Comment comprendre ce doute ?
Ce n’est qu’après l’arrestation de Jean-Baptiste par Hérode que Jésus commence sa vie publique. Jean-Baptiste n’assiste donc pas personnellement à la prédication du Christ. Durant les mois d’attente dans son cachot, il n’a pour contact avec les faits et gestes de Jésus que ce qu’on lui raconte. Or l’attitude de Jésus ne correspond pas forcément aux attentes de Jean-Baptiste. Par exemple, Jésus s’est entouré de disciples, pas tous très recommandables (il y avait un publicain) et plutôt disparates. Sur le plan religieux comme sur le plan politique ils n’étaient pas tous du même bord, c’est le moins qu’on puisse dire…
Et puis pour un prophète, il n’était pas un ascète ! Il mangeait et buvait comme tout le monde mais plus grave encore, il s’affichait avec n’importe qui. Le plus décevant dans tout cela, c’est que Jésus lui-même ne revendiquait pas le titre de Messie…
Bref, la conduite de Jésus surprend au point d’amener ce doute. Pour reconnaitre le Messie, Jean Baptiste va devoir changer la conception trop humaine qu’il avait du Christ.
Et je crois que c’est la grâce de l’avent. Nous sommes appelés à nous déposséder de nos propres attentes pour accueillir la manière dont Dieu a voulu se donner à nous ! Ce n’est pas à Dieu de rentrer dans nos critères : «   Passe derrière moi Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ».
L’attente met au jour notre désir le plus profond : est-ce accueillir Dieu tel qu’il est, ou tel que nous voudrions qu’il soit ?
« Il n’y a pas de plus fort empêchement au discernement de l’avènement de Dieu, que celui qui réside en notre présumée puissance » disait Jean-Baptiste Metz.
En attendant l’enfant Jésus, acceptons de nous déposséder de toute forme de puissance pour l’accueillir vraiment dans sa vulnérabilité.
Don Louis Marie DUPORT

    Nous contacter

    +33 4 94 19 81 29

    Nous aider