Dans le Loir et Cher se trouve un établissement scolaire qui accueille près de mille élèves chaque année : le lycée Catholique de Pontlevoy. Avant d’être un établissement scolaire, c’était une abbaye qui a été transformée en école militaire pour les cavaliers. On trouve un vestige de cette période précisément, lorsque l’on passe dans l’ancien cloître : sur un des murs on peut encore lire le code d’honneur des cavaliers, un code magnifique qui pousse les soldats à développer en eux l’excellence en toute chose :
« Au service de la France, uni à ton équipier, loyal à tes chefs, tenace au travail, prête la main à tous, sois gai, sobre, propre, parle franc, tiens parole, écoute, cherche à comprendre, respectueux envers la famille, sache que l’argent est corrupteur, entraine chaque jour ton corps, approfondis ta foi, éclaire ta conviction, entreprends hardiment, achève ta tâche commune, sans pitié pour la mollesse et la lâcheté, combats pour être un homme ».
Ce qui est remarquable dans ce code, et en lien avec l’évangile du jour, c’est la mention sur l’argent : il est corrupteur. L’argent que nous utilisons tous et derrière lequel notre société court sans arrêt dans le but de créer un monde idéal, est vital, mais également mortel, cela dépend de notre manière de l’utiliser. L’argent n’est qu’un moyen et non une fin. S’il est une fin, nous cherchons à en avoir le plus possible et cette recherche incessante nous entraîne à tout sacrifier pour en avoir toujours plus, on sacrifie sa famille, ses amis et même son âme. Cela peut paraître évident, mais ce qui est vicieux, c’est que l’argent change notre cœur avec le temps. Le roman »Le Hobbit » et »Le Seigneur des anneaux » de J. R. R. Tolkien décrit parfaitement ce mécanisme : les nains creusent la montagne pour en extraire l’or. Mais plus ils obtiennent des richesses, moins ils sont satisfaits de ce qu’ils possèdent. Il leur en faut toujours davantage. Aussi creusent-ils toujours plus profondément dans la roche, libérant ainsi un grand mal, un démon qui était présent dans la montagne et qui les anéantit tous.
Notre jeunesse ne comprend pas cela, car il faut de la maturité pour saisir le danger de ce qui peut pourtant nous donner du confort. Je suis marqué lorsque l’on aborde le sujet de l’argent avec les jeunes, de voir leurs yeux s’ouvrir comme lorsque l’on découvre un trésor. Il est plus que nécessaire de traiter l’argent comme il se doit : un simple moyen. A sa place, toute sa place et rien que sa place. C’est à nous les adultes de montrer l’exemple aux plus fragiles pour qu’ils n’aient pas à en souffrir plus tard.
Don Bruno de LISLE