« Tout a été écrit à l’avance dans les Livres saints », tout a été annoncé dans les Ecritures, affirme saint Paul, qui nous exhorte à y trouver réconfort et espérance. L’église, en ce temps de l’Avent, a particulièrement soigné le choix des textes de l’écriture, pour nous aider à saisir cette préparation établie par les écritures, dans l’attente de l’avènement du Messie. « Depuis plus de 4000 ans », comme dit ce chant d’Avent, qui arrondit allègrement les chiffres, « nous le promettaient les prophètes » : la promesse du salut par l’avènement d’un Messie Sauveur. C’est la “colonne vertébrale” des écritures. Une lecture plus attentive des textes proposés par la liturgie, en ce temps d’Avent, nous aide à entrer avec les Hébreux dans la compréhension de la figure du Messie promis. Chacune des lignes de la première lecture, puis du Psaume, ce dimanche, est une description du merveilleux Messie à venir, et cela devient ainsi une sorte de miroir de la personne et de l’activité évangélisatrice et salvatrice de Jésus. Je relis le début d’Is 11 : oui, Jésus, sur toi repose l’Esprit-Saint en plénitude, et tu as jugé les petits avec justice ; tu as établi un nouvel ordre fraternel, de sorte que le loup et l’agneau (les hommes qui se convertissent à toi, qu’ils soient agresseurs ou victimes) peuvent désormais faire la paix dans l’amour fraternel. En Mt 12,18-21, l’évangéliste caractérise tout le ministère public de Jésus avec ce genre de phrases tirées du livre d’Isaïe. Je relis le Ps 71 : oui, Jésus, tu es ce « fils du Roi » destiné à dominer la terre entière et pour tous les temps, par la justice, l’attention au petit et au pauvre, l’amour. « Que ton Nom (“Dieu sauve”) dure toujours » et à jamais sur cette terre, que vienne effectivement ton règne !
Même l’évangile prend soin de nous dire que l’apparition de Jésus le Messie s’est réalisée selon les prophéties, en particulier du fait qu’il devait être annoncé par un précurseur : « Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur… ».
L’« évangile », on le sait, signifie « bonne nouvelle ». Laquelle ? Celle précisément de l’avènement – enfin – du Messie tant attendu. Saint Jean Baptiste, en annonçant cet avènement tout proche « fait le buzz » dans toute la région de la Judée : ça y est, le Messie attendu depuis des siècles arrive enfin ! C’est la super bonne nouvelle ! Saint Jean Baptiste aura un succès fou. Pas auprès de tout le monde, cependant, on le voit dans l’Evangile, mais enfin c’est quand même un large succès. Même lorsque son langage sans ambages proclame : « convertissez-vous ! » Tout le monde se précipite dans le Jourdain pour signifier son désir de ne pas rater l’avènement du Messie.
En fait, cette Bonne nouvelle toujours aussi nouvelle et indépassable de l’avènement du Messie appelé “Dieu-Sauve” est pour nous aujourd’hui. L’appel à la conversion est pour nous aujourd’hui. Alors il y a ceux qui ressentent le besoin d’être sauvés et vont se plonger dans la source du Salut en faisant la queue au confessionnal comme autrefois aux bords du Jourdain, pour ne pas risquer de louper le coche, et il y a ceux qui disent : nous n’avons pas besoin d’être sauvés, c’est plutôt nous qui nous sentons les garants du salut du monde. Il y a comme cela des bâtisseurs d’un nouvel ordre prométhéen et malthusien… Aveuglés par une funeste illusion, ils passent à côté du salut et voudraient entraîner l’humanité en leur illusion, pour ne pas dire auto-destruction. Mauvaise nouvelle. Les faux messies ont encore trop de succès. Mieux vaut en rester au Messie promis des Ecritures, le même qui est déjà venu – Bonne nouvelle ! -, pour établir la justice en ce bas-monde, et qui doit venir encore, pour recevoir le fruit qu’il attend de nos œuvres. Produisons de vrais fruits de conversion et ne nous avisons pas de nous prendre pour des sauveurs.
Don Laurent LARROQUE