Dans la nuée de la Transfiguration, dimanche dernier, le Père nous demandait expressément « Celui-ci est mon Fils, écoutez-le ! ». Alors tendons l’oreille (du cœur) à cette parabole du figuier stérile que Jésus donne en réponse à ses interlocuteurs. En effet ces derniers posent à Jésus une question morale précise en relatant une affaire scandaleuse qui a défrayé la chronique : Pilate a fait exécuter des galiléens venus à Jérusalem en pèlerinage. Le problème est le suivant : en quoi ces malheureux ont-ils mérité leur sort ? Et s’ils ne l’ont pas mérité, comment expliquer cette sévérité qui s’est abattue injustement sur eux ? Cela fait également écho aux paroles des disciples sur l’aveugle-né, « Seigneur est-ce lui ou ses parents qui ont péché ? ». En prenant un autre fait divers, Jésus écarte l’idée qu’ils étaient plus grands pêcheurs pour mériter un tel sort.
Mais Jésus va plus loin et renchérit : « si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. Jésus nous invite à nous libérer du regard que l’on porte sur les autres et leurs péchés. Ce qui aveugle précisément notre propre cœur. Nous l’entendions il y’a quelques dimanches : « qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? ». La discussion nous conduit à revenir à notre propre vie, à notre figuier qui ne porte pas de fruit de conversion. La conversion est une action. Le pire serait de ne rien faire.
Dans le mouvement de la conversion il y a d’abord un rejet, une aversion du mal. Puis une attraction à Dieu. Comment répondons-nous à cet appel à la conversion ? Jésus disait à un moine bénédictin irlandais : « avec l’appel, je donne toujours la grâce de répondre à mon appel. »
Pour illustrer cela, la parabole du figuier stérile nous secoue mais nous console également. Elle nous bouscule, car le propriétaire de l’arbre semble avoir eu du fruit de son arbre dans le passé, mais cela fait trois ans qu’il ne trouve plus rien. Il a montré une certaine patience ! Mais malgré cela, un jardinier trouve encore la bonté de lui proposer des soins particuliers (inutiles ?). On y retrouve dans la générosité et le labeur de ce sauveur les mêmes traits que le père de la parabole du fils prodigue. Sa miséricorde semble ne pas avoir de limite. Cela heurtera le fils aîné, ce qui est humainement compréhensible. Pourtant ne nous trompons pas, le jardinier lui-même dira : « laisse-le encore cette année (…) sinon tu le couperas. » La volonté du jardinier et du propriétaire coïncident. Tout arbre qui ne porte pas de fruits sera jeté dehors. Nous trouvons dans ces deux personnages, comme une image de Jésus et de Saint Jean-Baptiste qui nous annoncent la colère qui vient. Mais Jésus est là pour proclamer : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. » Luc 4, 19.
Alors… merci Seigneur de ta patience. Merci de nous libérer de nos esclavages ! Que nous portions un fruit qui te plaise, un fruit en abondance !
Don Christophe GRANVILLE