Après la (douce) nuit de Noël, la dureté du monde à sauver apparaît avec toute sa violence dans cet évangile de Saint Matthieu. En effet la peur et la jalousie maladive d’Hérode se transforme en traque sanguinolente. L’enfant Jésus est, aux yeux du Roi, une menace pour la pérennité de son règne. Le Ciel, alors, intervient en faisant apparaître à Joseph l’ange du Seigneur. Une deuxième fois, Joseph, par sa foi et son obéissance va sauver le sauveur. On se souvient en effet, que la loi du Deutéronome
(Dt 22,20) prévoyait la lapidation des femmes promises en mariage et qui se retrouvaient enceintes d’un autre homme. Dans l’évangile de ce dimanche, Joseph emmène la sainte famille en Égypte pour sauver de nouveau Jésus.
Saint Joseph est loin de la figure de « plâtre et de papier » que nous pourrions avoir ! Avec la foi, la force et le silence de Saint Joseph, nous pourrions retenir trois choses de cette fête de la Sainte famille.
On peut servir Dieu en suivant sa vocation de Père. Quelle bonne nouvelle pour tous nos pères ! « Sa paternité, nous dit Jean Paul II dans Redemptoris custos, s’est exprimée concrètement dans le fait « d’avoir fait de sa vie un service, un sacrifice au mystère de l’Incarnation et à la mission rédemptrice qui lui est liée ; d’avoir usé de l’autorité légale qui lui revenait sur la sainte Famille, pour lui faire le don total de lui-même, de sa vie, de son travail ; d’avoir converti sa vocation humaine à l’amour familial en une oblation surnaturelle de lui-même, de son coeur et de toutes ses forces à l’amour mis au service du Messie qui naquit dans sa maison. » La paternité de Saint Joseph est un modèle de don de soi. Portons un regard de foi sur nos pères et aidons les, particulièrement dans le contexte actuel, à toujours plus re-choisir leur vocation de père.
La deuxième attention sera sur le travail. En effet, après la fuite en Égypte, la sainte famille s’installera à Nazareth dans une vie cachée et humble. Jésus, qu’on appellera le fils du charpentier (Matthieu 13,55), apprendra tout de son père. C’est dans cette période que Jésus grandira en Grâce et en Sagesse. Pour nous, cela veut dire que le travail, et particulièrement le travail manuel, est humanisant. Les vertus attachées à lui nous rappellent « pour être de bons et authentiques disciples du Christ, il n’y a pas besoin de « grandes choses » : il faut seulement des vertus communes, humaines, simples, mais vraies et authentiques. »
Enfin le silence de Joseph nous invite à la contemplation. En effet ce silence n’est pas un silence de mort, mais habité de foi. Ce silence nous en dit long sur la vie intérieur de Saint Joseph ! « Les évangiles parlent exclusivement de ce que « fit » Joseph, mais ils permettent de découvrir dans ses « actions », enveloppées de silence, un climat de profonde contemplation. Joseph était quotidiennement en contact avec le mystère, « caché depuis les siècles », qui « établit sa demeure sous son toit. »
La réactivité de saint Joseph, son obéissance dans la foi trouvent leur origine dans son intériorité. Rien de plus fécond pour nous que de nous replonger dans une vie d’oraison et de contemplation.
Puisse ce temps de Noël nourrir notre amitié pour Saint Joseph, grand protecteur de l’église.
D. Christophe GRANVILLE