Le temps du Carême n’en est encore qu’à son début et, pourtant, l’Église veut déjà nous redonner du courage, en nous donnant à voir l’objectif de ce temps de prière, de pénitence et de partage : la glorification de Dieu et notre propre glorification avec Lui. Dans notre itinéraire de Carême, après avoir suivi Jésus au désert pour triompher avec lui des tentations de Satan, nous sommes maintenant appelés à gravir avec Lui la montagne, pour découvrir sur son visage humain la splendeur de sa divinité. Dans cet épisode, la lumière et la voix attestent la divinité de Jésus : par la lumière, quelque chose de la gloire divine de Jésus nous est donné pour nous rendre capable de confesser qu’Il est vrai Dieu et vrai homme ; par sa voix, le Père accrédite une nouvelle fois son Fils unique auprès des hommes, en nous appelant à écouter sa voix.
Comme Pierre, Jacques et Jean, nous recevons de l’épisode de la Transfiguration une force dans le grand chemin de Croix que constitue le Carême, à la suite de Jésus. La Croix et la Gloire sont indissociables : de même que, dans la Gloire du Ciel, Jésus conservera les marques de ses souffrances, de même, déjà, dans la Passion et la Croix, transparaît sa gloire, c’est-à-dire le resplendissement de son amour : la Croix est une exaltation, une élévation du Fils par le Père. Dans toutes les épreuves de notre vie, cette lumière nous est nécessaire. « Ce qu’est ce soleil pour les yeux de la chair, Jésus l’est pour les yeux du cœur », écrit saint Augustin. La lumière pour surmonter les épreuves de notre vie ne peut venir que de cette Croix glorieuse de Jésus, qui retourne un instrument de souffrance en instrument d’amour et de salut.
Comme Pierre, Jacques et Jean, nous voudrions rester avec Jésus seul sur le Thabor, dans une union intime d’amour que la prière vient permettre en nous mais, pourtant, il nous faut, tant que nous demeurons sur terre, redescendre de la montagne pour œuvrer ensemble à la charité qui transforme, peu à peu, mystérieusement le monde. Comme le dit saint Vincent de Paul, « on ne quitte pas Dieu pour aller à Dieu », on ne quitte pas Jésus lorsqu’on le retrouve dans le visage de nos frères et sœurs, en particulier les plus fragiles. Tel est le sens de l’unité profonde entre les trois piliers du Carême : la pénitence qui purifie notre âme et notre corps, la prière qui nous unit à Dieu et le partage qui nous tourne vers les autres, dans un chemin commun de sanctification.