« Cherchez le Royaume de Dieu et sa justice », nous dit Jésus. Et les ouvriers de la première heure qui ont commencé à travailler à la Vigne du Seigneur – traduisons : à vivre dans la foi au Christ Jésus -, se plaignent, à la fin du jour terrestre, de leur rétribution : « quoi ? Un denier, comme ceux qui sont arrivés à la dernière heure ? » Ils estiment que ce n’est pas juste. Mais en terme de stricte justice, il était convenu d’un denier dès le départ. La justice est strictement observée. Et le Maître désire donner à ceux qui arrivent plus tard le même salaire : il est libre de le faire, par bonté, pour ceux qui arrivent plus tard, sans léser en stricte justice ceux qui ont commencé tôt.
Dans le Royaume des Cieux, Dieu ne calcule pas en stricte justice le temps passé dans la foi, mais l’ardeur du désir d’en vivre jusqu’à la mort, même si le temps accordé avant la mort est court. Certes, il semble ainsi favoriser ceux qui arrivent tard à la foi et qui se mettent tard à servir le Seigneur, après une vie où « personne ne les a embauchés » : c’était plutôt ce monde matérialiste et corrompu qui en a fait des débauchés et ils n’osent plus lever les yeux vers Dieu car ils s’estiment trop indignes d’aller travailler à sa vigne : “désormais, c’est trop tard, j’ai gâché ma vie…” « Non ! », proclame Jésus depuis 2000 ans, dans cette parabole. « Venez, vous aussi, à ma vigne ! », même à la dernière heure ! Même à la dernière minute, selon l’exemple limite du bon larron qui a été larron toute sa vie, sauf la dernière minute de sa vie : par l’acte de Foi en Jésus le Sauveur de sa vie, il est devenu saint, éternel vivant une minute avant de mourir. Gageons que, s’il avait pu être gracié de la pendaison au gibet, s’il avait eu de nouveau les bras libres, il les aurait employés avec zèle à servir son Sauveur. Ainsi font les nouveaux convertis : le temps que nous, les anciens dans la Vigne, nous fassions un rang de vigne, en nous débrouillant pour faire le minimum de bien pour ne pas mériter la peine éternelle, tout en « aimant le monde et ce qui est dans le monde » sans aimer vraiment Dieu (1Jn 2,15), eux, ils en font le quadruple avec un grand enthousiasme. Ils aiment leur Sauveur et cela donne des ailes à leur zèle.
Dieu peut récompenser de la gloire immédiate après leur mort des nouveaux venus zélés et demander une longue expiation aux travailleurs attiédis par le calcul égoïste des conséquences éternelles d’une vie ni bonne ni mauvaise. Ce ne sera pas stricte justice mais miséricorde pour « apprendre ce que signifie : c’est la miséricorde que je veux » . Plutôt que de râler contre un maître estimé injuste, estimons-nous heureux d’avoir encore un peu de temps pour nous convertir !
D. Laurent LARROQUE