Deux petites pièces. Les plus numismates parmi nous reconnaîtront que l’offrande de la veuve de l’évangile n’a quasiment aucune valeur monétaire. Et pourtant, nous en parlons encore. Les actes de charité, comme ceux de saint Martin par exemple, transcendent l’histoire, ils se chargent d’un poids d’éternité.
Regardons ce tableau de l’évangile qui met en miroir deux sortes de personnes ou plutôt deux attitudes.
D’un côté, nous avons ceux que l’on remarque et de l’autre les invisibles. En effet, les scribes contrastent fortement par leur soif de reconnaissance. Ils se rendent remarquables par leur apparat, leur savoir ou encore par la quantité de leur offrande qui fait du bruit en tombant dans le tronc du Temple. La veuve, que seul Jésus a remarquée, donne peu mais donne bien. Jésus explique : « elle a mis plus que tous les autres (!). Car tous ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »
Mais attention à ne pas réduire cet évangile à une fable de la Fontaine. Ce n’est pas une simple et belle histoire qui nous ferait la morale. Ce passage de l’évangile nous dit d’abord quelque chose de Dieu lui même. Car Jésus lui même va s’offrir tout entier, « corps et âme », pour nous sauver. Et en cela, le Père du Ciel s’associe au don de Jésus en offrant celui qu’il a de plus cher à son cœur : son Fils unique (Jn 3, 16). C’est ainsi que Dieu nous aime : en se donnant lui même.
Si nous en sommes pour la plupart convaincus, il est cependant difficile de vivre et aimer ainsi. Il y a des résistances en nous. Elles prennent la forme de soucis ou de peur de manquer. La veuve de la première lecture en fait l’expérience. Elle n’a plus de quoi manger si ce n’est de quoi faire un dernier repas pour elle et son fils. Le prophète Elie lui demande son obéissance et sa confiance : « apporte moi un morceau de pain. » (celui qui devait les nourrir ce soir là). Cette obéissance met en jeu la survie de cette femme mais débouche sur une promesse qui garantit la vie : « Et la jarre de farine ne s’épuisa pas et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie. ».
Le manque de paix dans nos cœurs ne vient-il pas de ces manques de confiance dans la providence divine ? ( et au fond, dans la bienveillance de Notre Père céleste ?). Au contraire, ces deux femmes de l’écriture nous apprennent à ne pas calculer et à ne pas tomber dans les préoccupations mortifères. Nous n’avons qu’une seule solution : nous appuyer sur Dieu seul, avec une confiance totale en lui. Jésus ne veut pas nous empêcher de pourvoir à nos besoins mais il veut nous délivrer du souci qui nous ronge et nous fait perdre la paix. C’est une grâce que nous pouvons demander en ce dimanche : croire davantage en la providence et ne pas avoir peur d’en souffrir. Et cultivons cette confiance peut être déjà dans les relations entre nous, en nous accueillant les uns les autres avec bienveillance. Amen !
Don Christophe GRANVILLE