Aux yeux du monde, qu’il est difficile d’être chrétien en 2020 ! Je ne vous parle pas d’être un bon chrétien, ni d’être saint mais seulement d’être chrétien. Les attentats nous font mettre en colère et finissent par faire (un peu) peur. La liberté d’expression se mute en surenchère sanglante. L’actualité sur le virus est confuse. Le reconfinement nous isole des cérémonies et de la Communion Eucharistique*. La pauvreté et les inquiétudes grandissent autour de nous. Et nous restons souvent impuissants face à elles. Même si nos difficultés sont toutes relatives à celles de nos frères d’Orient, souvent attaqués pour leur appartenance au nom de Jésus, nous pouvons nous demander : Quand cela va-t’il s’arrêter ? Et il est légitime de se le demander.
Dans ce contexte fort anxiogène, il est bon ce dimanche de relever la tête et de se plonger en Dieu en écoutant sa Parole. En effet le mariage auquel participe ces dix jeunes filles (les vierges sages et les vierges folles) est une image de la réalité surnaturelle du Royaume des Cieux. Dans cette Noce, curieusement, seul l’Epoux est mentionné. Le Christ, nous le rappelons, a été désigné par Jean le Baptiste comme l’époux. Son épouse peut donc être sa propre nature humaine, toute unie à sa nature divine. Mais ce peut être aussi ces dix jeunes filles, image de l’humanité toute entière désirée par Dieu comme un époux. Un époux fou amoureux.
à la chaleur de ces noces et des lampes à huile qui brûlent dans la nuit, nous pouvons entre autres retenir deux choses pour traverser cette période éprouvante.
Il ne suffira pas de vouloir s’en sortir pour s’en sortir. Nous avons besoin de Dieu. Le Salut vient de Lui. Voici ce que disait Gustave Thibon à ce sujet : « On ne peut pas demeurer longtemps sur la pointe des pieds. (Tao) – Inefficacité de la tension volontaire dans les choses spirituelles. La vigilance à l’égard de Dieu ne doit pas être une tension, mais une détente. Il faut que l’acte par lequel nous maintenons, vivante en nous, l’adhésion à l’amour divin, soit une espèce de défaillance de l’âme, un évanouissement. Prier, ce n’est pas raidir son moi, c’est l’effacer. Cette disparition appelle la grâce : elle nous remplit de Dieu dans la mesure où nous nous vidons de nous-mêmes. »
Cette idée forte rejoint l’espérance chrétienne dans son sens biblique. L’espérance est une attente. Comme Noé dans son arche ( comme nous dans nos maisons en ce moment ) attend la baisse des eaux. Cette attente n’est pas seulement celle d’un avenir meilleur, mais celle de Dieu. Espérer c’est attendre Dieu, mais avec une joie dans le cœur, comme s’il était déjà là. Même si cette attente nous fait tomber dans le sommeil, comme Lazare attendait Jésus dans la mort, nous avons une certitude : le Christ approche.
La deuxième chose que nous pouvons demander à Dieu, pour cette période, est d’augmenter en nous la Sagesse. Pas la sagesse comme fruit d’une vie sage et rangée, mais la sagesse comme don de son Esprit Saint. La Sagesse « c’est la grâce de pouvoir voir toute chose avec les yeux de Dieu. » disait le pape François dans ces catéchèses sur les dons du Saint Esprit. Cinq des dix jeunes filles de l’évangile ont vu ce temps d’attente avec assez de sagesse pour prévoir une quantité suffisante d’huile.
Prions les uns pour les autres dans ce temps de confinement afin que l’Esprit de Dieu et, non l’esprit du monde, dirige nos actions et qu’il nous fasse reprendre pied par la force de sa Parole en attendant son Eucharistie.
…………………………………………………………………. D.Christophe GRANVILLE
*cet édito est écrit en attente du jugement du recours fait par la conférence des évêques de France devant le Conseil d’état.