Libération, libération… !

Libération, libération… !

Libération, libération… ! 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Les 80 ans du débarquement de Normandie font retentir sur les ondes le mot sacré de « Libération » ! Jusque dans nos cœurs, ce mot vibre comme un triomphant hallali devant l’envahisseur et sa funeste idéologie. Libération ! Libération !… comme il est beau ce mot ! A croire que nous sommes faits pour lui et pour la réalité qu’il porte. Mais approfondissons un peu l’histoire, pour mieux en saisir la portée.
Le jour du 6 juin 1944 porte le nom très symbolique de D-day, comme si les anglophones avaient acquis le droit de le nommer. Nommer, c’est-à-dire : posséder.
Vingt ans plus tard, la question se posa de savoir pourquoi le général de Gaulle avait catégoriquement refusé de se rendre aux festivités commémoratives du D-day, en Normandie. Dans ses « Mémoires de guerre », il relata une injonction de Churchill à lui, faite la veille du 6 juin 44 : « De Gaulle, lui lança t-il rigoureusement, dites-vous bien que quand j’aurai à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains. »
Voilà pourquoi celui qui fut ensuite devenu Président de la République déclara – pour justifier son absence en Normandie en 1964 – que ce débarquement fut « le prélude à une seconde occupation du pays ». Et déclara ensuite : « En revanche, ma place sera au mont Faron le 16 août, puisque les troupes françaises ont été prépondérantes dans le débarquement de Provence ». Bon, si prépondérante signifie majoritaire, oui. Deux tiers des soldats étaient français, surtout d’Afrique du Nord, et combattaient dans la fameuse armée B. Mais Algériens, Américains, Canadiens, Marocains, Sénégalais, Tunisiens étaient également présents en grand nombre sur nos plages du sud, l’opération générale elle-même prit le nom d’Anvil (enclume en anglais), avant d’être renommée Dragoon par Churchill lui-même…
Mais cependant le succès militaire des français de l’armée B du général de Lattre de Tassigny en Provence fut tel que le 15 août 1964, le général de Gaulle, pour le commémorer se rendit… à Boulouris ! Car ce succès permit à la fois d’évacuer l’idée d’une occupation transitoire américaine après la Victoire. Il permit aussi au même général de Lattre de co-signer la reddition allemande du 8 mai 45 à Karshorst (en Allemagne, dans un QG russe…) après avoir exigé qu’un drapeau français de fortune, bricolé à la dernière minute avec un bout de drapeau hitlérien rouge, une toile blanche et une serge bleue fut installé in extremis entre les drapeaux russes, anglais et américains. Un drapeau symbole d’une France libre… D’une France – davantage – libre… pour un temps… peut-être…
Alors qu’en ce dimanche se déroulent les élections européennes, après des décennies de grandeurs démocratiques, il nous est bon – disons profitable – d’écouter avec circonspection les voix du passé et celles du présent nous promettant avec une égale conviction ce à quoi nous aspirons tous : la liberté.
Cette Histoire nous dit que la liberté ne procède vraiment que des héros que nous commémorons, ceux-là qui ont versé leur sang, ou qui étaient prêts à le verser concrètement. Seul, je crois, cet héroïsme-là, qui inclut la possibilité de la mort, est digne d’être associé à la promesse véridique de la liberté. Car la possibilité du sang versé par un autre est seul gage d’une recherche authentique du bien des autres, d’une liberté intérieure et de la libération des autres.
Ces lignes s’impriment alors que l’Église universelle célèbre solennellement le Sacré-Cœur de Jésus (vendredi dernier), un cœur transpercé sur la Croix, d’où se répandirent du sang et de l’eau, ce cœur divin du vrai libérateur, de l’unique rédempteur, lui qui nous permet de comprendre le sens vrai et la valeur unique d’une vie libre, d’une vie vraiment humaine.
Nous votons pour la liberté aujourd’hui ? Alors, ouvrons aussi notre cœur à ce Cœur ouvert, pour que, par la foi et l’amour, notre cœur à son tour ouvert, rayonne autour de nous de l’unique liberté que seul Dieu peut donner.
Et ainsi, soyons libres !
Père Jean-Baptiste MOUILLARD

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