Nous fêtons ce dimanche la Sainte Trinité. Ce beau mystère nous rappelle non pas ce que Dieu fait, mais ce qu’il est, sa nature même. Si nous en avions un petit aperçu dans le « nous » utilisé dans le livre de la Genèse (Créons l’homme à notre image), c’est avec le Christ que les données sur la Trinité nous sont données.) le Père est Dieu : « il disait que Dieu était son propre Père, et il se faisait ainsi l’égal de Dieu. » Jean 5,18). Le Fils est Dieu : « Amen, amen je vous le dis : avant qu’Abraham ait existé, moi,
JE SUIS » Jean 8,58). Le Saint-Esprit est Dieu : « de toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (Matthieu 28,19).
Cette progression dans la Révélation est éclairée par la première lettre de Saint Jean où la nature de Dieu nous est dévoilée : « Dieu est Amour » (1 Jean 4,18). Ce que la première lecture de ce dimanche décrit en nombreuses expressions (Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité), saint Jean le résume en un mot. Nous voyons ainsi que le Seigneur, de la Création à la fête de la Pentecôte cherche à nous faire rentrer de plus en plus dans cette intimité divine. De créature extérieure à Dieu, nous devenons le Temple de l’Esprit, répandu dans nos cœurs. Le Pape Jean Paul II l’affirmait : « Dieu dans son mystère le plus intime n’est pas une solitude, mais une famille qui porte en elle-même la paternité, la filiation et l’essence de la famille qui est l’amour ». La prière du cœur nous fait goûter à cette joie Trinitaire qui est une joie unie au don de soi, à l’ouverture, bref à la relation.
En effet, si nous sommes à l’image de Dieu, ce n’est pas que nous pouvons nous construire nous mêmes, mais parce que nous sommes faits pour être en relation.
Le confinement a été l’occasion de voir en nous des merveilles de générosité et de créativité. Mais il nous a également rappelé la fragilité de notre nature, enclin à l’individualisme. Cette fête de la Trinité nous rappelle donc cette vocation à l’ouverture à l’autre qui est d’abord du Ciel avant d’être une caractéristique de notre humanité. Nous sommes faits pour l’Autre qui est Dieu et l’autre, notre prochain. Et pour aller encore plus, de cette communion nait la mission. En effet si le Bien se diffuse de soi, la Charité grandissante nous poussera à aller au dehors de nous-mêmes. C’est aussi ça la Sainte Trinité. Elle nous entraîne à aller vers ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas et qui n’aiment pas le Seigneur. Puissions nous nous confier à Jésus, en ce dimanche afin « qu’il purifie notre mal être et notre mal aimer et le transforme en amour vrai et authentique » (Benoit XVI). C’est ainsi que nous goûterons « le mystère d’un Dieu qui ne cesse de nous créer, de nous racheter, de nous sanctifier (…) et qui donne, à chaque créature qui l’accueille, de refléter un rayon de sa beauté, de sa bonté et de vérité» (Pape François). Terminons chers frères et sœurs par cette magnifique phrase de saint Paul reprise dans la liturgie de la messe : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soient avec vous tous » (2 Co 13, 13).
D. Christophe GRANVILLE