Chers frères et sœurs,
Comme il est beau en cette sainte nuit de Noël de sentir de nouveau la chaleur des rencontres et des retrouvailles. Nous en avons été particulièrement privés cette année. Je vous espère de nouveau proches les uns des autres, j’espère surtout que cette longue épreuve de solitude pour certains, ne laissera pas trop de blessures dans nos humanités. Oui ces derniers temps, j’ai rencontré des personnes isolées depuis de longs mois et j’ai été frappé du désastre que cela a causé. Nous sommes des êtres de relations, l’isolement nous mutile. Certes, le confinement strict peut permettre de conserver la vie en évitant la COVID, mais si c’est au prix du désespoir et de la tristesse, il y a une autre mesure à trouver.
De plus, nous ne savons toujours pas de quoi demain sera fait. Cette année écoulée sera-t-elle une parenthèse dans l’histoire ou marquera-t-elle le début d’un nouveau mode de vie ? Allons-nous définitivement garder des relations suspicieuses ? Quand oserons-nous de nouveau braver le danger d’embrasser quelqu’un ? Si la prudence nous impose de justes distances physiques, j’espère au moins que la fraternité comblera ce fossé que nous avons creusé pendant des mois.
Cette nuit, c’est Noël. L’humanité se rassemble de nouveau, dans les maisons, les chaumières, les églises… pour célébrer la naissance d’un enfant : Jésus que l’on appelle Christ. Autrefois il y avait des trêves pour la nuit de Noël, les canons se taisaient, mais la COVID n’offre pas de trêve. Nous restons plongés dans des actualités toujours ténébreuses sans espoir convaincant de la paix retrouvée.
Pourtant cette nuit, la lumière brille dans les ténèbres : l’enfant de la crèche vient illuminer notre monde enténébré. Comment le fait-il ? Il nous montre le chemin :
Ce nourrisson est Dieu fait homme, l’Emmanuel. En s’incarnant Dieu prend un risque : mourir. Il s’expose : à l’amour ou à l’ingratitude des hommes. Sans ce risque de sortir vers nous, s’Il ne s’expose pas, Il risque de ne jamais pulser de l’intensité des relations qu’Il désire avec chacun de nous. Jésus n’a pas eu peur de vivre au milieu de notre humanité malade, blessée, écorchée. Il est sorti du sein du Père pour nous montrer que nous sommes faits pour beaucoup plus que la vie biologique ou la survie à la COVID. Nous avons besoin de relations interpersonnelles où l’amour est la norme. Si nous ne le laissons pas éclairer la nuit de nos psychoses, de nos peurs, nous éviterons peut-être la COVID, mais nous n’éviterons pas la tristesse d’une vie sans relation, sans amour.
Cette année, apprenons auprès du nourrisson de la crèche, que nous serons toujours vulnérables, comme Lui. Que cette vulnérabilité ne soit pas le prétexte d’un repli sur soi. Au contraire, hâtons-nous de faire sentir notre amour aux plus fragiles. Laissons-nous aimer du Tout-Puissant qui a choisi d’être vulnérable pour être en relation avec nous.
…………………………………………….. D. Marc-Antoine CROIZE-POURCELET