Dossier Editorial

L’amour de ta maison fera mon tourment » (Ps 69,10)

L’amour de ta maison fera mon tourment » (Ps 69,10) 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit « l’amour de ta maison fera mon tourment ». Cette maison que Jésus nettoie vigoureusement aujourd’hui dans l’évangile, ce n’est pas simplement la « Maison » de Dieu, son Temple à Jérusalem, le lieu de la Présence de Dieu depuis sa construction (Xème siècle avant J.C.), mais c’est aussi chacun de nous. A la Samaritaine, Jésus rappelle que bientôt ce n’est plus sur la montagne de Samarie ni au Temple de Jérusalem que l’on adorera le Père, mais en esprit et en vérité (Jn 4,21-24). Oui nous sommes appelés à devenir le Temple de l’Esprit-Saint, la demeure de Jésus dans l’Eucharistie, le lieu où notre Père veut habiter (Jn 14,23). Quelle grâce ! Quel honneur !

Ce grand ménage que Jésus réalise dans l’enceinte du Temple et qui tracasse le désordre établi, Jésus veut surtout le faire dans nos cœurs, dans nos vies quelquefois bien chaotiques. Si la confession sacramentelle vient laver à grande eau et balayer les mauvais commerces entretenus dans notre cœur, nous constatons rapidement que le désordre s’installe de nouveau. Il faut du temps pour que la vie vertueuse assainisse durablement notre belle maison que Dieu s’est construite amoureusement. Il faut une collaboration active et une longue répétition d’actes bons pour lustrer ce Temple que Dieu veut habiter. 

Le Psaume nous donne un bel éclairage pour cela, un moyen enthousiasmant  : la loi du Seigneur, la charte du Seigneur, les préceptes du Seigneur, le commandement du Seigneur… chacun de ces termes est assorti d’une bénédiction pour notre humanité : cela redonne vie, cela rend sage, cela réjouit le cœur, cela clarifie le regard… toute notre humanité est concernée par ces bienfaits : notre vie, notre intelligence, notre cœur, notre regard.

Si nous voulons que la grâce de Dieu nous tienne, il faut l’accompagner d’une vie selon la loi de Dieu… La première lecture d’aujourd’hui nous donne une version du décalogue, de ces dix paroles de vie que Dieu veut pour nous. Le meilleur moyen de les mettre en pratique c’est déjà de les connaitre par cœur  ! Alors en voici une version catéchétique que nous apprenions autrefois et qui a le mérite d’être facile à retenir :

1.   Un seul Dieu tu adoreras, et aimeras parfaitement. 
2.   Le Nom du Seigneur tu respecteras, fuyant blasphème et faux serment. 
3.   Le jour du Seigneur tu garderas, en servant Dieu dévotement. 
4.   Tu honoreras ton Père et ta mère, tes supérieurs pareillement. 
5.   Tu ne commettras pas de meurtre.
6.   Tu ne commettras pas d’adultère. 
7.   Tu ne commettras pas de vol. 
8.   Tu ne mentiras pas.
9.   Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain.
10. Tu ne convoiteras rien de ce qui est Ă  ton prochain.

 …………………………………………………      D. Marc-Antoine CROIZĂ©-POURCELE

Je ne suis pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir

Je ne suis pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

 

La «Loi» que Jésus mentionne, ou «Torah» en hébreu, correspond au Pentateuque de notre Ancien Testament. Elle contient les révélations que Dieu a faites à Moïse au mont Sinaï, à commencer par son nom, Yahvé. On y trouve également des préceptes concernant les règles de pureté et de culte. Dans cette Loi, la lèpre ne désigne pas tant la maladie qu’on connaît aujourd’hui que des problèmes de peau que l’on considérait comme des impuretés contagieuses. Celles-ci pouvaient être le signe d’un châtiment de Dieu à la suite d’un péché. En conséquence, la Loi juive exigeait que le malade soit exclu de la communauté. Pour revenir, non seulement il fallait que sa guérison soit constatée, mais il devait également offrir des sacrifices pour sa purification, lesquels étaient accomplis par un prêtre.

Dans l’Evangile, le lépreux demande à Jésus non pas la guérison proprement dite, mais la purification. Il voit donc en Jésus un prêtre assez puissant pour le purifier sans avoir à obéir aux prescriptions de la Loi juive. En outre, Jésus transgresse l’ordre de ne pas toucher un lépreux et se place ainsi au-dessus de la Loi. Il semble donc que Jésus abolit les préceptes que Dieu a donnés au peuple juif. Cependant, après avoir guéri et purifié le lépreux, Jésus lui ordonne d’aller accomplir auprès des prêtres juifs les sacrifices prescrits par Moïse. D’ailleurs, Jésus est formel sur la question de l’obéissance à la Loi qui doit être accomplie jusqu’au moindre iota. Pourquoi alors se permet-il de passer au-dessus de la Loi ? Ne nous donne-t-il pas un exemple de liberté vis-à-vis de l’autorité religieuse ?

Pour comprendre l’attitude de Jésus, il est utile de préciser que le concept juif de «Torah» était bien plus large que ce que l’on appelle «loi». En effet, notre mot «loi» trouve son sens dans le grec «nomos» qui est à proprement parler un ensemble de préceptes juridiques. «Torah» a une signification plus large et moins juridique que «nomos». Dans la Torah, on trouve tout ce que Dieu a dit à Moïse sur lui-même et sur son projet pour son peuple. La Torah n’est donc pas d’abord une loi juridique, mais une invitation à connaître Dieu et à lui ressembler par le comportement. Suivent alors des préceptes qui servent de guide à l’homme pour devenir, par son agir, le reflet de Dieu. Or, personne ne peut davantage ressembler à Dieu que Jésus, l’image visible du Dieu invisible. C’est en ce sens que Jésus accomplit parfaitement la Torah, ou Loi. C’est ce dont Il veut témoigner en demandant au lépreux d’aller voir les prêtres pour se soumettre aux préceptes de Moïse.

Les premiers chrétiens ont arrêté d’obéir à un bon nombre de préceptes juifs, comme la circoncision ou l’interdiction de manger du porc. Mais, il ne faudrait pas y voir une volonté d’abolir la loi antérieure. Il s’agit au contraire de la suspension de certains préceptes moralement neutres pour retrouver le cœur de la Loi. Pour nous, accomplir la Loi c’est donc faire comme Jésus : c’est lui ressembler, c’est devenir des fils de Dieu à l’image du Fils de Dieu. Toute la Loi se résume dans le double commandement de l’amour : «aimer Dieu et aimer son prochain comme soi-même». Ainsi, comme le dit Saint Augustin : «aime et fais ce que tu veux  !»

 D. Louis Gustave de Torcy

Covid : châtiment divin ?

Covid : châtiment divin ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael
           « Ne fallait-il pas que le Messie souffre tout cela pour entrer dans sa gloire »

Voici ce que Jésus réplique dans l’Evangile de ce dimanche aux disciples d’Emmaüs qui s’en vont tout tristes : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Quelle audace de la part de Jésus ! La croix peut-elle être un motif de fierté ? Comment Jésus peut-il prétendre tirer une gloire quelconque d’une mort aussi honteuse ?
Celui qui se prétendait Dieu, Celui qui se faisait roi et qui enseignait dans les synagogues, avec un certain succès d’ailleurs, le voilà mort pendu à un gibet ! Nu ! Exposé aux moqueries !
Pour entrer dans la lumière de cet Evangile, je crois qu’il nous faut commencer par marcher sur le chemin d’Emmaüs, tout tristes et désespérés avec les disciples. Il nous faut, « pour entrer dans cette gloire » dont parle Jésus, expérimenter comme l’ont fait les disciples d’Emmaüs, le mystère de cet échec, de cette souffrance qu’est la croix !
« Ne fallait-il pas que le Messie souffre tout cela pour entrer dans sa gloire »
Cet effort, consistant à ne pas nous détourner de la souffrance du Juste, nous permettra certainement d’aborder plus serainement le mal qui nous touche plus particulièrement aujourd’hui…
Récemment, j’ai eu une discussion avec un homme qui considérait cette pandémie comme une juste punition divine. Selon lui, nous n’avions que ce que nous méritions et le coronavirus serait, si ce n’est un châtiment de Dieu, tout du moins la conséquence irréversible de notre comportement !
Or, je crois que l’Evangile de ce dimanche peut nous aider à regarder le mystère de l’existence du mal dans le monde, sans pour autant faire de Dieu, un maître d’école prêt à punir à coup de pandémies et de guerres, tout élève récalcitrant !
Le Professeur Lejeune disait : « Dieu pardonne toujours, l’homme parfois, la nature jamais ! »
Le péché, c’est à dire le mal choisi et voulu, engendre toujours un désordre dans la nature. Ce désordre provoque inévitablement une souffrance. Mais le mystère de la croix vient nous rappeler que la souffrance endurée par une personne, n’est pas forcément liée à son péché personnel !
Le méchant peut ne jamais avoir à porter les conséquences de ses actes (tout du moins sur cette terre), et au contraire le juste peut avoir à souffrir des désordres dont il n’est pas l’auteur !
Si la nature ne pardonne jamais, c’est qu’il existe une sorte d’arithmétique, un enchainement irrémédiable entre les causes et leurs effets. Cette arithmétique provoque en nous une certaine vision de la justice : œil pour œil, dent pour dent. Il n’y a pas de pardon dans le régime du pur calcul. Le pardon est toujours une victoire sur cette justice mécanicienne puisqu’il est gratuit, puisqu’il est une remise de dette.
Or, le pardon est co-naturel à l’Amour, il est œuvre de Dieu ! Dieu pardonne toujours. Loin du maitre d’école qui punirait selon la maxime « œil pour œil, dent pour dent », il ne peut vouloir que le bien de l’homme et ne cherche qu’à lui remettre sa dette ! Et c’est pour cela qu’aucune autre manifestation que la croix ne peut nous dire plus concrètement l’Être même de Dieu !
« Ne fallait-il pas que le Messie souffre tout cela pour entrer dans sa gloire »
Le Juste par excellence prend sur lui la souffrance la plus absolue ! Pas de pire injustice que la croix ! Mais au cœur même de cette injustice, l’ordre est rétabli ! Le Juste acceptant cette croix avec amour désarme la nécessité de la nature ! Il l’a surpasse ! Et ainsi, Il sauve ce qui était perdu… La croix rétablit l’homme ! Elle le fait comme naître à nouveau ! Elle lui rend la vie !
Entrons ensemble dans cette gloire que nous propose le Ressuscité ! Gloire qui jaillit de la croix, sans en cacher la souffrance !
D. Louis-Marie DUPORT

Quelle confession pour Pâques ?

Quelle confession pour Pâques ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

La semaine dernière, nous méditions sur la nécessité d’une communion spirituelle pour les dimanches à venir… A l’entrée de la Semaine Sainte, beaucoup se posent la question : pourra-t-on se confesser sacramentellement pour Pâques ?
La réponse est négative. Le 1er avril, un certain nombre de paroissiens ont reçu et relayé une fausse information  : on peut se confesser en ligne, par internet ! On arrive sur la première page ; présentation parfaite… mais après avoir cliqué, apparaît la mention « poisson d’avril ». Quelques-uns ont été mortifiés de s’être laissé prendre, partagés entre le réel désir de vivre la démarche pour Pâques et le secret soulagement de se voir faciliter un acte souvent coûteux… On ne pourra pas non plus se confesser par téléphone. Le respect des consignes de l’Etat fait qu’il n’y aura pas de journée de confessions le Mardi-Saint.
Le Pape vient de rappeler que la confession individuelle et intégrale suivie de l’absolution demeure le seul mode ordinaire par lequel les fidèles se réconcilient avec Dieu et l’Eglise, « sauf si une impossibilité physique ou morale dispense d’une telle confession » (Catéchisme n° 1484). C’est notre cas à tous, d’une manière bien imprévue.
A Carême inattendu, confession renouvelée ! Il nous faut vivre une « confession spirituelle », ce que le Pape François appelle « la confession de désir »,
à l’instar de notre communion spirituelle. « Il faut que tu t’adresses directement à Dieu », a expliqué le pontife précisant la nécessité d’aller tout de même se confesser plus tard.
Alors que faire ? Préparer une vraie confession de Pâques ! Sortir de la routine religieuse en réchauffant la confession de l’année dernière. En finir avec les banalités et les aveux passe-partout. Eviter aussi l’imprécision psycho-affective de certains aveux « j’ai manqué d’amour ». Aller au-delà de la confession de péchés jugés « comme tout le monde » où le pénitent s’accorde à lui-même une étrange mansuétude. Une vraie confession (au sens du temps de l’aveu des fautes), cela se prépare ! Cela ne dure ni 30 secondes, ni 15 minutes… Prenons le temps de regarder notre vie à la lumière de la Miséricorde du Père ! Il s’agit de « vertèbrer » notre aveu. Aidons-nous sans être ridicules, de la liste des péchés capitaux, des commandements de Dieu et de l’Eglise. Nous pouvons aussi nous aider « d’examens de conscience » même imparfaits (voir sur le site paroissial).
Et si nous écrivions notre confession ? Certains pourront juger infantilisante une telle invitation. Rien n’est moins sûr. Pour la plupart d’entre nous, nous en avons bien le temps, cette fois-ci ! « On se convertit en écrivant  » répétait souvent saint Ignace de Loyola, fondateur des jésuites et grand amoureux des âmes ; ce conseil est d’ailleurs un des fils rouges de ses célèbres « Exercices spirituels ». Ecrire avec la règle des 4 C : une véritable confession, elle est concrète, concise, complète et claire. Ecrire, c’est exprimer, verbaliser la réalité de notre misère, c’est aussi la rendre objective !
Allons plus loin : et si nous préparions une confession générale ? Sans céder à une quelconque panique de circonstance, serions-nous prêts à préparer une confession générale, forcément écrite, de toute notre vie ? Relire toute sa vie, avec précision, sans amertume mais en vérité, pour y lire à la fois, l’ampleur de notre misère et l’infinie Miséricorde de Dieu à notre égard. Ce n’est pas réservé aux prêtres et aux religieuses. Nous n’y avons jamais pensé, nous n’avons jamais osé  ? C’est peut-être la grâce de ce Carême si particulier, de ce temps qui n’est pas normal… Ayons au moins le courage de nous poser la question !
Une journée non-stop de confessions aura lieu
à la Basilique dès la fin du confinement.
D. Stéphane PéLISSIER

Nous croyons ! …

Nous croyons ! … 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Chers amis,
Si vous regardez le plan du Catéchisme de l’Eglise catholique, vous verrez que pour dire ce en quoi nous croyons, il y a deux parties :
• « Je crois » : c’est la dimension personnelle de la foi
• « Nous croyons » : c’est la dimension communautaire
L’un ne va pas sans l’autre… et les deux se complètent !
Or dans les circonstances particulières que nous traversons, notre foi se trouve fragilisée dans l’une de ses dimensions constitutives. A cause du confinement, nous ne pouvons plus vivre normalement ce  « Nous croyons  »  !
L’interdiction de nous rassembler pour prier est une épreuve. C’est plutôt bon signe d’en ressentir le poids !
Pourtant, j’aimerais que nous puissions tirer parti de ce confinement, en le regardant aussi comme une chance ! Ces mesures gouvernementales peuvent nous permettre de redécouvrir deux richesses que nous offre l’Eglise. La communion entre nous demeure malgré le confinement grâce à la communion de désir et à la communion des saints !
• La communion spirituelle
Elle nous permet de vivre de l’Eucharistie même lorsque nous ne pouvons pas communier sacramentellement. Elle nous unit à Jésus par un désir du cœur.
Saint Thomas d’Aquin définit la communion spirituelle comme « un ardent désir de recevoir Jésus, dans un sentiment affectueux comme si on l’avait reçu ».
« Dans cette communion de désir, vous pourrez découvrir que Jésus y œuvre puissamment à votre égard parce que vous êtes humble et vrai dans votre relation avec Lui » (Père Gérard Berliet)
• La communion des Saints
Même si nous sommes isolés, nous ne sommes jamais seuls ! Il suffit au chrétien de pénétrer son cœur pour y trouver la présence d’une multitude de frères et sœurs qui intercèdent pour lui. Et cette interaction est efficace  !
Comme le disait Léon Bloy : « Il y a une loi d’équilibre divin, appelée la communion des Saints, en vertu de laquelle le mérite ou le démérite d’une âme, d’une seule âme est réversible sur le monde entier. » Chacun d’entre nous portons dans le creux de nos mains des millions de cœurs. Un homme qui prie fait un bien inexprimable en toute langue humaine ou angélique !
« Il y a des personnes qui laissent derrière elles comme un surplus d’amour, de souffrance supportée, de pureté et de vérité, qui se déverse sur les autres et les soutient ».
Soyons de ceux là, prenons notre place dans ce monastère invisible. Dans le secret de nos chambres, soutenons nous par la prière ! Entrons ensemble dans cette communion et soyons sur que rien, excepté le péché, ne peut nous en faire sortir ! Pas même le Covid 19 !
 D. Louis-Marie DUPORT

Purifiés ou consumés ?

Purifiés ou consumés ? 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

La figure tutélaire du temps de l’Avent s’avance : Jean le Baptiste. Isaïe, cité dans l’évangile dominical, parle de la « voix de celui qui crie dans le désert » (Is 40,3 et Mt 3,3). Cette voix est comme celle du rugissement d’un lion.Pour cette raison, l’évangéliste Marc qui commence son récit directement par la prédication du Baptiste, se voit attribué le symbole du lion.
Dans le judaïsme, Jean est prêtre (cohen) et fils de prêtre (Zacharie), il a donc une proximité toute particulière au Temple et à la réalité du sacrifice. Son sacerdoce lévitique (issu de la tribu de Lévi) implique une pureté (il doit s’abstenir de tout ce qui rend impur, comme toucher un cadavre) et le rend purificateur de la souillure des autres. On comprend beaucoup mieux son style de vie (peau de chameau, sauterelles et miel) ainsi que le contenu de sa prédication axée sur la dénonciation du péché avec en parallèle la nécessaire conversion qui purifie et transforme.
Ayant alors pleinement conscience de sa mission de Précurseur du Messie, il initie un baptême qui dépasse les rites d’immersion connus dans le judaïsme (baptême des Prosélytes – païens adhérant à la foi juive – et celui des Esséniens) comme dans les religions anciennes. A la différence des précédents, il vise une purification non plus rituelle mais morale, il ne se répète pas (il devient une initiation) et surtout a une valeur messianique : il introduit celui qui l’a reçu dans la communauté de ceux qui attendent activement la venue annoncée du Messie. Son efficacité est réelle mais non sacramentelle. L’eau certes purifie mais le feu, moyen moins matériel et plus efficace que l’eau, devient le symbole de l’intervention de Dieu. Dans l’Ancien Testament, le feu de Dieu était déjà descendu du ciel à plusieurs reprises pour purifier ou consumer.
Voulons-nous être purifiés ou consumés ? Le feu de la Géhenne consume à jamais ce qui ne peut être purifié. La vallée de la Géhenne est associée à la pratique d’infanticides rituels dans le feu. Elle est ensuite convertie en dépotoir dont la pestilence émane à des lieues à la ronde, elle fut également réputée pour être le lieu de réclusion des lépreux et pestiférés. Pour les juifs, elle n’est qu’un lieu de passage, voire la dénomination d’un processus de purification des âmes. Avec le Christ, elle devient synonyme de l’enfer éternel.
Pendant un certain temps, Jean et Jésus ont mené une même action ; l’un et l’autre ont baptisé ; l’évangile de Jean rapporte en effet que  « Jésus vint avec ses disciples aux pays de Judée et il y baptisait ; Jean baptisait aussi à Aenon près de Salim où les eaux sont abondantes  » (Jn 3, 22-23). Leur pratique était fondée sur ce que Jean avait fondé. S’il existait des rites de purification par ablution d’eau, il n’existait pas de baptême au sens propre du terme, car le baptême donné par Jean – et à sa suite par Jésus – implique une relation personnelle à celui qui baptise. Le baptême est le sacrement de la conversion personnelle. Le baptême de Jean et celui de Jésus impliquent une conversion, une rupture avec le mensonge et l’illusion. Pour cette raison, Jean-Baptiste dénonce les catégories sociales emblématiques de ceux pour qui l’appartenance religieuse dispense de la conversion personnelle, les sadducéens et les pharisiens (Mt 3, 7-10).
Profitons de l’Avent pour nous replonger dans la grâce de notre baptême, pour nous laisser purifier par le feu de son Amour et pour renouveler notre attente de la rencontre avec le Christ.  D. Stéphane PELISSIER

« Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison »

« Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison » 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Les saints n’ont pas tous bien commencé, mais ils ont tous bien fini. A quelques jours de la Toussaint, il est bon d’entendre le récit de la conversion de Zachée, point de départ de sa nouvelle vie, après cette rencontre salvifique avec Jésus !
Petit, et certainement rejeté par son style de vie, l’évangile nous fait entendre l’avis de toute la ville de Jéricho au sujet de Zachée : il est un homme pécheur. Pourtant, malgré ses vols et son amour démesuré de l’argent, il garde en lui le désir de voir Jésus. Chacun de nos cœurs, malgré la noirceur de nos péchés, gardent le désir d’un peu de Lumière, particulièrement celle de la Vérité et de la Miséricorde. Cette Lumière qui est toute divine. Mais Comme Zachée, nous préférons voir la Lumière sans qu’elle nous voit. Autrement dit, nous montons nous aussi dans nos sycomores, pour trouver un peu de répit pour nos âmes et observer Jésus de haut ou de loin. Peut-être nous ne nous sentons pas assez dignes ou capables de nous approcher plus de Jésus.
Mais le Seigneur ne veut pas que nous nous installions dans cette relation lointaine avec lui ! « Descends vite ! » nous ordonne Jésus, « il me faut aujourd’hui demeurer chez toi ».  Et cette invitation de Jésus est reçue avec joie. Seule la prière d’oraison (ou la composition des lieux selon la spiritualité Ignatienne) nous fait rentrer dans le sentiment de joie du cœur de Zachée. Certainement que la douceur des paroles de Jésus, son regard plein de bienveillance ont fait tomber les premières murailles de son ancienne vie. Les portes s’ouvrent pour accueillir Jésus. Nous pourrions retenir, qu’avant les changements de notre agir, nous sommes faits pour cette rencontre personnelle avec le Christ. C’est dans cette relation forte de communion que nous trouvons la joie de nous détacher de ce qui était mauvais. Elle est souvent comprise à l’envers. Il faut que je change ceci ou cela, alors le Seigneur m’aimera. Non !!! C’est parce que j’accueille le Christ dans ma vie, que je lui laisse toucher mon cœur blessé, que nous aurons alors le désir de rendre visible notre conversion par un changement de nos actes, de nos comportements et de nos habitudes !
Zachée, en effet, ne tarde pas a organiser son avenir à la lumière de cette rencontre. Invisible mais réel l’amour du Christ pour Zachée l’a transformé. On y retrouve la même grandeur. « Voici, Seigneur, je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres et si j’ai extorqué quelque chose à quelqu’un, je lui rendrai le quadruple ». Une seule fois dans la bible, il est précisé la nécessité de rembourser quatre fois la valeur d’un vol : c’est en Exode chapitre 21 verset 37, dans le cas du vol d’un agneau, tué et vendu. Zachée, par sa qualité de fils d’Abraham, étend cette résolution à tous ses vols.
Nous n’aurons pas d’autres détails de la vie de Zachée dans l’Evangile. Il faut aller à Rocamadour pour découvrir, selon la Tradition le témoignage de la piété populaire : on priait devant le corps d’un homme resté intact après la mort et de petite taille. Renouvelé dans la foi en la communion des Saints, demandons aux Saints du Ciel de nous emmener un petit peu plus sur le chemin de la conversion du cœur, de l’Amour de Dieu et du service des plus pauvres dans son Eglise. Alors, Saint Amadour, priez pour nous !
 D. Christophe GRANVILLE

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