Le troisième dimanche de l’Avent est le dimanche de la joie. Pour entrer dans cette joie qui est d’abord divine, le texte suivant peut nous y aider. Il est tiré de l’exhortation du pape Paul VI : Gaudete in Domino.
« Il faudrait aussi un patient effort d’éducation pour apprendre ou réapprendre à goûter simplement les multiples joies humaines que le Créateur met déjà sur nos chemins : joie exaltante de l’existence et de la vie ; joie de l’amour chaste et sanctifié ; joie pacifiante de la nature et du silence ; joie parfois austère du travail soigné ; joie et satisfaction du devoir accompli ; joie transparente de la pureté, du service, du partage ; joie exigeante du sacrifice. Le chrétien pourra les purifier, les compléter, les sublimer : il ne saurait les dédaigner. La joie chrétienne suppose un homme capable de joies naturelles. C’est bien souvent à partir de celles-ci que le Christ a annoncé le Royaume de Dieu.
Mais le thème de la présente exhortation se situe encore au-delà. Car le problème nous apparaît surtout d’ordre spirituel. C’est l’homme, en son âme, qui se trouve démuni pour assumer les souffrances et les misères de notre temps. Elles l’accablent d’autant plus que le sens de la vie lui échappe, qu’il n’est plus sûr de lui-même, de sa vocation et de sa destinée transcendantes. Il a désacralisé l’univers et maintenant l’humanité ; il a parfois coupé le lien vital qui le rattachait à Dieu. La valeur des êtres, l’espérance ne sont plus suffisamment assurées. Dieu lui semble abstrait, inutile : sans qu’il sache l’exprimer, le silence de Dieu lui pèse. Oui, le froid et les ténèbres sont d’abord dans le cœur de l’homme qui connaît la tristesse. On peut parler ici de la tristesse des non croyants, lorsque l’esprit humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu et donc orienté instinctivement vers lui comme vers son bien suprême, unique, reste sans le connaître clairement, sans l’aimer, et par conséquent sans éprouver la joie qu’apportent la connaissance de Dieu, même imparfaite et la certitude d’avoir avec lui un lien que la mort même ne saurait rompre. Qui ne se souvient de la parole de saint Augustin : « Tu nous as fait pour Toi, Seigneur, et notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en Toi »? C’est donc en devenant davantage présent à Dieu, en se détournant du péché, que l’homme peut vraiment entrer dans la joie spirituelle. Sans doute, « la chair et le sang » en sont-ils incapables. Mais la Révélation peut ouvrir cette perspective et la grâce opérer ce retournement. Notre propos est précisément de vous inviter aux sources de la joie chrétienne. Comment le pourrions-nous, sans nous mettre nous-mêmes en face du dessein de Dieu, à l’écoute de la Bonne Nouvelle de son amour ?»
D. Christophe GRANVILLE