La semaine dernière, nous méditions sur la nécessité d’une communion spirituelle pour les dimanches à venir… A l’entrée de la Semaine Sainte, beaucoup se posent la question : pourra-t-on se confesser sacramentellement pour Pâques ?
La réponse est négative. Le 1er avril, un certain nombre de paroissiens ont reçu et relayé une fausse information : on peut se confesser en ligne, par internet ! On arrive sur la première page ; présentation parfaite… mais après avoir cliqué, apparaît la mention « poisson d’avril ». Quelques-uns ont été mortifiés de s’être laissé prendre, partagés entre le réel désir de vivre la démarche pour Pâques et le secret soulagement de se voir faciliter un acte souvent coûteux… On ne pourra pas non plus se confesser par téléphone. Le respect des consignes de l’Etat fait qu’il n’y aura pas de journée de confessions le Mardi-Saint.
Le Pape vient de rappeler que la confession individuelle et intégrale suivie de l’absolution demeure le seul mode ordinaire par lequel les fidèles se réconcilient avec Dieu et l’Eglise, « sauf si une impossibilité physique ou morale dispense d’une telle confession » (Catéchisme n° 1484). C’est notre cas à tous, d’une manière bien imprévue.
A Carême inattendu, confession renouvelée ! Il nous faut vivre une « confession spirituelle », ce que le Pape François appelle « la confession de désir »,
à l’instar de notre communion spirituelle. « Il faut que tu t’adresses directement à Dieu », a expliqué le pontife précisant la nécessité d’aller tout de même se confesser plus tard.
Alors que faire ? Préparer une vraie confession de Pâques ! Sortir de la routine religieuse en réchauffant la confession de l’année dernière. En finir avec les banalités et les aveux passe-partout. Eviter aussi l’imprécision psycho-affective de certains aveux « j’ai manqué d’amour ». Aller au-delà de la confession de péchés jugés « comme tout le monde » où le pénitent s’accorde à lui-même une étrange mansuétude. Une vraie confession (au sens du temps de l’aveu des fautes), cela se prépare ! Cela ne dure ni 30 secondes, ni 15 minutes… Prenons le temps de regarder notre vie à la lumière de la Miséricorde du Père ! Il s’agit de « vertèbrer » notre aveu. Aidons-nous sans être ridicules, de la liste des péchés capitaux, des commandements de Dieu et de l’Eglise. Nous pouvons aussi nous aider « d’examens de conscience » même imparfaits (voir sur le site paroissial).
Et si nous écrivions notre confession ? Certains pourront juger infantilisante une telle invitation. Rien n’est moins sûr. Pour la plupart d’entre nous, nous en avons bien le temps, cette fois-ci ! « On se convertit en écrivant » répétait souvent saint Ignace de Loyola, fondateur des jésuites et grand amoureux des âmes ; ce conseil est d’ailleurs un des fils rouges de ses célèbres « Exercices spirituels ». Ecrire avec la règle des 4 C : une véritable confession, elle est concrète, concise, complète et claire. Ecrire, c’est exprimer, verbaliser la réalité de notre misère, c’est aussi la rendre objective !
Allons plus loin : et si nous préparions une confession générale ? Sans céder à une quelconque panique de circonstance, serions-nous prêts à préparer une confession générale, forcément écrite, de toute notre vie ? Relire toute sa vie, avec précision, sans amertume mais en vérité, pour y lire à la fois, l’ampleur de notre misère et l’infinie Miséricorde de Dieu à notre égard. Ce n’est pas réservé aux prêtres et aux religieuses. Nous n’y avons jamais pensé, nous n’avons jamais osé ? C’est peut-être la grâce de ce Carême si particulier, de ce temps qui n’est pas normal… Ayons au moins le courage de nous poser la question !
Une journée non-stop de confessions aura lieu
à la Basilique dès la fin du confinement.
D. Stéphane PéLISSIER