Au commencement de l’évangile, Saint Matthieu nous donne une généalogie descendante de Jésus. Pour un lecteur moderne, c’est un peu fastidieux, mais du temps de Jésus et en Orient, c’est un peu comme décliner son identité ou avoir un état civil. Cela donne une existence sociale dans un contexte historique. C’est aussi une manière de revendiquer l’héritage de tel ou tel ancêtre. Ici, on remonte à Abraham le Père des croyants, le premier à qui Dieu fait une promesse au chêne de Mambré. Et à David, à qui Dieu avait promis que dans sa descendance naitrait le Messie, l’oint du Seigneur.
L’ascendance de Jésus épouse bien les grandes étapes de l’histoire biblique, il est bien celui annoncé et promis et non une génération spontanée, catapultée dans l’histoire sans lien avec l’alliance sainte. Ce messie annoncé vient enfin, il accomplit tout ce qui a été écrit de lui.
John Barton Payne, a trouvé jusqu’à 574 versets dans l’Ancien Testament qui, d’une manière ou d’une autre, pointent vers le Messie à venir, le décrivent ou y font référence. Alfred Edersheim a trouvé 456 versets de l’Ancien Testament faisant référence au Messie ou à son époque. Selon une estimation basse, nous pouvons affirmer que Jésus accomplit au moins 300 prophéties au cours de son ministère terrestre. Rien que le Psaume 22 semble être une description du jour de sa Passion sur la croix. Du temps de Jésus, l’effervescence est là, le peuple attend comme dans un grand Avent, cette venue annoncée.
L’ange annonce ensuite, dans un songe à Joseph, le nom de cet enfant : « Tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Depuis le premier péché de nos parents, l’homme attendait un sauveur. Si nous pouvons nous entraider ici-bas, il y a au moins trois choses -nous enseigne le catéchisme- dont seul Dieu peut nous sauver : du diable, du péché et de la mort. Son nom dit son identité et sa mission.
Saint Matthieu ajoute « Christ » à côté du nom de Jésus. Christ (en grec), messie (en hébreu), oint (en français) veulent dire la même chose. C’est un titre qui dit une dignité royale et sacerdotale. Les prêtres et les rois recevaient une onction d’huile sainte pour la mission qui leur était confiée d’en haut. Cela préfigurait aussi l’onction le vrai roi prêtre qui doit venir dans le monde. (Ps 44.8).
Saint Bède le Vénérable dit avec concision : « Du fait qu’il est Sauveur, le Christ peut nous sauver de nos péchés ; du fait qu’il est Prêtre, il peut nous réconcilier avec Dieu le Père ; du fait qu’il est Roi, qu’il daigne nous donner le royaume éternel de son Père »
Il est venu chez les siens, le Sauveur, l’oint de Dieu. Saurons-nous l’accueillir et par là le laisser nous sauver ?
Don Marc-Antoine CROIZE-POURCELET