Ce dimanche, nous poursuivons la lecture continue de l’évangile selon Saint Luc. Jésus est en route avec ses disciples vers Jérusalem, cette ultime montée vers sa Passion. Dans ces chapitres 11 à 13, c’est la Parole de Jésus qui est au premier plan et non plus ses miracles, ses faits de puissance. Au gré de ces enseignements pour ce « petit troupeau » qui le suit, il y a des rencontres ou des questions qui ponctuent son discours. La semaine dernière : cet homme qui demande à Jésus d’être juge contre son frère pour partager l’héritage. Aujourd’hui : la question de Pierre « Seigneur est-ce pour nous ou pour tout le monde ? »
De quoi est-il question ? Du Royaume, du paradis, de la Vie éternelle « Votre père a trouvé bon de vous donner le Royaume » dit Jésus et « c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ».
La question mérite d’être posée. Tout comme un peu plus loin en traversant un village quelqu’un lui demande « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » (Lc 13.23). Nous sommes dans une époque de présomption où l’on pense qu’on ira tous au paradis, ou que nous méritons une meilleure place que les autres. Jésus répond sans détour : « efforcez-vous d’entrer… beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas… il y aura des pleurs et des grincements de dents ». Pourtant, « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1Tm 2.4). Nous sommes devant ce paradoxe de la volonté de Dieu toute puissante et de l’obstacle que nous pouvons y faire par notre liberté.
Nous pouvons user de cette liberté pour faire la volonté de Dieu, comme l’intendant fidèle qui connaît la volonté de son maitre et s’empresse de l’accomplir généreusement, ou comme le serviteur mauvais qui ne veut que jouir de l’existence, donner libre cours à ses vices, profiter de la situation pour son propre intérêt et retarde ainsi l’œuvre que Dieu lui a confiée. Quelle grandeur ! Le Seigneur nous aime et nous fait confiance en nous choisissant comme intendant pour travailler à son œuvre, jusqu’au jour où nous devrons rendre les comptes de notre gestion. Dieu suscite toujours des collaborateurs à son œuvre dans le monde.
Le Seigneur nous invite ce dimanche à « garder la tenue de service », à maintenir cette attitude d’engagement pour l’édification du Royaume. « Mon Père est toujours à l’œuvre dit le Seigneur et, moi aussi je suis à l’œuvre ». « La ceinture autour des reins » comme à la sortie d’Egypte pour être toujours prêts à marcher dans les pas du Seigneur, gardant « nos lampes allumées » par la foi et les bonnes œuvres. Ainsi « en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père du Ciel ». Alors, quand le Seigneur viendra, « le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas », il nous invitera à sa table et « c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. »
Don Marc-Antoine CROIZE-POURCELET