Grâce à Dieu

Grâce à Dieu

Grâce à Dieu 150 150 Paroisses de Saint-Raphael

Jésus explique à ses disciples dans cette parabole, dite des “serviteurs inutiles”, que le fait de servir Dieu ne rend pas Dieu obligé de nous servir en retour. Je n’ai pas à faire valoir l’accomplissement de mon devoir devant Dieu comme autant de mérites qui le rendraient obligé devant moi.
Il ne faut pas comprendre en cela qu’il n’y a pas à espérer que Dieu nous récompense : si bien sûr, cela fait partie de la nature des choses, que servir Dieu soit récompensé : “Dieu, qui voit dans le secret (que tu pries, que tu fais des efforts vers le bien, que tu fais du bien autour de toi), te le rendra”, assure Jésus (Mt 6,1-6.16-18). Et il rassure aussi Pierre : « voici que nous avons tout quitté pour te suivre. Quelle sera donc notre part ? » Et Jésus répond : “vous qui m’avez suivi, vous siégerez sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël ! » Nous ne sommes pas des anges, et notre désintéressement, ou pureté d’intention, ne doit pas être pureté angélique, mais humaine. Qui fait l’ange, à nier sa soif naturelle de reconnaissance, se retrouve un jour à faire la bête.
Mais à l’inverse, il ne faut pas non plus croire pour autant que Dieu deviendrait notre obligé.
On peut relier trois paraboles entre elles, pour approfondir cela. La présente, celle du « fils aîné » dans la parabole du « fils prodigue », et celle du pharisien et du publicain. Dans cette dernière, que nous écouterons bientôt (26 oct), le pharisien plastronne devant Dieu en le remerciant pour tout le bien que lui, le pharisien, a fait : il met son « je » à la première place, en estimant que c’est lui qui a fait tout ce bien. Or non. Il faut se rendre compte que le bien que nous faisons, c’est Dieu seul qui le fait en nous. C’est ainsi que Jésus dit : «  sans moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,5). Et il me semble que la bonne traduction de notre Evangile aujourd’hui serait : « nous sommes des serviteurs bons à rien  », carrément ! La Vierge Marie, Elle, quand elle remercie Dieu, ce n’est pas en disant « parce que moi, je… » mais « parce que Toi, Tu… as fait en moi de grandes choses. » C’est son Magnificat. Elle ne prétend pas avoir fait de grandes choses Elle. Elle reste dans l’action de grâces. Car Dieu seul est le Bon (Mc 10,18), et tout bien vient de lui seul : nous, rien ! Il me semble que c’est à cette prise de conscience décapante que nous invitent ces trois paraboles ensemble.
En effet, que se passe-t-il chez le “fils aîné” : il arrive devant Dieu non pas en action de grâces, mais en colère, comme un “insolent” (1ère lecture), car il s’estime traité injustement : “voilà tant d’années que je te sers sans jamais avoir transgressé un seul de tes ordres, et c’est ainsi que tu me traites ? Je refuse d’entrer dans le Royaume de Dieu dans ces conditions !” (cf Lc 15,28-29) Affreux sort que les pharisiens et les scribes se construisent eux-mêmes ! (cf Mt 5,20) Où était donc le problème ? Dans ce que Jésus essaye de nous dire encore aujourd’hui : devant Dieu, ne te situe pas sur le terrain d’une soi-disant justice, que tu crois telle à force d’avoir servi “impeccablement” (vraiment ?) le Seigneur, car tout le bien que tu as fait, c’est Dieu seul qui l’a fait en toi ; à Lui seul le mérite, finalement ! Situe-toi sur le terrain de la miséricorde et de l’action de grâces, car si tu as eu la force et le mérite de servir le Seigneur toute ta vie (ou en tout cas depuis ta conversion), c’était pure grâce en fait ! Comme on dit dans une prière du soir, pour célébrer les martyrs : « Seigneur, nous te rendons grâces, car c’est toi qui nous as donné de rester dans la Foi en Toi jusqu’à ce jour ! » “Seigneur Jésus, augmente ma foi en Toi !” C’est pure grâce. Restons dans l’action de grâces.
Une mesure tassée, secouée, débordante, sera versée à celui qui aura servi Dieu avec amour. (Lc 6,38).
Don Laurent LARROQUE

    Nous contacter

    +33 4 94 19 81 29

    Nous aider