Saint Jean dans cet évangile parle d’une grande foule et un verset après une foule « nombreuse ». Ces gens se précipitent pour voir et écouter cet homme dont la parole touche et le cœur et l’intelligence.
Jésus a le souci du salut de l’âme de chaque homme suivant sa mission. Mais il fait également attention aux détails matériels comme la nourriture ; cette foule a besoin d’une alimentation spirituelle mais leur corps a aussi besoin d’une nourriture plus concrète puisque cela fait longtemps qu’elle le suit. Le Christ teste la confiance de ses disciples en leur demandant d’aller acheter du pain pour nourrir cette foule. Philippe n’y voit que l’impossibilité financière, le groupe des Apôtres n’a pas assez d’argent pour acheter du pain ; André recense ce qu’ils ont : cinq pains et deux poissons qu’un jeune garçon a apportés avec lui.
Jésus aurait pu faire les choses bien différemment : transformer des pierres en pain comme le Diable l’avait suggéré dans les tentations au désert (cf. Luc 4,3) ; renouveler le miracle de la manne (cf. Exode 13,31sv.) ; créer du pain à partir de rien, mais il a voulu que cela vienne de l’assemblée, que ce soit une participation active de ceux qui l’écoutent. C’est donc ce qu’avait apporté un jeune garçon qui sert de base au miracle de la multiplication des pains.
Ce jeune garçon reste anonyme, nous savons simplement qu’il accepte de partager avec Jésus ce qu’il a prévu pour son propre repas, sans se douter que sa petite contribution va permettre de nourrir cinq mille hommes.
Chacun d’entre nous est ce jeune garçon ! Ce passage de l’Evangile nous interroge sur ce que nous possédons : cherchons ce que-nous pouvons mettre aujourd’hui à la disposition du Christ et de son Eglise ? Même si nos forces et nos moyens nous semblent dérisoires, soyons sûrs que, s’ils sont donnés avec foi et confiance, ils serviront à nos frères, bien au-delà de leur nécessaire, cela deviendra surabondant, nos cinq pains d’orge deviendront, après satiété, douze paniers pleins… Ce que nous offrons n’est pas une question de quantité ou de valeur, la pauvre veuve n’offrait que deux piécettes (cf. Luc 21,1-4) au Temple de Dieu et pourtant elle provoque l’admiration de Jésus parce qu’elle les donne sans arrière-pensée.
D’après un commentaire du P. Jean-Paul Bouvier
Don Brune de LISLE