Quelques jours avant la belle fête de l’Ascension, l’Évangile de saint Jean nous plonge dans les derniers moments que Jésus passe avec ses disciples avant sa Passion. Ces paroles sont empreintes d’une douceur toute particulière : Jésus ne les prépare pas simplement à son départ, il leur donne l’assurance d’une présence durable, la sienne, celle du Père et celle de l’Esprit-Saint.
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » Ce verset met en lumière l’essence de la foi chrétienne : l’amour de Dieu s’exprime par l’obéissance filiale à sa Parole que l’on garde comme une présence vivante en nous. « La parole de Dieu est un baume excellent qui ne se conserve que dans les cœurs purs » écrivait saint Vincent de Paul. Garder la Parole de Jésus, c’est chercher l’union avec lui au quotidien, dans nos pensées, nos actes, notre prière.
Cette fidélité conduit à une promesse bouleversante : Dieu vient habiter en nous. Non pas comme un invité de passage, mais comme un hôte qui fait de notre cœur sa demeure. Padre Pio disait : « Que ton cœur soit toujours prêt à recevoir Jésus dans le silence et la solitude intérieure. Alors, il te parlera. » Accueillir Dieu dans notre vie demande une disposition intérieure : une paix du cœur, une écoute fidèle, un amour sincère.
Et Jésus, justement, nous parle de cette paix : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. » La paix du Christ n’est pas l’absence de troubles, mais la présence d’un amour qui dépasse toute peur. Monsieur Vincent, le grand apôtre de la charité, qui a su garder une confiance et une paix intacte dans les nombreuses épreuves de sa vie, nous donne ce conseil : « Dans les revers, soyons comme des arbres fruitiers ; car d’autant plus qu’un rude et long hiver les resserre et les empêche de pousser, tant plus prennent-ils de profondes racines, et ils portent plus de fruit ». Il disait aussi : « Respect et douceur nourrissent la paix ; où est la paix, Dieu habite ».
Devant toutes les peines de nos vies, nous pourrions facilement avoir la tentation de chercher la paix telle que le monde nous la donne : dans des solutions extérieures, des sécurités humaines, ou des distractions. Pourtant, Jésus nous dit : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé ». Il sait que la paix véritable vient de l’intérieur, d’une relation vivante avec Dieu. « La prière est la meilleure arme que nous ayons, c’est la clé du cœur de Dieu » répétait le Padre Pio. Prions donc pour cette paix, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour notre monde blessé par la guerre et par la « culture de mort » que dénonçait déjà saint Jean-Paul II.
Jésus annonce également l’envoi de l’Esprit Saint, « le Défenseur », qui nous enseignera tout et nous rappellera ses paroles. Ce don de l’Esprit-Saint n’est pas un luxe spirituel réservé à quelques-uns, mais une promesse pour tous les baptisés. L’Esprit-Saint est notre guide, notre mémoire vivante du Christ, celui qui éclaire notre conscience et nous pousse à l’amour du prochain. Alors que nous avançons vers l’Ascension et la Pentecôte, préparons nos cœurs à recevoir à nouveau la plénitude du don de l’Esprit, en gardant fidèlement la parole de Jésus, dans la charité et la paix véritable. Que dans chacun de nos cœurs, Dieu puisse dire : « Voici une demeure où je peux habiter. »
Abbé Thomas DUCHESNE