A l’aube de sa vie publique, Jésus voit venir à lui deux des disciples de Jean Baptiste, dont André, le frère de Simon-Pierre. Par deux fois, deux jours de suite, Jean le Baptiste avait désigné Jésus comme « l’Agneau de Dieu ». Cette insistance est une persévérance dans l’annonce : Le témoignage du Baptiste arrive enfin dans le cœur de ces deux disciples. Combien de fois avons-nous entendu telle ou telle parole à la messe pour qu’un jour elle nous paraisse nouvelle, presque vivante. La patience du Seigneur ne peut que nous émerveiller. Revenons à notre évangile. Nous voyons Jésus qui les laisse venir à lui. Mais il prend en main la conversation et pose sans tarder la question suivante : « Que cherchez-vous ? » « Maître où demeures-tu ? » Leur réponse met des mots sur cette attraction très forte que produit Jésus sur les cœurs. En quelques lignes, l’évangéliste nous donne à méditer sur cette dimension essentielle de la vie chrétienne : suivre le Christ. Qu’est-ce que cela veut dire ? Nous avons schématiquement en tête le fait que suivre le Christ pour les disciples sera un changement de vie. Ils vont laisser derrière eux leur métier, leurs affaires et leur quotidien pour marcher dans les pas de Jésus sur les chemins de Palestine. Être disciple, suivre Jésus devient presque comme un nouveau métier dans lequel nous nous remettons entièrement à son autorité. Cette dimension plus intérieure que provoque l’appel de Jésus à le suivre est déroutante. Être avec lui (les disciples sont restés toute la journée en sa compagnie) et se mettre entièrement à sa disposition : voilà le nouveau contenu de leur vie. En plus du renoncement, le chrétien est appelé à se donner lui-même. Cela se fait dans la paix lorsque nous contemplons en qui le chrétien remet sa vie. Jésus lui-même a suivi la parole de Dieu, au point qu’on dira de lui juste après sa résurrection, qu’il était la Parole faite chaire.
Or cette exigence de Jésus à le suivre est manifestement accompagnée de sa miséricorde. Nous savons, grâce à ces premiers disciples, qu’il ne faut pas attendre d’être parfait pour le suivre. Nos mauvaises compréhensions, nos péchés ne sont pas un obstacle tant qu’ils contribuent à nous rendre toujours plus conscients que nous avons besoin de la grâce rédemptrice du Seigneur.
Cependant, dans cette suite du Christ, une ombre nous fait peur : celle de la Croix. Nous ne sommes plus à l’époque des martyrs des premiers temps de l’Eglise, mais le renoncement, la remise totale de sa vie est toujours d’actualité dans la vie du Chrétien. à l’image du grain de blé qui meurt et donne beaucoup de fruit, ce n’est qu’en s’abandonnant que nous nous trouverons. Notre amour et notre foi ne font qu’un à la suite de Jésus. Demandons à Jésus, cette semaine, la grâce de le suivre un peu mieux, malgré tous les obstacles extérieurs et intérieurs ! Belle semaine chers paroissiens !
D.Christophe GRANVILLE