Il est bon de prendre en compte les changements de ces derniers temps. Alors que depuis les années qui suivirent la Seconde Guerre mondiale, l’homme occidental mettait sa foi dans un progrès qu’il jugeait salvateur pour lui mais aussi pour le reste du monde, nous sentons bien que de grands changements sont sur le point de se produire. La vision d’un monde s’élevant sans Dieu, vers une béatitude que l’homme se construit, s’étiole de plus en plus, du fait des difficultés non prévues qu’il rencontre. Ces changements vont nécessairement marquer notre style de vie, notre manière de penser le monde, ainsi que notre agir. Cela peut paraître inquiétant, car nous ne savons pas véritablement ce qui va se passer. Cependant l’homme de foi, celui qui n’a pas mis sa croyance dans une idéologie, mais en Dieu est plus assuré que les autres. En effet « Stat crux dum volvitur orbis » disent les chartreux . Celui qui a construit sa maison (entendre sa vie) sur le roc qu’est le Christ n’est pas étonné par les changements, le va-et-vient permanent des hommes politiques, les décisions qui regardent le monde comme un terrain à conquérir pour sa propre gloire etc… Est-il étonnant que ce monde, dit de progrès, s’affaisse tel un château de cartes dont la base était déjà branlante ? Certes non. « Rien de nouveau sous le soleil » disait Qohèleth. L’homme rame à contre-courant dans une mer magnifique que Dieu a créée par amour pour nous, se fatiguant sans raison, seulement celle de faire selon sa propre volonté. C’est pourquoi le prophète Jérémie à des mots très durs comme a son habitude envers ces hommes qui mettent leur foi non pas en Dieu, mais en tout autre chose : « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. Il sera comme un buisson sur une terre désolée, il ne verra pas venir le bonheur. Il aura pour demeure les lieux arides du désert, une terre salée, inhabitable. » Dieu va reprendre sa place dans notre monde car il est miséricordieux et peut pardonner à l’homme ses errements. Il l’a fait à de maintes reprises durant la traversée du désert du peuple d’Israël. L’homme devant l’effondrement de son projet visant à créer son monde, un monde sans Dieu, reviendra comme d’habitude, baissant la tête, plein de larmes et pliant le genou devant son Seigneur, le seul capable de nous sauver de notre solitude.
Don Bruno de LISLE