Le mot «amour» apparaît 10 fois dans cet Evangile comme si Jésus ne se lassait pas de le répéter. Combien de fois avons-nous entendu ce mot de la part de l’Eglise ? Quel effet cela nous laisse-t-il aujourd’hui lorsque nous entendons que Dieu est amour ? Que Jésus nous aime ? Que nous devons nous aimer les uns les autres ? «Dieu nous aime» : voilà une phrase qui devrait révolutionner notre existence ! Malheureusement, force est de constater que ça ne transforme pas toujours nos journées. Sans doute que «l’amour de Dieu» demeure pour beaucoup d’entre nous un concept abstrait, une idée que nous tentons de forcer dans notre intelligence. Aussi, nous nous sommes habitués à l’entendre, pour beaucoup depuis notre enfance. Nous ne savons pas concrètement ce que cet amour implique vraiment et, soyons honnêtes, nous ne ressentons pas forcément tous les jours un besoin de recevoir «l’amour de Dieu». Sinon, nous serions tous déjà saints !
Il faut dire que les mots «amour» et «charité» ne sont pas totalement appropriés pour parler de Dieu. «Amour» est un mot trop large car il évoque habituellement les amours naturelles de la sensibilité, de la nourriture, de la beauté, du confort, des amis, etc. Et le mot «charité» est trop étroit car il évoque habituellement le simple fait de donner de l’argent pour une bonne cause ou de faire sa «BA» quotidienne. Entendu de cette manière, il n’y aurait donc pas de quoi faire tout un cas de cet amour de Dieu et de cette charité chrétienne. Quel est donc cet amour de Dieu pour lequel des hommes et des femmes ont tout sacrifié, jusqu’à leur propre vie, dans la consécration ou dans le martyre ?
Voilà comment Jésus explique ce qu’est l’amour : il s’agit d’obéir à ses commandements. Ce n’est donc pas un sentiment, une consolation, une attirance, mais une obéissance. Pour Jésus, aimer c’est obéir. Aimer son conjoint, c’est obéir ; aimer son prochain, c’est également obéir. Nous le savons, l’obéissance n’est pas quelque chose de naturel. Nous préférons largement faire ce que nous voulons, nous servir nous-mêmes, que de faire la volonté de quelqu’un d’autre. C’est sans doute pour cela que nous n’avons pas très envie de nous intéresser à cet amour de Dieu.
Si nous avons du mal à comprendre qu’obéir apporte les mêmes consolations et les mêmes joies qu’aimer, c’est parce que nous avons quelque chose de «tordu» en nous. Le problème ne vient pas de Dieu, mais de notre désir d’autonomie et de toute puissance. Nous essayons d’imaginer un amour sans obéissance, c’est-à-dire un amour sans relation, un amour que nous pourrions consommer sans nous y impliquer personnellement. Tant que nous verrons l’amour de Dieu comme un objet de consommation, nous resterons secs et insatisfaits. Le jour où nous entrerons dans l’obéissance amoureuse à Dieu, nous connaîtrons la joie d’être ses amis. Obéir n’est pas simplement faire ce que Dieu veut, mais le faire pour Lui, par amour pour Lui, parce qu’on veut L’aimer. Tout ce que le Seigneur nous commande c’est d’aimer, c’est-à-dire de vouloir et de faire du bien aux autres. La seule manière de goûter profondément à l’amour de Dieu et d’y trouver tout ce que notre cœur désire, c’est donc de donner notre vie pour ceux qu’on aime. Alors, notre joie sera parfaite ! Pour faire l’expérience de l’amour de Dieu, pour en redécouvrir la profondeur, n’attendons pas qu’il nous tombe du ciel, mais allons à sa recherche. C’est en faisant du bien aux autres que nous commencerons à comprendre le bien que Dieu veut nous faire.
D. Louis-Gustave De Torcy