Nous fêtons le baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain. Jusqu’au IVème siècle, une seule et même fête était célébrée pour la Nativité et le Baptême du Seigneur. Il s’agissait de la Théophanie. « Dans Sa Nativité, le Fils de Dieu vint au monde de façon cachée, dans Son Baptême, il apparaît de façon manifeste » (saint Jérôme). Or, si vous avez sous les yeux une icône du baptême de Jésus, de nombreux détails donnent le sens profond de cette fête : il est venu vaincre la mort et nous donner Sa vie. La nouvelle naissance qu’offre le baptême de Jean est un signe de la mort et de la Résurrection de Jésus. Le mystère pascal est annoncé. Sur les représentations nous trouverons habituellement Jésus, entièrement nu, les pieds dans le Jourdain. Le fleuve est représenté comme un tombeau, liquide, et on peut même y trouver des petits personnages de l’Ancien Testament au fond. Ils attendent la délivrance. Les plus chanceux reconnaîtront un petit Jonas attaché à sa baleine.
La victoire.
Jésus est notre Sauveur et notre Rédempteur, mais il est aussi le grand Vainqueur. En effet, il aurait pu sauver chacun d’entre nous en venant simplement dans le monde. Nous aurions été sauvés par cette volonté divine exaucée, par une obéissance filiale. Mais il a voulu également terrasser les puissances du mal. Il est en cela le grand vainqueur : il a vaincu le mal, non pas du haut de sa Gloire, mais en partageant humblement notre existence. Mais qui dit Victoire, dit Bataille. Et ce combat glorieux, Jésus l’a mené dans les eaux de la mort. Les ennemis du Christ, aveuglés par leur propre méchanceté, n’ont pas vu que sa naissance, sa vie et sa mort ainsi que sa résurrection étaient le plan pour les vaincre. Et pour nous, nous donner la guérison et la vie.
Vivre de la Victoire de Jésus
Les eaux du baptême sont donc le théâtre d’opération de la grande Victoire à venir. Les trois ennemis du Christ sont la mort, les péchés et le Diable. A cela, comment pouvons nous vivre aujourd’hui en vainqueur ? L’évangile de ce dimanche nous montre un chemin.
Face à la mort, nous devons vivre de la grâce de notre recréation reçue le jour de notre Baptême. La mort est cette séparation avec Dieu. La grâce du baptême que nous avons reçue doit susciter en nous l’adhésion à la vie que le Père veut pour chacun d’entre nous. Ses paroles sont esprit et elles sont Vie. Écoutons l’amour premier de Dieu le Père nous redire : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » Face au péché, nous contemplons l’humilité du Fils. Cette humilité se manifeste par sa démarche du baptême dont il n’avait pas besoin à titre personnel. Humilité aussi dans sa prière qui suit immédiatement le baptême. La Vie du Père se déploie dans notre vie sacramentelle reçue humblement et non comme un dû, mais aussi dans la fidélité de notre prière qui nous rend disponible à la Grâce. L’humilité et la prière nous disposent à laisser agir Jésus en nous, il est en effet le seul Vainqueur du péché.
Face au diable, à l’esprit diviseur et menteur, nous sommes aussi appelés à suivre Jésus. Lui même guidé par l’Esprit Saint au désert résistera à ses séductions. Car voici la réelle emprise qu’a le démon sur nous : quand nous faisons le mal délibérément, nous nous mettons sous son joug. Saint Pierre alors nous exhorte : « soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. » Le prince de la mort a cru remporter le combat en voyant la mort de Jésus sur la Croix. Mais Jésus est ressuscité. Vivant, le véritable Lion (Ap 5,5) a vaincu. C’est en contemplant l’Innocence de Jésus que le lâcher-prise face au péché se fait. Nous baissons les armes et l’Agneau immolé nous fait rentrer indemne dans la joie de l’amour, de la Vie.
Que nos vies soient baignées dans les eaux de Vie de la Grâce ce dimanche et vivons en vainqueur en suivant l’Agneau Immolé. Amen !
Don Christophe GRANVILLE