Voilà une affirmation de Jésus qui fait parfois sourire ceux pour qui ce n’est pas une opération difficile… Il ne s’agit apparemment pas de la nouvelle la plus importante de l’évangile. Savoir que Dieu connait le nombre exact de nos cheveux nous amuse un peu mais ne va peut-être pas changer notre vie. On préfère poursuivre un peu la lecture de l’évangile à la recherche d’une information plus existentielle. Pourtant, si Jésus a pris la peine de le dire et si l’évangile le conserve si précieusement, c’est peut-être que cette parole n’est pas si anodine. A y regarder de plus près, on peut en tirer les réflexions suivantes.
Premièrement, il y a quelque chose d’infini en moi que je ne connais pas et que Dieu connait parfaitement. Si c’est vrai pour les cheveux, c’est vrai de tout. Chacun est un mystère à ses propres yeux. La profondeur, la hauteur de notre être profond, nous ne pouvons pas les mesurer. Il y a bien quelque chose d’infini en nous. La valeur de nos actes que notre Père voit dans le secret nous échappe mais ne lui échappe pas. « Ton Père voit ce que tu fais dans le secret, il te le revaudra » (Cf. Matthieu 6, 4.6.18).
En second lieu, cet infini qui m’échappe et que Dieu connait ne l’empêche pas de s’intéresser au détail. Chaque cheveu est compté ! Chacun est connu de Dieu. Paradoxalement, ce qui nous parait revêtir le moins d’importance retient l’attention inconditionnelle de Dieu. Parfois nous nous cachons à nous-même ce qui est important pour nous alors qu’en toute honnêteté la perte des cheveux, par exemple, peut devenir un traumatisme. Quant à Dieu, il assume parfaitement que c’est important. Chaque détail de nous-même compte. Et Dieu le prend en charge paternellement.
Quant à nous, ayant entendu notre vocation : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! » (Matthieu 5, 48), comment pouvons-nous nous en inspirer pour mieux nous aimer les uns les autres ? Si Dieu nous aime ainsi nous devons, nous aussi, aimer de la même manière. Savons-nous considérer l’infini en chaque personne ? Savons-nous ne pas enfermer les gens dans des cases ou des catégories ? Pouvons-nous remarquer chez chacun quelque chose qui nous dépasse et nous en émerveiller ? Sommes-nous également capables de porter attention aux mêmes personnes dans le détail ? Sans dire trop vite que ça n’a pas d’importance ? Car Dieu lui-même y accorde certainement beaucoup d’importance !
Savoir que nos cheveux sont tous comptés est finalement assez bouleversant puisque cela dit quelque chose de la façon dont Dieu nous aime et indique donc aussi la façon dont nous sommes appelés à aimer !
D. Martin PANHARD