L’expérience du doute que vit Jean-Baptiste dans l’évangile de ce dimanche, nous fait entrer de plain-pied dans la juste compréhension de l’avent.
Durant cette période, nous nous préparons à Noël. La caractéristique majeure de ce temps liturgique est donc l’attente.
Comme Jean le Baptiste attendait le Messie, nous attendons l’avènement du Christ. Ce qui est intéressant de remarquer, c’est que cette attente change le cœur du Baptiste et purifie son désir.
Bien qu’il soit « le plus grand des enfants des hommes », le précurseur ne comprend pas bien cette attente et finit par douter.
Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? C’est la question qu’il pose à Jésus par l’intermédiaire de ses disciples.
On pourrait trouver cela étonnant puisque Jean-Baptiste avait publiquement reconnu en Jésus, le Messie que tout le monde attendait. Il avait eu des phrases fortes : Il vient derrière moi, et c’est Lui qui vous baptisera dans l’Esprit. Par ailleurs, il a laissé ses disciples suivrent Jésus, parce qu’il avait précisément reconnu en son cousin, le Messie ! Celui qui baptise dans l’Esprit.
Comment comprendre ce doute ?
Ce n’est qu’après l’arrestation de Jean-Baptiste par Hérode que Jésus commence sa vie publique. Jean-Baptiste n’assiste donc pas personnellement à la prédication du Christ. Durant les mois d’attente dans son cachot, il n’a pour contact avec les faits et gestes de Jésus que ce qu’on lui raconte. Or l’attitude de Jésus ne correspond pas forcément aux attentes de Jean-Baptiste. Par exemple, Jésus s’est entouré de disciples, pas tous très recommandables (il y avait un publicain) et plutôt disparates. Sur le plan religieux comme sur le plan politique ils n’étaient pas tous du même bord, c’est le moins qu’on puisse dire…
Et puis pour un prophète, il n’était pas un ascète ! Il mangeait et buvait comme tout le monde mais plus grave encore, il s’affichait avec n’importe qui. Le plus décevant dans tout cela, c’est que Jésus lui-même ne revendiquait pas le titre de Messie…
Bref, la conduite de Jésus surprend au point d’amener ce doute. Pour reconnaitre le Messie, Jean Baptiste va devoir changer la conception trop humaine qu’il avait du Christ.
Et je crois que c’est la grâce de l’avent. Nous sommes appelés à nous déposséder de nos propres attentes pour accueillir la manière dont Dieu a voulu se donner à nous ! Ce n’est pas à Dieu de rentrer dans nos critères : « Passe derrière moi Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ».
L’attente met au jour notre désir le plus profond : est-ce accueillir Dieu tel qu’il est, ou tel que nous voudrions qu’il soit ?
« Il n’y a pas de plus fort empêchement au discernement de l’avènement de Dieu, que celui qui réside en notre présumée puissance » disait Jean-Baptiste Metz.
En attendant l’enfant Jésus, acceptons de nous déposséder de toute forme de puissance pour l’accueillir vraiment dans sa vulnérabilité.
Don Louis Marie DUPORT