Parce que Dieu est Père, il nous guide en nous donnant une loi. C’est le propre de la paternité que d’accompagner la croissance de l’enfant. Son rôle est à la fois d’encourager en montrant le bien à atteindre, mais aussi, d’interdire ou d’obliger pour éviter la chute.
Ainsi, Dieu a-t-il accompagné la croissance du peuple élu. Dans l’Ancien Testament il y avait 613 commandements qui, au fur et à mesure de l’histoire, s’étaient accumulés, formant parfois un cadre trop rigide. La question du pharisien dans l’évangile de ce dimanche (« Quel est le plus grand commandement ? » ) n’était donc pas superflue. Il était nécessaire de hiérarchiser tout ces commandements pour éviter la paralysie normative.
Même si l’intention était mauvaise puisqu’il s’agissait de piéger Jésus, la question était donc bonne. Elle permet au Christ de formuler la synthèse de nos aspirations les plus profondes. En résumant ainsi la loi, Jésus nous indique le chemin le plus sur pour parvenir au bonheur ! Nous devrions apprendre par cœur ce « plus grand des commandements » et nous le répéter tous les matins :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »
Il est très beau de constater que le résumé que nous donne Jésus de toute la loi divine tient en un mot : « Aime ».
Si le Père a voulu l’établir comme une loi, c’est parce qu’elle est la condition « sine qua non » de notre croissance ! Elle est une nécessité de notre épanouissement ! Dieu nous a fait à son image, et en cela, nous avons été créés par amour et pour l’amour. Nous ne pouvons donc devenir ce que nous sommes, qu’en aimant.
Pour prolonger la réflexion, j’aimerais attirer votre attention sur un point : En aimant, nous devenons nous-mêmes créateurs. Dans l’amour humain se prolonge et s’achève l’acte divin du créateur. Par l’amour, nous pouvons amener un être à l’existence. C’est vrai au sein du couple, lors d’une naissance par exemple, mais c’est vrai aussi dans nos relations amicales.
Qui d’entre nous, n’a-t-il pas déjà fait cette expérience bouleversante d’avoir eu besoin de l’autre pour être soi-même ! C’est un constat : Lorsque je suis aimé, je me reçois de l’autre. Le regard de l’autre me fait être en reconnaissant la bonté de mon existence.
« Ce n’est qu’en étant « confirmé » par l’amour d’autrui que l’être humain parvient à « être là » totalement et à se sentir chez lui dans le monde. Surtout, sa capacité à donner lui-même de l’amour, seul moyen par lequel sa propre existence atteint sa plus haute élévation, a pour condition préalable l’expérience d’avoir été aimé ». (Joseph Pieper, De l’amour )
Si Dieu nous commande d’aimer, c’est parce qu’Il veut que l’image de lui-même qu’Il a mis en nous rayonne jusqu’à faire de nous des créatures parfaitement ressemblantes à Lui ! Soyons donc comme Lui : des créateurs… mais pour cela empruntons le chemin qu’Il nous a donner : Aimons !
Don Louis-Marie DUPORT