Le péché d’origine avait rompu notre lien avec le Dieu Créateur, nous avons été réconciliés avec le Père, avec nos frères et en nous-mêmes par l’œuvre du Salut du Verbe fait chair en Jésus ; nous sommes sauvés par sa Passion et par sa Résurrection glorieuse au matin de Pâques. Nous célébrons la Croix du Christ, une Croix Glorieuse.
Cette réalité, ce mystère nous dépasse et nous dépendons de lui. Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix (Edith Stein) au sujet de « la nuit obscure de l’Homme Dieu à Gethsémani » écrit : « Il n’est pas donné à l’esprit des hommes de pouvoir sonder le mystère du divin abandon de l’Homme – Dieu sur la Croix ».
Dans l’antiquité chrétienne, Saint Léon le Grand avait dit « Devant la Passion, les pierres, c’est-à-dire les cœurs des incroyants se fendent » et, au Moyen Age, Saint Bonaventure disait : « La mort de Jésus fait se briser les pierres les plus dures ».
Nous dépendons radicalement de l’œuvre salvatrice de Jésus, la source et la cause de nos conversions successives sont là !
Cette fête est si importante dans les célébrations du Seigneur que, lorsque le 14 septembre tombe un dimanche, c’est la Croix Glorieuse qui prime, qui est célébrée : Honneur et Gloire à notre Sauveur !
Souvenons-nous enfin que le supplice de la croix était une infamie. C’est ce que veut dire Saint Paul quand il parle de « folie » pour « les païens ». Maître Varaut (+ 2005), juriste chrétien écrivait « qu’un crucifié puisse être le juge du monde à venir, c’est folie pour un païen cultivé ». Dans les premiers temps, Jésus est plutôt représenté en « maître enseignant ». Ce n’est qu’à partir de la suppression de ce supplice par Constantin (suppression qu’il décréta par respect pour le Christ) que l’on voit des représentations de Jésus crucifié, comme au Vème siècle sur le portail de la basilique Sainte Sabine sur l’Aventin à Rome.
Ne sommes-nous pas un peu « habitués » aux croix de nos maisons, de notre prière quotidienne ? Repensons à ce passage de l’Ecriture : « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé. »
Don Jean Marcel VEAU