Editorial Principal

Les héros du dimanche matin

Les héros du dimanche matin 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Récemment un jeune père de famille, à qui l’on demandait la raison de son absence prolongée à la messe dominicale, nous confiait que l’un de ses enfants en bas âge était ingérable. Et qu’en conséquence, il préférait ne plus déranger la communauté. Voici donc une réponse à son intention que vos prêtres désirent vous partager !

Chers jeunes foyers :
Quel bonheur de vous voir tous les dimanches matin à la messe ! Je ne vous cache pas qu’un sentiment de joie jaillit toujours de mon cœur quand vous franchissez la porte de l’église avec votre petite tribu…
-Même si parfois vous arrivez en retard, parce que c’est toujours une expédition de venir à la messe en famille !
-Même si parfois vos enfants sont déjà très toniques dès le chant d’entrée et que la messe s’annonce sportive !
-Même si parfois votre bébé hurle jusqu’à se rompre les cordes vocales et que tout le monde vous regarde gêné !
-Même si parfois vous êtes obligés de courir précipitamment pour attraper votre bambin de 3 ans qui s’agrippe à la nappe de l’autel ! Allez comprendre…
-Même si parfois, découragés, vous entendez cette petite voix en vous : « à quoi bon tout ça… est-ce vraiment utile ? »
Oui ! Tenez bon ! Je sais combien la fidélité à la messe dominicale en famille relève pour certains de l’héroïsme. Voici quelques pistes pour vous encourager :
Rappelons-nous, tout d’abord, que la messe est un mystère d’amour qui nous dépasse tous. Il serait vain de croire qu’un enfant doit pouvoir « comprendre  » la messe pour commencer à y participer ! Depuis son baptême, la grâce sanctifiante habite le cœur de votre enfant. Cette grâce vivante et dynamique, comme la graine de sénevé de l’évangile, n’aspire qu’à se déployer. Dimanche après dimanche, par votre fidélité à la messe, votre enfant se familiarise avec le Christ : silencieusement son cœur se transforme.
La messe est nécessaire également pour votre foyer. En effet, par votre sacrement de mariage vous êtes devenus une « Eglise domestique ». Le Christ vous accompagne et, à travers vos relations quotidiennes, il vous invite à vous accueillir mutuellement et à vous donner généreusement pour grandir ensemble dans l’amour. Quelle belle vocation ! Mais comment la vivre pleinement sans vous retrouver tous ensemble, une fois par semaine, sous le regard du Christ ? Pour édifier votre « Eglise domestique », vous avez besoin de vous « brancher » ensemble sur le Cœur du Christ et de prendre votre place dans la « grande Eglise » qu’est la paroisse.
Enfin, votre mission de parents chrétiens consiste à transmettre votre foi à vos enfants et à disposer leur cœur à vivre une vraie rencontre avec le Christ. Cela passe par des attitudes très concrètes, par exemple : 1) faire avec lui son signe de croix ; 2) s’approcher avec lui de l’autel et lui souffler dans l’oreille un « Jésus j’ai confiance en toi » ou « Jésus je te donne mon cœur » au moment de l’élévation de la sainte hostie et du calice ; 3) lui donner le coloriage qui illustre l’évangile la veille de la messe (cf. https://moniqueberger.fr/) etc…Dites-lui surtout, avec des mots très simples, combien votre relation avec le Christ est importante pour vous… Rien ne remplace en effet l’exemple et le témoignage sincère des parents.
Chers parents, ne lâchez rien, votre présence est un cadeau pour toute l’assemblée ! Oui, nous sommes fiers de nos héros du dimanche matin !
Vos prêtres.

« Nous voyons »

« Nous voyons » 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

J’imagine un instant l’aveugle-né, arrivé en tâtonnant à la piscine de Siloé, qui se lave… et qui voit ! Ses yeux s’ouvrent enfin ! Il découvre la lumière, le ciel, l’eau, son propre visage dans le reflet de l’eau : comme tout devait être beau pour lui, avec ses yeux nouveaux !
Comme il devait avoir hâte d’aller voir le visage de ses parents pour la première fois de sa vie ! Comme il a dû avoir hâte aussi d’aller rencontrer ce Jésus qui lui avait mouillé les cavités oculaires (qu’y avait-il à la place ?) et lui avait dit : « va te laver à la piscine de l’Envoyé ! »
Comme tout est beau, quand on a des yeux nouveaux !
Pour nous, c’est la foi. La foi donne des « yeux nouveaux ». Pour les catéchumènes, ça sera le jour de leur baptême : en se plongeant dans la piscine baptismale, ils recevront non seulement des yeux mais tout un être nouveau, et tout leur semblera beau, et cette nuit-là, en la Vigile Pascale, leur semblera plus claire que le jour !

  • « Chacun voit midi à sa porte ! » Le nouveau baptisé, avec ses « yeux nouveaux  », voit midi toujours et partout : c’est la joie de la foi ! Un enthousiasme inextinguible ! La joie de l’illumination. Oh ! Tout est beau dans la foi : « Jésus, tu es mon Soleil, mon Bouclier, ma Vie, mon Amour ! Tu es la Lumière du monde. Avec Toi, j’ai le Chemin, la Vérité et la Vie ! Rien ni personne jamais ne m’enlèvera cette joie ! »
  • « Non ce n’est pas vrai, l’homme descend du singe et on s’est fait tout seul, il n’y a pas de Dieu ou il est mort et j’ai pris sa place ! » Mensonge noir de ténèbres de mort dans un terrible aveuglement qui pourrait être lui aussi inextinguible…
  • « Oh, tout est beau dans la foi, la joie de découvrir que Dieu est présent dans nos vies et que tout est dans sa main, que tout est grâce, que tout est Providence… »
  • « Non, ce n’est pas vrai, si Dieu existait il n’y aurait pas le mal, les hommes si méchants, les souffrances si terribles ; il faut ouvrir les yeux sur le crépuscule de nos illusions… »
  • « Mais non mon pauvre, c’est toi qui es aveugle, convertis-toi, Dieu t’aime, il est là, il est tout-puissant, pas un cheveu de nos têtes ne lui échappe, mais il a tout fait pour que notre liberté reste intouchable, pour notre noblesse ou notre tragédie. À nous le choix ! Tout est beau dans la joie de la foi, l’Eglise qui donne les sacrements depuis 2000 ans, ces célébrations pascales qui chantent notre foi, nos catéchumènes, les apparitions, Lourdes, Paray-Le-Monial, les miracles, Jean-Paul II, Mère Teresa… Oui, ouvrons les yeux sur ces réalités ! »
  • « Non ! Les croisades, l’inquisition, l’argent du Vatican, la pédophilie… »
  • « Ah ! Jésus, tu es beau pourtant. Tu es venu dans le monde pour un amour merveilleux qui donne sens à toute l’histoire humaine et à mon histoire personnelle. »
    Pourquoi les ténèbres repoussent-elles ainsi la lumière de la Vérité ? Est-ce la vérité qui s’y prend mal ou est-ce l’aveuglement volontaire des hommes ? Qui est aveugle ? Et qui voit ?
    « Vous dites : “nous voyons !” » ; vous dites : “ouvrez les yeux, c’est nous qui avons raison de broyer du noir, l’homme n’est qu’une souillure qu’il faut songer à réduire…” Mais c’est vous qui demeurez dans le péché, dans un aveuglement qui, s’il est volontaire, est inguérissable. Chacun voit midi à sa porte, et peut être têtu. Mais “les faits sont têtus” eux aussi, et un jour on peut rejoindre la réalité, ou plutôt se laisser rejoindre par elle. Jésus est vivant. Il est Dieu, Envoyé de Dieu. Il est Lumière, née de la Lumière. La foi est l’œil nouveau qui rejoint vraiment cette Lumière de la Vie.
    « – Béni sois-tu Jésus, de m’avoir donné des yeux nouveaux, les yeux de la Foi, non pas pour me bercer d’illusion, mais pour me faire voir les choses comme elles sont réellement, sous ta Lumière et ta Vérité. Et cette joie, personne ne me l’enlèvera ! »
    Don Laurent LARROQUE

Une soif insatiable

Une soif insatiable 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Nous avons peu l’expérience du désert mais nous comprenons bien que l’eau y est indispensable, nécessaire… vitale ! Le dialogue de ce dimanche entre Jésus et la Samaritaine part de ce besoin physiologique élémentaire : « J’ai soif » lui dit Jésus. Peu à peu à travers la conversation le Seigneur la rejoint sur sa soif viscérale : celle d’être aimé… « va, appelle ton mari ». Nous avons tous ce besoin d’amitié et d’amour plus ou moins maladroitement recherché, c’est une soif intérieure plus profonde encore que la soif du corps. Cela nous taraude depuis la plus tendre enfance et même au soir de notre vie, nous n’en serons pas assouvis. Jésus se présente comme la source d’eau vive, celle qui peut enfin désaltérer cette soif originelle.
Les catéchumènes que nous accompagnons vers le baptême, nous rappellent par leur désir et leur cheminement la beauté de cette eau vive que seul le Christ est capable de donner. Ils ont déjà goûté et bu un peu de cette eau et veulent y puiser davantage. Que c’est beau pour nous chrétiens habitués de les voir assoiffés et réclamant d’y boire encore, davantage ! C’est une belle leçon. Ils témoignent déjà pour nous qui sommes quelquefois un peu trop habitués de la nécessité de cette eau vive que nul autre que Jésus ne peut donner. Merci !
Le rocher de l’Horeb que Moïse a frappé, laissa couler une source dans le désert. Ce rocher et cette source sont une préfiguration de la Passion et du côté ouvert de Jésus. L’Eglise témoigne que c’est bien du Cœur Sacré de Jésus que nous trouvons l’eau qui donne la vie, nous désaltère vraiment, nous recrée en profondeur.
Ce cœur qui nous a tant aimés est bien la source véritable de l’amour dont notre humanité a tant besoin. Cet amour est bien le seul qui peut nous satisfaire parce que, non seulement il est infini, mais il est aussi constant et inconditionnel. Toutes les preuves d’amour dont nos contemporains sont capables et qui nous font du bien, laissent un goût de trop peu, de trop court ! notre soif est insatiable !
L’amour qui coule du cœur du Christ, reçu dans les sacrements de la foi est bien celui qui peu apaiser notre soif ! Y goûter, c’est découvrir cette soif de Dieu pour nous, plus grande encore que la nôtre

Don Marc-Antoine Croizé-Pourcelet

Affermis la foi de tes frères

Affermis la foi de tes frères 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Notre Seigneur Jésus Christ est transfiguré sur une haute montagne devant Pierre, Jacques et Jean. Il veut augmenter la foi de ses apôtres qui auront de très grandes épreuves à vivre prochainement avec la trahison, le jugement, la mort et la Résurrection de notre maître et Seigneur. Cet évènement arrive une fois que Saint Pierre a proclamé sa foi en Jésus comme étant le Messie de Dieu. Cela arrive donc, non pas pour donner la foi, mais pour l’affermir. En effet les miracles de Dieu qui peuvent arriver dans nos vies, ne nous donnent pas la foi, puisque devant l’incompréhensible, l’homme a le choix de croire ou de ne pas croire. La foi est un don de Dieu qui est accepté ou non par notre volonté. Devant ce qui est au-dessus de notre intelligence, à bien des moments, les hommes ont refusé de voir les signes de Dieu. Le cas le plus évident semble être les miracles de Jésus devant les pharisiens trop enfermés dans leur désir de supprimer Jésus qui leur fait de l’ombre pour pouvoir reconnaitre l’œuvre de Dieu.
Pour nous aussi qui vivons le carême, cette transfiguration est donnée. Nous ne l’avons pas vécue réellement, mais il me semble que le Christ qui se montre dans une nature qui nous est facile d’accès, (à savoir un Dieu tout-puissant que nous pouvons voir dans l’éclat de sa Gloire) peut nous affermir tout autant. Ça fait du bien de voir Jésus capable d’une puissance comme nous les hommes nous l’entendons. Enfin, -si l’on peut dire- Dieu se montre capable d’écraser ses ennemis. Cette puissance absolue, Dieu la possède mais ne la montre qu’à de rares occasions car ce n’est pas la volonté des hommes que le Messie est venu servir mais bien celle de son Père qui montre sa force par sa miséricorde et non par sa Gloire écrasante.
Vivons cet évangile de la Transfiguration comme un affermissement de notre foi ! Chacun dans nos vies avons des moments où Dieu s’est manifesté d’une manière spéciale que seul nous-mêmes avons perçu. Ces moments intenses avec Dieu sont des petites transfigurations auxquelles nous avons eu la grâce de participer : des moments forts dans la prière, des guérisons, des évènements improbables qui arrivent après de longues prières… Sachons nous en souvenir pour tenir durant ce Carême dans les résolutions que nous nous sommes donnés. Ainsi nous pourrons aider nos frères qui faiblissent et qui ont besoin d’être affermis dans la foi. « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père plein de tendresse, le Dieu de qui vient tout réconfort. Dans toutes nos détresses, il nous réconforte ; ainsi, nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse, grâce au réconfort que nous recevons nous-mêmes de Dieu » (2 Co. 1,3-4)
Don Bruno de Lisle

Comment devient-on chrétien ?

Comment devient-on chrétien ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

La nuit du 8 au 9 avril, Naïla, Vaïana, Sandra, Laurent et Matthieu, cinq de nos catéchumènes, vont recevoir le baptême au cours de la Vigile Pascale. Ce temps du Carême était autrefois ce long chemin par lequel les futurs baptisés se préparaient à devenir chrétiens. C’est pour nous l’occasion de nous rappeler qu’on ne devient pas chrétien en un court instant mais par une transformation ou une conversion que chacun d’entre nous doit suivre pas à pas. Ce Carême et tous ceux qui ont précédé sont à l’image de notre vie où, sans cesse, nous approfondissons la foi de notre baptême et devenons un petit peu plus chrétiens.
Cela ne se passe jamais tout seul.
Le sacrement du Baptême est un don gratuit. Il n’est pas le résultat d’un cursus, comme un diplôme viendrait récompenser un apprentissage scolaire réussi ! On ne devient pas chrétien par nos performances mais en nous laissant guider par Dieu. En laissant Dieu agir en nous. Ce n’est donc pas tout seul que nous devenons chrétiens. C’est en abandonnant l’illusion de l’auto-réalisation que tout commence.
Dieu est notre créateur et nous ne vivons jamais aussi bien que lorsque nous nous recevons de lui. Les 10 minutes de prière silencieuse que nous proposons à chacun de vivre pendant ce Carême veulent nous redonner ce lien vital qui nous relie à Dieu.
On le comprend également autrement.
Le chrétien est aussi en lien avec une communauté, une famille, au sein de laquelle il reçoit beaucoup. Les autres chrétiens nous élèvent par leur foi et par la prière commune. Ces 10 minutes par jour seront un lien puissant d’unité et d’amour entre nous, à la façon d’une réalité existante déjà sur la paroisse, le monastère invisible.
Le Carême est un temps de jeûne.
Comme Jésus au désert et avant lui tout le peuple libéré de l’esclavage des égyptiens, le désert a été un temps d’épreuve. Pour devenir chrétien, « il faut aussi avoir la force de se dépasser, de résister à la pesanteur naturelle du laisser-aller ». Ces mots du cardinal Ratzinger nous réveillent ! Mais attention ce jeûne ne doit pas avoir le mauvais effet de nous recentrer sur nous-mêmes  ! Comme par exemple jeûner pour retrouver la ligne avant les beaux jours. Le jeûne est un acte qui nous libère de nous-mêmes pour mieux nous ouvrir à Dieu et aux autres. Ce manque est inconfortable mais est vital pour devenir chrétien. Le petit guide paroissial du Carême nous guidera pour incarner au-mieux ce jeûne.
Un désert mal famé ?
Dans l’évangile de ce dimanche, nous voyons Jésus tenté par Satan. Le chrétien appartient à cette famille qu’est l’église. Cette Église aujourd’hui nous semble peut être moins vaillante que dans le passé ou fragile, dans un contexte difficile. Jésus nous invite à traverser avec courage notre vie dans ce contexte qui semble dangereux à bien des égards. En refusant de céder aux tentations, Jésus nous conduit au-delà du seul pain, du sensationnel et du triomphe qui sont des faux saluts. Dans ce désert, nous avons cependant la certitude de trouver la présence de Dieu qui fera sortir du Rocher inerte l’eau qui donne la vie. Acceptons simplement une fois de plus, avec patience et foi, les circonstances de notre Carême ainsi que celles de notre vie. Avançons, comme un pas de plus dans le désert. Mais un pas essentiel qui nous rapproche, nous le savons, plus de Dieu que si nous restions assis sur notre caillou à attendre que les choses changent d’elles-mêmes. Allons ensemble à la rencontre du Dieu Vivant !
Bon Carême chers paroissiens !
Don Christophe GRANVILLE

L’amour est l’accomplissement
de la loi (2)

L’amour est l’accomplissement
de la loi (2)
150 150 Paroisses de Saint-Raphael

L’Evangile de ce dimanche est la suite des six « antithèses » proclamées par Jésus : « on vous a dit…, mais moi je vous dis… » Nous avons cette semaine les deux dernières antithèses, qui insistent sur le thème de « l’amour, accomplissement de la loi » (Rm 13,8-10).
Cette fois encore, Jésus est radical et absolu, de sorte que l’on a tendance à dire : “c’est utopique. Il n’y a que dans les films que l’on voit un chrétien tendre une autre joue à celui qui le frappe”. D’ailleurs Jésus lui-même a repris le valet qui le frappa, au début de sa Passion, il ne l’a pas d’emblée laissé le gifler deux fois (Jn 18,22-23). Il a confronté le méchant à sa méchanceté ; sans violence, cependant. La première lecture nous parle aussi de ce vrai amour du prochain qui consiste à savoir le reprendre s’il le faut.
Jésus, en parlant de « tendre l’autre joue » a employé une hyperbole, c’est-à-dire une exagération pour mieux faire comprendre l’idée de ne pas résister au mal par le mal, mais par le bien (cf Rm 12,17-21). C’est possible, ce n’est pas utopique, parce que « Dieu donne ce qu’il ordonne » dit saint Augustin ; « c’est Lui qui opère en vous et le vouloir et l’action même ! » (Phil 2,13 ; cf Eph 2,10).
Rappelons que Jésus avait introduit son discours par cette affirmation : « Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir la Loi et les prophètes », et qu’il le conclut, ce dimanche, par cette phrase : « Vous serez donc parfaits comme votre Père du Ciel est parfait. »
Non pas un perfectionnisme, qui nous laisse seul avec nous-mêmes, mais une perfection de cœur à cœur avec Dieu le Père par Jésus ; être fils dans le Fils, par son Esprit de Fils. D’où la prière du “Notre Père”, qui suit de près cet Evangile et qui est le cœur de tout ce grand discours sur la montagne. C’est Lui, par le Christ, qui est la fin (cf Rm 10,4), et la Loi est seulement un moyen.
Si durant le Carême, on essaye de “s’y remettre”, ce n’est pas avec “plus de loi” mais avec “plus d’Esprit”.
« Accomplir la loi et les prophètes » se comprend aussi comme une purification  : il fallait ramener la Loi à son véritable noyau, à son centre vital nécessaire et suffisant : l’amour de Dieu et du prochain. Tout est “rattaché” aux deux premiers commandements (Mt 22,34-40). Qu’il y ait l’amour, il y a toute la Loi. Qu’il manque l’amour et tout se disloque et s’entrechoque (cf aussi Mt 23,23).
Enfin, cet “accomplissement” est une absolutisation. Les huit béatitudes ont déjà ce sens, puisqu’on passe de l’interdiction négative à l’observation positive  ; non plus : “tu ne feras pas ceci ou cela”, mais : “bienheureux êtes-vous si vous faites ceci ou cela”, à l’infini dans le bien. Il ne s’agit pas de remplacer par autre chose mais d’absolutiser l’observance. C’est aussi l’esprit des six antithèses. En somme : « la mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure » (St Bernard).
Mais, redisons-le, non pour absolutiser la production d’un résultat, car « nous ne pouvons rien faire » (Jn 15,5) sans la grâce de Dieu, “qui opère lui-même en nous” comme la sève dans le rameau de vigne. Certes il faut la “synergie” de notre pauvre bonne volonté, mais ce qu’il faut absolutiser ce n’est pas le résultat, c’est la relation filiale, le cœur à cœur avec Dieu Père, par le Christ, dans l’Esprit.
« Si tu veux être parfait, selon l’Evangile, …suis-Moi » ! (Mt 19,21) Deviens disciple du Christ. Telle est la Loi en sa plénitude. En ce sens ce n’est pas une “loi” mais “la grâce de l’Esprit-Saint répandue dans nos cœurs par la vie de Foi en Jésus”, « le Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Gal 2,20).
C’est le mot “disciple” qui est finalement comme l’équivalent du mot “loi” selon l’Evangile. Non pas une loi mais une relation personnelle à Jésus. De là, « aime et fais ce que tu veux. »
Don Laurent LARROQUE

L’Amour est l’accomplissement de la Loi

L’Amour est l’accomplissement de la Loi 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir la Loi et les prophètes. » Et « si vous vous contentez de la justice des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux. » Ces deux phrases de Jésus sont une introduction au discours qui suit, que l’on appelle “les antithèses” (« on vous a dit…, mais moi je vous dis… »), lequel se conclut (dimanche prochain) par cette phrase : «  Vous serez donc parfaits comme votre Père du Ciel est parfait. »
Jésus voudrait du perfectionnisme ? Certes non. Il ne s’agit pas de vouloir y aller « à la force du poignet » : il s’agit d’une synergie entre Dieu et nous, ou mieux, de Dieu en nous. « L’amour de Dieu répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit en nous. » (Rm 5,5).
Il faut un effort de l’homme : « efforcez-vous d’entrer par la porte étroite »
(Lc 13,24), mais en sachant que « sans moi vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,5) Et cependant, comme dit Saint Augustin, « Dieu t’a créé sans toi, mais il ne te sauvera pas sans toi. » Sans notre bonne volonté, pauvre et minimale, Dieu ne peut pas nous sauver.
Une synergie. Dieu en nous, avec notre pauvre petite bonne volonté.
Et quelle est cette « justice des scribes et des pharisiens » ? De quoi Jésus parle-t-il ? Il parle d’un rapport à Dieu faussé. Un rapport à Dieu où le moyen est devenu une fin. Le moyen, c’est la Loi, expression de la volonté de Dieu. Pratiquer la loi pour être en rapport d’obéissance à Dieu, de conformité à sa volonté, pour être en rapport de filiation vis-à-vis d’un Dieu Père, qui ne veut pas la règle pour elle-même, mais pour qu’elle soit le moyen d’expression pour aller à Lui, pour entrer en communion de volonté avec Lui, pour une communion d’Amour et de Vie. Le légalisme idolâtre le moyen (ce qui permet à l’homme de s’idolâtrer lui-même) et le détourne de sa fin. La Loi pour elle-même, ce qui peut s’exprimer aussi : “du moment que je suis en règle, Dieu n’a rien à me reprocher”, sous-entendu : “il me fichera la paix et je garderai la saine distance vis-à-vis de cet être trop envahissant (parce que je préfère subtilement m’auto-diviniser)” ; et même davantage : “c’est moi qui acquiers des droits sur lui” : «  cela fait tant d’année que je te sers sans jamais avoir transgressé un seul de tes ordres, je suis parfaitement en règle, donc… Donc j’ai donc des droits sur Toi et Tu as des devoirs envers moi. » (Cf Lc 15,28-29).
« Non, mon fils, tout le bien que tu as fait, c’est Moi qui l’ai fait en toi, dans la mesure où tu m’as laissé faire. Ne pense pas avoir des droits sur moi mais pense à me rendre grâce d’être resté en grâce jusqu’à ce jour. » Et l’on suppose que ce « fils aîné », ce pharisien pur et dur, en effet, selon la fin de la parabole, « n’entre pas » dans la communion avec son Père. C’était le Père qui était pourtant sorti l’en supplier…
« La fin de la Loi, c’est le Christ » (Rm 10,4). La Loi n’est pas là pour elle-même mais pour amener au Messie, au Fils, à la Filiation. « Celui qui aime a accompli la Loi » (Rm 13,8) ; (“Rm”, cela veut dire “Epître de Saint Paul aux Romains”. Saint Paul, c’est un ancien pharisien qui a tout compris.)
Il faut que notre justice dépasse ce légalisme des scribes et des pharisiens, non pour de nouvelles manières d’être impeccablement en règle, même si la loi reste de l’ordre des moyens nécessaires – et insuffisants, mais pour accueillir l’Esprit de notre Père. « Combien le Père est prêt à donner l’Esprit-Saint à ceux qui l’en prient. » (Lc 11,13).
C’est pourquoi la prière du Notre Père est au centre de tout ce discours de Jésus sur la Montagne. Prier notre Père. Etre dans une attitude de pauvre. Heureux les pauvres de cœur, car ils ont la porte d’entrée dans le Royaume des Cieux.

Don Laurent LARROQUE

Sel de la Terre,
lumière du monde

Sel de la Terre,
lumière du monde
150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Chers amis, ce dimanche, au milieu du discours sur la Montagne et de la loi nouvelle, entre les béatitudes et les exigences de se mettre à la suite du Christ, Jésus nous révèle la mission des chrétiens : être «  le sel de la Terre et la lumière du monde ».
Ceux qui entrent dans le Royaume de Dieu par le baptême après avoir écouté le maitre sont appelés à la sainteté « soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » et à la mission. Les dons de Dieu doivent être partagés, « à qui on a beaucoup confié on réclamera davantage ».
Pour cette mission Jésus emploie ces deux images du sel et de la lumière. Chez les juifs du temps de Jésus, le sel ne sert sans doute pas d’abord à donner du goût mais plutôt à conserver les aliments à une époque où il n’y a pas de réfrigérateur ! Les disciples du Christ reçoivent donc cette mission de conserver les dons de Dieu pour que l’alliance de Dieu avec l’humanité dure toujours. Du côté de Dieu l’alliance est toujours proposée mais il faut, en face, un peuple pour rester dans l’alliance. S’ils ne conservent pas l’esprit des béatitudes, s’ils se dénaturent, s’ils n’assument plus cette fonction, ils ne valent plus rien et le rejet les menace.
Être « la lumière du monde » renvoie à la vocation d’Israël d’être la « lumière pour éclairer les nations » tout comme Jérusalem, cette ville lumière qui devait attirer tous les peuples au Seigneur. Ce moyen d’attirer, Israël sait bien que c’est la loi de Moïse qui devait sidérer toutes les grandes nations par sa justesse (Dt 4,6-8). Dans ce discours sur la Montagne, avec la loi nouvelle enseignée par le Christ, donnant avec profondeur l’esprit de la loi de Moïse, on ne s’y trompe pas… Cette lumineuse attirance est un devoir tout comme celui de la lampe faite pour être vue de tous. La nature de cette lumière, Jésus nous le dit sans détour  : « en voyant ce que vous faites de bien ».
La nature de la mission que Jésus nous dévoile sur cette montagne a une portée universelle : sur toute la terre et à toutes les époques. Elle s’exerce en conservant l’alliance par l’esprit des béatitudes et un rayonnement par nos bonnes œuvres plus que par une conquête géographique. Bref la charité de Dieu exercée entre nous sera toujours l’écrin de l’annonce de l’évangile. Qu’elle grandisse toujours en nous et entre nous pour « que tous les peuples (s’empressent de) rendre gloire à notre Père qui est au cieux
Don Marc-Antoine CROIZE-POURCELET

Changement de paradigme

Changement de paradigme 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

« Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort ». (1Co1,28) Cette phrase tirée de la seconde lecture des textes de ce dimanche, résume à elle seule l’incompréhension du monde à l’égard de l’Eglise : Tout ce qui brille, qui est attractif, fort, puissant, bref ce que l’homme cherche naturellement n’est pas ce que recherche le Christ. « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes ». (Ph 2,5-7) Il y a donc une lutte en nous qui est bien compréhensible. Nous aussi naturellement, nous cherchons ce que cherche le monde. Pourtant, cette nature est à embellir en comprenant que la beauté, la force et la grandeur se trouvent également dans ce qui n’est pas immédiat. Car, rapidement, nos regards sont captés par ce qui nous paraît supérieur : la beauté d’une personne, la victoire d’un sportif, la puissance d’une armée. Tout cela est le fruit d’un jugement rapide. Nous sommes comme hypnotisés tel un animal sauvage face à des phares de voiture. Le Christ, en venant sur la terre, nous montre que la patience est une vertu qui nous donne la vraie mesure des choses. C’est dans le temps que Dieu a voulu sauver son peuple. C’est avec patience que les petites choses se déploient jusqu’à prendre toute leur ampleur. C’est pourquoi, il est nécessaire pour nous de ne pas nous laisser happer par l’immédiateté promue par le monde. Si l’église peut paraître lente à grandir c’est qu’il lui faut du temps : « le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui » (Paul Morand).
En plus de la patience, Jésus nous montre que la Vérité se trouve en Lui. C’est Lui qui donne la vraie mesure des choses. Les puissants de ce monde, s’ils sont loin de Dieu, croient certainement que ce sont eux qui font la vérité. Mais le temps finira par montrer tôt ou tard que leurs pensées et leurs actions ne sont que peu de chose en comparaison avec la Sagesse.
Enfin, Dieu nous montre et c’est cela le plus important, que l’amour ne commence et ne s’arrête pas la ou l’homme le croit. Une fois encore, Dieu « fait toutes choses nouvelles » (Apocalypse 21,5) : son amour dépasse les frontières puisqu’il nous demande d’aimer nos ennemis comme Il l’a fait sur la croix « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23,34). Ayons donc le regard du Christ sur le monde et non pas le regard du monde sur Dieu.

Don Bruno de LISLE

Par quel moyen Dieu agit et accomplit des choses en nous ?

Par quel moyen Dieu agit et accomplit des choses en nous ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Nous allons réfléchir sur le comment cela est il possible ?
Dieu agit par sa grâce. Souvent ce mot est utilisé à tort et à travers. On ne sait pas trop ce que cela veut dire… est-ce une puissance éthérée ? une énergie invisible ? un peu…magique ? Alors…🚀
Accrochez vos mains à votre feuille, on va décoller et faire un peu de théologie. Comment Dieu, qui est par définition immatériel, peut rejoindre le monde créé ? Sa voie royale est tellement évidente qu’il faut la rappeler : c’est Jésus. Il est le seul à faire le pont entre le monde de Dieu et le monde des hommes. (« Je suis Le chemin» sous entendu, ne cherchez pas, il n’y en n’a pas d’autre !) Ce qui est important c’est la nature de Jésus : une seule personne et deux natures, une humaine et une divine. Et encore là, on n’a pas tout dit… comment une action humaine de Jésus pouvait avoir une efficacité divine ? On va parler d’un terme TRÈS important, la cause instrumentale.
Enlevez nous ces gros yeux en forme de bille, ce n’est pas compliqué ! Un menuisier qui souhaite faire une table utilise une scie pour couper ses planches. Quand les planches sont découpées, qui a fait cela ? La scie ou le menuisier ? Les deux mon capitaine n’est ce pas ? Mais celui qui est à l’origine c’est le menuisier, il en a eu l’initiative et la scie en est l’instrument. Elle permet de réaliser un beau découpage du bois. L’être supérieur est la cause principale, l’outil est la cause instrumentale. Une scie toute seule ne fait pas grand chose, mais utilisée par une cause supérieure, elle donne tout ce qu’elle a, elle fait de grandes choses. Chacune des causes laisse un effet propre : la scie découpe, le menuisier décide des mesures. L’instrument reste cependant décisif, car il laisse une trace propre.
L’humanité de Jésus est l’instrument de l’action de Dieu.
Depuis les gazouillements de la crèche (et même depuis le « oui » de Marie) la vie de Jésus, son humanité, est devenue l’instrument de la divinité. Ce n’est pas un instrument séparé comme la scie mais conjoint. C’est un peu la main du menuisier. Jésus agit comme Dieu. (Le propre de Dieu c’est de pardonner les péchés, guérir les malades par sa seule parole…etc)
Comme l’humanité de Jésus est unie à sa divinité, il y a des effets qui dépassent largement sa simple humanité. Saint Thomas disait par exemple : « Bien qu’elle soit corporelle, la passion du Christ a cependant une puissance spirituelle en vertu de son union à la divinité. » Ce qui est merveilleux, c’est que l’instrument est parfaitement adéquat pour le projet final. L’humanité de Jésus peut sauver notre pauvre humanité.
Alors qu’est ce qui me sauve dans la vie de Jésus ? On a tendance à dire… sa passion ! Et sa résurrection bien sûr ! Mais ce n’est pas tout. TOUTE la vie de Jésus et chacune de ses actions nous sauvent. Elles nous rejoignent par le fait que chaque geste de Jésus est un petit enseignement en soi à observer. Mais il ne se contente pas de montrer ce qu’il faut faire… cela a un impact dans nos vies, en les transformant. Comment ? Ce sont les sacrements qui jouent ce job. Chaque sacrement nous lie à un mystère de la vie de Jésus. Le baptême, c’est sa passion et sa résurrection, mais aussi son propre baptême. L’ordination, c’est le dernier repas de Jésus. L’onction des malades, c’est Jésus qui guérit les malades. Les sacrements ont des effets différents (être baptisé c’est différent que d’être confirmé). La fin de la réponse rejoint pas mal de vos réponses ! On est mis au contact également de la vie de Jésus par les différentes célébrations des temps liturgiques, les différentes fêtes (Annonciation, Visitation, Nativité, Épiphanie…). Ce n’est pas seulement faire mémoire du passé, c’est se reprendre l’odeur de la paille et de l’encens de la crèche dans le nez qui me font plier les genoux devant mon petit Dieu qui attend mon adoration et me rassure en me donnant un amour inexprimable !!!
Ce qui est chouette au fond, c’est que souvent on s’efforce par mille moyens d’attirer la grâce de Dieu, alors qu’il suffit de réexplorer tout ce qui me met au contact de la vie de Jésus… les sacrements, le temps liturgique, les mystères du Rosaire, la lecture de l’évangile. Voilà la source et le comment Dieu agit dans notre monde.
Don Christophe GRANVILLE

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