Jésus nous donne aujourd’hui cette parabole du semeur qui va être l’occasion pour nous de renouveler notre manière d’être à l’écoute du Seigneur. Nous entendons souvent des personnes dire : « Dieu je ne l’ai jamais ni vu, ni entendu » Au contraire, nous le savons, à chaque Messe nous avons la grâce de pouvoir voir Dieu et l’entendre. Mais malheureusement bien souvent nous avons des oreilles et nous n’entendons pas, des yeux et nous ne voyons pas !
Ce récit, nous le connaissons bien parce que nous l’avons souvent entendu. Cet Évangile nous parle d’abord de Dieu et de nous. Il s’agit d’un Dieu qui « sort » parce qu’il a choisi d’ensemencer la terre. Cette semence c’est la Parole de Dieu. Elle nous dit tout l’amour de Dieu pour le monde. Dieu la répand avec une générosité extraordinaire. Il cherche à rejoindre tous les hommes sur tous les terrains, y compris ceux qui se trouvent dans les situations les plus désespérées. Son message de salut doit être proclamé dans le monde entier. Nous n’oublions pas que les paroles de Jésus sont celles de la Vie éternelle.
L’évangile nous parle de quatre terrains différents, le bord du chemin, le sol pierreux, le sol envahi par les mauvaises herbes et enfin la bonne terre. Ces terrains bons ou mauvais, c’est chacun de nous. D’un côté, nous avons l’homme au cœur dur : il refuse la Parole de Dieu car elle ne l’intéresse pas. Le deuxième terrain, c’est celui qui manque de profondeur : il a accueilli la Parole avec joie, mais un jour, tout s’arrête. Le troisième terrain c’est celui qui est envahi par les mauvaises herbes : c’est lorsque nous nous laissons envahir par les soucis de la vie et la séduction des richesses. Nous avons là des pièges qui nous détournent de Dieu.
Puis nous avons la bonne terre. Le grain peut y prendre racine et se développer. Cette terre c’est l’homme qui reste ouvert à la Parole de Dieu. Il s’en nourrit chaque jour et il la met en pratique dans toute sa vie. Sur un terrain favorable, elle ne peut que produire du fruit. Ces fruits, c’est la conversion, c’est la transformation de toute une vie. Ils sont nombreux ceux et celles qui peuvent dire : « Il a changé ma vie ». Quand l’Esprit Saint est là, le résultat est extraordinaire.
A la suite du Christ, nous sommes envoyés pour être des semeurs de la bonne nouvelle et pour proposer l’Évangile aux hommes qui nous entourent. Nous avons tendance à nous lamenter sur les églises vides alors que les supermarchés sont pleins. Être missionnaire c’est avant tout commencer par écouter la parole que le Seigneur m’adresse chaque jour. Nous pourrions profiter de ce temps d’été, de vacances pour beaucoup, pour prendre le temps chaque jour d’écouter cette parole que Dieu m’adresse.
Mais cette parole ne peut être entendue et gardée pour nous seuls. Après avoir écouté, entendu le Seigneur, il nous faut pouvoir le transmettre aux hommes. Le Christ veut les sauver tous.
Aidez-nous Seigneur à être ces vrais missionnaires. Tout d’abord en nous approchant de votre parole, en l’écoutant, en entendant votre message. Permettez que nous soyons transformés et qu’à notre tour, nous puissions transmettre le message de la Bonne Nouvelle du Salut à tous ceux que nous rencontrerons.
Ce dimanche est une invitation à la Louange ! Du prophète Zacharie en passant pas le psalmiste ou encore Jésus qui proclame la louange du Père, toutes les lectures nous y conduisent ! Et nous connaissons tous cette phrase de saint Ignace de Loyola : « l’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur ». La louange y tient la première place ! Mais comment cela se traduit dans nos vies ? Comment concrètement nous louons le Seigneur et lui rendons notre adoration ? La suite du texte tiré de « principe et fondement des Exercices spirituels » peut nous y aider : « L’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur et par là sauver son âme, et les autres choses sur la face de la terre sont créées pour l’homme et pour l’aider dans la poursuite de la fin pour laquelle il est créé. »
Le moins qu’on puisse dire est que ce texte met de l’ordre dans notre vie ! En effet, en répondant à notre vocation première : louer, respecter et servir Dieu c’est notre âme que nous sauvons. C’est dire combien la louange est nécessaire ! Et Dieu nous confie toute chose sur la terre pour nous aider à mieux le louer, le respecter et le servir.
Dans la louange de Dieu, nous reconnaissons que tout ce que nous pouvons considérer autour de nous, mais aussi en nous et en Dieu, est bien et bon ! La prière de louange n’est pas l’affaire d’un petit groupe. En effet, entre la prière monacale de l’office divin qui sent l’encens et les veillées de louange à Paray-le-Monial, les sensibilités sont étonnantes dans l’Eglise ! C’est chacun d’entre nous qui est appelé à louer Dieu, et pas tous de la même manière puisque Dieu nous a tous créés différents ! Mais c’est aussi toute l’Eglise, à laquelle notre Baptême nous a intégré, qui est appelée à faire monter auprès de Dieu une prière de Louange par la célébration de la liturgie.
Mais prenons nous vraiment le temps de Louer le Seigneur ? Souvent ce n’est pas le temps qui nous manque, mais l’intérêt. Au fond une question demeure : Est-ce que Dieu a besoin de nos prières ? La 4ème préface du Temps Ordinaire nous le rappelle : « Tu n’as pas besoin de notre louange et pourtant c’est toi qui nous inspires de te rendre grâce : nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous rapprochent de toi, par le Christ, notre Seigneur. » La prière de louange nous rapproche de Dieu ! Nous pourrions presque dire que ce qui intéresse Dieu c’est celui qui loue, plus que la louange. Nous sommes appelés à nous offrir en sacrifice de louange, la vraie louange à un prix. La vraie louange nous fait sortir de nous et nous conduit au service comme le disait saint Ignace. C’est en sortant de soi, en veillant aux autres qui louent à côté de nous, en veillant à l’unité, que notre louange deviendra un témoignage auprès du monde.
Alors profitons de ce temps de vacances pour donner au Seigneur la louange qui lui revient ! Afin d’élargir notre prière nous pouvons louer sans utiliser les mots habituels : louange, rendre grâce, merci ou amen. Remplaçons les par des expressions nouvelles : je t’admire Seigneur, je t’honore, je te respecte… et soyons précis ! Un beau compliment procure toujours plus de joie que plusieurs généralités hasardeuses. Mais surtout demandons l’assistance de l’Esprit Saint (dans toutes les langues s’il le faut) car nous devons le reconnaître, nous ne savons pas prier comme il faut.
C’est par Lui que notre humilité nous mènera à la Louange.
D. Christophe GRANVILLE
L’évangile de ce dimanche est assez difficile à écouter tant le Christ se montre exigent : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. »
Pourquoi faudrait-il préférer l’amour de Dieu à tout autre affection ? Faut il vraiment perdre sa vie pour la trouver ?
Ces invitations du Christ à ne rien lui préférer et à lui abandonner jusqu’à notre propre vie sont d’autant plus difficiles à accepter à notre époque où la science nous promet l’avènement d’une ère nouvelle dans laquelle la souffrance et la mort seraient bientôt éradiquées.
Cet homme nouveau, forgé du dehors par la science, n’est-t-il pas préférable à cet homme nouveau (au sens de transformé intérieurement par la grâce) que nous annonce saint Paul dans la deuxième lecture ?
Gustave Thibon s’est posé cette question dans le dernier chapitre de l’ignorance étoilée et voici un extrait de sa réponse :
« Supposons un parfait aménagement de la nature et de la société et la mort vaincue. Peut-on rêver, au niveau du profane et du temporel, une situation plus positive ? Y verrez-vous alors le point d’insertion privilégié du surnaturel ? Et rendrez-vous sans restriction, grâce à Dieu, d’avoir permis ce progrès qui nous condamnerait à ne jamais le rejoindre, à ne jamais connaître l’heure nuptiale où, le voile des apparences se déchirant, la foi se dissout dans l’évidence? Ou bien préférerez-vous la croix au paradis artificiel et la mort en Dieu à l’immortalité sans Dieu? La survie du christianisme dépend de notre choix dans cette alternative. Question limite, je le répète, et qui ne sera sans doute jamais posée en termes aussi tranchants, mais qui éclaire d’en haut l’ensemble de nos réactions devant les prodigieuses mutations du monde moderne. Suivant qu’on y répond dans un sens ou dans l’autre, on met son espérance suprême dans l’éternité ou dans l’avenir, on opte pour le Dieu qui s’est fait homme ou pour l’homme qui s’est fait Dieu. »
Or le Christ dans l’Evangile d’aujourd’hui, est clair ! Il nous invite à perdre notre vie (c’est à dire à accueillir la mort), pour pouvoir la garder (c’est à dire recevoir une vie nouvelle)… Il nous invite pour reprendre les mots de Thibon, à préférer « la réalité invisible d’une éternité sans avenir » au « mirage éclatant d’un avenir sans éternité. »
La prière de Saint François d’Assise se termine ainsi : « O Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, (…) Car (…) c’est en s’oubliant qu’on se retrouve, c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »
Puisque seule la résurrection nous plonge dans cette vie nouvelle que le temps ne peut nous donner, il s’agit pour nous de rejeter une immortalité qui nous priverait de l’éternité !
Puissions nous dire « oui » à cette parole de Dieu : Oui, Seigneur, je veux bien aller jusqu’à perdre ma vie pour qu’elle soit totalement revivifier en Toi !
Comme le dit le Credo : J’attends la résurrection de la chair et la vie éternelle !
D. Louis-Marie DUPORT
Voilà une affirmation de Jésus qui fait parfois sourire ceux pour qui ce n’est pas une opération difficile… Il ne s’agit apparemment pas de la nouvelle la plus importante de l’évangile. Savoir que Dieu connait le nombre exact de nos cheveux nous amuse un peu mais ne va peut-être pas changer notre vie. On préfère poursuivre un peu la lecture de l’évangile à la recherche d’une information plus existentielle. Pourtant, si Jésus a pris la peine de le dire et si l’évangile le conserve si précieusement, c’est peut-être que cette parole n’est pas si anodine. A y regarder de plus près, on peut en tirer les réflexions suivantes.
Premièrement, il y a quelque chose d’infini en moi que je ne connais pas et que Dieu connait parfaitement. Si c’est vrai pour les cheveux, c’est vrai de tout. Chacun est un mystère à ses propres yeux. La profondeur, la hauteur de notre être profond, nous ne pouvons pas les mesurer. Il y a bien quelque chose d’infini en nous. La valeur de nos actes que notre Père voit dans le secret nous échappe mais ne lui échappe pas. « Ton Père voit ce que tu fais dans le secret, il te le revaudra » (Cf. Matthieu 6, 4.6.18).
En second lieu, cet infini qui m’échappe et que Dieu connait ne l’empêche pas de s’intéresser au détail. Chaque cheveu est compté ! Chacun est connu de Dieu. Paradoxalement, ce qui nous parait revêtir le moins d’importance retient l’attention inconditionnelle de Dieu. Parfois nous nous cachons à nous-même ce qui est important pour nous alors qu’en toute honnêteté la perte des cheveux, par exemple, peut devenir un traumatisme. Quant à Dieu, il assume parfaitement que c’est important. Chaque détail de nous-même compte. Et Dieu le prend en charge paternellement.
Quant à nous, ayant entendu notre vocation : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! » (Matthieu 5, 48), comment pouvons-nous nous en inspirer pour mieux nous aimer les uns les autres ? Si Dieu nous aime ainsi nous devons, nous aussi, aimer de la même manière. Savons-nous considérer l’infini en chaque personne ? Savons-nous ne pas enfermer les gens dans des cases ou des catégories ? Pouvons-nous remarquer chez chacun quelque chose qui nous dépasse et nous en émerveiller ? Sommes-nous également capables de porter attention aux mêmes personnes dans le détail ? Sans dire trop vite que ça n’a pas d’importance ? Car Dieu lui-même y accorde certainement beaucoup d’importance !
Savoir que nos cheveux sont tous comptés est finalement assez bouleversant puisque cela dit quelque chose de la façon dont Dieu nous aime et indique donc aussi la façon dont nous sommes appelés à aimer !
D. Martin PANHARD
« Vous n’en êtes pas dignes mais vous en avez besoin »
Après le sommet Eucharistique du Jeudi-Saint, nous nous retrouvons pour une grande fête de l’Eucharistie, celle du Saint Sacrement, Corps et Sang du Christ. C’est Jésus lui-même qui se donne en nourriture essentielle de notre vie. Le curé d’Ars disait : « Vous n’en êtes pas dignes mais vous en avez besoin ».
L’Évangile nous propose un extrait du long discours sur le Pain de vie. C’était après la multiplication des pains près du lac de Tibériade. Jusque-là, Jésus avait demandé à ses auditeurs de croire en sa parole. Aujourd’hui, Il franchit un nouveau pas dans la révélation de sa personne. Ce pain dont Il parle, Il dit que c’est lui-même « pain vivant » ; Il dit aussi que c’est « sa chair donnée pour la vie du monde ». Il annonce ainsi sa mort qu’II présente comme don de la Vie éternelle au monde.
Le Pain descendu du ciel, c’est donc Jésus lui-même. Sa chair et son sang sont une nourriture qui donne la Vie éternelle. Aujourd’hui comme autrefois, Jésus nous demande de faire un acte de foi. Il faut se nourrir de son enseignement et boire ses paroles. Elles sont celles du Fils qui nous apporte la vie du Père. Mais pour accueillir ce don, il nous faut sortir de nos certitudes et de nos raisonnements humains. Il nous faut avoir un cœur de pauvre, entièrement ouvert à celui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie ».
L’Eucharistie est « Pain de vie ». Cette fête d’aujourd’hui doit raviver notre désir de communion avec Dieu pour « demeurer en Lui et Lui en nous ». A chaque messe, nous célébrons le sacrifice du Christ et sa victoire sur la mort et le péché. Nous rendons grâce à Dieu qui ne cesse de nous combler de ses bienfaits. C’est en Lui que nous trouvons la vraie joie. Malheureusement, nous sommes trop souvent victimes de la routine alors que nous devrions être dans l’émerveillement. Nous entrons dans l’Eucharistie sans transition, sans préparation. Et nous repartons souvent sans avoir pris le temps d’accueillir Celui qui veut faire en nous sa demeure. Et surtout, nous n’avons pas compris que nous sommes envoyés vers le monde pour que le monde puisse s’approcher de ce mystère de Salut.
Il nous faut aujourd’hui retrouver la force du message de l’Évangile.
Quand nous sommes rassemblés pour célébrer l’Eucharistie, c’est vraiment LE moment le plus important de la journée et de toute la semaine.
Que cette bonne nouvelle nous mette dans la joie, l’action de grâce,
et donne un élan nouveau à toute notre vie.
D. Stéphane Pélissier
Nous fêtons ce dimanche la Sainte Trinité. Ce beau mystère nous rappelle non pas ce que Dieu fait, mais ce qu’il est, sa nature même. Si nous en avions un petit aperçu dans le « nous » utilisé dans le livre de la Genèse (Créons l’homme à notre image), c’est avec le Christ que les données sur la Trinité nous sont données.) le Père est Dieu : « il disait que Dieu était son propre Père, et il se faisait ainsi l’égal de Dieu. » Jean 5,18). Le Fils est Dieu : « Amen, amen je vous le dis : avant qu’Abraham ait existé, moi,
JE SUIS » Jean 8,58). Le Saint-Esprit est Dieu : « de toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (Matthieu 28,19).
Cette progression dans la Révélation est éclairée par la première lettre de Saint Jean où la nature de Dieu nous est dévoilée : « Dieu est Amour » (1 Jean 4,18). Ce que la première lecture de ce dimanche décrit en nombreuses expressions (Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité), saint Jean le résume en un mot. Nous voyons ainsi que le Seigneur, de la Création à la fête de la Pentecôte cherche à nous faire rentrer de plus en plus dans cette intimité divine. De créature extérieure à Dieu, nous devenons le Temple de l’Esprit, répandu dans nos cœurs. Le Pape Jean Paul II l’affirmait : « Dieu dans son mystère le plus intime n’est pas une solitude, mais une famille qui porte en elle-même la paternité, la filiation et l’essence de la famille qui est l’amour ». La prière du cœur nous fait goûter à cette joie Trinitaire qui est une joie unie au don de soi, à l’ouverture, bref à la relation.
En effet, si nous sommes à l’image de Dieu, ce n’est pas que nous pouvons nous construire nous mêmes, mais parce que nous sommes faits pour être en relation.
Le confinement a été l’occasion de voir en nous des merveilles de générosité et de créativité. Mais il nous a également rappelé la fragilité de notre nature, enclin à l’individualisme. Cette fête de la Trinité nous rappelle donc cette vocation à l’ouverture à l’autre qui est d’abord du Ciel avant d’être une caractéristique de notre humanité. Nous sommes faits pour l’Autre qui est Dieu et l’autre, notre prochain. Et pour aller encore plus, de cette communion nait la mission. En effet si le Bien se diffuse de soi, la Charité grandissante nous poussera à aller au dehors de nous-mêmes. C’est aussi ça la Sainte Trinité. Elle nous entraîne à aller vers ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas et qui n’aiment pas le Seigneur. Puissions nous nous confier à Jésus, en ce dimanche afin « qu’il purifie notre mal être et notre mal aimer et le transforme en amour vrai et authentique » (Benoit XVI). C’est ainsi que nous goûterons « le mystère d’un Dieu qui ne cesse de nous créer, de nous racheter, de nous sanctifier (…) et qui donne, à chaque créature qui l’accueille, de refléter un rayon de sa beauté, de sa bonté et de vérité» (Pape François). Terminons chers frères et sœurs par cette magnifique phrase de saint Paul reprise dans la liturgie de la messe : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soient avec vous tous » (2 Co 13, 13).
D. Christophe GRANVILLE
Aujourd’hui nous fêtons la descente de l’Esprit Saint sur les apôtres, mais plus largement sur l’Eglise tout entière. Cela veux dire que c’est tout le peuple de Dieu qui reçoit ce don pour qu’Il nous donne un accès au Père, dans le Christ !
Si Jésus peut affirmer sans crainte : « tout est accompli » (Jean 19,30), c’est parce qu’en remettant l’Esprit, Il sait que même si la sanctification du monde n’est pas encore achevée, elle le sera infailliblement grâce à l’action de l’Esprit Saint ! Par cette remise du Saint Esprit, l’Eglise n’est plus une institution humaine, fragile et changeante, mais une création divine indestructible contre laquelle « les puissances du mal ne peuvent rien (Matthieu 16,18)» !
« L’Esprit habite dans l’Église et dans les cœurs des fidèles comme dans un temple, c’est en eux qu’il prie et qu’il rend témoignage à leur adoption de fils de Dieu. Cette Église, qu’il guide vers la vérité tout entière, qu’il unifie par la communion et le ministère, l’Esprit lui fournit ses moyens d’action et la dirige par la diversité de ses dons hiérarchiques et charismatiques, il l’embellit par ses fruits. Par la vigueur de l’Évangile, il assure sa jeunesse, il la renouvelle sans cesse, il la conduit jusqu’à l’union parfaite avec son Époux. Car l’Esprit et l’Épouse disent au Seigneur Jésus : Viens ! L’Église apparaît ainsi comme « le peuple unifié qui participe de l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint ». (Concile Vatican II – Constitution Lumen Gentium)
Grace à sa présence, chaque fidèle reçoit une force particulière qui le rend capable et disponible pour assumer des entreprises et des fonctions diverses, avantageuses pour renouveler et développer l’Église, selon cette parole : Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous. Ces charismes, les uns plus éclatants, les autres plus simples et plus communément répandus, doivent être reçus avec action de grâce et réconfort, du fait qu’ils sont principalement adaptés et utiles aux besoins de l’Église. (Constitution Lumen Gentium)
Saint Cyrille de Jérusalem dans ses catéchèses reprend l’épisode de Jésus et de la Samaritaine pour parler de cet action vivifiante de l’Esprit Saint dans l’Eglise. Cette eau que Jésus veut donner à cette femme, qui étanche la soif et qui jaillit en ceux qui la reçoivent pour la vie éternelle n’est autre que l’Esprit Saint (Jean 4,14). Voici ce qu’il en dit : Parce que l’eau est à la base de tout ; parce que l’eau produit la végétation et la vie ; parce que l’eau descend du ciel sous forme de pluie ; parce qu’en tombant sous une seule forme, elle opère de façon multiforme. ~ Elle est différente dans le palmier, différente dans la vigne, elle se fait toute à tous. Elle n’a qu’une seule manière d’être et elle n’est pas différente d’elle-même. La pluie ne se transforme pas quand elle descend ici ou là, mais en s’adaptant à la constitution des êtres qui la reçoivent, elle produit en chacun ce qui lui convient.
L’Esprit Saint agit ainsi. Il a beau être un, simple et indivisible, il distribue ses dons à chacun, selon sa volonté. De même que le bois sec, associé à l’eau, produit des bourgeons, de même l’âme qui vivait dans le péché, mais que la pénitence rend capable de recevoir le Saint-Esprit, apporte des fruits de justice.
Pour que l’Eglise grandisse, puissions-nous, en recevant ce même Esprit,
le laisser porter en nous le fruit particulier que nul autre que nous ne peut porter !
D. Louis-Marie DUPORT
Ce 7ème dimanche de Pâques, « coincé » entre l’Ascension et Pentecôte, ressemble un peu au Samedi Saint : les onze apôtres sont dans l’attente. La fébrilité et la peur régnaient au lendemain de la mort du Christ et ce, malgré la triple annonce de la Résurrection faite par Jésus. Là, le contexte est différent : après la Résurrection, ils sont « en grande joie » (Luc 24,51). Suivant l’ordre explicite de Jésus (Actes 1,4), ils doivent rester à Jérusalem pour y attendre l’Esprit promis à plusieurs reprises. Que font-ils alors ? Ils prient assidûment et choisissent un successeur à Judas (Actes 1, 14.26). La crainte demeurait peut-être encore mais elle ne dominait plus leur cœur.
Depuis le début du confinement, nous faisons aussi l’expérience d’une peur collective et individuelle, la peur d’un virus contagieux, donc la peur de la mort. Ces dix semaines sans pouvoir participer au culte public nous a permis aussi de comprendre davantage la nécessité d’une prière qui soit personnelle et aussi communautaire. Le désir de participer de manière nécessaire à une liturgie paroissiale a été creusé par nos églises aux portes closes.
Dans le Nouveau Testament, la prière solitaire de Jésus est mentionnée à diverses reprises, mais ce n’est pas le cas pour les Apôtres : les auteurs sacrés insistent sur la prière commune de ceux qui suivent le Christ, que ce soit au Cénacle (où l’Esprit Saint leur sera donné) ou au Temple. C’est un enseignement fort pour les baptisés : la vie chrétienne a besoin de cette dimension communautaire de la prière. Prier seul ne suffit pas ! Même les chartreux, champions du silence et de la solitude, sortent sept fois par jour de leur cellule, pour prier ensemble à l’église conventuelle.
La prière commune nous désapproprie quant à la forme et au fond de notre relation à Dieu : nous y prions suivant des règles et avec des mots que nous n’avons pas choisis mais que nous recevons de Dieu, au travers de l’Eglise, avec des racines qui remontent jusqu’à la liturgie juive. Elle nécessite de prendre du temps, tout le temps nécessaire : à quoi bon vivre une messe dominicale en 35 minutes comme cela me fut réclamé un jour ? Elle constitue fréquemment la réponse de Dieu à nos attentes individuelles, à nos soucis du moment : qui n’a jamais trouvé dans la Parole de Dieu proclamée liturgiquement ou dans son commentaire, la lumière recherchée ? Il nous faut prendre les moyens de recevoir ce que Dieu veut nous dire.
Il en va de notre quête spirituelle comme du déploiement de la foi à travers les dogmes depuis la fin de la Révélation, à la mort du dernier apôtre. Cela concerne l’Eglise et au-delà même tous nos frères : « l’Esprit, qui repose sur l’Eglise depuis les origines, lui fait prononcer au moment opportun les paroles dont le monde a besoin… C’est pourquoi les richesses divines qu’elle possède depuis toujours, elle les prononce lentement, avec des mots humains » (P. Louis LOCHET).
Profitons donc de ces derniers jours du Temps Pascal, avant la Pentecôte, pour redonner un sens et une saveur à notre prière commune, en sachant que Marie y est présente comme elle l’était au milieu des apôtres qui attendaient de recevoir l’Esprit.
D. Stéphane PELISSIER
L’évangile que nous écoutons ce dimanche me fait penser à un fiancé qui parle de sa famille à sa fiancée. Il lui décrit l’attachement qu’il a avec les membres de sa famille, de l’amour très fort qu’ils partagent, du respect et de la grande délicatesse dont tous font preuve. Il souligne avec émerveillement la connivence qui s’est établie entre eux tous, de telle sorte qu’ils peuvent parler les uns pour les autres sans craindre de se trahir ou de se desservir. Au contraire, ils sont certains d’agir ou de parler exactement comme l’autre l’aurait fait ou souhaiterait qu’il le fasse. Ce fiancé se réjouit infiniment d’introduire bientôt son épouse dans cette communion familiale. Il est heureux pour elle car elle va s’établir et grandir dans cet amour où elle sera bientôt accueillie. Et même, elle y est très attendue ! La façon dont il lui parle témoigne de la joie profonde partagée par tous dans cette perspective.
C’est, en d’autres termes, ce que nous dit Jésus dans l’évangile. Il nous parle de son Père et de la communion d’amour qu’ils partagent au point qu’ils semblent parfois se confondre. Tout ce qui concerne le Père concerne le Fils et tout ce qui concerne le Fils concerne le Père de la même manière. Nous avons par exemple cette affirmation étonnante dans la bouche de Jésus : « Je ne vous laisserai pas orphelins ». Jésus n’est pas notre Père et ne le sera pas. Cela appartiendrait normalement au Père de le dire ! Mais Jésus fait tellement sienne la volonté de son Père qu’il peut parler en son nom en disant « je ». Et cette communion n’est pas refermée sur elle-même. En effet, après que le Père a donné son Fils aux hommes et que celui-ci s’est offert librement, ils donnent ensemble la troisième personne de leur communion : l’Esprit-Saint. Cet autre Défenseur qui sera toujours avec nous et qui fait de nous des fils et filles de Dieu pour toujours. Non, Jésus ne nous laisse pas orphelin, il est venu et a donné sa vie pour nous introduire et nous unir dans sa famille divine. Cette intention est le fruit du débordement d’amour qui unit le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Epouser ou être accueilli comme fils adoptif, voilà deux images qui expriment l’une et l’autre cette invitation à la communion. Dans les deux cas, il convient de faire sienne la culture de la famille qui devient la nôtre. Cette culture nous est transmise par l’évangile grâce auquel nous sommes progressivement préparés à cette communion éternelle. « Celui qui reçoit mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui ». Seigneur, donne-nous ton Esprit-Saint pour nous unir à toi !
D. Martin PANHARD
L’Eglise nous donne comme nourriture biblique dominicale, le début des « discours après la Cène » dans l’Evangile de Saint Jean. Jésus vient annoncer à la fois la trahison de Judas et le reniement de Pierre. L’Iscariote vient de sortir. Ambiance… Jésus veut d’abord les rassurer, les apaiser, pour que les onze puissent l’écouter vraiment. Au terme de ce qui est un « repas d’adieu », le Christ laisse parler son cœur en des paroles « testamentaires ». C’est à la fois naturel et aussi une manière que l’on retrouve abondamment dans la littérature biblique. (Saint Paul fera ainsi dans la moitié de la 2ème lettre à Timothée). Ce texte est fréquemment choisi pour la célébration des funérailles, les raisons en sont diverses. Il contient des vérités essentielles : croire en Dieu revient à croire nécessairement au Christ, signe à la fois que Jésus a parfaitement conscience d’être homme et Dieu et qu’à cet instant, les apôtres peuvent recevoir une telle affirmation. Comment se dire chrétien, apôtre de Jésus, sans croire qu’Il est le Fils de Dieu ? Jésus leur et nous donne le but ultime, entrer dans la maison du Père. La maison de Dieu ne sera plus le Temple, évoqué encore par Jésus, à Marie et Joseph qui le cherchaient, mais l’intimité de Dieu, le « chez-soi du Verbe » avec le Père et l’Esprit : cette « maison de famille trinitaire » sera ouverte à tous ceux qui seront devenus, par grâce, « enfants de Dieu » (relire pour cela le Prologue de Jean). Nul besoin désormais d’un médiateur (Moïse, le grand-prêtre), ni même d’une demeure (le Temple). La fin ultime de l’homme est d’être accueilli dans l’éternité du Père, uni au Fils, dans l’Esprit. Combien y seront admis ? Peu importe. Le terme grec « polloï », traduit par « beaucoup », a un sens illimité de multitude. La béatitude n’est pas un concours avec numerus clausus, elle est la fin ultime (plus que la destinée forcément un peu aveugle), elle est la vocation de tout homme.
Non seulement, il y a de la place mais il y a une place pour chacun ; il s’agit de votre place, personnelle, unique !
Comme le Seigneur a marché devant les Hébreux (Exode ; Deutéronome 1. 29-33), le Christ précède tout homme dans la Résurrection et dans l’Eternité du Père. Le Verbe s’est fait chair pour entrainer tout homme créé et racheté par Lui, à travers la Croix et l’Ascension, auprès du Père.
C’est le premier réconfort que nous procure la foi (verset 1). Arraché au regard des hommes, le Christ ressuscité dans sa chair « peut sauver définitivement ceux qui par Lui s’avancent vers Dieu, puisqu’il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur » (Hébreux 7, 25).
Le Christ n’est pas seul dans cette intercession, les saints y participent puisqu’ils « vous reçoivent dans les demeures éternelles » (Luc 16. 9)
Non seulement, le Christ nous fait entrer dans SA VIE, SA LUMIèRE et SA JOIE, mais il nous associe activement à la communion des saints.
Rien n’empêche de prendre le « Je Suis » en son sens divin exprimé plus tôt auprès des pharisiens : « Avant qu’Abraham fût, Je Suis » (Jean 8. 58)
Sous l’image exprimée par plusieurs mots (demeure, place, maison, ciel) la réalité dont il nous parle est une « participation à la Nature divine » (2ème lettre de Pierre 1.4) qui nous rend capable de vivre l’intensité d’existence et cet Être éternel qu’est Dieu. Le même Saint Jean ne dira rien d’autre dans sa première
lettre (3. 2) : « Nous serons semblables à Lui parce que nous le verrons tel qu’Il est ». Les questions respectives de Thomas et de Philippe ne laisseront pas Jésus insensible, par leur caractère improbable voire déficient…
Le chemin, nous le cherchons… C’est le Christ ! Dieu, nous le cherchons… C’est le Christ !
Philippe se voit reprocher son manque de foi et d’intelligence des choses divines, malgré sa proximité quotidienne avec le Christ, depuis près de 3 ans. La patience du Christ à son égard n’est pas une menace pour nous, elle est une garantie de la patience du Père à l’égard du prodigue comme une récompense offerte à la proximité loyale de l’ainé (Luc 15. 11-31)
Comme je le dis souvent aux mourants au chevet desquels je suis appelé : « Dieu vous espère, Dieu vous attend, car il vous aime ».
D. Stéphane Pélissier