Jésus, en se transfigurant devant ses trois disciples, montre qu’il n’est pas seulement homme, mais aussi qu’il est Dieu fait homme, le Fils de Dieu.
Pourquoi fait-il cela ? La Préface liturgique de la messe de ce 2ème dimanche de Carême nous répond. Justement, le Carême va vers la célébration de la mort et de la Résurrection de Jésus, et il fallait préparer les apôtres, au moins trois d’entre eux, à ne pas succomber complètement au scandale de la Passion, de la mort et de l’ensevelissement de ce Jésus, qui n’est pas seulement « un prophète puissant en paroles et en œuvres » (Lc 24,19), mais Dieu fait homme.
Voici le texte de cette Préface (la prière qui est juste avant la prière eucharistique) : « Après avoir prédit sa mort à ses disciples, Jésus les mena sur la montagne sainte ; en présence de Moïse et du Prophète Élie, il a manifesté sa splendeur : Il nous révélait ainsi que sa passion le conduirait à la gloire de sa Résurrection. »
Par cette vision de sa Gloire, Jésus voulait, dit Saint Léon, pape de 440 à 461, « prémunir ses disciples contre le scandale de la Croix », « empêcher que les abaissements de sa Passion volontaire ne bouleversent leur foi » de façon irrémédiable.
L’église fait de même en proposant à notre carême cet évangile de la Transfiguration, afin de nous préparer à Pâques, qui passe par la douleur du Vendredi Saint, mais qui ne s’y arrête pas. Nous allons vers la Résurrection.
C’est un signe d’espérance pour notre carême, et surtout pour toute notre vie terrestre, qui est un passage, un pèlerinage vers le Ciel, qui passe aussi par des souffrances et qui passera par la mort, mais qui ne s’y arrêtera pas.
Contempler Jésus dans la lumière de sa Transfiguration, c’est-à-dire dans son identité divine, nous aide à le contempler déjà dans sa Résurrection, dans sa Vie éternelle, et à contempler la place qu’il est monté nous y préparer à ses côtés (Jn 14,3).
Quelle que soit la douleur du Vendredi Saint de nos vies, de la vie de nos familles, de la vie du monde, de la vie de la France, de la vie de l’église, de la marche accélérée de la culture de mort vers son produit prévisible, nous ne broyons pas du noir, car avec Jésus, la mort n’est pas un arrêt mais une porte. « Etroite et resserrée » (Mt 7,14), c’est-à-dire angoissante, certes, mais un passage vers la Vie éternelle.
Il ne faut pas tomber dans le désespoir des disciples d’Emmaüs, quittant Jérusalem vers le soleil couchant pour n’arriver qu’à la nuit noire et sans fin. “Nous espérions que ce prophète puissant en paroles et en œuvres allait nous délivrer du malheur des temps… et puis non ! Le voilà mort, c’est maintenant irrémédiable” (cf Lc 24,21), « notre espérance est morte » (Ex 37,11).
Jésus ressuscité nous a rejoints et nous répond comme à eux : « ô cœurs sans intelligence et lents à croire ! » “Je vous ai pourtant donné aujourd’hui, ô vous qui contemplez ma Transfiguration, le signe que je suis Dieu, et que les abaissements volontaires de ma Passion ne sont pas une défaite de Dieu, ni une victoire du diable, mais un plan de Dieu, qui sait tout, qui peut tout, qui n’est qu’Amour et miséricorde”, « et même les cheveux de votre tête sont comptés ! » (Mt 10,30).
Ce n’est pas quand il n’y a plus de raison d’espérer qu’il faut cesser d’espérer. « Nous espérons », pas « nous espérions ». Jamais au passé, toujours au présent.
Don Laurent LARROQUE