– Seigneur, est il vrai que pour toi, 1000 ans sont comme un jour ?
– Oui
– Alors posséder un euro, c’est un peu comme en posséder mille millions…
– Huuummm, oui
– Ne pourrais tu me donner un de tes petits millions, s’il te plait ?
– Pas de problème, laisse moi juste une petite seconde et je reviens !
Même si c’est sous forme humoristique, cette plaisanterie, en paraphrasant l’épitre de Saint-Pierre, nous permet de pénétrer plus avant dans le mystère divin. Nous comprenons, en entendant cette blague, que Dieu n’a pas le même point de vue que nous ! Il voit tout en plus large et intègre toutes les dimensions du temps et de l’espace dans chacune de ses décisions. En un mot, il voit toujours juste parce qu’il voit la réalité dans son ensemble.
Nos vies étant placées sous le signe du temps et de l’espace, nous ne percevons jamais qu’une part infime de la réalité. Dieu voit depuis l’éternité !
Mais si notre vue est courte du fait qu’elle soit incapable de s’extraire du temps, notre myopie se vérifie aussi parce qu’étant des êtres de chair, nous sommes toujours localisés dans un espace donné. Nous sommes contraints de nous tenir dans un lieu. Ainsi, nous ne nous inscrivons pas seulement dans le temps par notre histoire, mais nous sommes aussi dépendants de l’espace dans lequel nous vivons. Et c’est d’ailleurs pour cela que nous avons besoin de nous approprier le monde qui nous entoure, de nous en faire le possesseur !
Mais, du point de vue de Dieu, tout cela semble vain ! Victor Hugo le résume par ces quelques vers d’une grande profondeur :
Il (Dieu) dit : Je suis. C’est tout. C’est en bas qu’on dit : J’ai !
L’ombre croit posséder, d’un vain songe animé.
Et tient des biens de cendre en des doigts de fumée.
Dieu n’a rien, étant tout. (…)
Victor Hugo , l’Océan d’en haut.
Pourtant, et c’est peut-être ce qu’il faut retenir de cet édito : par le mystère de Noël, Dieu a décidé de nous apprendre à voir comme Lui voit ! Il a voulu nous extraire de notre myopie en nous donnant accès à sa propre Vie. Il a décidé de nous élever jusqu’à Lui, de nous donner accès à l’éternité.
Et pour cela, Il est venu jusqu’à nous ! Il s’est fait l’Emmanuel : le Dieu avec nous ! Tout le mystère de notre foi est contenu dans ce mystère de Noël ! Dieu s’est incarné. Il a accepté d’intégrer les limites du temps et de l’histoire. Il est entré dans la matière en prenant un corps et une âme humaine.
Ce mystère est grand ! Et le Précurseur l’avait compris : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi et je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
Demandons à ce même Esprit-Saint, de nous permettre de choisir le Christ, comme unique guide et sauveur, de nous rappeler qu’en dehors de Lui, tous nos jugements sont partiels, parce que toujours dans un temps et un espace donné !
Seul le Christ, par sa divinité, nous donne de voir comme Dieu voit et ainsi d’être justes dans nos jugements ! Puissions nous préparer la venue du Sauveur, en laissant toujours cet Esprit habiter en nous et éclairer toutes nos décisions.
D. Louis-Marie DUPORT